Peuple kongo
Le 01/01/2018
Histoire
Les Bakongo, qui est le pluriel de Mukongo en Kikongo regroupe une population qui présente une histoire commune, une conscience commune et des similitudes linguistiques; c'est donc une réunion de familles ayant le même ancêtre lointain.
Tout peuple coupé de son passé, de ses ancêtres, de son génie superviseur, de sa langue ancestrale, et de sa spiritualité traditionnelle, est semblable à un arbre déraciné. Tôt ou tard, ce peuple fanera et sombrera dans le vide qui facilite toutes les dominations. C’est pourquoi, la tradition Kongo, demande à tous les enfants du patriarche Kongo Nimi de renouer intensément avec la lumineuse et très célèbre tradition Kongo.
Les Bakongo migrèrent vers le IIIe siècle en provenance du sud, après une migration en spirale, sous la conduite de leurs dirigeants (Tuti Dia tiya, Kodi Puanga…) et s’établirent près des berges d’un grand fleuve (en langue Kongo Nzadi veut dire fleuve ; le nom Zaïre est né d'une mauvaise compréhension ou prononciation des portugais.) En 1482, les Portugais atteignirent les côtes sous la conduite de Diogo Cão. Le royaume Kongo était alors à son apogée grâce à la culture de l’igname, le traitement du fer et l’échange de houes contre de l'ivoire avec les peuples de l’intérieur.
L'histoire du Kongo central remonte au 15ème siècle. Rien de certain ne saurait être dit relativement aux années antérieures à cette période. Les traditions orales, les proverbes, les contes populaires et les mythes fournissent une certaine information, mais ils ne peuvent pas être considérés, dans chaque cas, comme des sources historiques dignes de foi; par conséquent, leur utilisation dans ce sens a donné lieu à des théories contradictoires en ce qui concerne l'origine des habitants du Kongo central.
Diego Cam, l'explorateur portugais, arriva à l'embouchure du Congo en 1482. Des autochtones lui parlèrent d'un Royaume du Kongo central où un roi appelé Mwene Kongo (Mwene étant un titre d'honneur) régnait dans la capitale Mbanza Kongo (mbanza signifie ville ou village). Très tôt les Portugais occupè- rent le pays proche de la côte et une ambassade fut envoyée du Portugal au Mwene Kongo qui n'était qu'un chef nègre ordinaire régnant sur un territoire comparativement petit au sud du fleuve Congo. La délégation portugaise, conduite par Rodrigue de Souza, comprenait plusieurs prêtres catholiques. Mwene Kongo fut baptisé en 1492 et une cathédrale fut érigée dans la capitale, Mbanza Kongo, qui s'appelait désormais San Salvador.
Le Congo fut envahi en 1570 par une tribu du Kwango, à la suite de quoi le Roi de San Salvador sollicita l'aide du Roi de Portugal. Le gouvernement portugais envoya six cents soldats qui chassèrent les envahisseurs. Grâce à cette victoire, le Roi de S. Salvador devint son vassal. Entre temps, les Hollandais commencèrent à rivaliser avec les Portugais au sujet de cette possession. Ils envoyèrent eux aussi une délégation à San Salvador et s'emparèrent de la ville côtière, San Paul de Loanda, en 1640. Ce port était occupé par les Portugais jusqu'en 1646. Les Portugais se retirèrent graduellement de l'intérieur du Congooù ils avaient rencontré beaucoup d'opposition de la part des autochtones. En 1782, tous les missionnaires de l'Eglise Romaine quittèrent San Salvador. A partir de cette date, aucun blanc ne visita l'intérieur jusqu'en 1857 quand l'explorateur ethnographe Adolf Bastian arriva à San Salvador.
Durant les années 1859 à 1886, les Portugais occupèrent et tinrent de nouveau San Salvador et ils élevèrent un prince autochtone au rang de roi sous le nom de Don Pedro V. Cependant ils n'explorèrent pas entièrement l'intérieur du Congo avant 1877 et n'étaient familiarisés avec le fleuve Congo que jusqu'au Territoire actuel des Manianga. Ils n'étaient jamais allés, à l'intérieur du pays, plus loin que le Stanley Pool (Pool Malebo) bien qu'ils aient pu atteindre le fleuve Kwango.
Les Portugais avaient amené plusieurs plantes et animaux jusque-là inconnus au Congo. L'alimentation locale avant l'arrivée des Portugais doit avoir été très maigre, comprenant principalement des bananes plantain, des noix de palme, des racines et des feuilles des forêts aussi bien que du poisson et du gibier. Quand les Blancs arrivèrent, surtout les prêtres catholiques, ils amenèrent du bétail, des porcs et des. produits agricoles nouveaux comme les arachides, le maïs, les patates douces, les ananas, les goyaves, les oranges, les citrons, la papaye et le tabac.
Toutes les tentatives portugaises et hollandaises de pénétrer davantage en Afrique par l'ouest échouèrent. Il restait à David Livingstone, Henry Morton Stanley et Verney L. Cameron, avec leurs grandes explorations scientifiques, de percer finalement ces terres entièrement inexplorées (par les Européens).
David Livingstone découvrit le Lac Ngami, les chutes Victoria et le haut Zambèze. Il fut également le premier à atteindre le haut Kasaï et explora une partie du Kwango pendant qu'il se dirigeait vers la côte atlantique à Saint Paul de Loanda. Son voyage fut énormément important dans. l'histoire du Congo. Il poursuivit sa route au-delà des régions du haut Zambèze où il espérait découvrir la source du Nil. Il pénétra dans la région sud du Tanganyika. Il découvrit le Lac Moero ainsi que le Luapula en 1867, le Lac Bangwelo en 1868 et atteignit le Lualaba Congo en 1871. Il mourut dans le bassin du Congo, dans le pays d'Ilala en 1873.
Le voyage de Cameron de Zanzibar à la côte atlantique fut un tournant dans l'histoire récente de l'Afrique. Il atteignit le Lac Tanganyika et de là il se dirigea vers l'ouest pour arriver à Nyangwe sur le Lualaba. Il soupçonna que le Lualaba était le fleuve principal du Congo bien qu'il ne l'eût pas remonté en direction du nord. Il traversa plutôt la ligne de partage des eaux du Congo-Zambèze, atteignit le Ruki et finalement la côte atlantique en novembre 1875. Il fut le premier Européen à traverser l'Afrique équatoriale d'un océan à l'autre.
Henry M. Stanley fut envoyé en vue de porter secours à Livingstone en 1871. Ce premier voyage en Afrique de l'est suscita en lui le désir d'essayer d'entreprendre un voyage à travers le continent' de l'est à l'ouest. Il partit de Zanzibar en 187.
Il atteignit et contourna aussi bien les chutes Victoria que le Lac Tanganyika. De là il partit pour Nyangwe sur le Lualaba. Il poursuivit ce fleuve et se rendit finalement compte que c'était la partie supérieure du Congo. Il longea le fleuve Congo jusqu'à la côte atlantique qu'il atteignit en 1877. La conséquence de ce voyage d'exploration qui fit date fut la création de l'Etat Indépendant du Congo sous la tutelle du Roi Léopold II. Celui-ci légua l'Etat Indépendant du Congo à la Belgique en 1889, mais son cadeau ne fut accepté par le Parlement belge qu'en 1908. Depuis lors, le Congo est une colonie belge. Le Congo Belge a une superficie de 2.350.000 kilomètres carrés avec une population de 12.000.000 d'habitants de couleur et de 30.000 blancs (1948). On divise le Congo en deux parties principales : le Kongo central et le Haut-Congo. Le Haut-Congo est une région plate couverte en maints endroits de forêt vierge. Le Kongo central est au contraire très accidenté avec des monticules couvertes d'herbes et de ravins profonds couverts de forêts-galeries. Le Congo Belge est le plus grand producteur mondial de radium, de cobalt, de copal et de diamants (1948). Plus de 200 langues sont parlées dans cette colonie dont trois sont comprises dans une vaste région. Le Kikongo est l'une de ces trois langues principales. Le climat est tropical avec très peu de variations de température.
Peuple
C'est dans ce pays du Kongo central que vit le peuple dit Mukongo (Bakongo). Les Bakongo appartiennent au grand groupe ethnique des Bantu qui habitent la région qui va du sixième degré de latitude nord jusqu'en Afrique du sud. Bantu n'est pas un terme ethnographique ou géographique, mais il a trait au discours qui, dans l'esprit des Européens, signifie aussi bien la race que la langue. Le mot Bantu est, dans les divers dialectes, le terme le plus ancien et le plus répandu pour dire« les personnes»,« le genre humain»,« les gens». Ce terme est aussi très approprié dans sa signification spéciale qui veut dire l'aspect le plus fondamental des langues bantu, à savoir que le préfixe a toujours préséance sur sa racine inflexible. Pour plus d'explication, voir K.E. Laman.
