Afrique invasion de criquets : la RDC menacée
Le 18/02/2020
Les essaims de criquets pèlerins sont depuis des siècles une menace pour la production agricole en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Les moyens de subsistance d'au moins un dixième de la population mondiale peuvent être affectés par cet insecte vorace. Le criquet pèlerin est potentiellement le plus dangereux des criquets ravageurs en raison de la capacité des essaims de voler rapidement sur de grandes distances. Il a de deux à cinq générations par an. La dernière grande infestation par le criquet pèlerin en 2004-2005 a provoqué des pertes significatives de la production agricole en Afrique de l'Ouest et a eu un impact négatif sur la sécurité alimentaire dans la région. Bien que le criquet pèlerin à lui seul ne soit pas responsable de famines, il peut en être un facteur déterminant.
Les spécialistes des invasions acridiennes précisent que ce sont des essaims s’étendant sur 60 kilomètres de longueur et 40 de largeur (2.400 km2) et voyageant jusqu’à 100 kilomètres par jour qui, partis du Yémen en fin 2019, ont atteint la corne de l’Afrique et se dirigent vers le Sud.
Il n’est pas à exclure que la RDC soit impactée au courant des semaines à venir. Les pays traversés par les nuées de criquets sont démunis quant aux moyens de faire face à l’invasion, les dernières manifestations de ces insectes ayant été signalées dans la région en … 1961. D’où l’absence de spécialistes et de moyens de lutte pour prévenir la pénurie alimentaire induite par des criquets extrêmement voraces.
Kinshasa devrait d’ores et déjà mettre en place des mécanismes de prévention pour deux raisons majeures : d’abord, empêcher que les essaims de criquets qui viendraient de l’Ouganda n’atteignent la forêt équatoriale après la traversée de l’Ituri. L’abondance de verdure et un environnement propice constituant un foyer de fixation où les femelles viendraient pondre et donner lieu à des invasions cycliques difficiles à juguler à l’avenir.
Ensuite, une invasion massive de criquets pèlerins en Ituri, au Nord et Sud-Kivu (de ceux qui viendraient de Tanzanie) viendrait alimenter la précarité dans un espace incontrôlé où sévissent groupes armés, rébellions et la maladie à virus Ebola. A défaut d’une logistique dissuasive, une campagne préventive à l’attention des communautés villageoises s’impose, sans attendre nécessairement le concours des « partenaires extérieurs».
La Pros.