Le 06/11/2017
Un écotone unique
Le Parc Marin des Mangroves est une réserve naturelle intégrale adossée à l’Océan Atlantique, à l’extrême Centre-Ouest de la République Démocratique du Congo.
Le Parc Marin des Mangroves couvre une superficie de 76.000 ha incluant une bande de 2 km dans l’Océan Atlantique, s’étendant de la côte vers le large et bordant tout le littoral congolais long de 37 km.
Situé à l’embouchure du majestueux et mythique fleuve Congo, cette réserve justifie sa nécessité de conservation de par son écosystème unique en République Démocratique du Congo. Celui-ci est constitué d'une forêt de mangroves dont l'importance est capitale pour assurer la stabilité de tout l'espace côtier. De plus, il s'agit ni plus ni moins que de la plus grande nurserie assurant la pérennité de la réserve halieutique du littoral congolais.
Cette singularité interpelle et appelle la communauté nationale et internationale à assurer la sauvegarde de ce biotope fragile, couvrant tout à la fois le delta du fleuve Congo et le littoral Atlantique congolais. A l'heure ou l'eau devient une ressource de plus en plus précieuse, cette protection devient une nécessité qui garantira la disponibilité de cette richesse pour les générations futures.
Une zone humide précieuse
Le Parc Marin des Mangroves fait partie des zones humides d’importance internationale et à ce titre il a été inscrit à la Convention Ramsar le 18 janvier 1996 (Ramsar, Iran, 1971). Depuis le 11 avril 2000, le Parc est repris dans le Registre de Montreux, un registre des Sites Ramsar dont les caractéristiques écologiques ont connu, connaissent ou sont susceptibles de connaître des modifications.
Ces zones humides exceptionnelles, qui existent dans de nombreux endroits, sont des espaces naturels précieux versés volontairement par chaque pays au patrimoine de l'humanité toute entière. Protégés, ces biotopes pourront continuer d'assurer le bien-être des générations présentes et futures.
De par son acte de création, et en s'inscrivant comme site Ramsar, la responsabilité de la République Démocratique du Congo est engagée pour la préservation et la conservation de ce patrimoine. Sa crédibilité vis à vis de la communauté internationale est réelle et elle se doit de protéger cet écotone humide.
La conservation de cette réserve naturelle intégrale est également garantie par de nombreux autres engagements pris, tant au niveau national qu'international.
Le Parc Marin des Mangroves est situé dans la province du Kongo Central, non loin de la ville de Muanda. Les villes les plus proches sont Soyo et Cabinda (en Angola), ainsi que Boma capitale historique de l'Etat Indépendant du Congo (1885-1908). La grande métropole de Kinshasa est accessible par route et se situe à environ 600 kilomètres de Muanda. La route qui relie les deux villes, appelée nationale 1, quitte le port de Banana, passe par Muanda et traverse les villes de Matadi et de Boma avant d'atteindre Kinshasa. Ces deux villes traversées sont, avec Banana, les trois ports maritimes de la République Démocratique du Congo.
L'embouchure qui sépare la pointe de Banana de la pointe de Soyo est longue de 8 km. A cet endroit, le fleuve Congo se jette dans l'Océan Atlantique, y déversant chaque seconde une moyenne de 40.000 mètres cubes d'eau douce, soit environ 3,5 milliards de mètres cubes en 24 heures. Un cube de plus de 1500 mètres de côté se déverse donc chaque jour à cet endroit. Cette masse d'eau a creusé au fil du temps une fosse, véritable canyon sous-marin appelé "gouf". Ayant une profondeur de 500 à 4000 mètres et s'étendant sur près de 400 kilomètres, le gouf du fleuve Congo est bien visible sur les photos satellitaires.
Une faune surprenante
La faune exceptionnelle du Parc Marin des Mangroves inclus le lamantin d’Afrique, un sirénien fréquentant les eaux douces bordant l’océan atlantique (entre le Sénégal et l’Angola) et cousin du lamantin de Floride. Ce mammifère aquatique est à l'origine du mythe européen des sirènes. Par contre la fameuse sirène africaine nommée "Mami Wata" semble être une légende récente car son nom dériverait en fait de l'anglais "Mamy Water".
Le Parc marin des mangroves héberge les derniers hippopotames de la province. Il compte aussi une espèce endémique de lamantins, des crocodiles, des varans ornés, cinq sortes de tortues marines, des pythons de Seba et plusieurs espèces de singes.
Sur les sept espèces de tortues marines existantes au monde, deux espèces viennent se reproduire régulièrement sur le littoral congolais faisant partie intégrante du parc, tandis que trois autres espèces sont aperçues sporadiquement. Parmi ces deux espèces figure la tortue Luth (Dermochelys coriacea) dont les plus grands spécimens peuvent peser plus de 950 kg, en faisant définitivement le reptile le plus lourd au monde. La rencontre avec ce géant des mers reste une expérience inoubliable.
De nombreux poissons d’eau douce et d’eau de mer peuplent les mangroves. De récentes études ont démontré que 80% des espèces de poissons consommés par l’homme se retrouvent dans la mangrove au moins pendant un cycle de leur vie (naissance, croissance, reproduction).
Une flore insolite
La flore du Parc est principalement constituée de palétuviers et de plantes endémiques à la région côtière du golfe de Guinée. Cette flore maritime est d'une grande importance dans la stabilité du littoral, garantissant une protection contre l'érosion consécutive à la montée des eaux océaniques.
