La forêt du Mayombe
Le 09/04/2021
La forêt du Mayombe, située entre la RDC (République Démocratique du Congo), l'Angola, la République du Congo et le Gabon, constitue la lisière sud-ouest de la forêt tropicale en Afrique centrale et occidentale. Elle abrite une large variété de flore et de faune, notamment des espèces d'importance mondiale telles que les chimpanzés, les gorilles de plaine et les éléphants de forêt.
Malgré son importance écologique, la forêt du Mayombe, en particulier dans sa partie méridionale, a été soumise à des décennies de dégradation intensive et bénéficie d'une très faible protection.
La superficie totale des écosystèmes du Mayombe est d'environ 36.000 km². Le climat est chaud et humide, avec des températures moyennes annuelles de l'ordre de 23 à 26° C et des températures extrêmes pouvant varier de 18 à 31°C. La moyenne annuelle des précipitations est de l'ordre de 1.200 à 1.900 mm. Quant à la moyenne d'humidité relative, elle tourne autour de 80-90%. On note également du brouillard.
Mayombe en RDC
La forêt du Mayombe est située dans la province du Kôngo Central, dans le district du Bas-fleuve à 4°15’14’’ latitude Sud et 13°29’44’’ longitude Est. Elle longe la rive droite du fleuve Congo, s'étend du Nord de Boma vers l'enclave de Cabinda en Angola vers l'Ouest et se prolonge au Nord vers la République du Congo (Congo Brazzaville) et le Gabon.
Cette forêt englobe quatre territoires du Bas-fleuve et de Boma, à savoir : Lukula, Seke-Banza, Muanda et Tshiela.
Les forêts du Mayombe ont une flore riche et diversifiée. En dépit de la dégradation, il existe encore dans certaines parties, une importante richesse floristique, essentiellement là où la forêt n’est pas fortement dégradée ; c’est-à-dire, dans le secteur de Maduda et Nganda – nsundi dans le territoire de Tshela où l’on trouve la montagne de Madia-Koko prévue pour abriter une réserve transfrontalière.
En plus de cela, c’est dans la Réserve de Biosphère de Luki (RBL) où l’on trouve la plus grande diversité floristique, incluant plusieurs essences commerciales telles que les Terminalia superba, Milicia excelasa, Prioria balsamifera, Gilbertiodedron sp, etc.
La forêt du Mayombe abrite également le Parc Marin de Mangrove (PMM) qui comporte une flore caractéristique avec des espèces comme Avicenia afrricana, Racemosa germinans.
Faune
Les forêts du Mayombe avaient autrefois une grande richesse faunique. Cependant sa dégradation suite à l’augmentation des habitants a provoqué une défaunation considérable. À présent, seule la réserve de Biosphère de Luki contient encore un échantillon plus ou moins représentatif de cette faune, malgré les menaces qui pèsent sur cette réserve MAB (Man and Biosphere) de l’UNESCO.
Parmi la faune mammalienne on trouve les Cricetomy emini (cricetome de forêt ou rat géant d’Emin), Thryonomys suinderianus (grand aulacode). Les Chyroptères et le Pholidotes (pangolins) ; les carnivores tels les genettes, les cuvettes, mangoustes, les Cephalus monticola (céphalophe bleu), Tragelaphus spekei (sitatunga), etc. on y trouve également des espèces d’oiseaux telles que Ceratogym naatrata (grand calao), Corythocola cristata, Psittacus erithacus (perroquet gris) et Poicephalus gutrelmi (perroquet vert).
53 espèces de grands mammifères ont été enregistrés uniquement dans la partie Congolaise de la forêt du Mayombe.
Parmi les grands mammifères signalées dans la région forestière du Mayombe il y a le buffle de la forêt (Syncerus caffer nanus), plusieurs espèces de cercopithèques (Cercopithecus cephus, C.nictitans). On note toujours au Congo des espèces telles que C. neglectus, C. pongonias, et le mangaby à la crête rouge (Cercocebus torquatus), le potto de Bosman (Perodicticus potto) et potto en or (Arctocebus calabarensis), plusieurs petites espèces de brousse (Galago alleni, Euoticus elegantulus, Galagoides demidovi), plusieurs petites espèces de céphalophes de la forêt (Cephalophus sylvicultor, C. dorsalis , C. nigrifrons, C. monticola, C. leucogaste, C. callypigus), le chevrotain aquatique (Hyemoschus aquaticus), le sitatunga (Tragelaphus spekei gratus, T. scriptus), les potamochères (Potamochoerus porcus) et le porc de forêt (Hylochoerus meinertzhageni), le léopard (Panthera pardus), le chacal (Canis adustus), plusieurs mangoustes, plusieurs espèces genet (Genetta spp.), les civettes de palmiers aux deux marques (Nandinia binotata), le pangolin géant (Manis gigantea) et le pangolin arboricole (Manis tricuspis).
