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ℹ️Langue bantou : le Lingála entre hier et aujourd’hui

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Le lingala est une langue de communication par excellence qui, dès la fin du XIXe siècle, s'est beaucoup développé le long du fleuve Congo. Également langue de création et de l'administration dans les deux Congo.
Environ 25 millions de locuteurs (langue maternelle, essentiellement dans les villes de Kinshasa, Mbandaka, Kisangani et Brazzaville), et 35 à 40 millions en seconde langue essentiellement dans les autres grandes villes des deux Congo).

Le lingala, qui veut dire " langue du peuple Bangala (fluvial) ", est né du Bobangi, une langue bantoue de la branche bantou-congolaise de la famille Niger-Congo, qui était utilisée par les commerçants navigateurs entre le tournant Nord-ouest du fleuve Congo et Stanley (maintenant Malebo) Pool au sud et sur la rivière Ubangi. Le lingala s'est développé à la fin du XIXe siècle à partir des Bobangi utilisés par les missionnaires pour le prosélytisme et par les administrateurs coloniaux pour la communication avec les populations locales à travers leurs auxiliaires tels que les forces armées et la police. Le lingala continue d'être associé à l'armée et à la police dans toute la République démocratique du Congo.

Son origine, dialecte est lui formé par le lingala standard de Makanza, le lingala parlé, le lingala de Kinshasa, le lingala de Brazzaville. De ce fait, jusqu’à aujourd’hui, le lingala classique est pratiqué dans l’éduction et les institutions d’informations. Par contre, celui parlé, intègre plusieurs vocables d’origine coloniale surtout de la langue Française et quelques vocabulaire issus de l’anglais. Enfin, le lingala de kinshasa et de Brazzaville est utilisé fréquemment et quotidiennement dans ces deux villes surtout à la télévision ou à la radio.

 

 

Lingala (langue)

 

 

 

Le 28/03/2021

 

 

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Histoire

Au XIXè siècle, le bobangi était la langue véhiculaire sur les bords du fleuve Congo depuis l’embouchure de la rivière Kasaï à celle de l’Ubangi, le long de celui-ci jusqu’à l’embouchure de la Ngiri. Après 1880, la langue fut déformée et appelée bangala par les Occidentaux. La nouvelle forme de la langue fut introduite par le colonisateur dans la Station Bangala en 1884, qui sera renommée Nouvelle-Anvers en 1890, aujourd’hui Makanza, l’un des premiers postes établis sur le fleuve par l’Association internationale africaine de l’État indépendant du Congo, à mi-distance entre Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) et Stanleyville (aujourd’hui Kisangani). Ces trois postes ont d’ailleurs été les premiers à accueillir au-delà du Bas-Congo une mission catholique dès 1899. Après 1900, les missionnaires de Scheut proposent le nom lingala au lieu de bangala, proposition qui sera généralement acceptée après quelques décennies. Le nom bangala est maintenant celui d’une autre langue plus à l’est, dans la province Orientale.

Le lingala est aujourd’hui largement répandu, en Congo-Kinshasa (RDC) et au Congo-Brazzaville, où il est devenu une langue régionale, largement utilisée dans les médias, l’armée, les discours officiels, mais également dans la chanson populaire. Outre le français, c’est l’une des quatre langues nationales du Congo-Kinshasa, à côté du kikongo ya leta, du swahili et du tshiluba. Le lingala a progressivement supplanté le kikongo ya leta à Kinshasa, où ce dernier était pourtant la langue véhiculaire.

Le succès et l’expansion du lingala au cours de la seconde partie du XXè siècle, et en particulier à l’époque du Zaïre, sont notamment dus au fait qu’il a été largement promu par Mobutu Sese Seko, natif de la région lingalaphone. Le lingala fut notamment la langue principale de l’armée zaïroise, et aujourd’hui elle l’est aussi de l’Armée congolaise malgré le swahili apporté par Laurent-Désiré Kabila vers 1997.

C'est aussi la langue dans laquelle chantent de nombreux artistes originaires ou installés à Kinshasa, et exportant leur musique internationalement, tels Franco Lumbo Makiadi, Rochereau Tabu Ley, Le groupe Zaïko Langa-Langa, Papa Wemba, Koffi Olomidé, et d'autres...

