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- Mai 1978-mai 2021, il y a 43 ans l'armée française Déclencha l'opération Léopard au Zaïre, Première et deuxième guerre du Shaba (Kolwezi)
Mai 1978-mai 2021, il y a 43 ans l'armée française Déclencha l'opération Léopard au Zaïre, Première et deuxième guerre du Shaba (Kolwezi)
Une première « guerre » du Shaba se termine-t-elle en mai 1977 qu'un an plus tard tout recommence. Le 13 mai 1978, plusieurs centaines d'hommes en armes — les « ex-katangais » qui se réclament du Front de Libération nationale du Congo s'emparent de la ville de Kolwesi.
Première guerre du Shaba
Historique?
Le conflit a débuté le , lorsqu’environ 2 000 membresdu Front national de libération du Congo (FLNC) ont envahi le Shaba, province du sud-ouest du Zaïre, avec le soutien gouvernemental de l’Angola, du MPLA et l’implication possible des troupes de Cuba.
Le président Mobutu Sese Seko du Zaïre a lancé un appel pour un soutien extérieur, le 2 avril. La guerre a pris fin lorsque 1 500 hommes de troupes marocains, transportés par avion vers le Zaïre le 10 avril par le gouvernement français, ont repoussé les rebelles du FNLC. L’attaque a entraîné des représailles du gouvernement, ce qui a conduit à l’exode massif de réfugiés ainsi qu’à l’instabilité politique et économique au sein du Zaïre lui-même.
Le FLNC a effectué une seconde invasion l’année suivante, la deuxième guerre du Shaba.
Date |
8 mars - |
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Lieu |
Shaba, Zaïre |
Zaïre
Soutenu par :
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Katanga (FLNC anciens gendarmes Katangais) Soutenu par :
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Nathaniel Mbumba
Nathaniel Mbumba (ou Nathanaël) est un général de brigade rebelle zaïrois. Il est le fondateur et le président des rebelles katangais du Front national de libération du Congo lors des conflits de la première et la deuxième guerre du Shaba, en marge de la guerre civile angolaise, à la fin des années 1970.
Biographie
Après avoir été à la tête de la police de Kolwezi au temps de Moïse Tshombé, il est arrêté par les forces de Seti Yale au temps de l'épuration de la police zaïroise. Mais il parvient à s'échapper et gagne l'Angola, où les services secrets portugais de la PIDE le poussent à fonder le front national de libération du Congo (FNLC) le 18 juin 1968. La rébellion qu'il mène a pour objectif de redonner le pouvoir aux Lundas, peuple dont il est issu, dans la province de Katanga.
Il hérite des services secrets portugais le grade de colonel, et se trouve à la tête d'un des trois bataillons de Fiéis. Après avoir bravement combattu les rebelles du FNLA en Angola, il reçoit le grade de général de brigade après avoir suivi une formation à l'Academia Militar de Lisbonne (en), et remplace le colonel Kalonga à la tête des Fiéis.
Mais après la chute de régime de Salazar au Portugal, Mbumba et ses 2 400 hommes doivent faire un choix entre rejoindre le MLNA, soit rentrer au Zaïre (avec la quasi-assurance que l'offre d'amnistie de Mobutu se traduirait par son exécution) ou un transfert vers l'Afrique du Sud (peu encline à accueillir des troupes noires hostiles à leurs alliés). Mbumba et son FNLC rejoignent le MPLA le 17 décembre 1974, alors même que les 1 500 partisans de la Révolte de l'Est de Daniel Chipenda viennent de quitter le MPLA. Ses hommes, dénommés désormais les « Tigres », repoussent l'UNITA au nord de la ligne de chemin de fer reliant Lobito à Dilolo ; Mbumba contrôle alors un territoire diamantifère important.
