Un bassin vivier d’une biodiversité vitale pour la planète
Dans le bassin du Congo, des cultures entières sont basées sur les ressources de la forêt. Des dizaines de millions de personnes en dépendent pour leur alimentation, leurs plantes médicinales ou leur approvisionnement en énergie. Ces forêts sont également d’une valeur écologique exceptionnelle. Ainsi, 415 espèces de mammifères, 11 000 espèces de plantes, 1117 espèces d’oiseaux et près de 1000 espèces de poissons ont été recensées pour la seule République démocratique du Congo (RDC). Éléphants de forêt, gorilles, bonobos et okapis sont parmi les espèces les plus emblématiques de cette extraordinaire biodiversité.
Un équilibre mis en péril par l’industrie du bois
En RDC, entre 2002 et 2008, 15 millions d’hectares (soit l’équivalent d’un quart de la France) ont été affectés à l’exploitation forestière en toute illégalité. Les conséquences environnementales et sociales sont dramatiques : forêts pillées, faune décimée, communautés locales déstructurées. Les bénéfices de cette exploitation ne vont ni collectivités, ni aux salariés de l’industrie du bois, qui travaillent dans des conditions déplorables.
L’argent va à quelques individus corrompus et à des industriels qui n’hésitent pas à recourir à l’intimidation, aux manipulations comptables et à l’évasion fiscale pour faire grossir leur chiffre d’affaires. En 2008, Greenpeace a ainsi dénoncé l’entreprise germano-suisse Danzer. Elle avait omis de payer près de huit millions d’euros de taxes. De quoi payer la vaccination de 700 000 enfants !
Une volonté affichée de préservation
Le gouvernement de RDC a fait preuve de volontarisme ces dernières années pour encadrer le secteur : nouveau Code forestier en 2002, moratoire sur l’attribution de nouveaux titres forestiers (proclamé en 2002, confirmé en 2005) et révision de la légalité des titres attribués. Cette révision s’est achevée en janvier 2009 par l’invalidation de 12 millions d’hectares ! Même si tout n’a pas été parfait au cours du processus (manque de transparence, faible implication des communautés locales, lobbying des grandes compagnies forestières), cette révision constitue un premier pas fragile. Les résultats de cette invalidation sont déjà menacés.
Une responsabilité mondiale
Beaucoup reste à faire et la création en novembre 2008 d’un bureau Greenpeace à Kinshasa traduit notre volonté de maintenir la pression pour que cesse le pillage de la forêt congolaise. En RDC, le moratoire ne devra être levé que lorsqu’un plan de zonage définissant les types d’usage du sol à l’échelle nationale aura été établi, qu’une gouvernance forestière efficace aura été garantie, que le cadre légal aura été complété et que de nouvelles forêts intactes seront protégées.
Il faut également que les bailleurs de fonds (la Banque mondiale, l’Agence française du développement) conditionnent leur aide à une protection du patrimoine forestier plutôt que d’être les complices de son pillage en fermant les yeux sur ce qui se passe en RDC. Ils ont cru que l’exploitation forestière pouvait être un facteur de développement. C’est le contraire qui s’est produit. L‘argent du contribuable français a financé l’appauvrissement des écosystèmes et des populations en RDC.
Enfin, il faut que les premiers clients du bois africain, l’Union européenne et la Chine, interdisent l’importation du bois « illégal » et du bois « pillé ». C’est à ces conditions que la forêt du bassin du Congo pourra enfin être protégée des forestiers dont l’intérêt n’est guidé que par des considérations économiques à court terme.
Un premier pas à été fait en 2013, avec le Règlement sur le bois de l’Union européenne (RBUE), aujourd’hui traduit dans le droit national français. Des premiers contrôles ont eu lieu, hélas insuffisants. Les importateurs français, tenus d’observer (et de pouvoir en justifier) la traçabilité de leur marchandise (c’est le principe de “diligence raisonnée”) sont souvent incapables de le faire. En outre, la situation politique est telle en République démocratique du Congo, qu’aucun bois en provenance de ce pays ne doit être toléré sur le sol européen, a fortiori sur le sol français.
Les dégâts naissants de l’agrobusiness
Dans certains pays comme le Cameroun, la République du Congo ou encore le Gabon, les agro-industries s’étendent et représentent une menace montante pour la forêt du bassin du Congo. En cause, la culture du palmier à huile à grande échelle (on parle aujourd’hui de « La dernière frontière de l’huile de palme” pour l’Afrique), de même que la culture d’hévéas, d’eucalyptus ou de cannes à sucre. Toutes ces plantations sont prises sur la forêt tropicale et constituent un moteur de plus en plus conséquent de la déforestation.
Greenpeace a notamment fait campagne avec succès contre la SGSOC (une concession de palmiers à huile) et la Socfin, qui possèdent plusieurs grandes plantations de palmiers à huile et d’hévéas et qui travaillent à une politique zéro déforestation basée sur l’approche HCS.
Greenpeace