Église catholique : Rite romain pour les diocèses du Zaïre
Le 02/02/2021
L’Église catholique, ou sainte Église catholique, apostolique et romaine, est l'institution rassemblant l'ensemble des catholiques, c'est-à-dire tous les chrétiens en communion avec le pape et les évêques. Elle est aussi une institution et un clergé organisés de façon hiérarchique.
Il s'agit de la plus grande Église chrétienne, avec plus d'un milliard de baptisés. Elle est aussi l'une des plus anciennes institutions religieuses au monde. Elle a joué un rôle fondamental à travers l'histoire, en particulier dans le monde occidental.
L’Église catholique se conçoit comme une grande communion de 24 églises, 1 occidentale et 23 orientales.
La branche occidentale est représentée par la tradition latine de l’Église catholique, apostolique et romaine. Elle est appelée « occidentale » en raison de sa situation géographique à Rome et non pas parce que sa présence est limitée aux pays occidentaux : en effet, le rite romain est présent dans le monde entier et possède des diocèses sur tous les continents, du Portugal au Japon, du Brésil à la Russie, de l’Angola à la Chine, du Canada à la Nouvelle-Zélande.
Les Églises orientales catholiques ont aussi des fidèles à travers le monde mais, pour des raisons historiques, sont plus fortement présentes dans les endroits où elles sont apparues. Elles possèdent des traditions culturelles, théologiques et liturgiques différentes, ainsi qu’une structure et une organisation territoriale propres, mais professent la même et unique doctrine et foi catholique, demeurant donc en pleine communion les unes avec les autres et avec le Saint-Siège.
Rites de l'Église catholique
L'Église catholique emploie équivalemment le terme « rite » pour désigner l'ensemble des rites et des cérémonies de la liturgie catholique :
les rites liturgiques, manières de célébrer les mystères de la religion, classées en deux familles, celles des rites occidentaux, d'inspiration latine, et celles des six rites orientaux, d'inspiration grecque;
les liturgies de « rite » ou rituel, cérémonies du culte qui sont propres ou communes à chacune de ces deux familles de rite (liturgie de la messe, de la parole, du vendredi saint, des Heures, etc.).
Au cours de son histoire, plusieurs rites différents ont eu cours au sein de l'Église catholique. De nos jours, ils en subsistent encore plusieurs formes qui sont toujours utilisées.
Le rite le plus courant est celui de l'Église latine appelé « rite romain ». Le rite romain qui est utilisé aujourd'hui a été défini en 1962. Cependant, il est encore possible de célébré le rite romain tel qu'il était avant 1962, c'est-à-dire le rite romain promulgué par le pape Pie V à la suite du concile de Trente dans les années 1540 à 1560 qui a été mis à jour à plusieurs reprises et pour la dernière fois par le pape Jean XXIII en 1962 ; cette forme du rite romain est appelée « forme extraordinaire du rite romain ».
Les rites de l'Église catholique occidentale (Église latine).
L'Église latine (en latin : Ecclesia latina) est la composante de tradition occidentale de l'Église catholique, la composante orientale étant constituée par les vingt-trois Églises dites catholiques orientales.
Le rite romain est le rite liturgique de l'Église de Rome, qui est devenu presque unique dans l'Église latine et donc majoritaire de l'Église catholique dans sa totalité.
· Messe de Vatican II (forme ordinaire)
· Messe tridentine (forme extraordinaire)
· Rite zaïrois (rite utilisé par les diocèses de la République démocratique du Congo en vigueur depuis 1989)
· Rite bénédictin
· Usage anglican
Rite mozarabe
· Rite ambrosien
· Rite de Braga
· Rite dominicain
· Rite cartusien
· Rite cistercien
- Rites liturgiques historiques
· Rite gallican
· Rite celtique
· Rite lyonnais
· Rite prémontré
· Rite de Sarum
· Rite carmélite
Les rites de l'Église catholiques orientales.
