COVID-19 : la RD Congo, est le principal pays producteur du quinquina, cet arbre qui pourrait fournir le médicament pour lutter contre le coronavirus
COVID-19 : la RD Congo, est le principal pays producteur du quinquina, cet arbre qui pourrait fournir le médicament pour lutter contre le coronavirus
L'écorce de quinquina ou quinquina est une matière médicale constituée d'écorce séchée d'arbres du genre Cinchona (C. pubescens, C. calisaya, ou de leurs hybrides), contenant au minium 6,5% d'alcaloïdes totaux dont 30 à 60 % sont constitués des alcaloïdes du type de la quinine (selon la définition officielle de la pharmacopée européenne, Bruneton, 2009).
Le terme "quinquina" est polysémique : il peut aussi bien désigner l'arbre de l'espèce Cinchona officinalis que le genre Cinchona et donc servir de terme générique pour n'importe quelle espèce du genre (quinquina rouge, quinquina jaune, etc.). Par métonymie, il désigne aussi l'écorce de quinquina.
Coronavirus : La quinquina qui produit la chloroquine pourrait soigner le Covid-19
Le 29/03/2020
Une équipe de chercheurs de l’Université de Qingdao (Chine) et de l’Hôpital municipal de la même ville ont publié les données d’une étude clinique qui suggère que le médicament chloroquine, dont la principale composante est la plante de la quinquina que nous voyons dans l’écu du Pérou, a “une efficacité apparente et une sécurité acceptable contre la pneumonie” associée au coronavirus (COVID-19).
Cette étude a été publiée dans la revue ‘Bioscience Trends.
Ainsi, les spécialistes ont recommandé d’inclure ce médicament dans les guides de traitement pour le coronavirus de Wuhan. Il convient toutefois de préciser qu’il reste encore un certain nombre de contrôles essentiels pour valider l’utilisation de la chloroquine comme traitement utile contre une éventuelle pandémie. À cela s’ajoute le fait que la consommation du médicament sans supervision médicale peut être dangereuse.
Actuellement, on observe une flambée des prix sur le marché mondial. Une hausse continue. Les écorces du quinquina sont vendues à plus de 1,50 dollar, la poudre de totaquina à 52,80 dollars et à 89,76 dollars le kg.
Coronavirus : la RDC, terre du quinquina, au centre des enjeux mondiaux (Par Arthur MALU-MALU)
Face au Covid-19, des traitements associant la chloroquine, produit synthétique inspiré de la formule chimique de la quinine, seraient prometteurs. La RDC dispose, au Kivu, de vastes plantations de quinquina, un arbre dont l’écorce contient de la quinine, réputée pour ses propriétés antipaludiques. Dans la crise sanitaire actuelle, le pays pourrait avoir une carte à jouer. Les explications d’Etienne Erny, directeur général de la Pharmakina, le géant de cette filière dans le pays.
Propos recueillis par Arthur Malu-Malu.
Comment comptez-vous vous positionner face aux enjeux thérapeutiques actuels ?
Etienne Erny : La planète entière parle de la chloroquine qui est une forme synthétique de la quinine. La quinine est naturelle. La chloroquine et la quinine sont des antipaludéens connus depuis des décennies. A ce stade, il n’y a aucun effet clinique qui ait été fait avec la quinine in-vitro et in-vivo. Nous sommes en contact avec des laboratoires actuellement, pour voir si la quinine pourrait être utile. Notre fierté serait naturellement de pouvoir contribuer à la lutte contre le coronavirus, en Afrique dans un premier temps, s’il était avéré que cette quinine éventuellement associée à un antibiotique bien spécifique, pourrait être concluante. Nous pourrions accroître nos capacités si de nouveaux investissements étaient réalisés.
Les autorités congolaises vous ont-elles contacté dans le cadre de la lutte contre la pandémie ?
Etienne Erny : Nous sommes en contact depuis quelques jours. Jour et nuit. Nous essayons de voir comment trouver des solutions ensemble. Cette situation préoccupe le président Félix Tshisekedi et tout son entourage qui veulent voir ce que la Pharmakina peut apporter dans le cadre de cette lutte.
Quelle superficie couvrent les plantations de la Pharmakina ?
Etienne Erny : Nous avons 4000 ha. Les surfaces sont vastes et distantes, mais en quinquina pur, c’est-à-dire en arbres de quinquina, nous exploitons une surface équivalente à 1500 ha. Le reste étant des boisements d’eucalyptus et autres. Nos plantations s’étendent du Sud-Kivu jusqu’au Nord-Kivu. Nous avons également des plantations au Rwanda.
Quelle est la production annuelle de la Pharmakina et quelle est sa part dans la production mondiale ?
Etienne Erny : Sans disposer de statistiques affinées, nous pouvons estimer à 400 tonnes de quinine par an les besoins du marché mondial. La Pharmakina génère près du tiers de cette production. Si nous augmentons nos capacités, nous pourrons fournir jusqu’à 40 % de la production mondiale de quinine.
Faites-vous la transformation du quinquina en quinine sur place ?