Les Bakongo tiennent leur nom de la capitale royale, Kongo dia Ntotila (le Kongo de Ntotila, ou le Kongo du Roi). Beaucoup de villages sous la juridiction du Roi à San Salvador avaient des noms similaires : Kongo dia Lemba (le Kongo de Lemba), Kongo dia Kati (le Kongo du milieu du pays), et ainsi de suite.
Les gens étaient aussi appelés besi Kongo (les gens de Kongo). Parmi les Bakongo, il existe beaucoup de grands clans qui sont plus ou moins sous l'influence du Roi (à San Salvador) quoique ceux qui vivent loin dans la périphérie du Royaume ont des rapports peu suivis avec San Salvador.
Les peuples “Ne Kongo” (entendez-là, peuples Kongo) représentent une mosaïque ethnique homogène avec un passé historique glorieux. Pacifiques et disciplinés, les Ne-Kongo font état d’une grande hospitalité envers leurs nombreux voyageurs. Ils sont laborieux et s’adonnent à l’agriculture et à l’élevage pour l’autosuffisance alimentaire.
Les Ne-Kongo comprennent plusieurs sous-groupes dont le dénominateur commun est la langue Kongo. Ils sont :
- Les Yombe (Bayombe), originaires du district du Bas-Fleuve. Ils occupent le territoire de Tshela et sont majoritaires dans les territoires de Lukula et de Seke-Banza. On rencontre aussi une forte communauté de ce peuple dans les villes de Boma et Matadi.
- Les Nyanga (Banyanga) occupent la rive droite du fleuve Congo, dans le territoire de Luozi.
- Les Ndibu (Bandibu) occupent les territoires de Songololo et de Mbanza Ngungu.
- Les Ntandu (Bantandu) habitent les territoires de Madimba et de Kasangulu.
Les autres tribus assimilées aux Ne Kongo sont les Vili (Bavili), les Woyo (Bawoyo) et les Solongo (Basolongo) qui occupent les bords de l’océan atlantique et l’Estuaire du fleuve Congo. Les Sundi (Basundi) occupent l’ouest de Lukula, les Singombe (Basingombe) se repartissent au nord de Mbanza Ngungu ; les Zombo (Bazombo) qui constituent un groupe important occupent l’aire de part et d’autre de la frontière angolaise, au sud des territoires de Mbanza Ngungu et de Madimba. Ailleurs ce sont les Mbata (Bambata) qui occupent une partie du sud du territoire de Madimba. Par contre, les Lemfu (Balemfu) se retrouvent dans le territoire de Kasangulu.
Relation avec les occidentaux
Les Bakongo établirent des relations diplomatiques, qui prévoyaient également l'envoi d'une délégation à la cour royale du Portugal en 1485. Les relations d’abord égalitaires se transformèrent en une mainmise des Portugais. Dans un esprit de modernisation, les dirigeants kongo acceptèrent le christianisme des missionnaires européens. Cela comportait également l'adoption des mœurs et style de vie portugais, ce qui déplut à une grande partie du peuple. Qui plus est, vers 1452, un prophète, Ne-Buela Muanda, prédit l'arrivée des portugais et la mise en esclavage physique et spirituel de beaucoup de Bakongo.
Il en résulta des tensions entre les chrétiens et les adeptes des religions kongo. En 1526, les Portugais furent expulsés, mais ils s'allièrent contre les Kongo à des chefs militaires kongo rebelles de la province de Yaka, Jagas (Bayaka) en 1568. Le Royaume de kongo ne retrouva jamais sa grandeur passée. Les années suivantes virent les Bakongo se battre alternativement contre et avec les Portugais, les Néerlandais et les Espagnols pour finalement être colonisés en 1885. Au xxe siècle, un parti politique kongo, l'Alliance des Bakongo (ABAKO) ainsi que les communautés kimbanguiste et Bundu dia Kongo jouèrent un rôle important dans l'indépendance de la République démocratique du Congo en 1960.
Le royaume levait des impôts, établissait le travail obligatoire de ses citoyens pour financer sa stabilité sociale. En effet, la prise en charge de la frange la moins favorisée de la société était le devoir principal du roi. Le roi pouvait être un homme comme une femme. Lorsque c'était un roi, son épouse était la première dame du pays, et pouvait choisir et répudier son mari, le destituer, lever l'armée, etc.
Les jours de travail étaient réglementés, de sorte qu'un jour de repos tous les sept jours était accordé à chaque personne, mais par roulement selon les provinces et les clans. La semaine Kongo est constituée de quatre jours, le mois de 28, et on compte quatre jours de repos par mois (1 tous les 7 jours).
Contrairement à nombre de sociétés non-africaines de la même époque, le système social était plus favorable aux moins nantis, dans la mesure où :
- les propriétaires de terrains, les employeurs et toute la classe aisée devaient prendre en charge les plus démunis, sous peine de déshonneur. Par exemple, il était obligatoire qu'un employeur fasse travailler ses employés le matin et leur laisse l'après-midi pour produire pour leur famille et leur bien personnel ;
- tout manquement pouvait s'accompagner de discrédit social.
Quant au roi, il était le responsable de toutes ces franges de la société. Il était élu par un groupe de gouverneurs, habituellement des chefs de parties importantes et par la suite par les officiels portugais. Les villes étaient généralement dirigées par des chefs de village, devant qui ils étaient responsables. Tous les membres du gouvernement étaient investis dans leurs fonctions sous des conditions de compétence, de respect des mœurs et avec l'aval des autorités spirituelles.
Culture
Les Bakongo et leur langue
Le kikongo est une langue parlée par les Kongo (Bakongo en kikongo) vivant en Angola (dans le Nord du pays et l'enclave de Cabinda), en République démocratique du Congo (dans les provinces du Kongo entral, dans le Kwilu, Kwango et dans la ville de Kinshasa), en République du Congo (dans la région sud-ouest jusqu'à Brazzaville), et au Sud du Gabon1. C'est une langue nationale de la RDC. Il s'écrit avec l'alphabet latin.
Comme pour les autres langues bantu, ce sont les missionnaires qui, les premiers, lui ont imprimé la forme écrite. Les prêtres catholiques romains qui vinrent au Kongo dia Ntotila en 1491 donnèrent à la langue kikongo un alphabet emprunté du latin, et très tôt les livres commencèrent à paraître. Le premier livre imprimé à Lisbonne en 1624. Il était écrit en Kikongo.
Dans la préface de cette grammaire, Dr. Laman donne les caractéristiques suivantes du Kikongo, lesquelles peuvent être utiles au lecteur de cette étude dans laquelle seront nécessairement inclus quelques textes kikongo :
« La caractéristique distinctive du Kikongo est sa construction particulière et son accord. La langue Kikongo, comme d'ailleurs toutes les autres langues bantu, peut être comparée à une mosaïque dans laquelle chaque petite pièce est un tout en soi et peut être retirée ou déplacée en tant que telle. Les langues européennes au contraire ressemblent à un tissu dans lequel les fils s'entrelacent. « La langue Kikongo est formée à partir des préfixes ou suffixes qui sont ajoutés à la racine, selon les sons ou les syllabes dérivés. Lorsqu 'un préfixe ou suffixe est ajouté à une racine, ou bien le mot garde une signification liée à celle du mot clé ou bien une racine entièrement nouvelle peut être construite là-dessus. « Le substantif est formé, en principe, à travers un préfixe. A partir de la racine « tu », par exemple, « mu-ntu » ou « n-tu » (tête, leader) est formé, avec « mi-tu » et « mi-ntu » comme pluriel « ni-tu », « i-tu » (corps}; « ku-tu » (oreille, c-à-d avec la tête} pluriel« matu » dans le dialecte bwende «fi-tu », « mwa-tu », ou « ki-tu-tu » (petite tête}, pluriel« bitu-tu». A partir de «tu», le pronom « ye-to » (nous} à partir duquel le pronom-préfixe «tu» (nous) est formé. »Partant de« ntu » (tête}, « mu-ntu » (personne} est formé, pluriel« ba-ntu »; « fi-ntu » ou « ki-ntu-ntu » (petite tête}, pluriel « bi-ntu-ntu »; « ntu-ntu » (bourgeon, petite tête}, pluriel « zi-ntu-ntu » ou avec un suffixe « ntu-ntu-kulu » (un très petit bourgeon}; «kuntu », « va-ntu », « mu-ntu >> (au commencement, sur la tête, au sommet}.
