Monographie de l’eau de Kinshasa
Le 22/04/2019
chapitre 1 : Présentation de la ville de Kinshasa
Une vue de la ville de Kinshasa, prise depuis Brazzaville (Photo, Alfred Ntumba/Environews)
Localisation géographique
La Ville de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, est située sur la rive gauche du fleuve Congo en face de la Ville de Brazzaville, capitale de la République du Congo. Sa latitude est 4° 19’ 39’’ Sud et sa longitude 15° 18’ 48’’ Est. Elle a le statut administratif d’une Province.
Superficie
La superficie de la Ville de Kinshasa est de 9.965 km² dont 2.500 km² constituent l’agglomération.
Relief
Son relief est formé d’un plateau continental à l’Est, d’une chaîne de collines escarpées au Sud, d’une plaine et de marécages aux abords du fleuve Congo. Le plateau fait partie du massif du plateau du Kwango dont la portion située dans la Ville de Kinshasa est appelée «Plateau de Bateke».
La plaine de Kinshasa se trouve le long du fleuve Congo et elle est enfermée entre le fleuve Congo et le pied des collines sous forme d’un croissant.
Climat
La Ville de Kinshasa a un climat tropical chaud et humide avec : une saison de pluies de fin septembre à fin mai ayant de fortes pluies aux mois de novembre et d’avril ainsi qu’un léger ralentissement de pluies entre les mois de janvier et de février; une saison sèche de juin à septembre.La pluviométrie annuelle moyenne est d’environ 1400 mm. La température annuelle moyenne est de 24°C. Les maximas absolus mensuels de température dépassent 35°C. Les températures les moins élevées de l’année s’observent en saison sèche au mois de juillet de l’ordre de 17,1°C à 17,5°C.
Le mois de mars est le plus chaud de l’année.Tout au long du jour, dans la majeure partie de l’année, l’humidité relative est supérieure à 70%. Sa moyenne annuelle calculée sur 24h est de 81%: elle oscille de 76% durant la journée à 86% pendant la nuit.
Le bilan hydrique annuel moyen du sol calculé par rapport aux précipitations est de 1362 mm.Il devient déficitaire dans le courant de juin. L’humidité du sol atteint sa capacité maximale de rétention (200 mm) à la fin du mois d’octobre.
Population
La population de la Ville de Kinshasa est estimée à 12 millions d’habitants avec une densité de plus de 1000 habitants/km². Son taux de croissance annuel est de 4%.
En effet, à l’indépendance en 1960, la population de Kinshasa était de 400.000 habitants sur une superficie de 5.500 ha. Après l’accession à la souveraineté nationale, Kinshasa a connu une forte poussée démographique due à l’exode rural et surtout aux conflits armés à travers le pays. Cette situation a sensiblement modifié la configuration spatiale de la ville. Dans les zones d’extension, l’occupation du sol s’est faite sans la mise en place préalable des infrastructures de base notamment la voirie structurante, l’eau potable, l’électricité et les structures d’assainissement. Aujourd’hui, ces milieux posent de nombreux problèmes de développement dans ces secteurs au Gouvernement Provincial qui exigent d’importants investissements financiers.
Chapitre 2 : Hydrographie
Bassins versants hydrologiques
La Ville de Kinshasa est traversée par de nombreuses rivières qui coulent du Sud au Nord pour se jeter dans le fleuve. L’Ouest à l’Est, on distingue les bassins hydrologiques suivants :
- Boye;
- Lukunga et Binza;
- Mampenza;
- Basoko –Lubudi –Makelele;
- une partie du bassin versant du fleuve Congo;
- Gombe;
- Bitshaku-Tshaku;
- Funa, Yolo;
- N’djili;
- Matete;
- Tshangu, Mangu;
- Tshuenge;
- Konde, Mpasa;
- Bibwa, Munku;
- N’sele.
Les bassins versants des rivières N’djili et N’sele sont les plus grands.Une partie de berges et de lits de quelques rivières est bétonnée ou aménagée : c’est le cas de Funa, Yolo, Basoko, Gombe et Bitshaku-Tshaku. En plus, la commune de N’sele a plusieurs lacs qui sont des sites touristiques. Il s’agit des lacs ci-après: Nainke, Inye, Masia, Ngalu, Boo, Monumburu, Banganza, Muiri, Bambiembie, Banalemie, lac vert, Matshubu et Mantere.
