Kingunza
Kingunza : spiritualité initiatique, de tradition Kôngo, pratiquée par des disciples dénommés ngunza.
Etymologie
Kingunza : du kôngo Ki (énergie qui engage dans un processus ou qualification du singulier ), Ngu (vibration fondamentale) et Nza (le plan manifesté, ce qui est promis à une élevation). Etymologiquement Kingunza est l'ensemble des pratiques spirituelles de tradition Kôngo qui concourent à l'élévation spirituelle du plan manifesté. Il s'agit d'une spiritualité dont l'institution régente est dénommée MBanza Kôngo ya Mazulu, Nsinda Mpandu et dont l'Unique régent est Muanda Kôngo. Les obédiences du Kingunza (minamu) sont organisées en ordres initiatiques constitués de mbongi za kimpeve (loges) dont le fonctionnement procède par des lokela (cultes).
Quelques éléments d’histoire du Kingunza
Très répandus dans l’ancien Royaume Kongo, les ngunza évoluaient en petits groupes qui étaient composés d’un détenteur de la « flamme » de rang de ntuadisi ou ntumua assisté de 2 à 3 aspirants. À l’exception de ceux qui étaient membres du Lemba, la plupart des ngunza sillonnaient le royaume « mu sadisa ma kanda », apporter une assistance spirituelle aux individus et aux familles en général, quand ce n’était pas pour un village tout entier. Ils étaient aussi le référentiel de la culture Kongo. Nombre des éléments de la culture kongo, aujourd’hui abandonnés restent inscrites dans la tradition ngunza ! La tradition ngunza affirme qu’un jour de mpika (troisième jour de la semaine Kongo qui en compte quatre), Nzambi a Mpungu Tulendo, Parla en Mbanza Kongo et toute oreille humaine put l’entendre ! De fait le jour de mpika est le jour sacré du kingunza. Le fonctionnement actuel en « mbongui za kimpeve », loges, est une forme que l’on doit à la grande initiée ngunza Kimpa Vita (Dona Beatriz),1684-1706.
À partir des années 1920, le Ngunzisme est apparu comme une autre religion prophétique dominante en Afrique centrale. Les prophètes à qui les adeptes reconnaissent une capacité spéciale à entrer en contact avec Dieu et à révéler sa parole; ce sont d’anciens catéchistes baptistes ou salutistes formés dans les missions chrétiennes. Les quatre principaux courants nés dans l’entre-deux guerre sont le Kimbanguisme, le Matsouanisme, le Christianisme prophétique en Afrique ou Lassysme et le Ngunzisme. Ces mouvements déjà anciens, mais devenus très actifs continuent de marquer le champ religieux et politique du Congo. Le Ngunzisme dans ses différentes ramifications a été très peu étudié. Toutes les tendances se réclament l’héritage de Kimpa Vita, Kimbangu et Matsoua. Abel Kouvouama dégage trois principales tendances du ngunzisme :
-la première, celle de l’Eglise du Saint Esprit en Afrique, dont plusieurs compagnons de route de Kimbangu figurent : Mavonda Ntangou, Massamba Esaie et bien d’autres comme Mbemba Philippe. La doctrine principale de cette tendance repose sur la prière dont le message est tiré de la Bible. Le Ngunza au sens large désignerait selon cette tendance, toute personne animée par l’Esprit Saint, disposition acquise permanente et innée chez certains ngunza leaders, ou acquise chez d’autres de manière temporaire et conditionnelle, selon la pureté de l’âme, le respect des rites, l’intensité de la prière.
- la deuxième tendance est celle défendue par l’Eglise Noire Universelle de la Voie Ngunza (ENVUN) du prophète Auguste Tsoula qui a également entrepris de moderniser la religion ngunza a travers la fixation écrite de la doctrine par l’intermédiaire de ses disciples lettrés ; la démarche est tout a fait radicale. - la troisième tendance ngunziste est représentée par les Eglises Bulamananga. Cette tendance revendique fortement la tradition des ancêtres. Le terme Ngunza prend une double connotation : il est réservé à certains chefs religieux, évoque les ancêtres puissants du passé et l’acquisition initiatique de pouvoirs de vision ou d’action à caractère surnaturel. La puissance du Ngunza est supposée provenir de l’Esprit Saint via Simon Kimbangu et les prophètes ngunza, mais aussi de Matsoua André. La reprise des éléments culturels anciens, la référence au Kongo dia Ntotila et a Nzambi a Mpungu (le Dieu Tout Puissant) ainsi que la sacralisation des lieux saints témoignent d’une capacité de synthèse, d’adaptation au nouveau contexte social et politique par la récapitulation de l’histoire. Les références chrétiennes sont aussi diffuses : interdits alimentaires néo-traditionnels légitimés par la Bible; emprunts aux formes de religiosité du catholicisme populaire par l’évocation de Saint Michel, Saint Raphael, etc.