« De « mu-ntu » (personne) on forme « ki-muntu » (humanité, grâce), « fi-muntu » (petite personne). « Sur la base de « tu » ou « ntu » et en utilisant un suffixe, on forme les substantif comme « tu-lu » (sommeil), « ntu-lu » (poitrine), « ntu-ala »précédé par la préposition « ku » (kuntu-ala) signifie « au début», « avant». « Si un suffixe est ajouté à la racine, le mot nouveau est généralement un verbe. Par exemple, « tu-ama >> (précéder, aller, être en tête) et d'autres verbes avec des significations plus ou moins différentes de celle de la racine, comme par exemple, « tu-a », « tu-ba », « tuka », « tu-la », « tu-ma », « tu-nga » (camper, jeter, venir de, mettre, commander, construire). De ces formes on peut construire un certain nombre de verbes dérivés; par exemple, partant de « tunga » (construire) on peut former « tung-akana », « tunga-lakana », « tunga-lala », « tunga-ma », « tunga-na », « tung-ila » (possible d'être construit, grandir ensemble, être debout avec quelque chose sur la tête, construit, s'édifier l'un l'autre, construire pour quelqu'un). «Il existe dix-huit préfixes qui forment les noms dont neuf forment les mots singuliers, six les mots pluriels et trois les cas locatifi. « La plus grande partie des verbes sont formés d'une racine verbale ou de l'un quelconque de leurs nombreux dérivatifi. « Dans la construction de chaque mot, la racine reste inchangée aussi bien dans les mots monosyllabiques que dans les mots plurisyllabiques, sauf que la première voyelle ou consonne est quelquefois modifiée afin de s'accorder (s'harmoniser) phonétiquement avec le préfixe ou le suffixe qui s y attache. « Il n y a pas de vraie conjugaison. Le temps parfait, par exemple, est une forme verbale modifiée qui est formée à partir de la racine grâce à l'addition du suffixe du parfait, changé ou inchangé. Exemple : « veng-i » (racine changée) « a fait», de « vanga » (jaire); « vangamene », « a été fait», de « vangama » (être fait); « vang-isi », « a fait faire », de vangisa (jaire foire); « vang-idi », «a fait pour», de« vangila »; « vang-ulu », «a été fait» de « vang-ulwa »; « ki-vang-ulu » (la forme parfaite transformée en nom), « ce au moyen de quoi quelque chose est fait»; « lu-vang-ulu » ou « mpang-ulu », la chose qui est faite, une oeuvre ou une création. «Il n'existe pas d'article, de genre, de déclinaison en Kikongo. Le cas est déterminé par la position du nom dans la phrase. « Tous les mots liés à un nom prennent, en général le préfixe d'accord de ce nom et forment ainsi avec ce dernier une chaîne très unie. Par exemple : « Dimpa diadi ditusumbidi diena diampembe ye diambote ». Au pluriel: « Mampa mama matusumbidi mena mampembe ye mambote ». Cette correspondance est appelée concordance (ou accord). « La construction d'une phrase est très simple. Les phrases sont courtes et vaguement réunies ensemble. « La langue Kikongo a 22 lettres empruntées à l'alphabet latin; elles sont prononcées phonétiquement. « L 'accent musical très fréquent dans la langue kikongo, sert à distinguer des mots semblables dans leur formation mais différents dans leur signification. Exemple : « nkdzi », frère; « nkàzi », épouse. « Tous les mots se terminent par une voyelle. Très peu de mots ont une seule voyelle. Deux consonnes ne sont jamais ensemble, excepté dans le cas des sons nasaux : mfomu, ntalu, mpangi. « Il y a très peu d'adjectifs réels en Kikongo, et il n y a pas de prépositions véritables. Malgré cela, le vocabulaire est très riche et les nouveaux mots peuvent être créés (formés) facilement. »
La langue Kikongo en République démocratique du Congo est parlée dans 3 provinces à savoir la province de Kongo central, province de Kwilu et la province de Kwango
Quelques phrases populaires en kikongo
Voeux des Fêtes - kikongo
bon anniversaire ! lubutuku ya mbote
bonne année ! mvula ya mpa
joyeux noël! nkisi ya mbote ya lubutuku
bonne chance ! (bula) dibaku ya mbote
félicitations ! lungonia
Numéros - Kikongo - Ordinal - Kikongo
un : mosi
premier : ya ntete
deux : zole
deuxième : ya zole
trois : tatu
troisième : ya tatu
quatre : iya
quatrième : ya iya
cinq : tanu
cinquième : ya tanu
six : sambanu
sixième : ya sambanu
sept : nsambwadi
septième ya : nsambwadi
huit : nana
huitième : ya nana
neuf : uvwa
neuvième : ya uvwa
dix : kumi
dixième : ya kumi
onze : kumi na mosi
onzième : ya kumi na mosi
douze : kumi na zole
douzième : ya kumi na zole
vingt : makumi zole
soixante et onze : makumi nsambwadi na mosi
cent : nkama mosi
une fois : ya kumi na iya
deux : fois mbala zole
lundi : kintete
mardi : kizole
mercredi : kitatu
jeudi : kiya
vendredi : kitanu
samedi : mposo
dimanche : lumingu
Écriture
Le kikongo s’écrit habituellement avec l’alphabet latin, mais s’écrit aussi en mandombe. Pour l’alphabet latin, différentes orthographes sont utilisées dans plusieurs publications et par la population, malgré une orthographe standardisée dans chaque pays, où il est parlé : l’alphabet standardisé de l’Angola et celui du Congo-Kinshasa (partageant les règles s’appliquant au kikongo à l’exception de la notation des nasales syllabiques). Au Congo-Brazzaville, le munukutuba a une proposition d’alphabet standardisé.
Alphabet kikongo
Majuscules
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A
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B
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D
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E
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F
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I
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K
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L
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M
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P
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S
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T
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U
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V
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W
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Y
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Z
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Minuscules
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a
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b
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d
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e
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f
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i
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k
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l
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m
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n
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ng
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o
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p
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s
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t
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v
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w
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y
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z
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Au Congo-Kinshasa et en Angola, les digrammes ‹ mp ›, ‹ mf ›, ‹ mb ›, ‹ mv ›, ‹ nt ›, ‹ nd ›, ‹ ns ›, ‹ nz ›, et ‹ nk › sont parfois comptés dans l’ordre alphabétique.
Répartition géographique de la langue Kikongo
Les langues kongo sont parlées dans :
- le Sud du Congo-Brazzaville :
- région de Kouilou,
- Sud de la région du Niari,
- région de Bouenza,
- moitié sud-ouest de la région du Pool ;
- le Sud-Ouest du Congo-Kinshasa :
- province du Kongo central,
- partie de la ville province de Kinshasa,
- province de Kwilu et la ville de Bandundu,
- province de Kwango,
- extrême ouest du Kasaï-Occidental ;
- le Nord-Ouest de l'Angola :
- province de Cabinda,
- province de Uige,
- province de Zaire,
- Nord des provinces de Bengo et Cuanza Nord ;
- la côte sud du Gabon.
Les dialectes de la langue Kikongo sont :
kitsokue, kimbundu, kivombo, kiholo, kibemba, kisinsi, kipombo, kikuandu, kimbala, kisuku, kiyanzi, kipende, kitende, kimbunda, kingongo, kihungana, kiteke, kifumu, kimbamba, kitsamba, kiyaka, kilunda, kilari, kiyombe, kiwoyo, kikamba, kibembe, kiwumbu, kiluangu, kivili, kikota, kibinda, kipunu, kilumbu, kitsangi, kitsongo, kighangala, kinsanga, kisolongo, kimbata, kizombo, kimbembe, kintandu, kibuende (manianga), kindibu, etc...
Religion
Un Dieu Suprême
Les Bakongo, comme les autres ethnies bantu, croient en un Etre Suprême. En Mrique centrale de l'ouest, cet Etre Suprême est appelé Nzambi, Nzambe, Njambe, Anambie, etc. Tous ces noms dérivent d'une même racine qui, selon Laman, semble signifier le véritable phénomène de lumière du début, la lumière éblouissante, la lumière du ciel. La même racine se retrouve dans les mots my-nya, i-nyi, mw-ini, la lumière du soleil, la lumière du jour. Le mot Nzarnbi semble signifier le « distributeur de la lumière », l'Etre qui envoie la lumière du jour, celui qui allume l'aurore à travers le firmament, celui qui étend l'arc-enciel dans sa totalité.
Souvent les mots (attributs) Mpungu, Nene, Mpungu Tulendo, sont attribués à Nzambi. Mpungu vient de Mungu qui veut dire ciel (comparer mongo: haute montagne). Nzambi Mpungu Tulendo pourrait donc être traduit : « Le Tout Puissant Distributeur de Lumière dans le Ciel (le Haut) ».
Ce nom Nzambi est le même que Chambi, que les ancêtres des Bakongo ont gardé quand ils avaient quitté le pays de Chari au sud du Soudan. Ce nom a été préservé par plusieurs tribus qui sont allées du Chari vers l'Mrique centrale de l'Ouest. Nous le rencontrons aussi parmi les Bateke et les Herero.
Nzambi Mpungu vit au ciel. Personne ne l'a créé.« Nzambi est le plus grand, le plus ancien, nous sommes tous petits et faibles. Nzambi est au ciel », disent les Bakongo.
