la langue ngba?ka? m??na?ge?nde? est reconnue comme e?tant une langue du groupe Niger-Congo situe?e dans la branche occidentale de la zone Est de l'Adamawa-Oubanguien dans laquelle sont classe?es les langues ?a?l?? (Boali en RCA), ma?nza? (Bouca, Kaga-Bandoro en RCA), ngba?ka?-ma?nza? (Damara-Sibut en RCA), ngba?ka? m??na?ge?nde? (Ge?me?na-Karawa en Congo) et ?o?f?? (Boda-Ngoto en RCA).
Le ngba?ka?m??na?ge?nde? est parle?par au moins 1 000 000 de locuteurs implante?s en R. D. congo, province de l'Equateur et dans des localite?s disperse?es en RCA (Quartiers PK5-Catin, Kouanga a? Bangui, 6, 7 villages sur la piste Bimbo-Mongoumba). Ce peuple s'est constitue? a?partir de nombreux brassages survenus par une succession de migration et de contacts avec les ethnies avoisiantes de cultures et de langues oubanguiennes. Avant l'occupation de l'Ubangi par des peuples bantous, un groupe utilisant une langue conside?re?e comme un substrat oubangui-ue?lien allait du nord de la R.C.A jusqua? l'extre?me est de la RDC. De ce groupe est issu les populations qui auront une identite?du nom de ngbaka.
"Les ancêtres fort lointains" demeurant a? l'ouest de l'Ubangi entre la Lua et la grande rivie?re [fleuve Congo] jusqu'au nord dans la courbe, pratiquent une langue devenu actuellement le ngbaka ma?o" et sont, comme toute population forestie?re, chasseurs-pe?cheurs et cueilleurs.
Les diffe?rentes invasions et vagues migratoires bantou de l'ouest (fang), du sud (ng?mbe, tanda) et de l'est (binza, budja) ainsi que les pressions qui les accompagnent, incitent une partie des "lointains ancêtres ngbaka" a?passer de la rive gauche a? la rive droite de l'Ubangi (vers la RCA actuelle). Certains resteront proches de part et d'autres des rives de l'Ubangi, ce sont lesngbaka ma?o actuels. Attention, ces derniers ne sont pas à confondre avec les ngba?ka?m??na?ge?nde?actuels, ils se sont fort différenciés aussi bien sur la plan linguistiques que dans leurs pratiques sociaux culturelles. ils appartiennent d'ailleurs à un autre sous-groupe linguistique : gba?nz??l??-se?re?, (la langue ngba?ka? ma??o? est essentiellement e?tudie?e par J.M.C. THOMAS , 1963 et années suivantes).
En fait, dans le flux migratoire, d'autres vont s'installer essentiellement entre les rivie?res kemo, Tomi et Ombella (en RCA). Ces " ngbaka" pour s'implanter cherchent des allie?s, un moyen pacifique de survie et acque?rir les techniques agraires justifie?es par leur nouveaux e?cosyste?mes. Les habitants de la rive droite touche?s par leurs migrations sont compose?es de populations oubanguiennes (monzombo, banda, gbaya, manza) qui e?galement subissent les me?faits et l'influence des ethnies bantou puis soudannaises. Les "ngbaka" rencontrent la protection de ces populations hospitaliaires et agricoles. Le brassage inter-ethnique se renforce avec les alliances d'e?changes de filles avec leurs ho?tes et favorise ainsi l'expression d'une nouvelles entitie?ethnique : le re?gime patriline?aire justifie la conservation du nom Ngbaka, le maintient de nombreux termes claniques et de lignages, d'objets et des re?fe?rences sociales spe?cifiques a?des populations forestie?res ; les enfants assimilent et favorisent la langue et les pratiques culturelles de leurs me?res, charge?es de leur e?ducation (gbaya, manza, voire banda). Issue de la tradition orale m??na?ge?nde?Ve?dast MAES rapporte : ?o?be? ngba?ka? ma??o?, wá ?a?na?pa?la?t??? nu?ya?á wa?; ?o?be? ngba?ka? m??-na?-ge?-nde?, wa?t???nu?yámba? wa?". Les enfants ngbaka Mabo parlent la langue de leur ance?tres, les ngbaka minagende parlent la langue de leurs oncles maternels".
Hotte de portage féminine, ethnie Ngbaka- Mabo, Sud-Centrafrique
Ainsi, vers 1830, toute la re?gion touche?e est devenue identite?e et pays ngba?ka? m??na?ge?nde?. Cette tranquillite? ne s'aurait persister. Ils doivent fuir alors les attaques des yangere, ethnie banda guerrie?re qui sont soumis aux chasseurs d'esclaves et arabise?s. En effet, les migrations est-ouest plus ou moins pacifiques, provoque?es essentiellement par la pe?ne?tration des soudananis depuis le XIIe? sie?cle, se poursuivent a? l'inte?rieur et a? l'exte?rieur de la RCA. Ils traversent progressivement le fleuve Oubangui (Ubangi). en effet, la re?gion du R.D. Congo, lieu de re?sidence actuelle de nos ngbaka, est depuis cette pe?riode le passage et l'implantation de plusieurs ethnies qui progressivement de par leur pression de?mographique vont e?loigner les ethnies bantous locales vers des contrées plus au sud de la région :
- ngbandi - Mabti au XVIIe et XVIIIe sie?cle,
- banda : t?gb?, langbase, m?n?, ng?bu
- les mbanza a?la fin du XVIIIe sie?cle avec des furu (population tchadique du groupe SARA),
- des gbaya et manza
Ainsi, lorsque les migrants ngbaka arrivent au Congo, apre?s multes pe?ripe?ties, ils se regroupent et s'installent vers les sources de la Lua 'Dekere [?u?a? ???k??r??], la Loko [Lo?ko?] et la kele [ke?le?]. Ils ont pour voisins au nord les ng?mbe (bantou) , l'est les ngbandi et au sud les mbanza. Leur explosion territoriale s'effectue ensuite au de?triment des Mbanza se transportent un peu plus loin sans combat pousse?e par la forte de?mographie ngbaka.
