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- Les Mangbetu du Congo dans la province du Haut-Uele

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Les Mangbetu sont un peuple nilo-soudanais, originaire de l'ancienne Nubie. Présent dans le nord-est de la République démocratique du Congo, notamment dans la Province du Bas-Uele et du Haut-Uele, et à un moindre degré en Ouganda.

Selon les sources, on observe de multiples variantes : Amangbetu, Guruguru, Kingbetu, Mambetto, Manbetu, Mangbétou, Mangbettu, Mangbetus, Mombettu, Mombouttou, Mombuttu, Monbattu, Monbuttoo, Monbuttu, Namangbetu, Nemangbetu, Ngbetu.

 

Les Mangbetu , le peuple aux longues têtes

 

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Identification


Selon les sources, on observe de multiples variantes : Amangbetu, Guruguru, Kingbetu, Mambetto, Manbetu, Mangbétou, Mangbettu, Mangbetus, Mombettu, Mombouttou, Mombuttu, Monbattu, Monbuttoo, Monbuttu, Namangbetu, Nemangbetu, Ngbetu.

Selon le contexte, l'ethnonyme peut désigner un large ensemble de clans – les Makere – réunissant plus d'un million d'individus. Au sens strict, le clan Mangbetu compte quelques dizaines de milliers de personnes seulement.

 

Histoire

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Les Mangbetu sont un peuple nilo-soudanais, originaire de l'ancienne Nubie. Ils arrivèrent dans les régions qu'ils peuplent aujourd'hui au milieu du xviie siècle. Certains se sont unis à des populations bantou et pygmée du groupe Mbuti. Dès lors, ils établirent leur domination sur la région. Au début du xixe siècle, le royaume mangbetu fut bâti. Son fondateur était Nabiembali.

Le royaume vivait du commerce, en particulier de l'ivoire, ainsi que de l'agriculture. Le royaume connut son apogée dans les années 1870, sous le roi Mbunza, qui chassa les Arabes conquérants venus du Soudan, sous le chef Mohamed Abdou, qui imposèrent leur autorité pendant quelques années. Les Mangbetu étaient en rivalité avec les Azandé ou Nyam Nyam, d'origine soudanaise. À la fin du xixe siècle, les colons européens arrivent dans la région et passent le royaume sous la domination des Belges. C'est la fin du royaume mangbetu.

Les Mangbele furent les premiers MAKERE à atteindre l’Uele vers 1650, territoire habité par les pygmées (Mbuti) avec lesquels ils s’unirent. Dès la moitié du XVIII ème siècle, le clan Mangbetu devint le groupe MAKERE prédominant, aristocratie des populations intégrées, tribus pygmées locales et groupes bantous migrant vers le nord. Fondé en 1815 par Nabiembali, le royaume Mangbetu luttait fréquemment contre ses voisins Azande (Zande), également d’origine soudanaise. Le lien entre les deux peuples paraît ancien, en effet selon la tradition Zande, un membre du clan Avongara (Zande) aurait fondé la dynastie Mangbetu.

Les Mangbetu commerçaient avec les soudanais et les arabes. Le roi des Mangbetu détenait le monopole du commerce du cuivre et de l’ivoire. L’aristocratie, formée de parents, administrait le pays divisé en zones et villages; la plèbe se chargeait des travaux de culture, du défrichement de la terre, de la construction des huttes, etc. Le premier européen à avoir rencontré officiellement les Mangbetu fut l’allemand Georg Schweinfurth (1836-1925 . Explorateur et botaniste, il fut reçu à la cour du roi Mbunza en 1870. A cette époque le royaume connut son apogée. Mbunza renforça sa suprématie dans la région, chassant les arabes de Mohammed Abou Qorn en 1867. Ces derniers réussirent vers 1880 à fragmenter le royaume en une multitude de sultanats soumis à leur autorité. Puis les belges prirent le contrôle du Haut Uele dès leur arrivée. En 1895 l’ancien royaume Mangbetu fut définitivement conquis.

 

Vie sociale

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Grand Chef Mangbetu Okodongwe Village Medje (situé à 70 km d'Isiro), province du Haut-Uele

Situé sur un haut plateau (altitude 800 à 1000 m) le pays Mangbetu se trouve à la lisière de la savane et de la grande forêt équatoriale. L’environnement détermine l’habitat : huttes rectangulaires ou circulaires en lisière de forêt. Les Mangbetu ne sont pas attachés à leur terre. Parfois une famille unique constitue un village; celui-ci n’est pas durable, et peut être abandonné à la mort du chef par exemple, ou lorsque les ressources de proximité diminuent. Les chefferies font exception et la polygamie entretient l’existence de villages importants. L’espérance de vie avoisinait les cinquante ans en moyenne. Les Mangbetu se révélèrent d’excellents forgerons, potiers, sculpteurs et vanniers.