Dans les mythes, Nzambi Mpungu est mentionné comme le Dieu Créateur de toutes choses. Il créa le ciel, la terre, les montagnes, les rivières, les forêts. Il créa les animaux sauvages et créa aussi l'homme avec de l'argile. Les proverbes, qui sont aussi anciens si pas plus anciens que les mythes, parlent de Nzambi. Ils ne sont pas très nombreux, mais cela peut s'expliquer par le fait que le nom de Dieu, Nzambi, était tabou dans l'ancien temps et ne pouvait pas être utilisé dans la conversation quotidienne. Néanmoins, les proverbes, même peu nombreux, sont de très grande importance lorsque nous tentons de comprendre la croyance des Bakongo en un Dieu Suprême, Nzambi, et sa relation avec l'homme et le culte des fétiches? Quelques-uns de ces rituels se trouvent seulement dans le rituel du nganga nkisi (prêtre du nkisi) quand il traite les malades; ils expriment la croyance du peuple concernant la valeur limitée des nkisi et la part importante que Nzambi, l'Etre Suprême, a dans ce culte, sans être aucun nkisi.
Aucun dieu-nkisi ne saurait soigner les malades si Nzainbi ne les soignait pas en même temps. (Voir les proverbes 5,6,7,8). Ces proverbes, en accord avec les mythes et les chants, nous donnent un tableau presque complet de leur croyance en un Dieu Suprême.
1. « Nzambi malaxa (créa avec) l'argile, il détermina la durée de la vie». Nzambi wumba, wu/a kavanga. N. Considéré avec les mythes, les chants et les devinettes (énigmes), ce proverbe montre que les Bakongo croyaient que Dieu (Nzambi) avait créé la terre, les arbres, les mers, les rivières, les montagnes et les vallées, les animaux et les hommes. Le mot wumba (bumba) est employé pour exprimer la fabrication des marmites en argile, « faire les marmites d'argile ». Il a fait tout, comme une femme fabrique ses marmites. Nzambi a aussi limité nos jours: «il détermina la durée de la vie». La mort vint de la désobéissance à Nzambi. Nzambi décida que l'homme devait mourir. Selon l'un de leurs mythes, voici comment cela arriva.
« Nzambi descendit sur la terre à l'aide d'une corde. Là, il créa une femme et l'épousa. Puis il retourna au ciel; mais très tôt il rendit visite à sa femme et leur petit enfant afin de savoir comment ils allaient. L'enfant tomba malade et mourut. Nzambi était au ciel, mais il entendit sa femme pleurer. Il descendit sur la terre et trouva son fils mort. Il enveloppa l'enfant dans des nattes et le plaça dans la chambre intérieure de la maison. Il avertit la femme de ne pas ouvrir la chambre pour voir l'enfant qui, dans ce cas, ne reviendrait pas à la vie. Il retourna au ciel pour prendre les médicaments grâce auxquels il allait ressusciter l'enfant. La femme, cependant, ne résista pas à la tentation et, entrée dans la chambre, elle souleva les nattes. Elle vit que l'enfant était en train de changer de peau. Quand l'enfant vit sa mère, il mourut de nouveau. Quand Nzambi, du ciel, vit que la femme avait agi contre ses instructions, il descendit sur la terre et lui dit : «Pourquoi n'as-tu pas obéi? Si tu n'étais pas entrée dans la maison et n'avais pas touché l'enfant, ce dernier serait ressuscité. Tous les enfants que tu vas avoir allaient vivre pour toujours et échapper à la mort; mais maintenant que tu as fait ça, ils doivent tous mourir ».?
Voilà comment la mort est entrée dans le monde. « Il a déterminé la durée de la vie».
2. « La houe est l'oeuvre du forgeron, quant à la fécondité, elle est l'oeuvre de Nzambi Mpungu ». Nsengo kwa ngangula, vo i mawuta kwa Nzambi Mpungu. N. Ce proverbe est souvent utilisé pour réprimander ceux qui, en famille, blâ- ment et insultent une jeune femme qui ne met pas au monde. 15 Le forgeron peut fabriquer la houe, mais il est impossible à l'homme de fabriquer la vie si Nzambi Mpungu ne le veut pas. Celui-ci est le créateur qui règle la fécondité de l'homme, de l'animal et de la plante. Ce proverbe montre également que Nzambi n'est pas un« deus otiosus ». C'est un Dieu qui prend part à la vie de l'homme. Sans Nzambi, il n'y a pas pas de fécondité.
3. «Ne cherchez pas Nzambi, Nzarnbi ne peut être vu». Kutombi Nzambi ko, Nzambi kamonikanga ko. M Il ne sert à rien à l'homme de le chercher. Nous pouvons voir ses actes, mais lui-même est invisible. Mais il n'est pas inactif. Souvent il intervient dans la vie de l'homme; ille fait plus souvent que nous ne le réalisons. Nous avons considéré l'Etre Suprême des Bantus comme étant un Dieu passif, ne prenant aucun intérêt à l'homme, un Dieu qui a donné à ce dernier les «dieux-fétiches» comme aides et qui maintenant se repose dans la solitude, loin dans le ciel. Il est évident toutefois, qu'au moins les Bakongo croyaient en une intervention active de Nzambi Mpungu dans bien des aspects de la vie de l'homme.
4. « Eh, jeune homme, écoute mes paroles, Nzambi vit là ». E nleke, wa mambu mami, Nzambi wazingila vo. M Ce proverbe est l'exhortation d'un vieux chef aux jeunes gens dans la famille lorsqu'il sent s'approcher la mort: « Ecoutez mes recommandations et mes paroles, vous les jeunes, je vais mourir, mais il y a quelqu'un qui ne meurt pas, Nzambi ». D'autres maximes des Bakongo montrent qu'ils croient que Nzambi est un Dieu éternel:« Il ressemble à un homme, mais son caractère est semblable à celui d'un roc, il est ferme et ses actions sont irrévocables. Il est le protecteur de la justice ». Quand les Bakongo prêtent serment, ils prennent Nzambi à témoin, lui demandant de punir celui qui viole le serment.
5. « Quand tu es traité, sois traité par Nzambi ». Wabuku, buku ye Nzambi. M Le mot buka signifie traiter une personne malade avec des plantes médicinales (nkisi-medicine). Ce proverbe implique que lorsque le nganga buka (nkisi-priest, guérisseur) traite une personne malade, une partie de ses rites est un culte rendu à l'Etre Suprême, Nzambi. Celui-ci ne doit pas être négligé. La réussite du traitement par le nganga buka dépend de l'attitude de Dieu - bonne ou mauvaise - vis-à-vis de la personne malade. C'est Dieu qui agit à travers le nkisi, guérissant le malade. (Pour une explication plus complète, voir le soustitre Nkisi.) C'est pourquoi, la prière du nganga buka est incorporé dans le proverbe suivant.
6. «Sois traité dedans, moi je traite dehors». Buku mu kati, yabuka ku mbazi. M Le nganga buka connaît ses limites, à savoir que la seule chose qu'il puisse faire est de fournir le traitement extérieur; il accomplit les rites usuels et fixés: Nzambi, le Dieu Suprême, doit faire le reste, traiter dedans. Cela est encore plus clair dans le proverbe suivant.
7. «Le prêtre (nganga) qui traite, c'est Nzambi Mpungu ». Nganga ubukanga i Nzambi Mpungu. M I..:explication (de ce proverbe) qui suit est donnée par un autochtone qui a une excellente connaissance des temps anciens. « Le prêtre (nganga) est le féticheur. Il fait un grand travail avec ses médicaments. Les malades viennent pour être guéris. Mais parfois au lieu d'être guéris, ils meurent plutôt. Quand le prêtre voit que le malade qu'il soignait meurt, il dit : 'Mpungu n'est pas avec lui'. Mpungu kena yandi ko. Les prêtres croient qu'ils soignent le corps à l'extérieur, mais il y a un autre Etre qui soigne l'intérieur. C'est Nzambi Mpungu. Ils savent que personne ne peut être guéri sans lui. Le pouvoir du nom de Mpungu dépasse celui des médicaments-fétiches. »
Cela implique que Nzambi accomplit ce travail en secret, quand le malade dort, comme le proverbe suivant le montre.
8. « Nzambi traite le malade quand celui-ci dort>>. Nzambi ku tulu kabukitanga. M. Littéralement : Nzambi traite dans le sommeil. « Les anciens dans le passé », dit Bahelele, « croyaient que le malade était aidé par Dieu pendant son sommeil ». Ce n'est donc pas un « deus otiosus », mais un Dieu près et actif, qui s'intéresse à l'individu et l'aide.
Cependant, ce n'est pas toujours la volonté de Dieu qu'un malade guérisse; ainsi il meurt. Dans ce cas, le nganga buka (le prêtre-fétichiste) est considéré comme étant impuissant, sans aide. La famille ou le dan peut alors en appeler au nganga ngombo, le devin, dont la fonction est de découvrir si le malade est mort de sorcellerie (kindokz) ou de la volonté de Nzambi. Dans ce dernier cas, il n'y a rien à faire. D'autre part, si un sorcier (ndokz) a« mangé» la personne morte, un prêtre différent (nganga doit être appelé pour identifier le sorcier.