Les Églises catholiques orientales (ou parfois Églises uniates) sont la composante de rite oriental de l'Église catholique. Elles se caractérisent par le fait d'être en communion avec l'évêque de Rome (le pape), dont elles reconnaissent la primauté, et d'utiliser les rites liturgiques orientaux (copte, syriaque occidental, maronite, syriaque oriental, byzantin, arménien, guèze). Elles sont définies dans la terminologie catholique comme étant des Églises autonomes ou « Églises de droit propre », au sens juridique sui iuris, et sont considérées comme étant pleinement l'Église catholique, au même titre que l'Église latine de rite romain.
Les rites orientaux sont majoritairement employés par les chrétiens vivant en Orient et, en moindre mesure en Occident, par les chrétiens issu des diasporas orientales.
Rite orientales
- Rite alexandrin
- Rite copte
· Église catholique copte (Egypte)
· Église catholique éthiopienne
· Église catholique érythréenne
Église catholique arménienne
Église catholique chaldéenne
Église catholique syro-malabare
- Rite antiochien
- Rite maronite
Église maronite
Église catholique syriaque
· Église catholique syro-malankare
melkite
· ukrainienne
· roumaine
· ruthène
· slovaque
· hongroise
· bulgare
· croate
· macédonienne
· croate
· russe
· biélorusse
· albanaise
· italo-albanaise
· hellène
· serbo-monténégrine
· tchèque
· géorgienne
Le Missel Romain pour les diocèses du Zaïre
Le rite zaïrois
C’est dans les années 1950 que se dessinent les prémices du Missel Romain pour les diocèses du Zaïre. Une nouvelle génération de prêtres africains – dont le père Joseph-Albert Malula, futur archevêque de Kinshasa – prône un approfondissement de ce qu’on appelait à l’époque « l’adaptation ».
Fin 1961, la VIe Assemblée plénière de l’épiscopat du Congo est conclue par la publication d’un document de 400 pages, intitulé «l’Église à l’aube de l’indépendance». Anticipant le Concile Vatican II, ce document, préconise une «africanisation » de la liturgie. Mais il faudra attendre décembre 1969 pour que soit mise en place une commission liturgique à cet effet, et 1988 pour que Rome approuve le Missel Romain pour les diocèses du Zaïre. Le père Laurent Mpongo fut détaché pour ce travail.
1. Ouverture de la célébration
- L' annonciateur
Le rôle de l'annonciateur s'inscrit au tout début de la célébration, à vrai dire avant même que celle-ci n'ait débuté. L'annonciateur n'est en fait ni un religieux, ni un prêtre, mais une personne qui agit à titre de précurseur de la célébration: «Il annonce l'événement en renforçant la conscience de la communauté qui va célébrer .» S'il Y a lieu, c' est également à ce moment qu'il présentera les ministres qui seront présents· à l'autel. C'est également lui qui donne le signal de départ de la célébration en invitant l'assemblée à se lever et la chorale à débuter le chant d'entrée.
- La procession d'entrée
La procession d' entrée comprendra pour sa part toutes les personnes qui ont un rôle à jouer dans la célébration eucharistique. De plus, et dans la mesure du possible, chaque ministre impliqué porte, dans la procession, l'instrument de son ministère.
- Vénération de l'autel
Une fois que les membres de la procession sont parvenus au sanctuaire, l'Évangéliaire est déposé sur l'autel par le ministre qui le porte et le prêtre qui préside se met face au peuple, près de l'autel. Les concélébrants et les autres ministres accomplissent la même action et, tous ensemble, ils saluent l'autel en faisant « une inclination profonde, une génuflexion, ou une prostration».
Un autre geste peut également être posé en tant qu'acte de vénération de l'autel. À ce moment, le prêtre peut rester debout, toujours en étant face au peuple, au centre de l'autel avec les bras étendus en forme de V. Par la suite, il appuie son front sur l'autel en répétant ce geste aux trois autres côtés de l'autel. Pendant que le prêtre qui préside accomplit ce geste, les autres concélébrants et ministres demeurent profondément inclinés.
- Salutation
Après le chant d' entrée, le prêtre salue l'assemblée en employant une formule qui manifeste la présence du Seigneur. Par la suite, en quelques mots et de manière brève, il introduit les fidèles à la liturgie du jour.
