Le 05/11/2017
Réserve de Faune à Okapi (RFO)
L'okapi, cet étrange mammifère ruminant de l'espèce des girafes qui n'est pas sans rappeler d'autres équidés comme le zèbre ou l'âne, est endémique à la RDC et à la forêt équatoriale de l'Ituri dans laquelle il vit et où il a été découvert en 1901. Bien qu'il soit maintenant avéré qu'il était déjà connu du temps de l'Egypte ancienne, comme l'atteste un bas-relief représentant l'animal datant d'il y a 2 500 ans... Si l'okapi n'a été découvert que tardivement, outre de par la région enclavée dans laquelle il vit, c'est surtout parce qu'il s'agit d'un animal extrêmement discret et solitaire, et donc difficile à observer. Aujourd'hui le nombre d'okapis vivant à l'état sauvage dans ce biotope spécifique du nord-est du Congo serait estimé à 10 ou 20 000 individus. La Réserve de Faune à Okapi (RFO) a été créée en 1992 dans le but d'oeuvrer à la conservation de cette espèce menacée et d'empêcher la destruction de son habitat dans la forêt primaire de l'Ituri, qu'elle contribue aussi à protéger en tant que réservoir unique de la biodiversité en Afrique et dans le monde.
La RFO couvre une surface de 13 700 km² et a été désignée site du Patrimoine Mondial par l'Unesco en 1996. Il s'agit d'une réserve et non d'un parc naturel, étant donné que des populations (de pygmées notamment) vivent sur ce territoire. L'okapi est devenu l'ambassadeur de la conservation au Congo, l'animal symbole du pays et de ses richesses naturelles en danger. C'est malheureusement d'une actualité criante puisque les 14 okapis en captivité de la Réserve d'Epulu - qui faisaient la fierté de la région et du pays - ont tous été tués en juin 2012, suite à une attaque de combattants Maï-Maï qui ont également exécuté plusieurs gardiens et détruit les bâtiments.
Station de capture
La station de capture d'Epulu est la porte d'entrée de la RFO. Celle-ci s'est en effet établie sur une ancienne station de capture à okapis initiée par les Belges du temps de la colonie, et qui alimentait les zoos européens et américains. Cette station sert aujourd'hui de quartier général aux équipes de l'ICCN et des différents organismes partenaires en charge de la réserve, dont l'Okapi Conservation Project. La station en tant que telle, sorte de zoo à okapis, accueillait donc jusqu'en 2012, 14 individus dont 6 provenaient de la dernière capture de 1992, les autres étaient nés sur place en captivité. Elle constituait l'unique chance pour les visiteurs d'observer ces animaux, impossibles à voir en milieu naturel par leur discrétion légendaire. En plus de permettre leur étude par les organismes scientifiques. Il n'y a donc pour l'instant plus d'endroit où l'on peut observer l'animal totem du pays, à l'exception de quelques zoos dans le monde qui possèdent l'un ou l'autre vieux spécimen ou des jeunes nés en captivité. L'espèce ayant en effet été interdite à l'exportation depuis 1992.
Mais il est prévu que tout soit reconstruit à Epulu et qu'une nouvelle opération de capture ait lieu, afin que la RFO dispose à nouveau de quelques pensionnaires pour l'étude et l'observation de cet animal emblématique. D'ici là, la réserve dispose tout de même d'autres sites naturels d'exception et circuits accessibles qui valent le détour (voir ci-dessous), bien que l'entièreté du territoire ne soit pas encore complètement sous contrôle. Certains endroits n'étant donc pas visitables à l'heure actuelle, mais les gestionnaires du site pourront vous aviser de manière fiable quant à l'accessibilité des différentes zones en temps réel. Les revenus du tourisme permettront en effet de réhabiliter le lieu pour remettre le projet sur les rails, comme un pied-de-nez à la tentative de ces groupes armés de le détruite pour piller impunément les innombrables ressources naturelles de la Réserve.