Après l'indépendance de l'Angola le 11 novembre 1975, Agostinho Neto reconnaît la valeur de l'aide apportée à sa cause par les hommes de Mbumba, et leur assure son soutien pour retourner au Zaïre. Mais peu après l'accord intervenu entre Neto et Mobutu Sese Seko, signé le 28 février 1976, le journal belge Choc indique que Mbumba et ses hommes persistent dans l'accomplissement de leur but, la prise de pouvoir dans le sud du Zaïre. Les Forces armées populaires du Congo (FAPAC) bénéficieraient même d'une aide militaire de l'Union soviétique. Le 8 mars 1977, Mbumba déclenche son offensive sur le Shaba, mais il est repoussé après l'arrivée des renforts marocains venus apporter leur appui aux forces armées zaïroises.
L'Angola, dans l'espoir de donner plus de chance à une future entreprise de ce genre, tenta un rapprochement entre le FNLC de Mbumba et le PRP de Laurent-Désiré Kabila. Mais peu après la constitution du Conseil suprême de libération, sous l'égide de Neto, Mbumba dénonce l'accord, ne voulant pas de partage de pouvoir avec Kabila, de l'ethnie baluba. Mbumba, pendant cette mise en sommeil du conflit, en profite pour s'accaparer certains moyens de la Diamang (en), compagnie nationale angolaise des mines de diamant. En particulier, les camions et le carburant pris à l'entreprise lui permettent d'engager l'opération Colombe. Le 12 mai 1978, les 3 000 Tigres passent à travers la Zambie, et cette fois-ci atteignent Kolwezi. Mais peu de temps après, l'opération menée par les Européens sur Kolwezi les contraignent à retourner en Angola, non sans emporter un important butin.
Arrêté en 1979 par le gouvernement angolais, Mbumba est expulsé au Zaïre, où il est emprisonné. Il est gracié lors de la Conférence nationale souveraine du début des années 1990, ayant quitté la tête des FAPAC au profit de Simon Kasongo. Il vit dès lors à Kinshasa.
Source : Jean Pierre Sonck, « L’odyssée des Tigres Katangais »
Deuxième guerre du Shaba
Historique?
Les forces du FLNC étaient concentrés à Caianda en Angola. Elles feront un détour pour s’infiltrer au départ de la Zambie, à 80 km de Kolwezi, transporté par des véhicules de l'armée cubaine.
Le 11 mai 1978, peu après minuit, de 3 000 à 4 000 rebelles du FNLC s’infiltrent en silence au Zaïre, venant de Zambie.
Organisée en 11 bataillons, chacun de 300 hommes, la force se divise en deux groupes. Un groupe d’environ 1 000 hommes se dirige vers Mutshatsha pour couper le chemin de fer.
Le deuxième groupe doit saisir la ville de Kolwezi et détruire les mines. L’infiltration est facilitée par des éléments katangais infiltrés dans la population.
Le Shaba est défendu par la Division Kamaniola, une division mal formée par les conseillers militaires de l'armée nord-coréenne, mal équipée et mal commandée. Le quartier-général de la 14 brigade et un bataillon se trouve à Kolwezi.
L'offensive commence le 13 mai à 05 h 30 par une attaque surprise de 1 000 hommes du FNLC sur l'aérodrome de Kolwezi. A 14 h 00, l’aérodrome est aux mains du FNLC qui détruit tout le matériel qui s’y trouve (1 hélicoptère Puma, deux Alouettes, six Aermacchi, deux Cessna)
À 17 h 50, le FNLC occupe l’aérodrome, la vieille ville de Kolwezi, l’hôpital de la Gecamines et l’école belge.
Six coopérants militaires français (équipages des hélicoptères) qui se trouvaient à l’hôtel Impala près de la poste sont exécutés.
Au départ, les troupes du FNLC bien disciplinées n’éprouvent aucune animosité envers les Européens, mais elles se livrent à des pillages.
À Kolwezi, le quartier général de la 14 brigade de la division Kamaniola est défendue par une grosse compagnie du 142e bataillon. Ce sera la débandade et la fuite. Il est pris le 15 mai.
La 31e brigade parachutiste, en constitution à Kinshasa, encadrée par les Français, prépare une intervention, mais le cadre français ne peut pas accompagner le 311e bataillon qui est mis en état d’alerte.