- Mise en présence de Dieu
Avant de s'approcher de l'eucharistie, considérée comme l'action sacrée par excellence, l'assemblée prend conscience de sa pauvreté en face de la présence du Dieu tout-puissant, source de leur salut. Pour ce faire, la célébration débute par une invocation des saints qui agissent comme intercesseurs pour le peuple auprès de Dieu. En effet, « la communion entre les chrétiens de la terre débouche dans la communauté avec les saints du ciel. Par là se réalise l'union au Christ, de qui découle toute grâce et la vie du peuple de Dieu». Dans le même ordre d'idées, on invoque les ancêtres qui sont vénérés comme des cœurs droits en vertu des mérites du Christ qui les garde en communion avec Dieu. Cela au même titre qu'Abel le juste est invoqué dans la liturgie romaine.
- Chant d'acclamation
La mise en présence de Dieu conduit à un chant d'acclamation où le peuple des fidèles reconnaît la grandeur de Dieu et sa bonté. Il est important de remarquer que, pour certains jours en particuliers, si les rubriques l'ont prévu, ce chant d'acclamation chant d'acclamation est en fait le Gloire à Dieu. Lors de ce chant, l'assemblée peut amorcer quelques mouvements rythmiques, tout en demeurant en place. Le prêtre peut également suivre le rythme en même temps que l'assemblée ou encore, par la même occasion, encenser l'autel.
- Prière d'ouverture
Pendant que le prêtre prononce la prière d'ouverture, l'assemblée lève les mains et fait sienne cette prière par l'acclamation de l'Amen, à moins que la prière ne soit chantée. Dans ce cas, l'assemblée chante la conclusion de la prière en union avec le prêtre.
2. Liturgie de la Parole
- Les lectures bibliques
Avant de proclamer la Parole de Dieu devant l'assemblée, le ministre chargé de cette fonction va s'incliner devant le prêtre pour demander la bénédiction. En effet, pour toute prise de parole au nom de Dieu, il convient que la personne soit accréditée par celui qui préside in persona Christi. Une fois la bénédiction reçue, la personne fait un geste de remerciement. Comme pour le rite romain, une acclamation indique l'acquiescement de la foule à la fin de la proclamation de la Parole de Dieu.
- L'intronisation de l'Évangile
Au moment de la lecture de le l'Évangile, le ministre prêtre ou diacre qui en fera la proclamation, répand de l'encens sur de la braise qui se trouve soit dans l'encensoir, soit dans un vase situé près de l'autel. Demeurant incliné devant l'autel, le ministre formule une ,Prière de purification avant de prendre l'Évangéliaire pour aller demander la bénédiction au président. Par la suite, l'annonciateur s'avance tandis que les céroféraires escortent le ministre qui présente l'Évangéliaire à l'assemblée. Par la suite, pendant que la procession se dirige vers l'ambon, l'assemblée réunie acclame, par l'Alléluia ou par un autre chant d'intronisation, le Verbe fait chair avant d'entendre sa Parole.
- L'homélie
La proclamation de la Parole est suivie par une homélie où le ministre président de la célébration expose sa compréhension de la Parole de Dieu à l'assemblée. Cette homélie se termine elle aussi « par une formule qui appelle l'acquiescement de l' assemblée».
- L'acte pénitentiel
C'est à la suite de l 'homélie que vient l'acte pénitentiel. Parce que « la parole de Dieu, proclamée dans l'assemblée, est efficace et libératrice: elle interpelle la communauté, suscite l'adhésion du peuple de Dieu et purifie les cœurs ». L'acte pénitentiel exprime justement cette purification préparée dans les cœurs des croyants par la proclamation de la Parole de Dieu. De plus, le rite pénitentiel s'inspire, dans sa structure, de la palabre africaine.
- Le rite de la paix
Le rite de la paix intervient ici comme la manifestation de la paix retrouvée « ou son renforcement entre les hommes, en même temps que l'entente entre Dieu et les hommes». En quelque sorte, le rite de la paix se présente comme la conclusion de l'acte pénitentiel et comme l'introduction de la liturgie eucharistique.