 

Classification

Le lingala appartient à la famille des langues bantoues. Le terme désignait à l’origine la langue d’une ethnie, mais il a désigné dès la fin du XIXè siècle une langue véhiculaire, proche d’une langue dénommée lobangi ou bobangi, et est issue d’un mélange entre plusieurs langues bantoues parlées par les habitants de la région du fleuve Congo, elle est donc généralement considérée comme langue inter-ethnique.

Classification de Guthrie : C.36d, groupe C.30

Classification Bastin/Coupé/Mann : c.36

 

Répartition géographique

Le lingala est parlé comme langue maternelle dans les deux Congo, la majeure partie des locuteurs étant dans le Congo-Kinshasa. Avec son statut de langue véhiculaire, le lingala est aussi parlé en Angola (dans le nord du pays majoritairement dans la region de Uíge) et en République centrafricaine. Étant donné que la musique congolaise est populaire en Afrique centrale, il est possible d’entendre des paroles en lingala des deux côtés de l’Afrique centrale, du Kenya au Cameroun.

 

Statut officiel

En République démocratique du Congo, le lingala a un statut de langue nationale au côté du kikongo ya leta, du swahili et du tshiluba. Le lingala a le statut de langue nationale véhiculaire comme le kitubà (Kikong) en République du Congo. Le français est la langue officielle dans ces deux pays.

 

Dialectes

Le lingala possède plusieurs dialectes, recouvrant un territoire linguistique large et divisé par des frontières administratives ou de longues distances.

Bokamba et Bokamba divisent les différents dialectes de lingala de la façon suivante :

lingala standard, dit classique ou littéraire, ou encore lingala de Makanza ;

lingala parlé, dit populaire ;

lingala de Kinshasa ;

lingala de Brazzaville ;

mangala ou bangala — considéré comme langue dérivée car souvent mutuellement inintelligible avec les autres dialectes de lingala.

Il y a aussi différents argots :

indoubil, ancien argot des jeunes ;

lingala argot, ou lingála ya ba yanké, argot des jeunes de Kinshasa ;

langila - argot ou langage codé de Kinshasa.

 

Lingala classique

Le lingala classique est la variété utilisée dans plusieurs institutions de l’éducation et d’informations tant au niveau national qu’au niveau régional. Cette variante provient des traductions, dont une de la Bible, et des efforts de standardisation de l’Église catholique. Le lingala classique se dénote des autres dialectes par son nombre de voyelles, sept voyelles [a], [e], [?], [i], [o], [?], [u], par une harmonie vocalique obligatoire et par l’utilisation de tous les suffixes grammaticaux.

 

Lingala parlé 

Le lingala parlé est une variante comptant autant de préfixes nominaux que le lingala classique, mais moins d’accord grammaticaux entre ceux-ci et les autres suffixes. L’accord sujet-verbe est maintenu mais réduit à 10 classes, tandis que l’accord substantif-adjectif est simplifié à 2 classes. Les sept voyelles sont aussi utilisées, mais l’harmonie vocalique n’est pas appliquée. Son développement est principalement dû aux différentes missions protestantes, dont une traduction de la Bible. Cette variante du lingala est probablement la forme la plus parlée à travers les régions lingalaphones des deux Congo, même dans leurs capitales. C’est la forme de lingala la plus parlée dans la vie de tous les jours. Bien que cette forme soit la plus répandue, le lingala classique conserve le titre de lingala standard. Les deux dialectes sont parfois utilisés dans des contextes différents. Par exemple le lingala classique est utilisé dans les réunions officielles, dans certains médias ou dans les situations formelles, mais le lingala parlé est utilisé dans les situations informelles. Une majorité des chansons populaires en lingala, entre 60 et 65 %, utilisent le lingala parlé. Au vu de l'histoire coloniale de la RDC, le lingala intègre dans son vocabulaire des mots de vocabulaire français, et néerlandais, les deux langues coloniales. Cependant, l'apport de mots français semble plus importants. Dans le lingala, depuis une période plus récente, on y trouve aussi des mots issus de l'anglais, et dans une moindre mesure, du portugais, l'Angola étant frontalier .