Les FAZ sont incapables de redresser la situation, Le FNLC prend Mutshasha le 15 mai ainsi que la sortie de Kolwezi vers Likasi et atteint la Lualaba. Kolwezi est encerclée.
Les troupes du FNLC changent alors de comportement, se livrent à des pillages et à des exactions sur les populations zaïroises et européennes à Kolwezi.
Opération « Léopard » : l’intervention française au Zaïre.
- Kolwezi 17 mai-16 juin 1978
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En 1977, pendant la première guerre du Shaba, la mission d’assistance française peut établir l’ordre de bataille des Katangais, connaître leur armement et apprécier leur comportement au combat. Les rebelles sont stoppés après deux cents kilomètres de marche forcée à travers la savane, par l’action conjointe du corps expéditionnaire marocain et de la division Kamanyola rameutée de Kinshasa.
1978 ne fait pas exception à la règle. Soutenus par les Cubains d’Angola, les rebelles katangais semblent viser un double but : s’emparer du Shaba, l’ex-Katanga, et déstabiliser le président à vie Mobutu Sese Seko Waza Banga. Luttes de clans, luttes tribales, mais aussi guerre économique : le sous-sol du Shaba est l’un des plus riches d’Afrique. Sauvage et primitive, cette guerre, où l’idéologie n’a pas de prises, est avant tout le martyre de la population civile. Dans un premier temps, Mobutu, grâce à sa division d’élite Kamanyola et au corps expéditionnaire marocain qu’Hassan II a mis à sa disposition, a pu enrayer l’action des ex-gendarmes katangais.
En mars 1978, à la suite d’une réunion entre Algériens, Angolais et activistes du Front National de Libération du Congo, les services secrets zaïrois sont informés de l’éventualité d’une opération de déstabilisation dans la région du Shaba, région riche en matières premières stratégiques, un ‘’scandale géologique’’. Les miliciens du F.N.L.C., hostiles au président Mobutu, proclament la sécession du Shaba car sa richesse leur permet de revendiquer une indépendance assurée d’un minimum de cohésion nationale grâce à la position dominante de l’ethnie Lunda. Ils sont assistés par des officiers cubains et est-allemands. En effet, les conseillers cubains, au nombre d’une vingtaine de mille en Angola et quelques agents soviétiques sont décidés à pousser un nouveau pion dans l’échiquier africain.
La veille de l’attaque, l’armée zaïroise dispose de quatre brigades dépendant de la division Kamanyola. Trois brigades, la 11e, la 12e et la 14e sont implantées au Shaba, la 13e dans le Bas-Zaïre. La 11e et la 12e tiennent le secteur frontalier, étalées face aux garnisons des bataillons katangais. La 14e, la plus récente, commandée par le général Thsikewa, est constituée d’éléments disparates. C’est la raison pour laquelle le général Ba Bia lui a confié le secteur de Kolwezi, protégé par la neutralité de la Zambie.
Jeudi 11 mai, les rebelles katangais sont pourtant bien décidés à réussir dans leur entreprise. Premier objectif, Lubumbashi, l’ex-Elisabethville, et sur leur parcours, Kolwezi, ville du sud du Zaïre, la petite cité minière de la Gécamines. La Gécamines est l’héritière zaïroise de l’Union minière du Haut-Katanga, cet empire qui avait fait la fortune de la Belgique. En dépit de sa nationalisation, la Gécamines est une des plus puissantes sociétés au monde : le Zaïre est devenu le premier producteur de diamants et le sixième producteur de cuivre. Symbole du ‘’colonialisme’’, recelant environ 3 000 Blancs qui assurent la bonne marche de la mine à ciel ouvert et des différents services ou commerces de la ville, elle compte plus de 200 000 habitants ; elle mérite une attention particulière des Tigres du Front national de libération du Congo (F.N.L.C.) de Nathaniel M’Bumba. Elle est constituée de plusieurs quartiers distincts, nettement séparés : Vieille ville, Nouvelle ville, Manika, la ville indigène, et dans un rayon de 10 à 15 kilomètres, de cités satellites et d’usines.