La prière universelle La prière universelle, après le rite de la paix, a pour rôle de signifier non seulement la fraternité entre les croyants, mais aussi le souci que cette paix soit accueillie et prisée de tous. Pendant ce temps, on peut aussi déposer à nouveau de l'encens sur la braise pour que la fumée de l'encens s'élève en même temps que les prières du peuple.
3. Liturgie eucharistique
- L'apport des dons
Des dons veut avant tout exprimer l'amitié qui existe entre Dieu et les hommes ainsi qu'entre les membres de l'assemblée et leurs frères dans la foi. Cela s'exprime notamment dans le fait que chacun, avant de venir à l'église, apporte son offrande qui est déposée en-arrière de l'église, près de la crédence où le pain, le vin et l'eau qui serviront à la célébration ont déj à été disposés.
Ainsi, pendant le chant d'offertoire, les fidèles récupèrent les offrandes pour les apporter vers l'autel au rythme du chant. Cette procession est également encadrée par des acolytes. Ayant rejoint les fidèles à l'entrée du cortège, le prêtre accueille alors les offrandes par un geste de remerciement et les remet à un ministre pour qu' il le dépose à l'endroit prévu. Seul le pain et la vin sont déposés sur l'autel. Il est bon de noter également que chaque personne apportant une offrande au prêtre la présente avec une parole qui en explique la provenance et la finalité.
- La prière eucharistique
Lors de la prière eucharistique, l'annonciateur intervient à nouveau pour demander le silence de l'assemblée afin de souligner davantage l'importance de cette prière. De plus, « pour exprimer l'union de l'assemblée avec le prêtre qui parle en son nom, l'assemblée intervient par de brèves acclamations».
En observant de près le déroulement de la célébration, on peut donc s'apercevoir que le rite zaïrois n'est pas une création ex nihilo, mais qu'il est bien inséré dans le cadre du rite romain de la messe. C'est aussi la position affirmée par la IVe Instruction sur La liturgie romaine et l'inculturation qui exprimait que cette adaptation plus profonde nécessaire dans le domaine de la liturgie, n'a pas a priori pour objectif la formation d'un nouveau rite (Instruction 63). Le rite zaïrois manifeste cette idée de façon éloquente de par sa constitution et le nom qui lui a été attribué indique clairement sa filiation au rite romain: Missel romain pour les diocèses du Zaïre. Cela n'empêche pas pour autant que le missel comporte des éléments propres au peuple zaïrois. La prochaine partie de ce mémoire présentera ces particularités liturgiques spécifiques au rite zaïrois de la messe.
4. Éléments de nouveauté propres au rite zaïrois de la messe
Comme il a été expliqué précédemment, le rite zaïrois de la messe trouve ses fondements dans le rite latin et romain. Cela dit, bien évidemment, dans le processus d'élaboration de ce rite, plusieurs éléments relatifs au génie culturel et religieux du monde africain ont été pris en considération. Dans le cadre de cette étude, quatre principes seront retenus dans la présentation de ces différents éléments. Il s'agit de la vision spirituelle de la vie; de l'adaptation du style et de la structure de la palabre africaine; de l'intégration d'éléments culturels s'inspirant de l'organisation du culte et des réunions dans la tradition du pays; de l'adoption du style oral africain.
4.1. Une vision Spirituelle de la vie
La vision spirituelle de la vie peut être d'une certaine façon comprise comme la communion du monde visible avec le monde invisible. C' est de cette manière que la conçoit et la présente la tradition africaine. Par exemple, on y entre le geste de reconnaître, à travers la création, l'action et la présence de Dieu. Tout prend racine et trouve sa source en lui. Dans l'univers africain, le monde du visible et le monde de l'invisible s'interpénètrent mutuellement.
De plus, cette communion se manifeste à travers des rites d'intégration ou d' alliance où le sacrifice demeure le modèle parfait. Ces rites ont pour conséquence de favoriser la participation de l'homme et de la communauté «à ses modèles supérieurs, à ses archétypes». L'introduction de cette conception de l'alliance et du sacrifice était donc souhaitable dans le nouveau rite zaïrois de la messe. C'est pourquoi, dans ce rituel de la messe, la célébration débute par une mise en présence de Dieu et une invocation des saints. La mise en présence de Dieu unit les images de la vie quotidienne à celles de la Bible tandis que l'invocation des saints met l'assemblée en communion avec nos amis du ciel et lui donne ainsi en quelque sorte accès au divin.