Rivières des vallées envasées
Les vallées envasées comprennent plusieurs rivières dont la rivière Ndjili et la rivière Nsele, qui sont les deux rivières allogènes, qui ont leurs sources en dehors de Kinshasa. Toutes deux viennent de la province du Bas-Congo et leurs lits sont peu profonds.
Rivière Ndjili
Elle a donné son nom à la commune de Ndjili. Elle coule dans une plaine alluviale de 280 mètres et traverse les communes de Kimbanseke, Ndjili, Kisenso, Matete, Limete et Masina. Sur sa rive gauche, elle est alimentée par les eaux de ses affluents qui sont : la Kwambila qui vient des collines du Mont-Amba, puis de la Matete et de la Mumfu issues des collines de Kisenso. Elle reçoit aussi sur la même rive des eaux de son principal affluent, la Lukaya. Le bassin versant de la rivière Ndili a une superficie de 1 980 km2 et se jette dans le fleuve Congo par un delta aux bras anastomosés à une altitude de 275 mètres où ses alluvions se mélangent avec celles du fleuve.
Rivière Nsele
Comme la rivière Ndjili, elle donne aussi son nom à l'une des communes qu'elle traverse, la commune de la Nsele. Elle a un bassin de 6 000 km2 et coule avec beaucoup des méandres dans une vallée de 280 à 350 m d'altitude. Elle est alimentée principalement par des nombreux cours d'eau se trouvant à sa rive droite, et trace la limite de l'extension vers l'est de la ville.
Les rivières Ndjili et Nsele, bien qu'excentrées et peu profondes, sont les seules grandes rivières de la ville de Kinshasa navigable en pirogue sur plusieurs kilomètres. Plusieurs autres cours d'eau des vallées envasées dont les principaux sont : la Tshangu, la Mokali et la Tshuenge ont leurs sources aux pieds des collines de l'est dont les pentes varient entre 12 et 20 % avec un développement des cirques d'érosions dans les zones qu'elles traversent.
Rivière Tshangu
Elle est la plus importante rivière sur le site bâti et dense de Kinshasa, se trouvant entre la Ndjili et la Nsele. Elle est issue des collines du sud de Kimbanseke, vers le quartier 13 et son bassin est de 45 km24. Elle draine quelques quartiers des communes de Kimbanseke, Ndjili et Masina où il reçoit les eaux de la Mongo avant de se jeter dans le fleuve Congo. La Tshangu a donné son nom au district administratif de la Tshangu
Rivière Tshwenge
Elle tire son origine de collines de la Nsele à 340 m d'altitude. Elle traverse les communes de Kimbanseke et de Masina. Elle reçoit peu de ruisseaux avant de se jeter dans les marécages du fleuve.
Rivière Matete
Elle est le principal affluent de la rivière Ndjili et traverse les communes de Lemba, Matete, Mont-Ngafula, Limete et Kisenso où il tire sa source. Elle parcourt sur 10 600 mètres un bassin versant très densément habité d'environ 1 276 hectares avant de jeter dans la Ndjili avec un débit de 110 m3.
À toutes ces rivières, il faut ajouter les rivières Mangu et Mokali qui reçoivent des eaux de plusieurs petits ruisseaux de la contrée.
Rivières des vallées encaissées
Ce sont des rivières nées sur le site de Kinshasa. Toutes ces rivières naissent aux pieds des collines dont les pentes sont supérieures à 20 %, sur des versants raides, développant parfois des cirques d'érosions à leurs passages. Parmi ce rivières, on compte :
Rivière Lukunga
Elle est l'une des plus importantes rivières des vallées encaissées, raison pour laquelle elle a donné son nom au district administratif du même nom. La rivière Lukunga prend sa source à l’ouest sur les collines de Ngomba Kikusa à 520 m d'altitude dans la commune de Ngaliema. Sa largeur moyenne ne dépasse pas 10 m et sa profondeur est de 2 m. Elle traverse les quartiers de Ngaliema, Cité Mama Mobutu et une partie de Mont-Ngafula. Elle est alimentée sur sa rive droite par l'Ikusu et par la Mbinza. La rivière Lukunga trace naturellement la limite ouest bâti de Kinshasa.