Autres sites & circuits
Mont Mbia : 20 min de marche depuis la station.
Mont Sidha : 2h de marche.
Le nord de la réserve, au relief plus marqué par de hautes collines, dispose également de nombreux attraits (animaux...) et est accessible à partir du poste de Nzaro à 100 km, en direction de Mambasa. Compter 2 à 3 jours de marche depuis le dernier poste. La route pour s'y rendre est cependant très difficile et accessible seulement en moto, pour broussards chevronnés et motivés. Mais la sécurité est rétablie dans cette zone.
Ce n'est pas le cas, au moment d'écrire ces lignes, des sites suivants que nous mentionnons tout de même (en cas d'évolution de la situation sécuritaire : se renseigner au préalable !) :
Edo Mewha : site naturel d'une grande beauté au sud de la réserve où vivent la plus grande population d'éléphants de forêt, des buffles, perroquets, chimpanzés... A deux jours de marche (avec bivouac).
Chutes Ngoy : les plus grandes chutes de 40 mètres de hauteur sur la rivière Ituri au sud de la réserve. A trois jours de marche de la station (avec bivouac). Combinable avec les Chutes Arabia dans la même zone.
Chutes Arabia : chutes de toute beauté entourées de forêt dense. Futur site touristique à développer par la RFO et l'ICCN. Circuit de cinq jours avec bivouac.
Il est par contre possible, à tout moment, de partir à la découverte des pygmées habitant la forêt environnante à proximité de la station d'Epulu. Pour une expérience insolite et dans une démarche totalement respectueuse dont sont parties prenantes les communautés pygmées, qui peuvent ainsi valoriser leurs pratiques et traditions tout en générant quelques revenus indispensables à leur survie.
Circuit de découverte du mode de vie des Pygmées Mbuti : chasse traditionnelle de nuit (avec bivouac dans la forêt), visite campement, balade en forêt, récolte du miel...
Il est également question d'ouvrir un musée en collaboration avec les communautés d'Epulu, ainsi que d'organiser la vente d'oeuvres d'art locales.
La station d'Epulu se situe à mi-chemin sur la route Nationale 4 entre Bunia/Beni et Kisangani dans le district de l'Ituri. Elle est accessible relativement facilement par route depuis l'une ou l'autre ville. En 4 à 6 heures de trajet, en voiture ou bus (Nile Coach, mais à éviter car peu fiable). Il est nécessaire d'avoir tout de même un bon véhicule, surtout en cas de grosses pluies. L'ICCN peut également organiser le transport sur demande pour 200$-250$ selon le point de départ. Possibilité également de rejoindre Epulu par avion petit porteur depuis Bunia avec la compagnie MAF.
Bien que le site eût subi les troubles de la région ayant entraîné la destruction de ses infrastructures d'accueil, une activité d'écotourisme avait repris depuis 2010. Jusqu'à l'attaque de 2012, où tous les bungalows ont à nouveau été détruits. En attendant leur reconstruction prochaine, il est possible de dormir sous tente (15$, auquel cas prévoir son matériel de couchage). Ou dans des petites guest houses très modestes du village mais néanmoins correctes, dont l'Hôtel Okapi (10$ la nuitée). Repas sur commande, en emportant de préférence des vivres (légumes...) depuis Beni, Bunia ou Kisangani. En attendant la construction de nouvelles infrastructures améliorant les conditions d'accueil des visiteurs.
A noter que l'ICCN fournit des invitations pour faciliter l'obtention du visa touristique pour visiter la réserve. Renseignements auprès de l'ICCN et de la station.
Informations et horaires sur EPULU
Chasse de nuit avec les Pygmées : 20$ par personne + forfait de ± 40$ porteurs, guide, repas et matériel). Promenade dans la réserve : 10$ par jour. Circuit de plusieurs jours : + 18$ (guide, porteur, repas).