Devoir de mémoire : Faut-il que la Belgique restitue aux Congolais les objets sacrés volés au Congo ?
Devoir de mémoire : Faut-il que la Belgique restitue aux Congolais les objets sacrés volés au Congo ?
Plusieurs centaines de crânes, des squelettes, des ossements des chefs coutumiers congolais volés sont gardés en Belgique.
Le musée de Tervuren et les autres
Le Musée royal de l'Afrique centrale de Tervuren, situé dans la banlieue de Bruxelles, est considéré comme le dernier grand musée colonial en Europe, avec 120 000 objets concernant le cas congolais. Ils ont été collectés entre la fin du XIXe siècle et l'indépendance du Congo belge, en 1960. Parmi ces trésors figurent le Bâton d'Ishango sur lequel sont marqués les signes mathématiques datant d'il y a 9 000 ans, selon le professeur Dirk Huylebrouck, docteur en mathématiques, ou encore les archives historiques inestimables dont celles, complètes, de l'explorateur Henry Morton Stanley .
Lusinga… Et 300 autres crânes d’Africains conservés à Bruxelles (partie 1) : Un vieux registre du Musée du Congo
Restitution des trésors coloniaux
Le 27/09/2018
Plusieurs centaines de crânes, des squelettes, des ossements divers, des fœtus ont été « collectés » par des Belges pendant l’époque coloniale en Afrique centrale, principalement au Congo. Une partie de ces « collections » conservées Bruxelles appartient à un temps où des scientifiques égarés contribuèrent à nourrir l’idéologie raciste. Pour l’heure, les dossiers d’acquisition de ces restes humains qui permettraient d’en savoir plus sur les circonstances douteuses de nombreuses « collectes » ont disparu… Une enquête de Michel Bouffioux.
Imaginons un peu… Imaginons qu’un musée berlinois conserva des centaines de crânes de Belges « collectés » pendant l’occupation. Qu’il exista des registres comportant des renseignements de ce type : « le crâne d’un homme de la région de Liège », le « crâne d’une femme provenant de Namur », « fœtus de 5 mois, province du Hainaut, race wallonne » etc. Imaginons que certains de ces restes humains aient été achetés à des collaborateurs, que d’autres aient été « collectés » dans le cadre d’actions violentes et de violations de sépultures dans des cimetières ; Qu’une bonne partie de ceux-ci aient été « exportés » en Allemagne par des militaires qui n’auraient jamais eu à se justifier sur les circonstances de leurs « récoltes ». Imaginons que certains de ces restes humains aient été utilisés dans des conférences prétendument savantes visant à démontrer la supériorité de la race germanique. Comment réagirait l’opinion publique belge ? Accepterait-elle de considérer que ces restes d’ancêtres collectés dans un contexte d’oppression et de violence ne devraient plus être aujourd’hui que des « items » de « collections » scientifiques appartenant définitivement à l’Allemagne ? Pour les Belges, ce questionnement est une fiction mais, pour les Congolais, dont ceux qui font partie de la diaspora qui vit en Belgique, cela devient un sujet d’actualité bien réel.
Le 24 août 1964, un arrêté royal modifia les attributions du MRAC et de l’IRSBN, ce qui impliqua un transfert des restes humains conservés par la première institution vers la seconde. Il a fallu plus de 30 ans pour que la « collection » venue du Musée du Congo soit enfin inventoriée par l’IRSNB, ce qui témoigne du peu d’intérêt qui lui fut accordé sur le plan scientifique. Ce décompte ne fut réalisé que le 27 févier 1996, comme le renseigne une fiche d’inventaire général du Musée numérotée 28296. Celle-ci mentionne : « Collection de crânes provenant d’Afrique (1964-1965), + 650 cranes + mandibules – transfert MRAC ».
289 crânes, 12 fœtus, 8 squelettes provenant d’Afrique centrale
650 crânes ? Plusieurs éléments laissent à penser que ce décompte n’est pas exact. Au début de cette investigation, quand nous étions à la recherche des trois crânes de la « collection » Storms, l’IRSNB eut beaucoup de mal à retrouver l’un d’entre eux. Le conservateur devant bien constater que le crâne du chef Marilou avait été très incomplètement renseigné dans la base de données de l’institution, c’est-à-dire sans nom, sans son numéro de classement original, sans mention qu’il fit partie de la « collection » Storms. De facto, l’imprécision de l’inventaire avait anonymisé ces restes humains sous la simple appellation : « Crâne tribu occidentale du Tanganyika ». Les mêmes causes produisant sans doute les mêmes effets, le crâne de Mpampa n’a pu être retrouvé à ce jour.
Approfondissant cette enquête, nous avons étudié le registre manuscrit de la collection d’anthropologie anatomique qui fut autrefois tenu par le Musée du Congo. Et nous constatons que dans celui-ci sont recensés 289 crânes, 12 fœtus, 8 squelettes provenant d’Afrique centrale, essentiellement du territoire qui correspond à l’actuelle République Démocratique du Congo. 289 crânes pas 650 ? Patrick Semal, le conservateur des collections d’anthropologie du Musée des sciences naturelles admet que la fiche 28296 induit en erreur. Et ce qu’il nous dit par ailleurs n’est pas rassurant : «La collection d’anthropologie anatomique de l’ex-Musée du Congo est bien dans nos murs mais nous ne retrouvons pas les archives relatives à son transfert en 1964. Nous n’arrivons pas à localiser les « dossiers d’acquisition » alors que le Musée de l’Afrique Centrale ne les retrouve pas non plus et suggère qu’ils sont chez nous. Il est vrai que notre budget ne nous permet pas de disposer d’un archiviste, ce qui veut dire que ces documents, si on en dispose, font partie d’un lot de papiers non inventoriés. Ils sont dès lors difficilement accessibles ». Au Musée de Tervuren, l’archiviste Tom Morren, nous le confirme : « Nous ne retrouvons pas les dossiers d’acquisition ».
Débat : Faut-il restituer les objets sacrés du Congo aux Congolais ?
Date de dernière mise à jour : samedi, 16 novembre 2019
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Commentaires
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Munzakawa
Le dimanche, 18 avril 2021
Bonsoir !
Bien-sûr
Nous demandons a la Belgique de remettre tout qui a été pillé par le Belge et les Européens.