Samedi 13 mai, à l’aube, transportés par la 2e division cubaine, après avoir franchi la frontière en passant par la Zambie, pays neutre, les Katangais attaquent Kolwezi où les F.A.Z., les forces armées zaïroises, n’opposent qu’une faible résistance. La ville minière de Kolwezi, dans la province minière du Shaba au Zaïre, retrouve l’ambiance de folie et de guerre que les 3 000 Européens résidents croyaient définitivement oubliée. Des rafales éclatent et l’armée s’éparpille et laisse pratiquement sans combat la population à la merci des Tigres, rebelles katangais, puissamment armés, venus d’Angola. A l’exception de la liaison radio de la Gécamines, qui permet aux diplomates et aux autorités de Kinshasa de se tenir au courant de la situation, la ville est isolée et soumise à la terreur. Pour les Cubains, c’est l’opération Colombe.
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Les rebelles parlent en swahili, la langue des Lundas, la tribu qui peuple l’ex Katanga. Dans le reste du Zaïre, dans les provinces du Nord en particulier, la langue véhiculaire est le lingala. Les trois mille rebelles de la brigade des Tigres sont tous d’origine lunda. Ils vont recevoir un accueil enthousiaste dans la cité Manika où habitent la majorité des Lundas et ils vont y installer leurs principaux quartiers.
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Aux premiers bruits de la fusillade, l’antenne française du S.D.E.C.E. et celle américaine de la C.I.A., représentées à Kolwezi par d’honorables géologues, sont évacuées précipitamment et filent à vive allure vers Lubumbashi dans leurs véhicules, appliquant la consigne impérative : dégager à la première alerte.
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Un peloton de l’armée zaïroise, équipé notamment de Panhard A.M.L. 60, se rallie aux rebelles.
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A 10 heures, le colonel Robert Larzul prévient l’ambassadeur André Ross que des avions ont été détruits à l’aube sur le terrain de Kolwezi. Au même moment, le colonel Yves Gras, chef de la M.M.F, dépouille un télex de la Gécamines qui révèle qu’une attaque est en cours contre le ville de Kolwezi, menée par des forces non encore évaluées.
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De 10 à 12 heures, le colonel Yves Gras ne peut toucher aucun contact : tous les chefs de bureau des F.A.Z. sont en conférence dans le bureau du général Ba Bia, chef d’état-major.
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A 11 heures 15, le premier télex du colonel Robert Larzul arrive au C.O.A. Il est transmis à Yvon Bourges, ministre de la Défense, à Dinard pour les fêtes de la Pentecôte.
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En fin de matinée, le télex du colonel Larzul est lu au Président de la République, à Authon, pour des affaires de famille.
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A 13 heures, l’ambassadeur André Ross envoie son premier télex au ministère des Affaires Etrangères et à l’Elysée.
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A 16 heures, le Président Mobutu convoque les ambassadeurs : cette offensive Colombe (Chicapa en cubain) lancée par des mercenaires encadrés par des Cubains n’a pas surpris les F.A.Z. ; le Président ne demande aucune aide.
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Dans l’après-midi, le directeur du département Afrique aux Affaires étrangères, Guy Georgi, est alerté à son tour par un télégramme de l’ambassadeur à Kinshasa.
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A 16 heures 01, le télégramme de l’ambassadeur est enregistré. Il est transmis à Louis de Guiringaud, ministre des Affaires Etrangères, resté à Paris où il a présidé la veille la réunion préparatoire au sommet franco-africain qui doit rassembler autour du président de la République les 22 et 23 mai, à Versailles et à Paris, les représentants de vingt-deux Etats africains.
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André Ross, ambassadeur de France à Kinshasa, assisté du colonel Larzul, attaché militaire, et du colonel Gras, chef de la mission d’assistance technique, informe régulièrement le Président de la République, Valery Giscard d’Estaing de la situation au Zaïre.A noter qu’il y a une heure de décalage horaire entre Paris et Kinshasa.
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Selon le général Ba Bia, les F.A.Z. contrôlent la situation.