Rivière Lubudi
La Lubudi prend sa source au pied versant de Djelo Mbinza à 450 m d'altitude. Elle reçoit les eaux de la rivière Makelele sur sa rive gauche. C'est ainsi qu'à partir de la commune de Bandalungwa, où se jette les eaux de la Makelele à la Lubudi, la rivière Lubudi prend le nom de rivière Makelele. Sur sa rive droite, elle reçoit les eaux de la rivière Basoko au niveau de Kintambo.
Rivière Basoko
Elle prend sa source à partir des collines de Bumbu, et traverse à son passage, les communes de Ngiri-Ngiri et Bandalungwa, avant de se jeter au fleuve au niveau de la baie de Ngaliema. La Basoko traverse une grande zone maraîchère et contribue énormément à cette pratique dans la zone appelée communément « la pépinière. » Le bassin Lubudi-Basoko comprend des grands collecteurs comme : Manieme, Komoriko, Inongo, etc.
Rivière Mampeza
C'est une petite rivière, à la dimension d'un ruisseau. Son cours d'eau principal et ses bras viennent du versant de la Devinière et drainent le nord du quartier Ngaliema, traverse la place commerciale de Kintambo appelée communement "Kintambo magasin" et le chantier naval Chanic avant de se jeter au fleuve au niveau de la baie de Ngaliema.
Rivières Bumbu et Funa
Les rivières Bumbu (11 km) et Funa (9 km) sont nées des collines du sud, plus précisement sur les hauteurs de Mont-Ngafula et de Mont-Amba1. Elles coulent parallèlement à travers les communes de Bumbu, Mont-Ngafula, Selembao, Makala et se joignent plus loin dans la commune de Kalamu. C'est à partir de cette jonction que la rivière est appelée par les Kinois, rivière Kalamu (Mayi ya Kalamu), car, traversant la commune du même nom. À partir de Kalamu, la rivière devient large de 2 à 3 m et profond de 1 à 3 m. La rivière Kalamu conflue avec la rivière Yolo avant de se jeter au fleuve Congo. De la source à l'embouchure, La Bumbu et la Funa parcourent près de 20 km avant de jeter au fleuve à proximité de l'état-major des forces navales, traversant à leurs passage, les communes de Selembao, Bumbu, Mont-Ngafula, Lemba, Makala, Kalamu, Limete et l'aéroport de Ndolo. La Funa a même donné son nom au district administratif de la Funa. La Funa est bétonnée en aval, sur les tronçons des avenues Sendwe et Victoire, dans la commune de Kalamu, et est particulièrement victime des jets de déchets de la part de la population. Déchets qui s'entassent en amont des ponts et réduit par ce fait même ces capacités d'écoulement et son débit.
Rivière Yolo
La Yolo prend sa source sur les versants du Mont-Amba dans la commune de Lemba et traverse trois communes : Lemba, Ngaba et Limete. Longue de 12 km et large de 3 à 5 m, la Yolo est profonde de 1 à 3 m et est alimentée par des eaux des divers ruisseaux. Le bassin de Yolo (10,58 km2) compte quelques grands collecteurs en dehors des ruisseaux qui l'alimente en eau. Son débit est de 5,25 m3/s, tandis que le débit de crue de novembre et décembre 2000 était de 64,47 m3/s. La baisse du débit est la conséquence des rejets d'ordures par la population riveraine, qui considère la rivière comme une décharge publique naturelle. Comme la rivière Kalamu, la Yolo est bétonnée partiellement en aval où les eaux sont canalisées.
Rivière Gombe
Comme la Bitshaku Tshaku, la rivière Gombe est considérée abusivement comme une rivière locale. Elle est par contre un collecteur d'eaux pluviales à ciel ouvert, qui se transforme en cours d'eau, dans son embouchure, avant de se jeter au fleuve Congo. Elle est l'unique rivière de la ville orientée est-ouest, contrairement à toutes les rivières de la ville, qui prennent la direction du sud vers le nord. Elle prend sa source sur l'avenue des Huileries, à proximité du camp de la police Lifungula dans la commune de Lingwala. C'est précisément là que commence ce collecteur, qui se transforme en rivière dans son embouchure, au fleuve. La Gombe traverse donc les communes de Lingwala, où se trouve sa source et de Gombe, où se trouve son plus long tronçon. La Gombe est longue de 4 300 m, profonde de 2 m et large de 6 m.