Des origines de Kongo dia Ntotela
Certains auteurs font remonter l’établissement des kongo, dans l’espace vie, au 4ème siècle au début des années 300. Ce sont là des données qui relèvent d’annales akkashiques et dont la réalité scientifique ne peut être établie que par des fouilles archéologiques sérieuses. Du point de vue de la tradition ngunza, l’établissement des bena kongo dans l’espace vie actuel est le résultat d’un périple parti de Nguipiti (ancienne Egypte) en passant par l’Afrique de l’Est (Zimbambwe, …), l’Afrique du Sud, pour finir en Mbanza Kongo, « nsi ya nsilulu », le pays prédestiné ! Le mouvement qui décida le groupe, à marcher en direction du « nsi ya nsilulu », est attribué à une instruction de « Muanda Kongo, Mfumu mpandu » donnée à un ntumua. Il lui demanda de réunir ses adeptes et de sortir d’Egypte pour une destination qu’il préciserait au fil du périple. Un membre de l’aristocratie spirituelle Kongo situe cet évènement en 220 av. JC. Nous ne trouvons pas crédible, la thèse assez répandue du fondement du Royaume Kongo vers les années 1200. Nous ne croyons pas du tout à la mise en place d’un royaume aussi structuré que l’a été Kongo dia Ntotela en l’espace de trois siècles, puisque les portugais vont débarquer en 1482 et y trouver un royaume dont les institutions traduisent déjà une gloire qui commence à passer !
Qu’est ce qu’un ngunza ?
Du besoin spirituel depuis les origines chez certains Kongo est née une spiritualité kongo nommée Kingunza. Le besoin spirituel est un besoin supérieur aux besoins matériels primaires que sont kudia (manger), kunua (le boire), kina (le danser), Le besoin spirituel est un besoin de transcendance, un besoin de communion avec l'Être suprême (Nzambi'a mpungu), démiurge de toutes créatures.
Le besoin spirituel est une révélation de Dieu en l'homme. Le besoin spirituel est un besoin d'affirmation de la foi contre la peur. Le besoin spirituel est un témoignage de l'existence de l'infini – l'au-delà du fini en tant que nécessité. Chez les Kongo, ce besoin spirituel exprimé ou vécu par quelques êtres précoces, des mystiques, bangunza, en quête perpétuelle d'une révélation intérieure divine, va attiser la haine, la jalousie, la désapprobation d'autres Kongo, bimpumbulu, des mécréants niant l'existence de Dieu, menant une existence médiocre, matérialiste, « livré aux impulsions des pires instincts de la sexualité et de la violence, idolâtre du plaisir et de l'argent » (sic).
Historiquement kingunza se manifeste à travers les faits religieux kongo comme kimpasi, lemba et kimba. Achille Kissita un Mukongo étudie de façon analytique cette spiritualité de tradition kongo, nommée Kingunza.
Jacques Mambueni définit le « Ngunza » comme un Prophète, c’est-à-dire, une personne extraordinaire, choisie et envoyée par Dieu pour accomplir une mission divine précise sur terre. Cette mission peut être un avertissement ou une libération d’une nation ou d’un peuple en captivité. Pour le même auteur, le « Kingunza » est l’une des vieilles religions du monde qui tire son origine de l’Egypte, comme berceau de toute science et de toute sagesse. Les peuples Bantu en général et le peuple Kongo en particulier, viennent de l’Egypte.
Durant la période coloniale, le « Kingunza » était qualifié de mouvement politico-religieux qui était désigné, selon le pays d’implantation, comme étant « Le Kimbaguisme » au Congo Belge, dont le prophète fut Simon Kimbangu, « Le Matsouanisme » au Congo Brazzaville, avec André Matsoua comme prophète, « Le Tokoisme » en Angola, sous la houlette du Prophète Simâo Toko.
le kingunza correspond au Bukongo sous sa forme moderne et contemporaine, influencé parfois par le christianisme mais fidèle aux principes de la religion kongo. La figure centrale du kignunza est Simon Kimbangu, 1er à se réclamer de ce titre ainsi que certains de ses disciples.
Le kingunza est parfois allié et compatible avec le christianisme. Dans sa forme la plus aliénée au christianisme, c'est ce qui a donné le kimbanguisme. Les mots pour désigner les assemblées religieuses sont d'ailleurs parfois communs entre ngunza et kimbanguiste (kintuadi).
Soins et guérisons
Certains malades qui, ayant épuisé toutes les autres voies de soins possibles, se tournent vers l’église Ngunza. Dans cet univers magico-religieux, notre caméra suivra le cycle complet de guérison du malade, depuis son entrée jusqu’à sa bénédiction de sortie. Chez les Kongos, comme dans beaucoup d’autres traditions africaines, la maladie physique est considérée comme l’expression d’un déséquilibre d’ordre spirituel. La cause en est surnaturelle : le patient est la victime d’une attaque d’esprits déclenchée par un sorcier hostile. Il est donc question pour le guérisseur de diagnostiquer cette magie noire, afin de pouvoir la combattre.
Les Ngunza soignent principalement avec l’eau et la prière. Nous nous pencherons sur le pouvoir de la prière et sur la fonction des offrandes. Certaines, comme l’eau, le lait ou le miel sont faites pour calmer les courroux de l’Invisible. D’autres au contraire visent à exciter les Puissances : le vin de palme, la bière et toute boisson fermentée.
La cérémonie et la transe
Ce culte des ancêtres constitue l’un des éléments centraux de la vie spirituelle Kongo. Il consiste essentiellement à renouveler la relation entre la communauté des vivants et celles des défunts. Grâce aux vibrations des percussions, les esprits sont appelés et viennent petit à petit posséder les corps des médiums Ngunza qui se mettent alors à vibrer. La transe leur donne des mouvements brusques, des grimaces exagérées, parfois des tournoiements.
Source
wikikongo
Kingunza est un appel (Kissita Achille, Kingunza, Paris, éditions Paari, 2014, p. 215.
Bruce Mateso"Ya Bruce" : Enseignement fondamental du Kingunza.