Parmi les petits mammifères, il y a des écureuils volants (Anomalurus derbianus, A. beecrofti, A. Peli, Idiurus marcotis), plusieurs écureuils arboricoles, les porcs-épics (Atherurus africanus), les aulacodes, au moins 18 espèces de Myomorpha, et au moins 14 espèces de chauves-souris.
- Les espèces d'importance mondiale capitale
Les espèces phares les plus évidentes dans la forêt du Mayombe sont les primates : le chimpanzé d'Afrique Centrale (Pan troglodytes troglodytes) et le gorille des plaines occidentales (Gorilla gorilla gorilla). Les deux peuvent aussi être considérés dans une certaine mesure comme des espèces phares, en particulier dans le cadre de la délimitation de l’APT et du choix préliminaire des zones spécifiques qui doivent être protégées en guise de conservation. L'éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis) peut être sélectionné comme une des espèces phares additionnelles et comme la principale espèce phare dans la région, notamment pour identifier la connectivité et le potentiel des corridors écologiques. , tandis que les informations spatiales détaillées sont disponibles pour la majeure partie de la composante Congo.
Les Grands singes :
L'Atlas mondial des primates donne des informations sur la gamme estimée des deux espèces de la forêt du Mayombe, pays partagent cette zone :
Dans la partie RDC de la forêt du Mayombe, on rapporte la présence d'un petit nombre de chimpanzés et de gorilles dans la zone centrale de conservation de la Réserve de Biosphère de Luki, mais ceux-ci peuvent très bien être des populations isolées. Un petit nombre de chimpanzés et des observations sporadiques de gorilles ont été signalés dans la région montagneuse de Tshela, en bordure de l'enclave de Cabinda. Aucune observation n’a été signalée ailleurs dans la partie RDC.
Les éléphants de forêt :
Le Parc National de Conkouati-Douli dans la région de Kouilou en République du Congo .
Le Rapport sur le Statut de l’Éléphant d’Afrique du Groupe des Spécialistes UICN/SSC sur l’éléphant d'Afrique (2007)21 montre la répartition des éléphants de la forêt dans toute la zone Nord de la forêt du Mayombe dans les parties Congolaise et Gabonaise et dans le Nord-est de l'enclave de Cabinda, en Angola. Il n’y a pas de présence d'éléphants dans la partie RDC.
Cependant, le rapport indique l’existence d’une possible gamme d’éléphants tout au long de la partie Congolaise. Théoriquement, si la connectivité existe dans toute la région forestière du Mayombe, les mêmes éléphants individuels devraient être en mesure de migrer à travers toute la zone comprise entre Luki en RDC et Mayumba au Gabon. Une étude génétique pourrait indiquer le degré de parenté entre les éléphants individuels au sein de la forêt du Mayombe, et surtout entre ses parties Nord et Sud, ainsi qu’avec les populations voisines de la région.
Déforestation
La Coalition contre l’exploitation du bois d’œuvre (CNCEIB) en collaboration avec Action communautaire pour le développement durable (ACDD) ont tiré la sonnette d’alarme sur la menace de déforestation dans le Mayombe au Kongo-Central. Ces structures qui militent contre la déforestation interpellent les autorités qui facilitent l’abattage des arbres dans la réserve de biosphère de Luki dans la forêt de Mayombe.
L’évaluation de la dégradation de la forêt du Mayombe consistera à calculer, à l'aide de la cartographie par télédétection et l'analyse des structures spatiales, les indices spatiaux suivants qui correspondent à des indicateurs de l'état de transformation des superficies forestières. En outre, il sera aussi judicieux de vérifier si la déforestation de cette zone peut être corrélée négativement avec l’anthropisation de son écosystème, soit corrélée positivement avec l’avancée de la savane et soit la forêt primaire tropicale humide tendrait à disparaître complètement.
Protéger les chimpanzés et la forêt avec l'appui des villageois.
P-WAC (Project for Wildlife and Apes Conservation) vise à établir un centre de réhabilitation pour chimpanzés, nos plus proches cousins. L’objectif est de protéger in situ cette espèce menacée de disparition en travaillant en étroite collaboration avec le gouvernement congolais afin de récupérer les chimpanzés captifs détenus par des particuliers et de leur donner une chance d’un retour à la vie sauvage.
P-WAC souhaite ainsi renforcer la population de chimpanzés sauvages, qui diminue continuellement, afin de restaurer le réservoir génétique de cette espèce de grand singe, par le biais d’une réintroduction en milieu naturel.
En France, P-WAC mène des actions de sensibilisation afin d’informer le public sur la déforestation et la disparition des grands singes par le biais de conférences, de stands d’informations, de rencontres et événements caritatifs. Des animations pour enfants sont également menées en écoles et dans les hôpitaux. L’objectif est de vulgariser les informations relatives aux primates afin de les rendre accessibles à tous et d’amener à la réflexion et aux changements de mentalités. P-WAC récolte enfin des fonds pour mettre sur pied notre mission de terrain en République Démocratique du Congo.
Source
- IUCN : Vers un complexe d'aires protégées transfrontalières
dans la forêt du Mayombe
- P-WAC (Project for Wildlife and Apes Conservation)
- Congo Sciences