Rivière Bitshaku Tshaku
Comme la Gombe, elle aussi un collecteur qui se transforme en rivière, dans son embouchure, avant de se jeter au fleuve Congo. Elle prend sa source aux croisements des avenues Croix-rouges et Marché, et se jette dans le fleuve au niveau des installations du chantier naval Onatra à Ndolo, et après avoir traverser en souterrain la zone industrielle de la commune de la Gombe. Elle est longue de 3 km et collecte les eaux usées des communes de Barumbu, Kinshasa et Gombe. Comme détailler ci-haut, Kinshasa compte plusieurs rivières qui peuvent contribuer énormément à son assainissement. Une fois qu'il y a de la volonté politique, la ville peut bien bénéficier de cet avantage naturel qui est un atout majeur pour son urbanisation.
Caractéristiques des bassins versants hydrologiques
Les caractéristiques des bassins versants hydrologiques de Kinshasa sont données dans le tableau ci-après.
Source : IGIP, Rapport n°5, 2007
Chapitre : 3 Approvisionnement en eau potable
Ressources en eau de Kinshasa
Les ressources en eau de la Ville de Kinshasa sont essentiellement composées par :
- ?les eaux du fleuve Congo et des rivières urbaines;
- ?les sources d’eau;
- ?les nappes phréatiques et souterraines;
- ?les eaux pluviales.
Le niveau des nappes souterraines dépend de celui des eaux du fleuve Congo et des cours d’eau de la ville.
Usines de traitement d’eau potable
Créée en 1939, la société commerciale Regideso a quatre usines de production d’eau potable qui sont:
- ?l’usine de Lukunga
- ?l’usine de Ngaliema;
- ?l’usine de N’djili;
- ?l’usine de Lukaya.
Les deux premières tirent l’eau brute du fleuve Congo et les deux dernières respectivement des rivières N’djili et Lukaya.
Leurs productions se présentent de la manière suivante :Tableau : Production des usines de la Regideso
Source : Regideso
Les besoins en eau potable de la population kinoise sont évalués à 900000 m3/jour alors que la production est de 525000 m3/jour. En effet, ces usines fonctionnent en surcharge de production chaque jour. Si on considère que 64% d’habitants de Kinshasa ont accès à l’eau potable de la Regideso, on peut dire que la dotation individuelle est de 73 litres/habitant/jour. La consommation industrielle de l’eau potable de la Regideso ne présente que 6% du volume total distribué à Kinshasa (estimation 2004). Ce pourcentage faible s’explique par la chute des activités industrielles à cause de la situation économique difficile, la création des forages dans les parcelles, les branchements frauduleux sur le réseau Regideso et la classification de certaines industries dans d’autres catégories pour des raisons tarifaires.
Réseau de distribution de la Regideso
Des puis de traitement d’eau par la Regideso à l’usine de fourniture d’eau de Kinshasa- Ngaliema
Le réseau de distribution d’eau potable de la Regideso ne couvre pas l’entièreté de la Ville de Kinshasa. Il est implanté dans le centre d’affaires (commune de la Gombe), les anciennes cités de Barumbu, Kinshasa ainsi que les qurtiers Nord de Bandalungwa et Kintambo, les cités planifiées de Kasa-Vubu, Kalamu, Matonge, Matete, Lemba, N’djili, Ngaliema, Ngiri-Ngiri, certaines parties de Limete, Cité Mama Mobutu et Cité Verte. Les communes d’extensions informelles (Masina, Kisenso, Selembao, Bumbu, Makala, Kimbanseke, une partie de Mont Ngafula.
Accès à l’eau potable
L’accès direct de ménages à l’eau potable est de l’ordre de 64%, 25% s’alimentent au robinet de voisins et 11% aux puits ou aux sources. Le taux de pertes d’eau dans le réseau de distribution est de 20%.
Inondations
À Kinshasa, les zones inondables se retrouvent essentiellement le long de ses cours d’eau qui traversent la Ville. La situation est particulièrement préoccupante sur les berges des rivières Bumbu, Funa, Lukunga, Gombe, N’djili, Lubudi (Basoko), Thsangu, Mekori(Mokali), Yolo, Matete, Mampenza et ses affluents.