Dimanche 14 mai, dimanche de Pentecôte : selon les informations recueillies par les colonels Gras et Larzul, les Katangais contrôlent entièrement Kolwezi ; les troupes zaïroises paraissent neutralisées. Certaines unités sont prisonnières, d’autres fuient, en déroute, vers le nord.
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Les Katangais sont nombreux, en uniforme, et possèdent un encadrement compétent et efficace.
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Pour les deux colonels français, la solution est d’envoyer des parachutistes à Kolwezi.
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Dès 6 heures du matin, à Kolwezi, les Katangais chassent les soldats de la Kamanyola, cherchant à leur échapper en se réfugiant dans les villas de la nouvelle ville. Tout soldat trouvé est abattu. Des Européens et des Africains sont également exécutés ; d’autres sont rassemblés au centre hippique le Bridon, non loin du cimetière où auraient lieu des exécutions.
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A midi, l’ambassadeur Ross contacte l’Elysée et n’a que le colonel Mermet, officier de permanence. Le Président est en train d’étudier l’affaire. L’ambassadeur insiste sur le fait que les 3 000 Européens peuvent être pris comme otages par les rebelles. Le colonel Gras insiste alors sur sa suggestion d’envoyer au cœur de la fourmilière deux compagnies de parachutistes, soit 300 hommes, qui auraient un effet psychologique considérable.
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M. René Journiac, responsable des Affaires Africaines et Malgaches à l’Elysée, est extrêmement réservé sur l’intervention militaire uniquement française.
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L’ambassadeur de France à Bruxelles, Francis Huré, s’informe auprès du ministre belge des Affaires Etrangères, Henri Simonet, avec qui il entretient des relations amicales : aucun résultat.
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A 13 heures, l’ambassadeur Ross souligne dans une dépêche qu’il ne s’agit pas d’un raid de commandos sur Kolwezi et que les assaillants sont encadrés par des Angolais et d’autres étrangers. Il termine en signalant que le général Mobutu sous-estime la gravité de la situation
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Dans l’après-midi, l’ambassadeur est convoqué par M. Idzumbuir, ministre des Affaires Etrangères : ‘’devant la gravité de la situation, le Président fait appel aux gouvernements amis du Zaïre pour apporter à sa personne, à son gouvernement, à son pays une aide de toute nature’’.
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Puis soudain, la situation se dramatise. Le général Mobutu apparaît en tenue de combat ; il répète les paroles de son ministre mais sa poignée de main avec l’ambassadeur est plus appuyée.
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L’ambassadeur envoie le colonel Larzul à l’ambassade de Belgique : la position belge est nette. Ils ne veulent rien entreprendre. Toute intervention française serait considérée comme inopportune et inamicale. Le colonel Planart, attaché militaire belge, précise à son collègue, la position belge : ‘’laisser décanter la situation ; négocier avec les Katangais le retrait de nos ressortissants, et, si ça ne marche pas, monter une opération type Stanleyville’’.
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Dans la soirée, le ministre belge des Affaires étrangères confirme que des combats violents se sont déroulés dans la région du Shaba mais ‘’que les choses semblent plus calmes à présent’’. Selon Vanmossvelde, consul général à Lubumbashi, ‘’aucun Belge n’a été tué ni blessé’’.
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Dans la soirée, le Président Giscard d’Estaing a avec le président Mobutu une assez longue conversation téléphonique mais à aucun moment le président Mobutu ne demande une aide.
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A 22 heures, le Président Giscard d’Estaing contacte le ministre Louis Guiringaud pour l’informer de cette conversation et lui demande si Bruxelles en sait plus.
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A Kolwezi, en ce dimanche de Pentecôte, autour d’une Eglise, les Katangais massacrent douze enfants, revêtus des aubes blanches qu’ils portent pour la cérémonie de la confirmation, éparpillés à l’extérieur, leurs parents entassés dans la chapelle, et le prêtre, en habits sacerdotaux, égorgé au pied de l’autel. Tous Belges. Après avoir fait leur communion solennelle, le matin, les enfants étaient revenus après déjeuner se faire confirmer.