La situation vers 1890, date d'influence de l'occupation coloniale va a?nouveau les disperser avec la guerre d'insoumission "mbolo Mbati" qui est mene?e contre les sympatisants procolons ngbandi, arme?s pour soumettre les populations locales. L'e?tendue linguistique ngbaka à la fin de celle-ci s'e?tend alors sur tout le bassin des deux Lua [?u?a?], en aval de la riv??ere nguya [ngu?ya?] et au sud au dela? de la libala [l??ba?la?]. Les mbanza, quant a? eux, forment un demi-cercle autour d'eux : vers l'est, vers le sud et vers l'ouest (bassin de la Mbari).
D'apre?s Vedast MAES, "en 1850, on a une population d'environ 50 000 personnes qui a du conque?rir ses terres sur d'autres population [plus ou moins] hostiles et qui, durant ce temps migratoire, a du? se procurer des vivres. Toutes cette foule d'immigrants ne devaient pas e?tre seulement minage?nde mais me?le?es a? des clans manza et gbaya. Le noyau dur e?tait certainement des nbgaka-manza; le nom ngbaka a pre?valu et s'est e?tendu a? tout le territoire. L'e?clatement des familles et des villages lors de la guerre du "mbolo mbati" a permis l'extension du territoire de l'habitat mais celui-ci aurait du de?truire ou tout au moins dissoudre l'homoge?ne?ite? linguistique de cette population estime?e a?1 000 000 individu. L'administrateur PECHEUR favorise le rassemblement de 1920-24 : son objectif consiste à rassembler la diapora disse?mine?e entre les diffe?rentes ethnies et de rassembler les familles. Son premier objectif re?ussi et permet de retrouver une homoge?ne?ite?linguistique et culturelle mais pas le second comme on peut encore le constater actuellement avec la similitude des noms de village (terme du lignage) représentés et dispersés dans diffe?rentes secteurs du territoire.
Les populations du groupe GBAYA-MANZA-NGBAKA sont ge?ne?ralement des chasseurs de savane et des cultivateurs. Et quand on regarde les termes traditionnels , on remarque bien que l'activite? de base des ngbaka est l'agriculture. Dans le contexte semi-forestier avec la présence de tre?s nombreux cours d'eau, ils pratiquent des activite?s de cueillette et de pêche qui constituent un comple?ment vivrier voire parfois de rente. Le gibier, de par la forte densite? de?mographique est rare, c'est pourquoi l'e?levage (porc, volaille, che?vre) a largement remplace? la chasse individuelle et collective de moyen et gros gibiers. Seule une activite? de pie?geage individuel substiste pour la capture de petitis gibiers (rats, mangouste, etc.)
Suite a? ses nombreux passages et brassages ethniques et linguistiques, nous aurions pu nous attendre a? une grande diversite? linguistique entre les locuteurs. La pre?sence de dialectes ou de re?gionalismes auraient dues être significatifs. Or, même ces derniers demeurent minimes, les locuteurs ngbaka forment une unite? ethnique et linguistique bien e?tablie sur 30 000 km2 dans des villages fortement peuple?s, circonscrits et approche?s les uns des autres. La population reste tre?s patrilocale mais n'exclut pas la proximite? et les relations d'e?changes mate?rielles avec quelques familles kunda ("Gens d'eau"bantou) implante?es le long des rivières nguya et mbari.
Jusqu'a?pre?sent sur le plan linguistique, nous admettions deux formes dialectales ngba?ka?: le parlers de l'Ouest (?wamanda) couvrant le secteur ?wamanda-Tandala-?obitoet le parlers de l'Est (Karawa) couvrant le secteur ?ominenge-Takaya-Gbosasa-Bobadi- un partie de Ge?me?na (qui de par sa situation urbaine et centrale favorise le brassage linguistique). es soi-disant dialectes restent tre?s intercompre?hensibles. Les diffe?rences valide?e ouest/est ne touchent aucunement la re?partition et la distribution des tons dans le lexique et dans la chaîne parle?e ni les caracte?ristiques grammaticales.
En revanche, les variantes sont d'ordres phone?miques (par ex : p/f) et l'inte?gration de termes lexicaux issus le plus souvent d'emprunts de voisinage ou acquis lors des migrations. C'est pourquoi, le terme "re?gionalisme" paraît peut-être plus approprie? que "dialecte".
D'autres particularismes sont e?galement enregistre?s a? l'inte?rieur de ces 2 secteurs ge?ographiques: tre?s marque?s dans la re?gion de Bokilio (a?l'extre?me ouest, au nord-ouest de la Lua), moins marque?s et diffe?rents au dela?de la lu?a?Vindu sur la route de ?okada et le secteur de ?ossobolo. Parmi la population de ce dernier secteur, on constate la pre?sence de minorite? qui se dise e?tre ngba?ka?gb?? (environ 2000p.) parler une langue plus proche du ngba?ka?-ma?nza?que du m??na?ge?nde?(villages autour de ?okada kp?ngb?). Cette population semble issue des dernie?res migrations centrafricaines. On remarque également que petit a?petit une homoge?ne?isation linguistique vers du minage?nde par le fait des marriages, des contacts et certainement l'alphabe?tisation en ngbaka chez les adultes devient de fait.