 

Lingala des villes 

Le lingala de Kinshasa comme celui de Brazzaville est le dialecte utilisé au quotidien dans ces deux villes, souvent utilisé dans les divertissements à la télévision ou à la radio. Cette forme de lingala comporte beaucoup d’emprunts au français et est parfois considérée comme un créole mais ces emprunts peuvent aussi être des alternances codiques faites par des personnes bilingues. Par exemple :

Est-ce que likambo yangó ya s??l?? t? lokúta ? (Mamou, chanson de Franco Luambo Makiadi)

Est-ce que cette histoire est vraie ou fausse ?

Oyébi y? bien !

Tu la/le connais bien !

En tout cas, nasepélí míngi.

En tout cas, je suis très content.

Vraiment n?zo kámwa !

Je suis vraiment étonné !

 

Langila  

Le langila est un argot kinois utilisant des codes (principalement des noms propres) pour remplacer certains mots et verbes5.

Par exemple :

Venezuela na Palestine (en langila) :

Yaka na palais (en lingala de Kinshasa),

Yaka na ndako (en lingala classique),

Viens à la maison (en français).

 

Langues dérivées 

Le bangala, parlé plus à l’est du territoire du lingala, est généralement considéré comme une langue à part entière.

Le frangala, une forme de lingala répandue parmi la diaspora et dans certains centres urbains, ressemble fortement à une langue créole avec beaucoup de mots de vocabulaire du français, et est caractérisée par des accords grammaticaux limités à deux ou quatre classes nominales.

 

Écriture 

En 1976, la Société zaïroise des linguistes a adopté un système d’écriture standardisé pour les langues zaïroises, dont le lingala. Ce système est basé sur l’Alphabet international africain (AIA), une orthographe presque phonétique, avec notamment les lettres ‹ ? › et ‹ ? › pour transcrire les voyelles [?] et [?], ainsi qu’une utilisation sporadique des accents pour indiquer les intonations. Malheureusement pour cette convention orthographique, il n’y a pas de système d’entrée, ni claviers ni machines à écrire, permettant d’utiliser les lettres ‹ ? › et ‹ ? ›, et les accents. Cette convention a standardisé l’usage des lettres dans les milieux académiques, mais laisse les intonations au bon vouloir des personnes. Le manque de standardisation dans l’accentuation n’est pas un problème majeur grâce au contexte des mots dans les phrases et paragraphes.

Les orthographes populaires ont pris un pied d’avance sur l’orthographe standardisée car elles peuvent être tapées sur n'importe quel clavier. Beaucoup de livres, de dissertations, la traduction lingala de la Déclaration universelle des droits de l'homme et plus récemment, des forums, des listes de diffusion et des sites web, comme Google en lingala, n’utilisent pas les caractères propres au lingala (‹ ? › et ‹ ? ›). 

Le lingala étant plus une langue orale qu’une langue écrite, ses locuteurs utilisent plusieurs systèmes d’écriture. La plupart sont non standardisés. Parce que l’ensemble des locuteurs lingalaphones a un bas taux d’alphabétisation en lingala, l’orthographe populaire est très souple et varie d’un Congo à l’autre — au Congo-Brazzaville, le taux d’alphabétisation en lingala comme langue maternelle est entre 10 % et 30 %, alors que celui du français est plus élevé.  Assez souvent l’orthographe est influencée par l’orthographe française pour le choix des graphèmes :

‹ ss › pour /s/ ;

‹ ou › pour /u/ ;

‹ aï › pour /ai/ ;

‹ é › pour /e/

‹ e › pour /?/ ;

‹ ó › pour /?/ ou o ;

‹ o › pour /o/ ou /?/ ;

‹ i › ou ‹ y › pour /j/.

Un même mot peut se retrouver avec autant d’orthographes que les prononciations régionales, par exemple : nyonso, nyoso, nionso, nioso sont tous des orthographes populaires de ny??ns?.

 

Ordre alphabétique 

L’alphabet lingala est organisé de façons différentes selon les écoles ou les linguistes.

Certains utilisent seulement les lettres monogrammes, d’autres reconnaissent pleinement les digrammes et trigrammes en tant que graphèmes à part.