15 mai, lundi de Pentecôte : selon certaines informations, plusieurs centaines de rebelles quittent la ville dans des véhicules volés ; il ne reste qu’un millier d’hommes encadrés par des Cubains. La plupart sont installés en banlieue, dans la ville de Manika.
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A Kinshasa, les ambassadeurs français, américain et belge se rencontrent une fois par jour, chez l’un ou chez l’autre, pour faire de point. André Ross pour la France. Rittveger de Moor pour la Belgique- rentré précipitamment de vacances pour reprendre son poste laissé à son chargé d’affaires Van Sina, attaché commercial. Cutler, pour les U.S.A., en relation étroite avec André Ross depuis le 13 mai.
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Dans la matinée, les inquiétudes de l’ambassadeur à Kinshasa et du chef de la mission militaire ne réussissent pas à secouer le scepticisme de Paris.
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A l’apparente mansuétude des rebelles katangais à l’égard de Européens, à leur relative discipline a succédé un raidissement de leur attitude. Déjà sont signalés des pillages, des exactions, des exécutions sommaires.
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Six coopérants militaires français de l’assistance militaire technique chargés de la maintenance du peloton des Panhard A.M.L. 60, qui se trouvent à l’hôtel Impala, prisonniers depuis le 13, sont emmenés en Jeep par les rebelles ; ils disparaissent à jamais, sans doute exécutés.
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L’inquiétude règne dans les chancelleries alliées ; les Américains ont mis la 82e Airborne en alerte ; les Britanniques les ont imités avec un bataillon aérotransportable, et les Belges avec les paras-commandos ; mais pour les Belges, ils souhaitent une opération qui se veut, avant tout, humanitaire ; enfin le président Mobutu n’a pas demandé à la France une intervention armée.
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Les Belges ont des intérêts considérables au Zaïre où ils comptent 40 000 ressortissants ; ils n’envisagent pas un tête-à-tête avec les Français. Dans cette affaire, ils cherchent le patronage des Etats-Unis. Par ailleurs, le régime des partis à Bruxelles paralyse l’action du gouvernement avec des négociations épuisantes entre les formations du pouvoir et des affrontements violents entre le Premier ministre social-chrétien Léo Tindemans et le ministre socialiste des Affaires Etrangères, Henri Simonet.
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Les Katangais constituent une force sérieuse dans une guerre de type africain ; avec deux modes d’action : l’attaque par surprise suivie d’un massacre et la dérobade rapide devant un adversaire jugé trop fort.
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A 10 heures, l’ambassadeur Ross a copie d’un message reçu de Kolwezi : ‘’la communauté belge de Kolwezi vient de demander à Bruxelles une intervention rapide’’. Il en fait part téléphoniquement à l’Elysée.
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Dans l’après-midi, le général Mobutu convoque le major Mahele, commandant le 311e bataillon parachutiste et lui donne une mission : des parachutistes seront largués sur Kolwezi, non loin du siège de l’état-major local des F.A.Z. qui résiste encore tandis que le reste du bataillon, aux ordres du major, fera mouvement par la route de Lubumbashi vers Kolwezi. Le colonel Gras, chef de l’A.M.F., n’est pas immédiatement informé de cette opération.
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Le Quartier Général de la 1ère Région militaire à Kolwezi est toujours tenu par une cinquantaine de soldats zaïrois sous les ordres du colonel Bosangé, chef d’état-major. Le général Dikuta s’est prudemment replié dès Samedi sur le P.C. de la 14e brigade, au camp Nzilo, à 30 kilomètres de Kolwezi, au nord. Bosangé est en liaison radio avec l’E.M.G. zaïrois.
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Le général Chikeba, commandant de la 14e brigade, sera condamné à mort par le Président Mobutu pour désertion de poste. Sa peine sera commuée en détention à vie. Le colonel Fété Mupasa, chef d’état-major de la 5ecirconscription de Kanaga, réussit à s’échapper à ses gardiens. Il sera récupéré par des légionnaires à la limite de la cité Manika.