Etienne Erny : C’est notre force. Sur le continent africain, nous sommes la seule entreprise qui part de la culture du quinquina depuis le laboratoire in vitro, la multiplication de plantules, les clonages, la protection contre différentes maladies jusqu’à la pousse de l’arbre, jusqu’à sa maturité et jusqu’aux produits finis. Nous nous ravitaillons aussi auprès des planteurs locaux pour faire vivre la région. Le Kivu représente actuellement 80 % du potentiel mondial en termes de production. Je tiens à souligner que c’est un patrimoine de la RDC. Notons que beaucoup d’écorces de la RDC sont exportées dans d’autres pays pour y être transformées. C’est une forme de délocalisation de la valeur ajoutée. Nous nous battons pour protéger l’industrie locale et nous en appelons au soutien du gouvernement, lequel manifeste également cette volonté.
Que comporte la gamme de vos produits finis ?
Etienne Erny : Nous avons des comprimés avec des dosages différents, 100 mg, 250 mg, 300 mg… 500 mg, 600 mg… Nous avons des formes liquides pour les enfants, des gouttes, des sirops et des produits injectables qui sont très recommandés pour les cas sérieux de malaria.
Tous ces produits sortent-ils de vos laboratoires du Kivu ?
Etienne Erny :Tout à fait. Nous faisons toute la chaîne, depuis la matière première jusqu’au produit fini. Nous faisons une gamme variée de produits, et toute la valeur ajoutée est réalisée dans le Kivu. Nous employons plus de 600 personnes en contrat à durée indéterminée et plus de 500 journaliers. La grande majorité des employés est constituée de Congolais. Les effectifs d’expatriés sont très réduits, nous sommes passés de 20 expatriés à 3. Le staff congolais est très compétent et expérimenté. Ce sont, entre autres, des ingénieurs bien formés qui nous aident à diriger l’entreprise ensemble.
Avez-vous des accords avec des firmes pharmaceutiques congolaises ou étrangères ?
Etienne Erny : Nous avons des relations contractuelles avec des clients pour les contrats pluriannuels concernant les exportations de sels de quinine dans le cadre de l’industrie des boissons. C’est notre activité principale. La quinine est le produit préféré des Congolais pour lutter contre la malaria. Nous le savons après une présence de plus de 60 ans dans le pays. La quinine est naturelle et connue depuis plus de 400 ans, d’abord au Pérou, en Indonésie, avant d’être introduite par le roi des Belges en RDC.
Nos plantations sont une vraie fierté pour la RDC. Nous détenons ce potentiel, parce que dans les autres pays, qui avaient aussi des plantations de quinquina, les cultures ont été ravagées par des maladies provoquées par des champignons. Nous avons protégé nos cultures dans un laboratoire in-vitro dans lequel la Pharmakina s’est investie il y a de nombreuses années. Cette approche nous a permis de pérenniser la culture et d’apporter ce savoir-faire à beaucoup de planteurs du Kivu.
Quels pays de la région figurent parmi vos clients ?
Etienne Erny : Tous les pays qui sont autour de nous. Pour les produits finis nous avions un impact sur certains pays de la Communauté économique des pays des grands lacs, pour les sels de quinine sous forme de principe actif, nous couvrons l’Afrique de l’Est et australe. La RDC reste au cœur de notre dispositif en matière de produits finis. Nous exportons des sels de quinine destinés à l’industrie pharmaceutique.
Derrière la bataille de la chloroquine se cachent de gros enjeux financiers. Les lobbys pharmaceutiques jouent leur va-tout pour tenter de placer leurs produits qui coûtent forcément plus cher que la chloroquine…
Etienne Erny : La chloroquine était un traitement bon marché autrefois. Actuellement, compte tenu de l’évolution de l’offre et la demande, la valeur du produit a augmenté. Notre intention est d’aider, par un traitement approprié, dans la mesure du possible, la population congolaise, voire africaine ou mondiale, à sortir de cette grave crise. La santé est prioritaire. Le reste pourra suivre. Cette pandémie terrorise toute la population.
La production et les marchés de Pharmakina
Le gros de la matière première de Pharmakina provient de ses propres plantations, qui représentent quelque 1500 hectares sur les 4 000 ha de boisements que compte la société, dont 2400 hectares dans le Nord et le Sud Kivu et 200 ha au Rwanda. Pour compléter ses besoins, l’entreprise achète un peu d’écorces à des coopératives et des petits fermiers.
Pharmakina est l’une des rares industries pharmaceutiques congolaises à avoir ciblé l’export, un marché qui représente environ 40 % de son chiffre d’affaires. Ce sont principalement les sels de quinine qui sont exportés. Les marchés ? L’Afrique (dont le Kenya, l’Éthiopie, l’Ouganda, la Tanzanie, la Zambie, l’Afrique du Sud, le Malawi, le Sénégal, le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire et le Cameroun.), l’Asie (Chine, Inde et Pakistan) et l’Europe (Espagne, France, Allemagne et Royaume Uni).
Outre quelques clients dans la sous-région (Rwanda, Burundi, Congo-B, Malawi, Zambie, Nigeria), le gros des produits finis est écoulé sur le marché congolais. Kinshasa où l’entreprise compte une représentation, absorbe environ 60 % de la production.
MDMM
Date de dernière mise à jour : lundi, 30 mars 2020
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