Entre Sport et Religion
Le 29/10/2019
Les relations entre sport et religion
Ce type de relation présente quatre versions :
1 ° L’Inclusivisme, un concept théologique de certaines églises chrétiennes où le sport est un aspect de la religion.
Que le sport soit un simple aspect de la religion, cela signifie qu’il se vit dans le cadre d’une religion. Pour le croyant, il est une occasion d’affirmer publiquement sa foi :
- par des gestes explicites : faire un signe de croix à l’entrée de la patinoire ou du terrain, s’agenouiller pour prier sur la piste…
- par le choix de ses vêtements : porter un foulard pour dissimuler ses cheveux sur un terrain ou sur un tatami, soulever son maillot pour montrer sa camisole où figure le message «Jésus t’aime» ou la photo de son fils.
- par le refus de pratiquer l’athlétisme le dimanche ou de jouer au hockey durant les fêtes juives.
Le sport devient alors souvent un outil pédagogique pour transmettre une religion. Les jésuites et leur éducation forme l’être humain dans sa totalité, corps, cœur, esprit et âme – mens sana in corpore sano – par la gymnastique d’abord, par le sport ensuite. Les protestants américains et à leur concept de Muscular Christianity, dont sont notamment issues les salles de sport du YMCA et le basket-ball, inventé par le Canadien James Naismith, théologien du collège presbytérien de l’Université Mc Gill à Montréal.
À l’inverse, il est possible de faire de la religion un simple aspect du sport ou de l’instrumentaliser pour en faire un outil au service du sport. Certains sportifs n’ont pas recoure à la religion. Le signe de croix, par exemple, leur serre à optimiser leurs performances de même que lors de l’entraînement, de la diététique ou du dopage. Les aspects religieux permettent à l’industrie du sport, d’augmenter la légitimité de son produit. Peu nombreux sont les athées ou les laïcs qui ne croient pas aux dieux du stade. Le sport fidélise une clientèle qui se rend au stade comme elle se rendrait à l’église, au temple, à la mosquée ou à la synagogue.
2° le Syncrétisme, un mélange d'influences. Le syncrétisme, où la religion est un aspect du sport.
Le syncrétisme correspond simplement et de manière plus neutre à la confusion de deux entités. Le sport et la religion conduisent à créer une nouvelle entité. Le sport et la religion sont totalement confondus créant une nouvelle idée, une véritable, authentique et originale religion du sport.
Les Jeux Olympiques nous semblent représenter l’exemple le plus abouti de ce syncrétisme. Les jeux sont avant tout une religion, c’est-à-dire une «adhésion à un idéal de vie supérieure, d’aspiration au perfectionnement» d’ après Pierre de Coubertin et ses successeurs à la tête du Comité International Olympique. Ils ont créé une nouvelle religion sur la base d’éléments – croyances, symboles, termes, rites, etc.… empruntés aux religions gréco-romaine, judéo-chrétienne, germano scandinave, peut-être aussi, au fil du temps, à d’autres moins occidentales.
3° Dimorphisme, Existence de deux formes distinctes pour une même espèce.
Si le syncrétisme revient à confondre le sport et la religion, le dimorphisme au contraire «maintient une “compartimentalisation”, particulièrement quand les croyances sont mutuellement contradictoires. Le dimorphisme permet donc de choisir parmi les croyances celles qui permettront d’affronter la vie et de faire face aux situations.
Dans un modèle morphique, le sport et la religion ne sont plus confondus. Ils restent distincts, séparés, mais ils sont articulés. Il faut au moins qu’existe une condition sine qua non– une zone commune entre les deux religions. Sa taille peut varier. Les points communs peuvent être rares ou plus nombreux, mais ils doivent exister. Et c’est sur ces fondements partagés que peuvent se déployer les croyances diverses et même contradictoires.
Certains se défouleront dans un stade et aimeront à l’église, mais d’autres exerceront leur violence dans la religion et leur solidarité dans le sport…
4°Exclusivisme, Attitude ou mentalité qui consiste à poser des frontières ou des critères exclusifs en estimant que ceux-ci peuvent garantir la cohésion et la stabilité dans un ensemble ou un groupe de personnes.