Selon les linguistes du Centre de linguistique théorique et appliquée, les digrammes ont chacun un ordre spécifique, par exemple : m?so doit être classé avant mba parce que le digramme ‹ mb › suit la lettre ‹ m ›. Les lettres ‹ r › et ‹ h › sont utilisées pour les mots empruntés. Les digrammes ‹ mv ›, ‹ mf › sont très rares.[réf. souhaitée]

 

Valeur des graphèmes 

Les accents indiquent les tons des voyelles auxquels ils s’attachent, l’accent aigu indique un ton haut, l’accent circonflexe indique un ton variant descendant et l’accent antiflexe (circonflexe inversé) indique un ton variant montant. Le ton bas n’est pas marqué.

 

Grammaire 

La grammaire du lingala varie selon le registre de langue utilisé. L’ordre grammatical est généralement le même entre les différents dialectes mais les accords varient selon le dialecte, ou le sociolecte.

Le lingala classique est la variation avec le plus de règles d’accords grammaticaux. Ces accords concernent la classe des noms et de leurs adjectifs ou des verbes dont ils sont les sujets, ou dont ils sont les objets en langage soutenu.

 

 

Test Lingala 2 : Soki oyebi Lingala malamu ndimbola

 

Classes 

Le système de noms communs lingala est basé sur un ensemble de classes nominales organisées en paires singulier-pluriel, ou marquant des noms invariables de noms collectifs ou de noms abstraits.

mo-/ba- (1-2)

mo-/mi- (3-4)

li-/ma- (5-6)

e-/bi- (7-8)

n-/n- ou m-/m- (9-10)

lo-/n- (11-10)

bo-/ma- (14-6)

La classe 6 ma- est utilisé pour beaucoup de liquide ou de matière qui n’ont pas de forme singulier : mái, « eau », mafúta, « huile », etc.

Le préfixe nominal s’attache au nom commun ; le préfixe pronominal s’attache à l’adjectif accordé avec celui-ci ; le préfixe verbal s’attache au verbe ; l’infixe pronominal s’accroche directement au radical du verbe

Molakisi molái yangó abíkí. ? Ce grand instructeur est guéri.

Molakisi molái yangó abíkí.

molakisi molái yangó abíkí

CL1.instructeur CL1.grandqui CL1.guérir

Ce grand instructeur est guéri.

Le lingala classique possède un système complexe de préfixes. En général, dans le lingala courant, seuls les préfixes nominaux sont utilisés selon les règles. Les préfixes pronominaux sont simplifiés, ainsi que les préfixes verbaux de la 3e personne simplifiés à « a- » et « ba- » pour les personnes ou animés et « e- » et « bi-» pour les inanimés.

La tendance actuelle est de simplifier le système de classes, beaucoup de formes de pluriel traditionnelles sont remplacées par l’usage du « ba- » de la classe 2. Par exemple, beaucoup de termes désignant des objets de la maison font partie de la classe 9 au singulier et 2 au pluriel, par exemple : lutu > balutu « cuillère », mesa > bamesa « table », sani > basani « assiette ».

Les infixes pronominaux ne sont quasiment pas utilisés en accord avec la classe en lingala parlé, mis à part dans certaines régions de la province de l’Équateur. Ils sont utilisés dans le lingala dit classique ou littéraire.

Les classes 9 et 10 ont un préfixe nasal, qui est en fait une pré-nasalisation de la consonne qui le suit, et donc peut être « m- » ou « n- », par exemple mbata et ntaba.

Les préfixes pronominaux e- pour le singulier et ba- ou i- pour le pluriel de non-animé sont couramment utilisés à la place de ceux indiqués dans ce tableau. Ceux présentés dans le tableau étant encore une fois limités au lingala classique ou littéraire.

L’infixe -mí-, pour indiquer le réflexif, est utilisé à la fois dans le lingala parlé et le lingala littéraire.

Le préfixe ko- est utilisé pour l’infinitif des verbes. Le lingala littéraire, possède un préfixe supplémentaire pour l’infinitif, no-, qui s’emploie comme complément circonstanciel de but. Par exemple :

Tokoya nosála mosála. — Nous viendrons travailler.

To koya kosála mosála.

1PL-FUT-venir-FUTINFBUT-sál-INFtravail

Nous viendrons pour faire le travail.

 

Date de dernière mise à jour : lundi, 26 avril 2021

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