L’invocation des saints et des ancêtres.
Prise en compte des ancêtres
Ce rite inclut dans le culte, les ancêtres qui ont mené une bonne vie mais qui n’ont pas forcément connu le christianisme. Dans le rite zaïrois, «ces ancêtres au cœur bon » participent à l’Eucharistie par cette formule : «Vous, les ancêtres, soyez avec nous au moment où le Christ vient nous sauver. Et vous, nos ancêtres au cœur droit, vous qui nous avez appris l’hospitalité, soyez avec nous au moment où le Christ vient nous sauver.»
L’évocation des ancêtres et la notion de participation active de tous. Evoquer les ancêtres au début de la liturgie et chercher à faire participer tout le monde pendant la célébration eucharistique ont pour but de manifester l’Eglise comme une communauté fraternelle. Cette communauté eucharistique est ouverte à tous, les vivants et les morts, indépendamment de leurs tribus et leurs familles biologiques, car elle est fondée sur le Christ-Ancêtre de tous. En sollicitant la participation de tous dans la célébration, l’Eglise devient une famille qui, pour vivre, a besoin de la collaboration de tous.
Aller plus loin dans l’inculturation
Pionnière en matière d’inculturation, l’Église congolaise a entrepris, depuis de nombreux mois, un catéchisme national. Le but de ce travail est d’adapter le catéchisme de l’Église catholique à l’esprit et aux réalités du peuple congolais. À la fin de sa rédaction, le document sera envoyé à Rome pour validation.
4.2. Une adaptation du style et de la structure de la palabre africaine
Pour l'Africain, la palabre a pour fonction de favoriser l'union et la communion des partenaires. D'une certaine façon, la Parole de Dieu, entendue dans l'assemblée, suscite une adhésion ou une réponse chez le peuple. Celle-ci s'exprime par des acclamations de foi qui suivent la proclamation de la Parole ainsi que le Credo. De cette manifestation de la foi du peuple croyant s'ensuit un acte de réconciliation avec Dieu et avec les autres fidèles. C'est pour cette raison que l'acte pénitentiel et le geste de paix ont été déplacés entre la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique :
Quand donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l'autel, et va te réconcilier avec ton frère; puis reviens, et alors présente ton offrande (Mt 5, 23- 24).
Puis, lorsque tous les membres de l'assemblée sont dans ce commun accord entre frères et sœurs, les prières universelles sont proclamées. En soi, ce schéma ne constitue pas une nouveauté puisqu'on trouve une liturgie similaire dans la célébration de l'eucharistie de rite romain du second siècle.
4.3. Une intégration d'éléments culturels qui s'inspirent de l'organisation du culte et des réunions dans la tradition du pays
En intégrant de la sorte divers éléments culturels propre aux Africains, le rituel zaïrois de la messe voulait répondre à une des attentes importantes du renouveau liturgique de SC, c'est-à-dire la participation pleine, active et consciente des fidèles (SC Il ; 14 ; 19 ; 21 ; 48 ; 50).
Ces différents aspects ont déjà été mentionnés dans la description du rite zaïrois. C'est pourquoi un simple rappel de ces divers éléments sera fait.
Tout d'abord, avant la célébration de l'eucharistie, on trouve l'inclusion de dont le rôle est de présenter le prêtre, les ministres ou autres personnes avant la célébration. Pendant la célébration, c'est aussi lui qui, comme cela a été mentionné précédemment, assure le lien entre l'assemblée et le prêtre en dirigeant discrètement la participation de l'assemblée et en guidant leur prière.