Tableau : Les rivières de la Ville et les Communes traversées
Érosions
Les zones collinaires ont été occupées anarchiquement par la population sans qu’on y ait préalablement installé les infrastructures de base (eau, électricité, voirie, systèmes d’évacuation des eaux usées...). Cette occupation a détruit toute la couverture végétale dénudant le sol, en grande partie, sablonneux. Ainsi, les eaux de ruissellement ont entaillé les versants de ces collines donnant naissance à des ravins aux multiples dimensions causant d’énormes dégâts humains et matériels des communes fortement touchées par les érosions sont les suivantes : Bumbu, Kisenso, Lemba, Makala, Mont Ngafula, Ngaliema et Selembao.
Gouvernance de l’eau
Plusieurs institutions nationales, provinciales et internationales interviennent dans la gestion de l’eau. Actuellement, on note des interactions entre les Ministères du Gouvernement Central par leurs services centraux, le Gouvernement Provincial et ses services décentralisés ainsi que les structures privées et de la coopération internationale. Ces attributions multiples ne favorisent pas la coordination des actions sur terrain et la bonne gouvernance du secteur de l’eau et de l’assainissement. On retrouve :
-Au niveau du Gouvernement Central :
-Direction Nationale de l’Hygiène (DNH);
- Ministère du Développement Rural :
-Service National d’Hydraulique Rurale (SNHR);
-Direction des Ressources en Eau;
- Ministère de l’Environnement : Direction des Ressources en Eau, Direction Nationale de l’Assainissement;
- Ministère de l’Intérieur :
-Direction de la Protection Civile;
-Comité National d’Actions pour l’Eau, l’Hygiène et l’Assainissement;
- Ministère des Transports et Voies de Communication :
-Régie des Voies Fluviales (RVF)
Au niveau du Gouvernement Provincial de Kinshasa :
- Ministère Provincial du Plan, Budget, Travaux Publics et Infrastructures :
-Comité Provincial d’Actions de l’Eau, l’Hygiène et l’Assainissement
- Ministère Provincial de l’Education, Environnement, Communication et Genre :
-Régie d’Assainissement et des Travaux Publics de Kinshasa (RATPK);
-Fonds d’Assainissement de Kinshasa (FONAK)
- Ministère Provincial de la Santé, Affaires Sociales et Actions Humanitaires;
- Commission Provinciale de Gestion des Catastrophes constituée de tous les Ministères Provinciaux de Kinshasa; c’est une Commission non permanente.
Chapitre 4 : Évacuation des eaux usées
Réseaux existants
L’ancienne ville de Kinshasa est équipée de réseaux d’évacuation des eaux pluviales fonctionnant en système unitaire : les habitants y déversent leurs eaux usées.
On les trouve dans les zones suivantes :
- le Centre des Affaires de Gombe;
- les anciennes cités (communes de Barumbu, Kinshasa, Lingwala, Kintambo;
- les cités planifiées (communes de Badalungwa, Kalamu, Lemba, Matete, N’djili);
- les nouvelles citées (communes de Kasa-Vubu, Ngiri-Ngiri).
Les réseaux secondaires de ces zones sont constitués des caniveaux à ciel ouverts, bétonnés ou maçonnés. Les réseaux tertiaires du Centre des Affaires et des cités planifiées sont constitués des canalisations en béton ou en maçonnerie assez bien structurés. Mais, les réseaux tertiaires d’eaux pluviales des anciennes et nouvelles cités sont composés de petits caniveaux maçonnés dont la majeure partie est aujourd’hui enterrée par le sable. Les cours d’eau de Kinshasa servent d’exutoires de ces réseaux d’assainissement urbain. Les déchets ménagers y sont jetés par les riverains les polluant ainsi quotidiennement. Il en est de même des eaux usées ménagères et des eaux vannes. Les eaux de ruissellement des sites collinaires y apportent également des quantités du sable qui modifie fortement la turbidité des rivières.
Collecteur des eaux pluviales nouvellement construit
Caniveau bouché, transformé en une poubelle
Assainissement domestique
Dans certains quartiers de la ville, on trouve des installations d’assainissement domestique suivantes :
- la latrine hygiénique ou fosse arabe;
- la fosse vidangeable;
- la fosse septique;
- les puits d’infiltration.