Célèbre pour son réalisme, l'art Mangbetu fut développé par les chefs des clans. Les célébrations étaient l’occasion d’exhiber les objets de luxe. Les figures en bois dévoilent probablement des portraits héréditaires (figures anthropomorphes reconnaissables par l'élongation de la tête). L’organisation sociale était similaire aux autres tribus de la forêt : chasse et pêche réservées aux hommes, les femmes chargées des cultures ; toutefois, à la différence d'autres peuples du Soudan, seuls les hommes Mangbetu étaient autorisés à traire le bétail constitué de chèvres.

La providentielle banane se consommait crue, grillée, bouillie ou frite dans l’huile de palme. Ses fibres s’utilisaient pour l’élaboration de cordages, les feuilles entraient dans la préparation de teintures et se transformaient en enveloppes. Le manioc, véritable ’’pomme de terre de l’indigène’’, fut importé d’Amérique. Il suivit le chemin inverse des esclavagistes et sa culture ne débuta dans le Haut-Uele que vers 1880. Malgré l’abondance des vivres, les Mangbetu s’avérèrent de redoutables anthropophages ; le cannibalisme perpétua des pratiques tardives jusque dans les années vingt.

 

Population

Les Mangbetu de pure souche sont environ 40 000 , mais le vocable utilisé par les Occidentaux a longtemps désigné, outre les Mangbetu proprement dits, un ensemble de clans tels que les Mangbele, Makere, Mando, Medje, Mapoli, Mayogo, Malele, Popoi ou Mabisanga. On peut ainsi rattacher aux Mangbetu plus de 1,3 million de personnes  Makere est en réalité le terme indigène qui inclut ce peuple dans son ensemble.

Aujourd'hui plus de 90 % des Mangbetu sont chrétiens, les autres continuent de pratiquer la religion traditionnelle. Physiquement les Mangbetu se démarquent des populations bantoues. Ils sont bien bâtis, avec les traits forts. Malgré les brassages ethniques, les Mangbetu sont en général plus élancés avec les traits plus fins, caractéristiques du type nilotique

 

Langue

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Le mangbetu, ou medje, est une langue nilo-saharienne parlée dans le nord-est de la République démocratique du Congo par le peuple mangbetu. Une de ses particularités est de différencier les consonnes roulées bilabiales voisée /?/ et sourde /??/.

Nom


Le mangbetu et également appelé aberu, amangbetu, kingbetu, makere, mambetto, mangb?t?, mangb?t?, mangbettu, medje, meegye, meje (medje), nemangbetu, popoi.

 

Distribution
Le mangbetu est principalement parlé dans le nord-est de la République démocratique du Congo, dans le territoire de Poko de la province du Bas-Uele, dans les territoires de Niangara, Rungu, Wamba et Watsa de la province du Haut-Uele et dans le coin nord-est du territoire de Banalia de la province de Tshopo.

 

Classification
Le mangbetu est une langue soudanique centrale.

 

Dialectes
Les dialectes suivant sont recensés : aberu, meje (medje, meegye), mangbetu nucléaire, makere (kere), malele, popoi (kipopoi).

Le medje est le dialecte le plus parlé et le plus communément compris.

L'aberu est parlé dans le territoire de Wamba et le popoi dans le territoire de Banalia.

 

Utilisation
Certains des locuteurs du mangbetu parlent aussi bangala. Le swahili du Congo est aussi utlisé, surtout par les locuteurs des dialectes du popoi et de l'aberu1.

Le mangbetu est utilsé comme langue seconde par les locuteurs de l'asoa (en) et du lika.

 

Écriture

Le mangbetu utilise l'alphabet latin.

 

Alphabet mangbetu

 

Majuscules

A

B

Bh

D

Dh

Dr

E

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F

G

Gb

H

I

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K

Kp

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Minuscules

a

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bh

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Majuscules

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Minuscules

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Culture

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C'est un peuple d'agriculteurs et d'artisans, ils élèvent aussi quelques ovins. Ils sont réputés comme d'excellents forgerons et sculpteurs, il pratiquent aussi la poterie et la vannerie. L'art mangbetu est très développé, en particulier les masques et les figures en bois.

C'est le doyen qui représente le chef de la communauté. Les communautés villageoises qui constituent la province sont soumises à un chef de province, lui-même soumis au roi. Ils pratiquent le patriarcat. Les Mangbetu étaient connus pour la pratique de la déformation du crâne. Les Mangbetu enveloppent la tête du bébé dans des cordelettes, avant la consolidation des os, pendant une année, leur donnant ainsi un crâne très allongé, signe de beauté et d'intelligence. L'origine de cette pratique remonte à l'Égypte antique, tout comme la célèbre harpe mangbetu, qu'on retrouve également chez les Fangs du Gabon, les Azandés, cousins des Mangbetu.

Les coiffures sont variées, les hommes tressent leurs longues barbiches, comme le font les Fangs. Les couvre-chefs masculins sont nombreux. Les femmes tressent leurs cheveux, soit collés au crâne, ou bien latéralement. Elles ajoutent à cela du crin de girafe ou des poils d'éléphant, le tout sur une armature rigide en bois à l'arrière de la tête, fixée par des épingles faites à partir d'os de singe le plus souvent. Plus les épingles sont nombreuses, plus le statut social est élevé.