La religion et le sport pourraient n’avoir aucun point de rencontre, il obligerait chacun à choisir entre le sport et la religion. La distinction du sport et de la religion et leur autonomisation peuvent avoir deux effets contraires : Toute la question sera de savoir comment est conçu au cours du temps ce pouvoir, et son partage entre l’humain et le divin, pouvoir surhumain donné par les dieux, donc divin, ou pouvoir créé par l’homme, donc humain. » [Garassino 1992 : 67] C’est dans ce modèle que le sport devient alors un rival pour la religion, qui l’a souvent perçu comme une menace pour son dieu.
La religion a cherché ou plutôt certaines religions ou certaines tendances dans les religions ont cherché à exclure le sport, parce qu’elle le jugeait idolâtre.
Ainsi si l’hellénisme, étude de la civilisation grecque antique, a toujours encouragé le sport, le judaïsme s’est longtemps montré réservé à son égard. Les Grecs prônaient l’idéal de la beauté, la nudité de l’athlète imposée et glorifiée par l’olympisme, l’intégralité du corps. Mais les juifs privilégiaient l’idéal de la pureté, la nudité vécue dans la honte de la Genèse et la circoncision.
Tertullien un Père de l’Église prévenait les croyants : «Là où il y a plaisir, il y a de la passion ; autrement le plaisir serait insipide. Là où il y a passion, arrive aussi la jalousie ; autrement la passion serait ennuyeuse [ ;;;] Il faut dire qu’il est indigne de regarder ce qui se passe dans le stade, les coups de pied, les coups de poing, les soufflets et les mille insolences qui dégradent la majesté de l’homme, image de Dieu. Les athlètes travaillent à se donner un corps nouveau, comme pour réformer l’œuvre de Dieu.
Saint Jean Chrysostome, évêque de Constantinople au 4es. aurait qualifié de «satanodrome» satanique l’hippodrome de sa ville !
De manière plus contemporaine, nous percevons ce sentiment de menace quand un responsable religieux regrette qu’un enfant sportif manque une rencontre de catéchèse en raison d’un entraînement ou d’une rencontre, alors qu’il se montrera plus disposé à accepter qu’un jeune musicien manque la même activité pour cause de répétition ou de concert."
Que dit la Bible sur les sports ?
Le passage le plus éloquent est dans la première lettre aux Corinthiens : « Vous savez bien que, dans les courses du stade, tous les coureurs prennent le départ, mais un seul gagne le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour gagner une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. Moi, si je cours, ce n’est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide. Mais je traite durement mon corps et je le réduis en esclavage pour ne pas être moi-même disqualifié après avoir annoncé aux autres la Bonne Nouvelle. » (9, 24-27).
Mgr Dominique Lebrun, évêque de St Étienne
(Paru dans "Présence Mariste" n°256, juin 2008)
Ligues des champions : les joueurs et les dirigeants du Réal Madrid avaient présenté leur trophée à la vierge marie mère de jésus-christ le seigneur.
Au lendemain de leur victoire en Ligue des champions le 26 mai 2018, Zinedine Zidane et ses joueurs du club de football espagnol du Real Madrid se sont rendus dimanche à la cathédrale de Santa María La Real de La Almudena, à Madrid, pour y présenter leur trophée à la Sainte Vierge.
Présenter son trophée à la Sainte Vierge, quoi de plus évident quand on vient de gagner une compétition aussi prestigieuse que la Ligue des champions ? Qui plus est pour la troisième fois consécutive. Du jamais vu depuis 1976. Dimanche 27 mai, avant la célébration de leur victoire de la veille contre Liverpool (3-1) avec les supporters, les joueurs du Real Madrid ont fait un détour pour remercier les hautes sphères.
On a pu voir les footballeurs vêtus de leurs plus beaux costumes serrer la main de plusieurs prélats à l’entrée de la cathédrale madrilène.
Après avoir religieusement écouté leur président, Florentino Perez, et plusieurs prêtres réunis pour l’occasion, Karim Benzema, Cristiano Ronaldo, Marcelo et le capitaine de l’équipe de Zinedine Zidane, Sergio Ramos sont montés sur les marches qui conduisent vers la Sainte Vierge pour lui présenter leur trophée.