On retrouve les deux premiers équipements dans les quartiers ayant des populations à faibles revenus. Cependant, il est recommandé que les fosses arabes soient sur des terrains où la profondeur de la nappe aquifère est
supérieure à 2 m de profondeur. Par contre, pour la fosse vidangeable, elle doit être inférieure à 2 m. La fosse septique est observée dans les quartiers où les habitants ont des revenus élevés. Mais, on note l’absence totale des stations d’épuration de ces eaux usées qui sont jetées directement dans les rivières urbaines. Ainsi, leurs ressources en eau sont dégradées ou polluées d’une façon non négligeable donnant naissance à des maladies d’origine hydrique des riverains. En général, la mise en place des équipements individuels autonomes est dû au fait que la plupart de réseaux collectifs d’assainissement urbain ne fonctionnent plus correctement : ils sont bouchés par les détritus, le sable ou ils sont détruits
Conclusion
Pour relever les nombreux défis de la gestion des ressources en eau de la Ville de Kinshasa, le Gouvernement de la République par le Ministre de l’Energie et des ressources Hydrauliques a demandé à la Banque Africaine de Développement (BAD), un appui financier pour élaborer un schéma directeur de Gestion Intégrée des eaux Urbaines (GIEU) de la Ville de Kinshasa et une étude de faisabilité en eau potable de Kinshasa-Ouest.
L’Autorité Urbaine de Kinshasa attend de ce projet des solutions durables de la gestion des ressources en eau et de l’assainissement urbain. Pour le faire, il doit prendre en compte toute la problématique de ces secteurs avec ses défis. En effet, l’approvisionnement en eau potable et en services d’assainissement (AEPA) dans les zones urbaines qui connaissent une croissance démographique rapide, est une tâche de plus en plus difficile pour les gouvernements et les autorités municipales, ce qui est le cas de la Ville de Kinshasa.
Avec une population de près de 12 millions d’habitants en 2014 estimée à 15 millions en 2030, les enjeux sont en effet majeurs pour la Ville de Kinshasa. Le taux de desserte en eau potable est seulement de 64% avec un niveau de service qui n’est pas continu dans la plupart des 24 communes, et qui est souvent perturbé notamment lors de pluies abondantes et les fluctuations de l’approvisionnement en électricité; en ce qui concerne les services d’assainissement, les fosses septiques et les latrines traditionnelles sont les systèmes actuellement en vigueur, et les pratiques de défécation à l’air libre sont encore usuelles dans des zones périphériques. La vidange des fosses septiques se fait par des opérateurs privés qui déversent les boues de vidange directement dans les cours d’eau. De plus, une certaine confusion existe concernant les rôles et responsabilités des différents acteurs, avec des modèles de gestion et de renouvellement des coûts peu viables.
La sécurité hydrique dans les zones urbaines de Kinshasa est en effet un défi majeur et la plupart des modèles actuels de planification et de gestion des eaux urbaines ont montré leurs limites tant du point de vue de la rentabilité financière et de la performance technique que de l’équité sociale et de la viabilité environnementale. Un changement d’approche, qui doit aller au-delà d’une seule amélioration des indicateurs de performance, s’impose pour proposer une autre façon de concevoir et de penser la gestion des eaux en milieu urbain. Il est ainsi proposé d’adopter une nouvelle approche : la Gestion Intégrée des Eaux Urbaines (GIEU). Cette approche n’est pas un modèle prescriptif, mais un processus de développement qui invite les villes à ajuster certaines pratiques de planification et de gestion en vigueur, en tenant compte de leur propre réalité hydrologique et environnementale et du contexte socio-économique local. Le projet précité identifiera en outre les approches et actions contributives à l’adaptation et à la résilience aux changements climatiques ainsi qu’à la mitigation des impacts environnementaux en vue d’assurer la gestion intégrée des eaux urbaines de la ville d’une part; et d’assurer la desserte en eau potable de Kinshasa Ouest selon une approche intégrée.
Référence
- Monographie de l'eau de la ville de Kinshasa
- LELO NZUZI F., Kinshasa : Ville et Environnement, L'Harmattan, Paris, 2008, 284p.
- IGIP., Le plan d'action pour l'assainissement de la ville de Kinshasa, 2005.