La bénédiction que le lecteur ou la lectrice va demander au prêtre avant d'aller proclamer la Parole de Dieu s'inspire également de la tradition du pays. Puisqu'il ou elle sera le porte parole de Dieu pour l'assemblée, il ou elle se doit d'être mandaté(e) pour prendre la parole en son nom. Il en est de même aussi pour la présentation des offrandes. Cette partie de la messe exprime dans un premier temps la solidarité et le partage qui sont vécus comme un signe de charité fraternelle. De plus, elle témoigne aussi du dialogue constant entre le prêtre et l'assemblée qui se vit tout au long de la célébration. Tous ces éléments sont originaires de la tradition culturelle du pays
4.4. L'adoption du style oral africain
Que ce soit les textes ou la langue concrète, imagée ou colorée du peuple du Zaïre ou encore son rythme, ses gestes, ses mouvements, etc., la liturgie du rite zaïrois de la messe a su l'intégrer dans la célébration eucharistique. De cette façon, elle a su contribuer à rendre vivant et perceptible le mystère qui est célébré.
Par ailleurs, le rite zaïrois aura une manière spécifique d' exprimer ses prières et ses acclamations. Ainsi, comparativement au rite romain où le prêtre, avant la prière de la collecte, dit: «prions le Seigneur», le rite zaïrois utilisera plutôt les mots : «Frères et sœurs, tenons les mains levées pour la prière. » Un autre exemple est significatif des particularités du vocabulaire zaïrois dans l'invocation du peuple pour demander à Dieu son pardon :
Seigneur notre Dieu, comme la sangsue adhère à la peau et suce le sang de l'homme, le mal nous a envahi. Notre vie est diminuée. Qui nous sauvera, sinon toi, notre Seigneur? Seigneur, prends pitié.
Ainsi, même si le rite pénitentiel est un élément constitutif du rite romain et du rite zaïrois, ce n'est cependant pas en utilisant le même langage que ces deux derniers exprimeront à Dieu une même prière de pardon.
- Gestes, mouvements et attitudes
Dans un autre ordre d'idée, pour le continent africain, de sa culture constituent en eux-mêmes un langage particulier : gestes et mouvements du corps, signes graphiques et couleurs sur le corps, musique, paroles, masques et statues, les éléments de la nature, instruments et autres objets d'usage quotidien, etc. Appliqués au rituel, ceux-ci deviennent primordiaux et jouent un rôle important dans la transmission de messages religieux. À travers les gestes et les mouvements extirpés de son environnement quotidien, l'Africain qui participe au rite de cette messe est immédiatement plongé dans un rapport de transcendance.
Néanmoins, il était de grande importance de prendre garde à ce que l'introduction de ces symboles traditionnels dans là liturgie ne s'accompagne pas d'une certaine conception magique des rites :
Puisque tout homme accomplissant un rite a des attentes, il se peut qu'il accomplisse gestes, mouvements, attitudes et autres éléments rituels comme pour contraindre Dieu, les ancêtres, les bons ou les mauvais esprits à réaliser son vœu.
Afin que la frontière de la superstition et de la magie ne soit pas dépassée, il a fallu que les responsables de l'Église zaïroise veillent à ce qu'aucune ambiguïté ne ressorte des gestes et mouvements culturels empruntés par la liturgie. De plus, il aurait été inacceptable d'admettre des gestes, des mouvements ou des attitudes sans « respecter les règles locales de la convenance». Mvuanda renchérit sur ce double-sens qui peut être accordé à certains gestes culturels dont la liturgie du Zaïre devait tenir compte dans l'élaboration de son nouveau rite :
Les rites avec leur gestes, mouvements et attitudes, peuvent avoir une double valence, selon qu'ils sont permis en public, parce qu'admis par la société; ou au contraire accomplis seulement en secret, parce qu'ayant une connotation moralement négative ou superstitieuses
À titre d'exemple, s'incliner en montrant de façon visible son postérieur au public peut être considéré comme un grave manque de respect. On pouvait donc facilement comprendre que plusieurs chrétiens étaient offusqués, heurtés dans leur sensibilité, quand le prêtre s'inclinait profondément pour saluer l'autel. .. dos au peuple. Ainsi, il était nécessaire qu'on adapte le geste rituel de la salutation à l'autel. Lorsque le prêtre a la possibilité de contourner l'autel, il est alors en possibilité d'accomplir le geste de l'inclination à l'autel. Dans un cas où il n'est pas en mesure de l'effectuer, il est préférable qu'il s'en abstienne pour éviter de créer tout sentiment d'offense ou de confusion.
