Le projet Congolobe, une étude multidisciplinaire du complexe de lobes en éventail du Congo: aperçu des méthodes, stratégies, observations et échantillonnage
Le 24/06/2020
La région actuellement active de l'éventail des eaux profondes du Congo (environ 330 000 km 2 ), appelée lobes terminaux ou complexe de lobes, couvre une superficie de 2500 km 2 à 4700–5100 m de profondeur d'eau et 750–800 km au large. Il s'agit d'une zone sédimentaire unique dans l'océan mondial alimentée par un canyon sous-marin et un système de levée de chenal qui fournissent actuellement de grandes quantités de carbone organique provenant du fleuve Congo par les courants de turbidité. Cette particularité est due à l'incision profonde du plateau par le canyon du Congo, jusqu'à 30 km dans l'estuaire, qui canalise les sédiments du fleuve Congo dans les eaux profondes. La connexion entre le fleuve et le canyon est unique pour les principaux fleuves du monde.
En 2011, deux campagnes (WACS jambe 2 et Congolobe) ont été menées pour étudier simultanément la géologie, la géochimie organique et inorganique, et la micro- et macro-biologie des lobes terminaux de l'éventail des eaux profondes du Congo. En utilisant cette approche multidisciplinaire, les caractéristiques morpho-sédimentaires des lobes ont été caractérisées ainsi que l'origine et la réactivité de la matière organique, le recyclage et l'enfouissement des composés biogéniques, la diversité et la fonction des communautés bactériennes et archéennes dans les sédiments, et la biodiversité et fonctionnement des assemblages fauniques des fonds marins. Six sites différents ont été sélectionnés pour cette étude: quatre répartis le long du canal actif depuis l'entrée du complexe de lobes jusqu'au bord extérieur de la zone de dépôt de sédiments, et deux positionnés sur l'axe transversal et à une distance croissante du canal actif,fournissant ainsi un gradient dans la livraison des particules de turbidite et l'âge des sédiments.
Les teneurs en carbone organique et les vitesses de sédimentation observées dans les Lobes sont très élevées et en font la zone de stockage de carbone la plus importante de l'Atlantique Sud. Une partie majoritaire de ce carbone (70-80%) est issue de plantes terrestres. On y observe des écosystèmes constitués de larges bivalves et de tapis microbiens qui utilisent l'énergie chimique à la place de la lumière pour produire des tissus organiques et maintenir leur métabolisme (par chimio-autotrophie).
Les chercheurs répondent à de nombreuses questions relatives au carbone enfoui. Quels sont les bilans quantitatifs de matière ? Quelle est l'ancienneté des dépôts ? Quelle est la part des apports du fleuve Congo ? Quel rôle jouent ces processus régionaux dans le bilan carbone de la Planète ? Peuvent-ils fournir un modèle applicable à d'autres fleuves ?
D'autres problématiques concernent les écosystèmes. Comment fonctionnent-ils ? Quel est leur carburant ? Comment colonisent-ils le milieu ? D'où provient leur implantation en grande « tâches » ?
Source :
Science Direct
cea.fr