9. «Si Nzambi demande la main, donne; s'il demande le pied, donne. Nzambi ne peut se faire refuser rien. » Nzambi kalomba koko, navani! Kalomba kulu, navani! Kadi kayimunwanga lekwa ko. M Dieu estTout-Puissant. Il fait ce qu'il veut, puisqu'il surpasse tout nkisi et tout homme. Personne ne peut faire quoi que ce soit à Dieu. Il est le Suprême. S'il te demande quelque chose ou fait tomber quelque chose sur toi, tu dois seulement te soumettre à sa volonté. Cela est encore plus clair dans les proverbes suivants.
10. « Le prisonnier arrêté par Nzambi ne peut être libéré par personne ». Nkole yakanga Nzambi ka yilendi kulwa kwa muntu ko. M Quand le nganga (prêtre) est impuissant, les Bakongo disent que Dieu a rendu la personne malade. Dans ces conditions, elle ne peut pas être guérie. Ils expriment ce fait en disant: « Nzambi l'a mangée», Nzambi undidi. Cela ne veut pas dire que les Bakongo croient que Nzambi est mauvais. Ce dernier n'a rien à voir avec les sorciers qui « mangent » les gens. Cela veut simplement dire que Dieu est le Tout-Puissant qui reprend ce qui lui appartient. Mais Nzambi n'aime pas tout le monde. Selon le proverbe suivant, c'est seulement la personne parfaite et bien portante qui mourra sans souffrir longuement, ou une personne qui atteint l'âge mûr.
11. « Le Mpungu ne mange pas le malade ». Nampungu kadie kiabola. M Si c'est un jeune homme, ou un enfant, ou un vieil homme, ou une vieille femme qui meurt, ils pensent que Nzambi l'a mangé.
12. «Oh, Nzambi Mpungu! Ne mange pas ma belle-mère, tu as déjà mangé ma femme! » 0, Nzambi Mpungu! Kudie buko ko, undidi nkento. « Les anciens », dit Bahelele, « pensaient que si une personne n'était pas 'mangée' par les sorciers (bandoki), alors Nzambi était en train de le 'manger'. » Cette prière était donc adressée à Nzambi Mpungu: «Tu as déjà mangé ma femme, ne mange pas ma belle-mère, sinon je n'aurai personne pour préparer ma nourriture».
13. « Nzambi connaît les pattes du serpent». Malu ma nioka Nzambi zeyi mo. TM Nzambi connaît tout. Il connaît les choses secrètes de tout le monde et de toute chose. De lui vient toute la sagesse. Il y a aussi beaucoup de maximes qui ressemblent à des proverbes. Elles pourraient être appelées des apophtegmes proverbiaux puisqu'elles n'ont pas la forme élaborée des proverbes. Ce sont des assertions qui sont reconnues comme proverbiales simplement parce qu'elles ont été entendues souvent et qu'elles peuvent être appliquées à beaucoup de situations différentes.
Quelques-uns de ces apophtegmes proverbiaux se rapportent à des situations naturelles des phénomènes naturels. Nzambi est la cause de tous les événements inexplicables dans la nature. Quand les Bakongo, étonnés, remarquent que le soleil cesse d'éclairer au milieu de la journée, ils disent:« Maintenant Nzambi a fermé les yeux au milieu du jour ». Cela est leur conception de l'éclipse. Quand l'éclipse est terminée, ils disent: «Maintenant Nzambi voit de nouveau». En temps de famine, ils disent: «Il (Nzambi Mpungu) a durci son coeur et ne nourrit plus ses gens ». Un autre adage montre que les Bakongo croient que Nzambi est le vrai souverain qui tient tout en mains. << Nzambi le gouverne, il n'accepte pas qu'il soit pris. »
Nzambi vit au ciel, mais il visite aussi ses gens sur la terre et il sait tout à leur sujet. Quand, soudain, un silence spontané se fait au cours d'une conversation, les Bakongo disent : « Nzambi est passé », Nzambi viokele.
Il n'y a pas de sacrifices ni de culte régulier rendus à Nzambi. En temps de grande détresse, cependant, quand les minkisi, les petites choses décevantes que Nzambi a faites, n'aident pas, les hommes se tournent vers le Dieu Suprême dans leurs prières, disant : « Nzambi Mpungu, tu es au ciel, toi grand Nzambi ». À la question de savoir pourquoi l'homme a été créé, les Bakongo répondent : « Pour vivre et avoir des enfants, cultiver la terre, élever les animaux, gouverner le pays et veiller les uns sur les autres en priant : « Nzambi Mpungu, tu es au ciel, toi grand Nzambi ». D'autres adages peuvent aussi être interprétés comme des prières : « Nzambi, je suis seul ». Ceci est dit quand on médite sur la mort et qu'on est resté seul. En temps de famine, ils prient : « Nzambi Mpungu qui es au ciel ». Il y a aussi une ancienne invocation à Dieu demandant de venger l'innocent persécuté par quelqu'un. La personne innocente va à la bifurcation d'une route, joint ses mains, regarde et lève fortement ses mains au ciel en disant: «Toi, Nzambi, tu possèdes ton esclave; si je suis un ndoki, toi Nzambi, tu le vois; mais si je ne le suis pas, toi Nzambi tu devrais regarder ces gens du village et venger ceux qui vivront après moi. Balaie, emporte-les! ». Les Bakongo savent que Nzambi seul peut changer les circonstances, lui seul est tout-puissant:« Nzambi est le plus puissant et le plus ancien, nous sommes tout petits et faibles. Nzambi est au ciel ».
Nous avons déjà vu, dans les proverbes, que Nzambi est le souverain de la vie et de la mort, du moins considéré ainsi. Beaucoup d'apophtegmes proverbiaux rappellent le même fait. «La manière de Nzambi n'est pas une seule». Beaucoup agissent selon Nzambi, c'est-à-dire ils font les choses telles que Nzambi les a planifiées pour eux, ils doivent mourir. Les Bakongo se soumettent à la volonté de Dieu, disant:« Nzambi l'a voulu ainsi». Toutefois, la mort n'est pas la fin de tout. Il y a une vie après la mort et les Bakongo disent : «Je vais mourir, mais Nzambi reste, j'irai au ciel». Si un parent meurt et la tristesse est grande, ils se plaignent:« Nzambi a volé, Nzambi a pris». C'est aussi Nzambi qui fait perdre les esprits: « Nzambi vide la pirogue». Cela veut dire qu'une personne devient mentalement malade, elle est vide comme une pirogue « sculptée ».
Nzambi est bon, gentil, miséricordieux. C'est pourquoi les Bakongo se souhaitent la bénédiction de Dieu avec ces mots : « Que Nzambi te rende sain et fort». Ils dépendent de lui. «Si Nzambi n'avait pas été, je serais mort». «Oui, si Nzambi m'accorde la santé, je viendrai». Parfois, cependant, ils sont confus dans leurs pensées. Nzambi est bon, mais pourquoi permet-il les mauvaises choses sur l'homme? Ainsi disent-ils: «Si je pouvais vivre, ce serait bon.
Toi, Nzambi, tu peux accorder la santé et laisser tout être bon, mais tu nous fais mourir, n'est-ce pas que nous haïssons? Manger et être rassasié, c'est bon.
Nzambi est bon. Mais la tristesse et la mort sont mauvaises. Nzambi est mauvais ». Nzambi, indique Laman, est à présent rendu responsable de la maladie; il est associé avec les sorciers dans l'esprit de beaucoup de gens, surtout vers la Côte Occidentale. Cela, cependant, n'était pas le cas dans l'ancien temps. L'un de ses meilleurs informateurs dit une fois: «Les anciens ne parlaient
jamais de manière humiliante de Nzambi comme c'est souvent le cas aujourd'hui. Nous avons toujours entendu que les mauvais esprits et les sorciers mangeaient les gens. Quand la maladie et la souffrance devenaient trop grandes, nous invoquions Nzambi et demandions sa grâce ». Les anciens avertissent les jeunes gens d'être respectueux de Nzambi dans ce proverbe: <<Le vampire
insulta Nzambi ». Ngembo wafinga Nzambi. M Le vampire insulte Nzambi en s'accrochant par un seul orteil, la tête en bas et le croupion vers le ciel. Cela est, pour les anciens, très irrespectueux. L'adage suivant est aussi une exhortation aux jeunes à respecter Dieu : « Laissez Dieu écrire, pas nous ». Les Bakongo croient que les lignes sur nos mains ou ailleurs sur notre corps sont les
dessins ou l'écriture de Nzambi. Il a écrit ses voies, nzila zandi, sur nos mains et
sur notre dos. Il marche sur ces voies sur notre corps. Les anciens essaient d'enseigner cela aux jeunes. Ceux-ci ne sont pas autorisés à tracer des signes ou des lignes qui se croisent sur la terre. S'ils le font, Nzambi les corrigera. Il a créé la terre. Il ne dessine pas de croix sur cette dernière. Les anciens disent que ce serait jouer avec les écrits de Dieu sur notre corps que d'intimider de telles lignes sur la terre. Nzambi a le pouvoir de punir tous ceux qui font du mal.