 

Les longues têtes

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Femme Mangbetu, Village Medje - Province Orientale

 

La déformation de la tête est une pratique que l’on retrouve aux quatre coins du monde à diverses époques. Chez les Mangbetu, plusieurs raisons expliquent l’allongement volontaire de la boîte crânienne. Simple expression de la beauté pour les uns, la tête en forme de pain de sucre permettait une identification aisée du groupe. 

Par ailleurs les Mangbetu considéraient les hommes aux têtes plates comme des êtres diminués, les fronts allongés étant perçus comme signe d’intelligence et de sagesse. Techniquement, l’opération consistait à envelopper le crâne du bébé d’une cordelette (réalisée en raphia ou en crin de girafe), resserrée progressivement pendant un an avant la consolidation des os crâniens. La peau bridée vers le haut donne aux yeux une forme d’amande. . Preuve de son succès, cette coutume fut adoptée par certains voisins. Sa pratique dura jusqu’ aux années cinquante. L'ART CAPILLAIRE La coiffure prolonge l’esthétique de la tête. Les chefs portaient des parures décorées de plumes rouges ou multicolores. La coiffe d’apparat des femmes se présente en un mélange de crins de girafe et poils d’éléphant, posés sur une armature rigide en bois et mêlés aux cheveux. Le nombre d’épingles à cheveux, en os de singe fixant l’ensemble, indiquait le rang social de la femme. Dès les années vingt les femmes refusèrent de porter cette coiffe ; la durée de sa préparation, et la position inconfortable durant le sommeil, en furent les raisons.

 

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Mangbetu King Okondo, Belgian Congo by Herbert Lang.

 

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Une page ethnographique à travers des billets du Congo belge par Vincent Deprêtre Cercle numismatique de Nice Trois billets de l’ancienne colonie belge mettent à l’honneur une ethnie d’Afrique centrale: les Mangbetu. Dès les années vingt, l’Europe connut un engouement pour ’’l’Art Nègre’’ et popularisa les Mangbetu, peuple raffiné dont le succès, confirmé lors des expositions coloniales des années trente, perdura jusqu’à l’indépendance du Congo belge. La numismatique nous permet ainsi de redécouvrir le ’’peuple aux longues têtes’’. IDENTIFICATION Sous le vocable Mangbetu, on a longtemps regroupé plusieurs ethnies proches d'un point de vue culturel et politique. Il s’agit de nombreux clans (Mangbetu, Mangbele, Makere, Mando, Medje, Mapoli, Mayogo, Malele, Popoi, Mabisanga etc) qu’il faudrait appeler peuple MAKERE, désignation générique indigène de ceux que les blancs nommaient Mangbetu. L’ensemble des ethnies MAKERE parle l’idiome commun mangbetu et constitue une population d’un million d’individus. Les indigènes du clan Mangbetu pure souche, illustrant les billets, représentent un groupe ethnique d’environ 40.000 personnes. Souvent controversée, l’origine de ces ethnies peut être déterminée par l’arbre linguistique: l’idiome mangbetu fait partie du groupe linguistique ’’soudanais central’’ (60 langues parlées par 20 millions de personnes), groupe appartenant à la famille linguistique ’’nilo-saharienne’’ (200 langues - 26 millions d’habitants au total). Cette appartenance linguistique rattache les Mangbetu au Soudan. Malgré les inévitables brassages interethniques, les traits physiques plus fins, caractéristiques des nilo-soudanais, identifient aussi ce peuple et confortent cette thèse. LOCALISATION La découverte tardive de ces régions reculées et la tradition indigène orale rendent l’histoire de l’Afrique centrale incertaine avant 1900 et souvent inconnue avant 1850. Durant la période coloniale (1885-1960), malgré le quadrillage du territoire par les autorités belges et la forte présence des congrégations missionnaires, le recensement des populations indigènes demeura toujours incomplet : multiples déplacements des tribus, insaisissables pygmées. Le positionnement géographique des ethnies varie d’autre part selon les époques. Dans les années quarante les Mangbetu étaient localisés au sud de la ville de Niangara (ancien chef-lieu du district Haut-Uele, province Orientale, à l’extrême nord est du Congo-Zaïre).

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Source 

RAMEAUBnF (La Bibliothèque nationale de France)

- Vincent Deprêtre - CNN - janvier 2007 Retrouvez l'intégralité de cet article avec le détail des émissions et de nombreuses illustrations dans les Annales 2003 du Cercle numismatique de Nice 

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Date de dernière mise à jour : samedi, 08 mai 2021

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Commentaires

  • Hélène HAVAUX

    1 Hélène HAVAUX Le mardi, 16 janvier 2018

    A Ixelles (agglomération bruxelloise - Belgique) se trouve un monument intitulé "Ixelles à ses pionniers coloniaux (1876-1908) " dont l'auteur est Marcel RAU, 1933. Il est situé au square de la Croix-Rouge, à proximité de l'Abbaye de la Cambre. C'est un monument cylindrique surmonté d'une tête de femme africaine. Sa coiffure me fait penser à celle des Mangbetu. Je la trouve très belle.
    Peut-être que cette information vous intéressera. Meilleures salutations, H. Havaux

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