Le 10/05/2017
Les Mbuti sont un peuple pygmée vivant dans le district de l'Ituri de la République démocratique du Congo . Leur langue appartient au sous groupe des langues soudaniques centrales.
Les Mbuti sont un peuple pygmée de chasseurs-cueilleurs et l'un des plus anciens peuples présents en Afrique centrale. Ils sont organisés en petits groupes ou "bandes" de 15 à 60 personnes. Les Mbuti seraient au nombre de 30 000 à 40 000.
L'utilisation du terme Mbuti peut créer parfois une certaine confusion car il peut servir à désigner l'ensemble des populations pygmées de l'Ituri et un sous-groupe de Pygmées vivant au cœur de la forêt de l'Ituri.
ETHNONYMIE
Selon les sources, on observe de multiples variantes : Bambote, Bambute, Bambuti, Ba.Mbuti, Bambutis, Bouté, Imbuti, Mambuti, Mbote, Mbutis, Pygmées de l'Ituri, Pygmées Mbuti, Wambouti.
« Bambuti » est le pluriel de « Mbuti ».
HABITATS ET ORGANISATION
Les Mbuti vivent dans des villages où chaque hutte abrite une cellule familiale. Au début de la saison sèche, les Mbuti quittent leur village et s'installent dans des campements qu'ils construisent dans la forêt. Les villages sont indépendants les uns des autres. Les maisons sont petites et circulaires et sont toujours conçus comme des habitats temporaires.
La construction d'une maison commence avec le tracé du contour de la maison sur le sol. Les murs sont constitués de branches solides plantées dans le sol. Une liane est ensuite enroulée autour de ces branches pour les faire tenir ensemble. De grandes feuilles sont utilisées ensuite pour construire le toit de la hutte.
ALIMENTATION
Les Mbuti sont avant tout des chasseurs-cueilleurs. Leur régime alimentaire se composent de crabes, de coquillages, de fourmis, des larves, des escargots, des cochons, des antilopes, des singes, des poissons, et du miel. Ils consomment également des légumes sauvages comme l'igname, des baies, des fruits, des racines, des feuilles, des amarantes, de l'hibiscus, des noix de cola et des gourdes.
Lorsqu'ils chassent, les Mbuti ciblent particulièrement l'hylochère (cochon sauvage géant). La viande d'hylochère et celle du rat sont souvent considérés comme kweri, c'est-à-dire dangereux car pouvant causer des maladies à ceux qui la consomment. Toutefois, cette viande est souvent utilisée comme monnaie d'échange avec les groupes des populations bantous agricultrices. Dans la mythologie mbuti, l'hylochère est considéré comme la manifestation physique de Negoogunogumbar, l'ogre qui dévore les enfants[citation nécessaire]. Pour la chasse, les Mbuti utilisent des grands filets, des pièges, des arcs et des flèches. Les femmes et les enfants participent parfois à la chasse en rabattant les proies vers les filets.
Les hommes et les femmes mbuti s'occupent tous les deux des enfants. Les enfants s'occupent de la cuisine, du nettoyage, de la réparation de la hutte et vont chercher de l'eau. Les hommes portent les femmes dans les arbres pour qu'elles aillent récupérer le miel.
COMMERCE
Les villages bantu produisent des pièces en métal, des objets en bois, de la vannerie et des légumes que les Mbuti obtiennent en l'échange de viande de brousse, de peaux de bête et d'autres produits de la forêt .
SYSTÈME DE FILIATION
Les mbuti ont une société patrilinéaire mais le système est assez souple. Le groupe principal des Mbuti est la famille nucléaire.
COUTUMES DE MARIAGE
Le mariage se fait sur la base d'échange de femme. Sur la base d'échanges réciproques, des hommes de groupes différents échangent entre eux des sœurs ou des femmes avec qui ils ont des liens. Dans la société mbuti, le paiement d'une dot n'est pas obligatoire. Il n'y a pas de cérémonie formelle de mariage : un couple est considéré comme marié lorsque l'homme présente aux parents une antilope qu'il a chassé et tué seul. La polygamie est pratiquée mais à des degrés variables selon les groupes et n'est pas très répandue.