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Dès que le colonel Gras en est informé, il demande au colonel Chabert au C.O.A. à Paris l’autorisation de faire accompagner les parachutistes zaïrois par leurs instructeurs français. La réponse est formelle : pas de Français au Shaba.
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Dans la soirée, à un cocktail offert par les Marocains, les Zaïrois font bande à part, affectant le plus grand calme mais les officiers ont gardé leur petit poste émetteur ; le colonel Yves Gras cherche à convaincre M. Van Sina, le chargé d’affaires belge, de la nécessité d’une intervention.
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Le colonel Yves Gras décide de mettre sur pied le schéma tactique de l’O.A.P. sur Kolwezi, avec le colonel Larzul pour adjoint, ayant à sa charge la recherche et la classification des renseignements opérationnels, le lieutenant-colonel Vagner pour organiser l’opération proprement dite et le commandant Capelli.
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Par ailleurs, dans le cadre de la mission de l’A.M.F., le lieutenant-colonel Brenot doit résoudre tous les problèmes concernant les Mirage, le capitaine Cochet veille à la maintenance des hélicoptères, le lieutenant-colonel Bardet est responsable des automitrailleuses ; quand au lieutenant-colonel Ballade et ses cadres, ils ont la lourde charge de former la brigade parachutiste zaïroise.
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Le colonel Gras prévoit également un autre plan, réalisable avec les seules forces des F.A.Z. Il en soumet l’idée au général Ba Bia : mettre en place à Lubumbashi un renfort constitué de trois bataillons, le 133e basé à Kinshasa, le 311e para à l’instruction à N’Djili et le bataillon des élèves officiers du Kananga. Ces trois bataillons pourraient être aérotransportés. La mission principale serait de tenir le pont de Lualaba, à trente kilomètres à l’est de Kolwezi. Le plan est approuvé par l’état-major mais seuls deux des bataillons arrivent à Lubumbashi.
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A 20 heures, l’ambassadeur Ross reçoit deux hauts responsables de la Gécamines, arrivés par leur avion spécial de Lubumbashi, un Belge M. Lauwers et un Français, M. Rocher, directeur financier. Ils insistent pour une intervention rapide. M Lauwers est un ami de Vanden Boyenants, vice-premier ministre et ministre de la Défense. Le cabinet belge est partagé.
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Peu après 21 heures, la présence de six militaires français à Kolwezi, prisonniers des rebelles, est signalée dans une dépêche de Belga, de l’agence de presse belge, datée de Paris.
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L’ambassadeur Francis Huré fait une démarche auprès d’Alfred Cahen, directeur de cabinet du ministre belge Henri Simonet, après la diffusion de cette nouvelle. Alfred Cahen se rétracte. Trop tard. Pourquoi les Belges insistent-ils tellement sur ces coopérants militaires ?
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Jusqu’au bout, Henri Simonet, le ministre socialiste belge des Affaires étrangères, va conserver l’espoir d’un arrangement à l’amiable avec le F.N.L.C. via ses représentants en Belgique et la constitution d’une grande force militaire ne sera à ses yeux qu’un élément de la négociation.
Mardi 16 mai : à Kolwezi, la situation empire d’heure en heure. L’ambassadeur Ross reçoit des informations alarmantes, avec des tribunaux d’exception et des exécutions sommaires.
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A 7 heures, le colonel Gras fait le point avec le colonel Gérin-Roze, officier ‘’Terre’’ à l’Elysée et lui demande que le général Vanbremeersch le rappelle.
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Puis il invite le colonel Bleus, chef de la mission de coopération militaire belge pour mettre au point un message réclamant une intervention militaire d’urgence à leurs autorités respectives.
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A 9 heures, le colonel Gras en rend compte au colonel Chabert du Centre Opérationnel des Armées, le C.O.A.
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A 9 heures 30 à Paris, le Président reçoit à l’Elysée les trois ministres prévenus la veille : Louis de Guiringaud, chargé des Affaires étrangères, Yvon Bourges, ministre de la Défense nationale et Robert Galley, ministre de la Coopération. La situation à Kolwezi est à l’ordre du jour. Le cas des six coopérants militaires, qui relèvent du général Le Hénaff, chef de mission militaire au Ministère de la Coopération, est évoqué. Mais il n’y que peu d’informations.