La danse
Au niveau de la danse, la culture africaine est composée de plusieurs types de danses : danses de la fécondité, danses de guerre, danses royales, danses de mariage et de deuil et bien d'autres encore. Il était alors important de décider quelles formes de danses étaient plus appropriées dans la liturgie de la messe. Pour cela, les responsables d'Église devaient prendre en considération leur arrière-fond culturel. De façon, ils pouvaient connaître l'interprétation exacte de ces danses dans le but d'éviter, encore une fois, confusion et offense chez les fidèles. Cela dit, à ce sujet, la culture africaine présente un avantage. En effet, les Africains font eux-mêmes une distinction très nette entre la danse récréative, rituelle, religieuse ou profane : « On parle de Makinu ma nlongo (danses sacrées) par opposition au makinu ma nsoni (danses impudiques )». De plus, en ce qui concerne le folklore, les rites ou la récréation, la tradition africaine en pose elle-même les limites dans le choix des danses. Ainsi, en tenant· compte de la dignité de la liturgie chrétienne, cette même tradition agit à titre de référence dans l'encadrement qui doit être observé dans le domaine de la créativité des chants et des danses liturgiques.
- le chant
Parmi les éléments qui constituent le rite africain, le chant est une caractéristique qu'on peut considérer indéniable et permanente pour toute célébration. En Afrique, ce trait culturel est présent dans tous les différents domaines de la vie. Ainsi, de la naissance à la mort et aux funérailles, en passant par le jeu, le mariage ou tout autre moment important de la vie, le chant fait partie des diverses cérémonies liées à l'existence humaine. Or, le chant a plusieurs fonctions. En effet, il peut avoir une fonction ludique, éducative, rituelle et affective.
D'une part, le chant accomplit sa fonction ludique quand il intervient dans le domaine récréatif. Il puise certes dans le répertoire traditionnel, mais il permet à l'imagination de l'homme de s'exprimer. Par ailleurs, lorsqu'il ne sert plus à provoquer un sentiment de détente, le chant devient un message ou un discours chanté qui s'adresse aux personnes ou à toute la collectivité. C'est en s'inspirant des proverbes, des énigmes ou encore des satires que l'Africain donne au chant sa fonction éducative. Portant ainsi attention aux paroles qui sont chantées, le chant devient, pour la culture africaine, un moyen privilégié d'expression.
Un célèbre dicton africain présente le sens profond caché dans un chant pour celui qui est prêt à l'entendre: « L'imbécile ne se réjouit que du chant et de la danse, l'initié (c'est-à-dire celui qui sait) cherche à pénétrer le message chanté et dansé.» Ainsi, autant le chant peut revêtir une forme de divertissement, autant il peut revêtir un caractère sacré et comporter un rôle majeur dans la liturgie de la messe.
Cependant, la confusion des chants et des danses avec le folklore africain demeure un risque et une difficulté. Toutefois, la tradition a la responsabilité du discernement et de l'imposition de normes et de limites dans l'acceptation des chants et des danses. De cette façon, les excès, les abus ou les déviations possibles dans l'application du rite peuvent être 'évités. De plus, toutes ces craintes s'estompent rapidement, lorsque la conception de la fête et le caractère festif de la célébration du mystère pascal se rejoignent dans le rite eucharistique.
Précédemment, la présente étude a fait mention du rôle ludique ou didactique que le chant et la danse peuvent contenir en tant que langage. La danse et le chant liturgique s'enracinent dans cette « tradition socio-religieuse et initiatique, où les fonctions ludique et didactique se laissent aisément distinguer, même si parfois elles interviennent au même moment». Paroles, gestes et mouvements deviennent donc un langage, une communication. Pour employer des termes plus exacts, ils deviennent une action à laquelle l'homme participe entièrement, entrant ainsi en relation avec la transcendance.