STRUCTURE POLITIQUE
Les sociétés mbuti n'ont pas de groupes ou de lignée dirigeante ni d'organisation politique générale et très peu d'organisation sociale. Les Mbuti forment une société égalitaire dans lequel la bande constitue l'organisation sociale la plus importante. Le leadership peut s'affirmer par exemple lors des opérations de chasse. Les hommes et les femmes ont les mêmes droits. Les problèmes sont discutés et les décisions sont prises par consensus autour du feu. En cas de désaccord, de délits ou d'infractions, la personne incriminée peut être bannie, battue ou ridiculisée.
RELIGION
L'épicentre de la vie des Mbuti est la forêt. Les Mbuti voient dans la forêt une protection et la considèrent comme un lieu sacré. Ils désignent parfois la forêt comme une "mère" ou un "père". Un rituel important dans la vie des Mbuti est le molimo. Après des évènements comme la mort d'un membre important de la tribu, molimo est célébré de façon bruyante pour réveiller la forêt, partant du principe que si quelque chose de mauvais arrive à ses enfants, cela est dû au fait que la forêt s'est endormie. Comme pour la plupart des rituels Mbuti, la durée du Molimo est variable et dépend de l'humeur du groupe. De la nourriture est collectée auprès de chaque hutte afin de nourrir le molimo. Le soir, le rituel s'accompagnent de danses de la part des hommes autour du feu tandis que les femmes et les enfants restent dans les huttes, portes closes. L'anthropologue britannique Colin Turnbull a étudié de près ces rituels.
"Molimo" est aussi le nom de la trompette utilisée par les hommes au cours du rituel. Cette trompette était traditionnellement faite en bois ou en bambou mais Turnbull a montré qu'elle pouvait aussi être en métal utilisé pour des gouttières. Lorsqu'elle n'est pas utilisée, la trompette est conservée dans les arbres de la forêt. Lors d'une cérémonie, ce sont les jeunes du village qui récupèrent la trompette et la ramène jusqu'au feu.
LES DÉFIS ACTUELS
Le mode de vie traditionnel des Mbuti est menacé pour plusieurs raisons. Le territoire qu'ils occupent en RDC n'est pas clairement délimité et n'est pas protégé par la loi. Les Mbuti n'ont plus le droit de chasser une grande quantité de gibier. En raison de la déforestation, de l'exploitation des mine d'or locales, de l'extension des zones de culture et des réserves naturelles, leur approvisionnement alimentaire est menacé.
Les Mbuti ont également très gravement affectés par la guerre en République démocratique du Congo. Selon le Rapport du Projet Mapping concernant les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en RDC, ils ont été victimes d'actes de cannibalisme nombreux car les autres populations attribuent un pouvoir magique à leur chair.
LA FORÊT DE L’ITURI
La forêt équatoriale de l'Ituri (ou de l'Aruwimi) se trouve en Ituri, au nord-est de la République démocratique du Congo. Elle occupe une superficie d'environ 63 000 km², et se situe entre 0° et 3°N et 27° et 30° E. L'altitude de la forêt est étalée de 700 m à 1 000 m. La température moyenne est de 31 °C (88 °F) et l'humidité moyenne de 85 % (Wilkie 1987). Environ 20 % de la forêt équatoriale est constituée de la réserve de faune à okapis, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
La forêt de l'Ituri fut traversée pour la première fois par un Européen en 1887, par Henry Morton Stanley, au cours de l'expédition de secours à Emin Pasha.
La forêt de l’Ituri est un réservoir d’importance mondiale de richesse floristique avec une flore significative qui n’existe que sur une chaîne d’inselbergs de granite qui couvre la limite entre la forêt et la savane. Environ 30 000 Pygmée nomades, les Mbuti et les Efe, vivent dans le Paysage. Pendant longtemps ils ont partagé la forêt uniquement avec des agriculteurs traditionnels, mais plus récemment des immigrants en provenance de la zone de conflit du rift Albertin et des savanes qui bordent l’Ituri à l’est et au nord sont venus s’installer. Ces populations de pionniers ont provoqué une extension de l’agriculture à l’échelle commerciale, de l’exploitation minière et de l’exploitation forestière dans le Paysage.
Pendant la guerre civile, des milices ont occupé la forêt de l’Ituri et se sont battues pour l’accès aux ressources naturelles du Paysage : l’ivoire, la viande de brousse, les minéraux et le bois. Le Paysage commence à se remettre du conflit, mais le cadre institutionnel et légal pour la protection et la gestion reste faible tant au niveau local que national.