«C'est le souci de Nzambi. Nzambi se venge».
Il arrive que les Bakongo, en temps de grands désastres, insultent Nzambi comme ils insultent un nkisi qui est incapable de guérir. Cela arrive très rarement.
Tabous, Totémisme et Culte des Nkisi
Les Bakongo croient que toute la nature est remplie d'une énergie mystérieuse dont l'homme peut faire usage afin de fortifier sa propre vitalité. Ces forces mystérieuses peuvent, cependant, également devenir dangereuses pour le clan, la tribu ou l'individu. I.:homme doit essayer d'apaiser ces forces dangereuses, ce qui peut être fait en respectant les règles des tabous suivants : tu ne feras pas ceci ou cela, toucher ou manger ceci ou cela, etc.
Tabous
Beaucoup de ces choses mystérieuses dans le culte sont tabous, comme certains aliments, certains animaux, certaines plantes et certaines choses considérés tous comme étant chargés de pouvoir et peuvent être dangereux pour la société ou pour l'individu. Le« prêtre», le devin, le chef sont tabous et d'autres personnes peuvent devenir tabous dans certaines circonstances et à certaines occasions. Exemples : le cadavre, le guerrier, le chasseur et le pêcheur. Il y a également des tabous à l'intérieur de bien des institutions sociales comme le mariage, etc.
Les choses qui sont taboues le deviennent en raison de leur nature ou à travers les prohibitions par les prêtres.
« Le tabou de la peur est utilisé pour renforcer le pouvoir. Par exemple, les ordres du chef doivent être obéis puisque le chef est tabou. Dans ce même exemple, on voit que la peur est le fondement de l'obéissance ».
Quand nous examinons la conception des tabous, nous entrons très profondément dans la nature de la religion primitive, plus que dans beaucoup d'autres domaines de leurs croyances. Le tabou n'est pas seulement une chose dangereuse, il est aussi considéré comme contagieux, quelque chose de séparé, de sanctifié. Dans la conception des tabous, nous trouvons aussi le commencement de la notion de saint et de souillé. Il est parfois difficile de dire lequel est indiqué. Le tabou rend clair pour l'autochtone ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est surnaturel et partant doit être craint, observé et obéi afin d'éviter le malheur ainsi que les amendes subséquentes, de manière que le désastre puisse être éloigné.
Le tabou est appelé nlongo chez les Bakongo et c'est le meilleur mot pour exprimer l'idée de« mis à part», «écarté», quelque chose qui ne peut pas être mangé ou utilisé. Si le tabou est violé, le coupable devient souillé, criminel, pêcheur. Le contraire de tabou, c'est l'ordinaire, une chose qui peut être librement utilisée. Le mot nlongo ne devrait pas être utilisé comme saint dans le sens de «pur», des saints, du «Saint-Esprit», c'est le mot vedila qui devrait être employé, qui signifie « être pur ».
Les Bakongo disent que nlongo, tabou, est un commandement, une prohibiti on grâce auxquels ils protègent le corps, le village, les animaux, c'est -à-dire à condition qu'ils obéissent à tous les tabous. La raison pour laquelle les tabous sont imposés est d'assurer le bien-être et la chance. Ceux qui suivent strictement les règles de bunlongo ont de la chance sur la terre et seront bien reçus par les ancêtres dans le monde des morts. Violer les règles des tabous entraînera l'effet contraire. Les ancêtres sont les gardiens des tabous, et c'est d'eux que viendra la punition si ces derniers ne sont pas observés.
Il y a d'autres commandements, règles et lois chez les Bakongo, qui ne sont pas des tabous. Il y a une nette différence dans le vocabulaire entre violer les tabous et violer les autres lois. Pour violer les commandements ou les lois, ils parlent de « tuer » vonda la loi ou d'« abaisser » la loi kulula mwina; mais pour violer les tabous, ils emploient le mot « rendre souillé », « impur », « pollué » sumuna. C'est ce mot qui a été adopté par l'enseignement chrétien pour le verbe « pécher », le substantif étant sumu ou plus exactement disumu, le pluriel étant masumu. Les tabous sont absolus et ne peuvent pas être altérés. Il n'y a pas d'excuse s'ils sont violés. On est coupable et on se sent coupable. Aussitôt que quelqu'un est consacré à nkisi avec ses tabous, il a mis un très lourd fardeau sur sa conscience à travers une loi qui doit être respectée. Ainsi naît le sentiment de responsabilité. Quand quelqu'un a violé les règles, il se sent coupable et il reste jusqu'à ce que la réparation ait eu lieu à travers les sacrifices.
Les proverbes traitent dans une certaine mesure des règles des tabous. Il est très important de les connaître : « Si tu dors le jour, connais les tabous ». "Waleka lumbu, zaba nlongo. 1 B. Parfois l'on est tenté de transgresser ces règles et l'on essaye de tromper le dieu-nkisi. Une manière usuelle de contourner les tabous d'un certain nkisi consiste à diviser la marmite en traçant une ligne d'argile blanche à l'extérieur de la marmite, divisant ainsi cette dernière en deux moitiés. D'un côté de la ligne, on considère que la nourriture est taboue tandis que de l'autre côté elle est libérée pour être mangée. Parfois tout va bien et aucun mal ne résulte de cette tromperie. Mais parfois aussi celui pour qui la nourriture est taboue tombe malade et doit être purifié. De là vient le proverbe suivant : « I.:enfant obéissant a souillé la marmite pure ». Mwana ntumami wasumuna sa kianlongo. 2M Lexplication est celle-ci: Un père est en train de manger. La nourriture qu'il mange est taboue pour son fils et sa femme. Lenfant bon et obéissant vient et demande à manger à son père. Celui-ci entreprend l' expé- rience de la ligne d'argile blanche sur la marmite, essayant de diviser celle-ci en deux parties. Mais l'expérience ne réussit pas et le nganga nkisi (féticheur) doit ouvrir le paquet de nkisi, prendre chaque objet qui s'y trouve et le frotter contre la feuille de « Lemba-lemba » (mandulukulu). Ce processus est appelé teba bilongo. Puis il frotte de nouveau chaque objet contre la feuille, le met dans la bouche avec du vin de palme : Malaxant soigneusement le tout dans sa bouche, ill' éjecte sur le corps de la personne coupable. Ill' amène ensuite à la bifurcation d'une route, accroche son petit doigt au petit doigt du coupable, saute trois fois afin de lui redonner la force, ngolo. Les produits résultant de l'opération sont liés dans des feuilles de palmier et donnés au coupable qui doit y verser de l'eau qu'il doit boire matin et soir pour recouvrer sa santé. Il doit payer un tissu de raphia et un coq pour être purifié.
Il est difficile de suivre tous les tabous. Le vieux nganga nkisi dit que celui qui mange le grand lézard mbambi ne verra plus l'aurore. Il a été prouvé, cependant, que cela n'est pas toujours vrai. C'est pourquoi on dit : « Celui qui mange le mbambi (iguana) ne verra pas l'aurore. La mauvaise chose (la chose querelleuse) est descendue dans l'estomac ». Didi mbambi ka kielwa ko. Mpaka ni mu moyo yikulukidi. 3B. De même, il est interdit aux femmes et aux enfants de manger la venaison du nkabi, antilope (antilope rouge avec des taches blanches). Cette antilope cause (c'est ce qu'ils croient) des maladies de la peau ainsi que la lèpre à cause des taches blanches. On dit, néanmoins : « Si tu manges la venaison de nkabi, aie de la chance ». Wadia nkabi tomina yo menga. 4M Beaucoup de gens ne mangent pas la chair de cette antilope jusqu'ici.
Il y a beaucoup de choses que les indigènes ne mangent pas, non parce qu'elles sont taboues, mais à cause de vieux préjugés. Cela est exprimé dans le proverbe : «Je m'en vais manger les champignons que le mille pattes a mangés. Mais le mille pattes a seulement eu de la chance ». Yadieti kwami buya bwadia ngongolo. Ti ngongolo nitu andi katoma. Ces champignons particuliers ne sont pas mangés par les Bakongo, mais celui qui veut briser les anciennes coutumes dira : « Pourquoi ne devrais-je manger? Le ngongolo mange et devient gros ». Le proverbe suivant est à la limite du blasphème des règles des tabous : « Lhernie a mangé son maître, l'hernie survit-elle ? » Mpiki didi mfumu andi, yandi mpiki ni sidi. Le sens et l'usage de ce proverbe sont: un homme peut décider de manger une nourriture taboue. Il peut dire avec un humour macabre : « Si je meurs, je prends la nourriture dans ma tombe. Cela me fera du bien. Il n'en est pas ainsi avec l'hernie. Même si je meurs, l'hernie sera un ennui pour mot».