Or, par la mise en présence de Dieu, l'approche de cette transcendance suscite un mouvement intérieur chez l'homme et chez la communauté entière. C'est à travers ce mouvement que la communauté est transformée et vivifiée :
Cette émotion et ce mouvement prennent un rythme qu'ordonnent et encadrent la musique, le chant exécuté par tous, la danse, la prière avec des attitudes et gestes appropriés, les avertissements et les annonces du commentateur ou du héraut. Pour cela, tous ces éléments liturgiques n'expriment pas uniquement l'adoration de Dieu, sa Sainteté et sa Majesté, [ ... ] mais ils orientent aussi la puissance expressive du corps de sorte que ce corps sensible devienne avec ses attitudes, mouvements et gestes le corps spirituel de l'assemblée.
Néanmoins, la vigilance, dans le domaine de l'inculturation liturgique, restera toujours de la première importance. Cela est essentiel afin d'éviter, comme le rappelle SC,- que les marques de superstitions et d'erreurs qui peuvent imprégner les mœurs de la culture soient reproduites dans la liturgie. De cette façon, le rite de la messe conserve un authentique esprit liturgique (SC 37). Il est important de rappeler que, dans une telle situation, la liturgie fait toujours face à un danger de syncrétisme. Il ne s'agit pas de modifier les rites pour se créer une liturgie qui soit au goût d'un particulier. Elle deviendrait ainsi trop semblable au folklore, dont les éléments culturels empruntés ne feraient que garder la signification qu'ils avaient avant l'évangélisation. Dans le processus d'inculturation, l'Évangile peut soumettre la culture à une purification, à une conversion. La nature même du, culte chrétien exige donc que les divers éléments que l'on veut introduire dans la liturgie passent par une évaluation critique avant d'être approuvés.
Finalement, puisqu'il articule les différents rapports mentionnés au début de ce chapitre, on peut affirmer que le rite zaïrois correspond, sans équivoque, à un fruit réel d'une inculturation au niveau de la liturgie.
Le rite zaïrois répond au rapport entre liturgie et culture, notamment par l'intégration des différents éléments qui s'inspirent de l'organisation du culte et des réunions dans la tradition africaine. De cette façon, il permet à la culture africaine de répondre avec son être, ce qui fait son essence, à la proclamation de la Parole et à l'appel de Dieu. C'est aussi à partir de son langage verbal et gestuel que cette dernière entre en dialogue mutuel avec Dieu.
De même, le rite zaïrois résout le rapport liturgie - Évangile par une double fonction accomplie par la liturgie : celle d' être une expression vivante de la foi ainsi que son rôle d'évangéliser en ne cessant de révéler Dieu à travers ses rites. Cette révélation se fait autant par la proclamation de la Parole où, encore aujourd'hui, Dieu s'adresse à son peuple, que par l'action du Christ qui, à travers elle, réactualise son œuvre de glorification de Dieu et de salut du monde. Par le fait même, ce rite remplit les exigences du rapport liturgie - Dieu, élément central du processus d'inculturation de la liturgie à cause de la nature même de cette dernière.
De plus, en plus de tous ces éléments constitutifs d'une inculturation liturgique, le rite zaïrois respect et applique avec efficacité l'incarnation et l'évangélisation, les deux principes fondamentaux et majeurs de l'inculturation et de la liturgie. À vrai dire, tous les rapports mis en tension dans le processus d'inculturation liturgique trouvent leurs assises dans les principes d'incarnation et d'évangélisation.
En effet, d'un côté, le processus d'inculturation prend en compte à la fois l'incarnation du Christ et l'incarnation de l'homme. D'autre part, l'évangélisation permet à la liturgie de naître et de s'incarner dans une culture où elle aura, par la suife, un rôle important en entrant dans cette dynamique où évangélisation et liturgie se communiquent sans cesse l'une et l'autre leurs richesses.
Référence
- Donald Cloutier : L'inculturation de la liturgie, mémoire présenté à la faculté des études supérieures de l'université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en théologie pour l'obtention du grade de maître ès arts (m.a.) faculté de théologie et de sciences religieuses université Laval Québec 2009
- Africa la Croix : Qu’est-ce que le rite Zaïrois ?