Les forêts de mangroves sont composées de végétaux très spécifiques. Ceux-ci, principalement ligneux et à l'aspect insolite, sont perchés sur des racines aériennes en arceaux comparables à des échasses. La mangrove fixe ainsi les sols grâce cette multitude de racines.
Ces arbres qui ont en permanence leurs racines plongées dans l'eau, reposent sur un sol meuble, instable et fertile. Le sol des mangroves est enrichi tant par les alluvions provenant du fleuve, que par les sédiments provenant de l'océan grâce aux marées.
Cet apport permanent de nutriments enclenche un processus comparable à la digestion. Une odeur très désagréable constituée de sulfures se dégage et apporte la preuve de cette transformation permanente mais cependant vitale pour la santé de la mangrove.
Une protection nécessaire
Le Parc Marin des Mangroves, comme toutes les aires protégées de la République Démocratique du Congo, est placé sous la responsabilité de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, en abrégé "I.C.C.N.", un établissement public créé par l'Etat Congolais pour surveiller et protéger l’intégrité de tous ces domaines à haute valeur écologique.
L'origine de cette Institution dévouée à la protection de la nature remonte au 26 novembre 1934, jour où naquit son ancêtre, l'Institut des Parcs Nationaux du Congo Belge, en abrégé "I.P.N.C.B.".
Aujourd’hui, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature compte plus de 4000 gardes parcs formant une véritable troupe paramilitaire, armée et dévouée, acquise entièrement à la surveillance des aires protégées.
Durant les trente dernières années, cette troupe a payé un lourd tribut à la cause de la préservation par le sacrifice suprême de nombre de ses membres. La République Démocratique du Congo est le pays au monde ou le plus grand nombre de Gardes Parc ont été tués durant les trois dernières décennies.
Un potentiel touristique
Le potentiel touristique du littoral congolais est indéniable. La présence du Parc Marin des Mangroves dans la sous-région peut et doit garantir une gestion durable des ressources naturelles nécessaires au développement d'un tourisme respectueux. Il en va de l'avenir économique du littoral congolais, qui comme toutes les côtes océaniques au monde, possède un pouvoir attractant sur le tourisme.
L'aménagement du territoire pour permettre un développement respectueux de l'espace côtier tout en protégeant son environnement est une obligation du gouvernement. Une politique réfléchie devrait concilier développement durable et respect d'une aire protégée à très haute valeur écologique.
La visite des mangroves est une expérience unique qui plonge le visiteur dans une féérie étourdissante de forme et de couleur. L'eau et le parc sont indissociables de toutes les visites qui sont toutes effectuées par bateau. Nos visiteurs apprécient la promenade sur les multiples canaux sillonnant la Mangrove où pullulent crabes et poissons amphibies. Celles-ci permettent la vision occasionnelle de singes, d'oiseaux, de varans, d'hippopotames et de Lamantins.
Les attraits du Parc
Le Parc Marin des Mangroves ne laisse personne indifférent car les attraits spectaculaires de cette aire protégée sont nombreux, nous citerons :
- L’île aux perroquets, où vit une colonie de plus de 300 perroquets, est très attrayante.
- La visite aux derniers hippopotames du Kongo-Central à Luango-Nzambi permet de sillonner la partie du Parc jouxtant la ville de Boma riche en faune aviaire.
- La vision nocturne des lamantins est maintenant garantie pour les visiteurs passant la nuit sur l'ile aux coquillages de Kimwabi.
- La possibilité d'accompagner nos patrouilles nocturnes pour le bagage des tortues marines et la collecte des œufs à transplanter en écloserie, mais seulement durant la saison de ponte qui court de novembre à février.
- La randonnée à l’ile aux crabes et la visite du camp-prison de Bulambemba est impressionnante.
- La visite des villages aux habitations traditionnelles faites à partir du palmier raphia et posées sur des montagnes de coquilles d’huitres d’eau douce blanchies au soleil en ravira plus d'un.
- La plongée avec les pêcheurs d’huitre d’eau douce est une activité peu banale qui surprend autant les plongeurs et plongeuses que nos touristes.
Plusieurs petites îles où campent des familles de pêcheurs sont visibles et accessibles sur le parcours.
C'est sur Kimwabi, l'une de ces îles, jonchée de coquilles d'huîtres, qu'il est possible de loger. Deux paillotes pour 4 à 6 personnes sont disponibles avec matelas.
Un repas à base d'huîtres et de crevettes vous sera mitonné par les mamans. 10 $/nuit et 25 $/repas local inclus. Dépaysement garanti.
Des lodges sur structures en bois flottantes devraient être construits dans un proche avenir.
INFORMATIONS ET HORAIRES SUR LE PARC MARIN DES MANGROVES
243-(0)-81-9918530 Secrétariat
243-(0)-84-2301790 Service Touristique
Marcel Collet (Directeur ICCN) : 081 99 18 530 - 099 99 18 530. parcdesmangroves@gmail.com -
Louis Ngeri Mpayi (guide ICCN) : 081 90 46 217 - 084 23 91 795.
La journée dans les Mangroves : 100 $ pour 8 à 10 personnes avec bagages. Possibilité de passer la nuit sur l'île Kimwabi.
Location de bateau depuis Boma : 300 $.