Et puis le nganga nkisi peut trouver difficile de suivre toutes les règles des tabous : «Je suis un nganga, je ne suis pas autorisé à casser la noix de palme! » Mono i nganga, kiteti nkandi ko! Il est confronté à ce problème quand il voyage loin de son village et qu'il n'y a pas d'autres aliments que les noix de palme. La nécessité ne connaît pas de loi. La peur d'avoir trop de restrictions taboues est exprimée ainsi: «Fais-toi confectionner un nkisi, ne fais pas un tabou». Vanda nkisi, kuvandi nlongo ko.
Totémisme
Le totémisme réel- dans le sens d'un animal, d'une plante, etc. magique spécial pour chaque individu, famille ou clan - n'est pas courant chez les Bakongo. Un père peut cependant dire à son enfant, indiquant un certain animal:« Ça, c'est ton kinkonko (totème) protège-le bien, garde-toi de l'envoyer au village pour voler les coqs puisqu'il pourrait être tué et la conséquence sera que tu mourras toi aussi ».
Selon la croyance des Bakongo, les animaux ont, à côté des qualités spéciales, une vie intérieure cachée, nsala, que l'homme peut prendre et incorporer dans son âme afin de fortifier celle-ci et de prolonger sa vie. Ils appellent cela bonga kibulu, prendre la puissance, l'âme ou la vitalité de l'animal ou bonga kinkonko, prendre un certain animal comme protecteur et aide. Ces animaux sont aussi appelés kitutzi, animaux de transformation, du verbe kituka, changer. Le maître d'un tel kitutzi peut se transformer en prenant la forme de cet animal. Celui-ci peut être envoyé chez les ennemis pour leur faire du mal. Tous les animaux kinkonko ont un certain pouvoir de nkisi et peuvent même se révéler à une personne en rêve afin de la guider et de l'aider.
La croyance que les animaux ont une vie intérieure, nous la trouvons dans le proverbe suivant : « I.:animal qui dort n'est jamais abattu ». Kialeka ka kivondwanga ko. 9M. Pendant la chasse, si les Bakongo trouvent un amimal endormi, ils ne doivent jamais tirer dessus pendant le sommeil. Ils doivent d'abord le réveiller. Ce n'est pas utile de tirer, l'animal ne mourra pas puisque la vie inté- rieure (l'âme) peut ne pas y être.
Laide et la protection d'un kinkonko sont acquises à travers des rites magiques. Le père d'un enfant pratique une petite incision sur l'enfant et sur l'animal choisi comme kinkonko. S'il n'est pas possible de se procurer l'animalcomme par exemple dans le cas d'un léopard ou d'un éléphant- on peut seulement prendre un morceau de peau de cet animal et pratiquer l'incision là- dessus. I.:âme de l'enfant aura, de ce fait, un contact intime avec cet animal. La vie de l'animal dépend désormais de celle de l'enfant et vice versa. Si l'un meurt, l'autre mourra aussi.
Souvent le léopard est le kinkonko d'un clan, et alors les gens pensent qu'il devrait y avoir une bonne relation entre cet animal et le clan. Si le léopard devait attraper quelqu'un du clan, la victime serait considérée comme coupable de sorcellerie, kindoki. Le léopard le prend alors pour se venger de mauvais actes de ce ndoki; ainsi un proverbe dit : « Si le léopard te prend, tu as un maléfice ». Ngo vo ukubakidi, diambu diena yaku.
Un autre proverbe lié au totémisme dit : « Si tu blâmes le léopard, blâme aussi le chien, car l'intention du chien est mauvaise ». Weti semba ngo fwiti semba mbwa, kadi lukanu lwa mbwa lwambi. La logique du raisonnement est que le chien et le léopard se sont battus pendant la chasse. Cela n'est pas seulement la faute du léopard, c'est aussi la faute du chien qui a eu sa part de responsabilité dans la querelle. On doit faire attention et ne pas dire quelque chose de mauvais ou d'injurieux du kinkonko du clan. Mais il peut arriver que le léopard, bien qu'étant le kinkonko du clan, commence à prendre les chèvres et les cochons des membres du clan. Si cela continue, les gens trouvent juste de le tuer. Comme excuse, ils emploient alors le proverbe suivant : « Celle qui a montré son cul n'a pas eu honte, alors moi j'ai regardé! » Bandamani ka tina nsoni ko, ti ni ntadidi kwami. 12M Ce proverbe est spécialement utilisé dans le clan kinlaza qui a pour kinkonko le léopard. Le sens en est: Quand une femme veut insulter un homme, elle soulève son pagne des reins, s'incline et lui montre son sexe. [homme qui en profite pour regarder dit alors : « Si la femme n'éprouve aucune honte de montrer sa nudité, pourquoi devrions-nous avoir honte de la regarder? ». Cela s'applique au léopard-kinkonko du clan. Si le léopard prend nos chèvres, il s'attire des ennuis et doit savoir que nous allons lui faire la chasse et le tuer.
L'animal kinkonko peut être héréditaire en famille. Le proverbe suivant fait probablement allusion à cela : « Le jeune homme porte une peau de léopard. C'est son oncle qui lui a accordé cette dignité ». Nleke vweti nkand'a ngo. Bunkulu ngudi andi a nkazi wasisa bo. . Toutefois, ce proverbe fait premièrement allusion à la dignité de chef qui, elle, est héritée.
Nkisi
Le soi-disant culte de nkisi (incorrectement fétichisme) est, selon Laman, une espèce de culte des ancêtres qui préserve l'âme de l'homme et la protège contre la maladie. Le nkisi peut même guérir une personne malade. Le nkisi est adoré et doit être remercié par des sacrifices quand l'aide est reçue.
Qu'est-ce qu'un nkisi? J'ai trouvé les éléments constitutifs suivants du culte de nkisi chez les Bakongo :
1) Le mot nkisi appartient à la classe semi-personnelle (n-mz) et consiste en deux parties :
a) le corps-paquet, marmite ou figure sculptée, carapace ou corne d'antilope ou une combinaison de plusieurs de ces objets qui contiennent des médicaments (objets puissants qui seront décrits ci-dessous);
b) le nkuyu, le fantôme qui est attrapé et lié au nkisi par le nganga nkisi, le prêtre-nkisi.
2) Le nkisi a été donné aux hommes par Nzambi et il est sans pouvoir sans la bénédiction et l'aide de Nzambi. Le nganga nkisi dit, par conséquent, quand il soigne une personne malade: «Traite l'intérieur, moi je traite l'extérieur». Buka mu kati, yabuka ku mbazi. La signification est que le nganga, avec ses médicaments, traite le patient à l'extérieur, tandis que Nzambi, le Dieu Suprême, traite à l'intérieur, c'est-à-dire, en définitive, réalise la guérison réelle. On dit dans un autre proverbe : « Quand tu es traité, sois traité avec Dieu ». Wabuku, buku ye Nzambi. Et un autre proverbe encore:« Le nganga qui traite, c'est Nzambi Mpungu ». Nganga ibukanga i Nzambi. 16M. C'est là un aspect intéressant du culte de nkisi qui montre la croyance des Bakongo que Nzambi prend une part active dans leurs vies.
3) Le statut du nganga est aussi très important. Le nganga doit suivre les tabous, autrement le pouvoir des nkisi sera perdu. Les nkisi perdent leur pouvoir dès que le nganga qui les a confectionnés meurt. Il est donc clair que plusieurs éléments importants entrent dans le culte de nkisi.
1) D'abord il y a une concentration de pouvoirs dans le paquet, la marmite, la carapace ou la corne d'antilope. Ces objets ne sont pas mis dedans au hasard, mais selon la loi de composition de chaque nkisi particulier. Ces puissants objets, ou plus exactement ces objets de pouvoir, peuvent être de l'argile, des feuilles de certains arbres, des racines, des ongles de léopard, des têtes des serpents, du copal, des champignons (diba, qui oublie), du charbon, des haricots, la tête de l'oiseau, ntoyo, des plumes de perroquet, etc
Plusieurs centaines d'articles tels que ceux qui viennent d'être énumérés sont utilisés dans les nombreux et différents minkisi que les Bakongo employent. La combinaison est toujours la même pour le même nkisi. Cet arrangement a une base scientifique et n'est pas une combinaison hasardeuse, comme beaucoup de chercheurs européens l'ont pensé. Tous les objets sont considérés comme remplis d'énergie à divers degrés. C'est là l'aspect dynamique du culte des nkisi.
3) L'aide et la bénédiction de Nzambi Mpungu, le Dieu Suprême, doivent suivre le traitement. Nzambi Mpungu a donné les minkisi aux hommes et il travaille à travers ces derniers pour leur protection et leur guérison.
4) Le prêtre et le patient doivent, tous les deux, respecter très strictement certains tabous pour que le nkisi puisse apporter l'aide attendue.
5) Ils doivent utiliser le sang des coqs sacrifiés si le nkisi doit intervenir. Parfois le coq est tué et son sang offert au nkisi. Pour un plus petit nksi, il suffit de couper la crête du coq et de laisser tomber quelques gouttes de sang sur le nkisi. D'autres objets tels que le maïs, les arachides, la peau et les os des animaux, les morceaux de tissu, peuvent être offerts aussi. Ils sont placés dans le paquet du nkisi ou suspendus sur l'idole.
6) Des invocations et des prières sont adressées au nkisi. Cela se fait selon des rites spécifiques avec des chants et la répétition de certaines formules et l'exécution des danses.
On dit que le premier nkisi vint de Mentete, c'est-à-dire le premier êtreNzambi, le Nzambi descendu du ciel. Il a révelé et enseigné comment le nkisi devrait être confectionné et utilisé. Les minkisi ont donc reçu leur pouvoir et leur puissance de Mentete.
On a cependant prouvé que le nkisi ne protège pas et ne guérit pas toujours. C'est pourquoi un proverbe dit : « Les petites choses trompeuses faites par Nzambi ». Bimpuna-mpuna biavanga Nzambi. Le nkisi est une chose mensongère que Dieu a confectionnée puisqu'il n'a pas de pouvoir si Nzambi lui-même ne vient pas aider et guérir la personne malade. » Ils ont traité et se sont fait traiter (mais n'étaient pas guéris)». Babuka bukama. Ce proverbe rappelle aussi comment les gens considèrent le nkisi.
Le nkisi est en relation étroite avec son confectionneur, le nganga : « I.:honneur du nkisi, c'est quand le nganga est en vie». Kembo dia nkisi, nganga bu kena kimoyo. Quand le nganga qui a confectionné et consacré le nkisi meurt, celui-ci perd tout son pouvoir. Il est seulement aussi longtemps que celui qui l'a confectionné est en vie.
Le nkisi ne peut pas fournir une capacité nouvelle à son propriétaire, mais il peut renforcer, accroître ou développer des capacités qui existent déjà. « Pour se faire confectionner un nkisi de vitesse, on doit avoir quelque vitesse avant ». Wavanda nkisi a ntinu, tekila ku ntinu. Ou : Consacre la vitesse que tu possèdes déjà. Nahandeti ntinu zitekidi naku. Si vous désirez vous faire confectionner le nkisi-nkomo (fétiche de vitesse), ayez d'abord la vitesse. Wavanda nkomo, tekila ku ntinu. « Sois sage, aie eu la sagesse ». Kala ye ngangu, wanuka ye ngangu.
Quand une personne tombe malade et que le nganga est invité, elle doit se lamenter et se plaindre auprès du nganga. « Si tu es malade, plains-toi, on cherchera le nganga pour toi ». Wabela yaula, nganga si bakusosila. Le nkisi pend sur le malade, à un mur de sa maison ou placé dans sa maison. « Le Funza-nkisi et le mur s'entendent. » Funza ye baka babakane kwau.
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Nganga
Le nganga est un personnage tabou qui ne doit pas faire l'objet de plaisanteries : « Si tu es un nganga, on ne te pointe pas le doigt ». Wakala unganga, kusongwa nlembo ko. . Cela est également vrai pour le nkisi lui-même. En présence du nkisi, les gens sont timides et soumis. « Quand nakongo (nkist) est parti, les lits (les malades) sont guéris ». Nakongo wele, ntanda minieki. Cela veut dire que lorsque le nkisi est retiré, les gens (en fait les patients) deviennent bavards. Personne n'ose offenser le nkisi ou nganga nkisi en leur présence. S'ils doivent être insultés, cela doit être fait quand ils ne peuvent pas entendre les insultes. « Nakongo mange les excréments, c'est à l'écart (que tu diras cela)». Nakongo dia tuvi, i kuna nenga.
Le prêtre est considéré par les Bakongo comme étant un personnage très avare et sans scrupules. Il est donc préférable d'avoir à faire avec lui aussi peu que possible, puisqu'il cherche toujours à prendre les biens des autres. Ils (les Bakongo) disent au nganga du village: «Ne regarde pas derrière, regarde devant, car derrière il n'est resté personne ». Kutadi ku manima ko. Tala ku ntwala, kadi ku manima ka kwasalani bantu ko. Ils l'exhortent à ne pas traiter dans son propre village, autrement il rendra ses propres gens pauvres. Il est préférable de le voir soigner dans d'autres villages, afin de rapporter des biens dans son propre village.
Puisque les gens savent que les nganga sont avares, il essayent de tromper ces derniers. Ainsi un proverbe dit « Si tu évites le nganga, est-ce la fin de la maladie? » Walwenga nganga. Mabela mawidi e? Le nganga doit être fin, autrement il perdra ses honoraires. Cette exhortation semble inutile puisque, en principe, il contraint les gens à payer pour ses services. « Le devin n'a pas honte ». Nganga ngombo kafo;anga nsoni ko. Il est prudent de payer le nganga ngombo, autrement il peut tuer le patient. Un proverbe dit : << Ils font semblant de soigner, alors qùils étouffent». Buka bana buka, kiongo nieminanga.
Le nganga soigne malle patient afin que ce dernier meure s'il n'obtient pas de bons honoraires. Il est également bon pour les gens de connaître les « trucs » du nganga pour qu'ils soient vigilants. « Si tu te promènes avec le nganga, connais ses trucs; si tu les ignores, il te mangera ». Wakiba ye nganga, zaba fu biandi; vo kuzebi bio ko, ukudidi.
Ndoki
Quand les Bakongo suspectent qu'il y a un ndoki (sorcier) dans le village qui est en train de manger secrètement les gens, ils envoient chercher le nganga ngombo, le devin, pour chercher le coupable. Il a plusieurs voies et moyens pour l'identifier. Un de ces moyens est indiqué dans le proverbe suivant: « Celui qui répond à la question du nganga sait quelque chose ». Watambulanga mafina ma nganga, diambu zeyi. Bahelele explique ce proverbe ainsi : « Quand le nganga essaye, par ses nombreux trucs, de découvrir le ndoki, il rassemble toute la famille du patient. Il leur raconte plusieurs courtes histoires. Le lendemain, il rassemble la famille encore en disant : «Je vous ai seulement raconté de courtes histoires, mais je ne vous ai pas encore dit le nom du coupable». Quelqu'un parmi les membres de la famille sentira que l'une des histoires le vise, et il dira quelque chose pour éviter toute suspicion sur lui. Celui qui parle de cette manière sera immédiatement pointé comme étant suspect de sorcellerie, kindoki.
Les sorciers sont énormément craints par les gens. Ils sont censés avoir le pouvoir de « manger » la vitalité des autres. Cela est supposé arriver surtout la nuit quand l'âme du ndoki sort en vue de chercher sa proie. La personne qui est mangée aura des cauchemars et de mauvais rêves. « Nloko a mfina (nkisz) ré- ponds, es-tu venu m'étrangler? » Nloko a mjina tom bu/a wo, ngeye wizi kumjin'e? Les sorciers, bandoki, sont terriblement craints : « On ne garde jamais une personne malade dans la maison d'un ndoki ». Nzo a ndoki ka yikebulwanga mbevo ko.
Certains animaux sont considérés comme étant le présage de certains accidents ou de la mort. Parmi ces animaux ont peut citer le chacal, le hibou, le ntoyo (oiseau Coccystes Jacobinus) et ainsi de suite. «Tous les autres oiseaux peuvent chanter, mais si le ntoyo chante, c'est qu'il y a un malheur». Nuni zazo zazonza kwandi, kansi ntoyo kamana zonza, diambu kabeki. Le ntoyo est un oiseau qui présage les mauvais événements, par conséquent les Bakongo disent de quelqu'un qui a la capacité d'ensorceler les gens : «Tu as la bouche du ntoyo ». Nwa wa ntoyo wayaku.
Répartition géographique du peuple kongo.
En République du Congo :
- Bémbé
- Dondo
- Kamba
- Hangala
- Kongo Boko
- Kugni
- Lari
- Manyanga
- Mikéngé ou N'Kéngé
- Suundi
- Bavili
- Yombé
En République démocratique du Congo :
- Ba lemfu
- Ba manianga
- Ba mbanza manteke
- Ba mbata
- Ba mboma
- Ba ndibu
- Ba ntandu
- Ba solongo
- Ba woyo
- Ba Wumbu
- Ba yaka
- Ba yombe
- Ba zombo
- Besi Ngombe
- Kwakongo/Kuakongo
En Angola :
- Ba Solongo
- . Ba woyo
- . Besi Songo,
- . Besi Nova Caipemba,
- . Bandamba,
- . Kisaka Ndika,
- . besi Zanza,
- . besi Nsonso,
- . Ban'kanda,
- . N'solongo,
- .Yombe,
- . Ba Sansala
- . Ba Zombo:
- . Besi Bembe
- . Ba Fiote
- . Ba Sanza Pombo
Au Gabon :