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Seul Yvon Bourges est convaincu de la volonté d’agir du Chef de l’Etat alors que Louis de Guiringaud et Robert Galley restent sceptiques. Mais le Président estime que l’affaire concerne les Belges et il est persuadé que Bruxelles va prendre l’initiative des opérations.
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A 10 heures, la 2e compagnie du 311e bataillon de parachutistes zaïrois est larguée sur Kolwezi, à l’est de la nouvelle ville, à proximité de l’ancien état-major des F.A.Z. Des hommes sont tués en l’air. D’autres sont fusillés à bout portant dès leur arrivée. Quelques uns échappent à la tuerie. La 2e compagnie est rayée des effectifs. En tant qu’unité constituée, elle n’existe plus.
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Cette tragédie va déclencher des massacres d’Européens et d’Africains ; de plus, certains, par inconscience, légèreté ou sciemment, vont diffuser, le plus largement possible, des dépêches tendancieuses qui vont jeter de l’huile sur le brasier. Le Q.G. des F.N.L.C. à Kolwezi rédige un communiqué de victoire, repris par la délégation du F.N.L.C. de Bruxelles : ‘’des centaines de parachutistes européens ont été tués à Kolwezi par les Katangais’’.
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Les rebelles katangais se livrent alors au pillage, commettent des exactions, massacrent plusieurs centaines de civils zaïrois et menacent physiquement la population blanche de la ville. Au moment où une action militaire est envisagée sur Kolwezi, cette dernière devient la cible des rebelles. Déjà des exécutions sommaires ont lieu et les Européens emprisonnés s’attendent à être massacrés par la soldatesque livrée à elle-même et que plus personne ne semble commander. Des officiers cubains et même un conseiller de l’Allemagne de l’Est avoueront avoir été débordés par l’ampleur du désordre et de l’indiscipline des Tigres qui assassinent hommes, femmes et enfants après avoir violé les femmes. Les Katangais mettent la ville à sac, pillant les boutiques, saccageant les villas, buvant tout ce qui se boit, violant et tuant sans discernement.De nombreux Katangais sont drogués au chanvre, ce qui leur donne les yeux fous, provoque une exaltation et entraîne la disparition de tout contrôle de soi.
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A 10 heures, l’ambassadeur Ross et le colonel Gras sont reçus par le Président Mobutu qui affiche toujours ce même air placide et serein. Pour lui, les F.A.Z. contrôlent la situation.
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De retour à l’ambassade, l’ambassadeur Ross rédige un long télégramme à l’intention du Président Giscard : il donne les quatre raisons qui motivent le déclenchement urgent d’une opération aéroportée, dans les quarante-huit heures :
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les 3 000 Européens à Kolwezi sont des otages aux mains des Katangais.
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Les exécutions sommaires, les assassinats, les pillages laissent redouter des massacres plus importants encore.
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La situation empire d’heure en heure.
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Il est à redouter que les rebelles, bien installés, commencent à opérer un regroupement la population pour des exécutions massives.
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A 11 heures, le général Loisillon, sous-chef opérationnel à l’E.M.A. s’envole de Villacoublay pour Bruxelles où, accompagné du colonel Roger Le Guyader, attaché militaire, il se rend à l’état-major belge. Français et Belges décident de se communiquer éventuellement leurs plans.
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A 11 heures, le P.C. des F.A.Z. subit de nouvelles attaques. La situation est confuse. Les Zaïrois se défendent pour sauver leur vie. Puis les Zaïrois, le moral brisé, sont en déroute. La garnison est constituée de soldats qui viennent du Nord, notamment des Bantous. Une haine raciale les oppose de tout temps aux tribus du Sud qui parlent le swahili. Ils savent qu’ils ne seront pas traités en prisonniers, mais en ennemis. Après une résistance de cinq jours, ils décrochent. Une seule solution, la fuite. Par petits groupes, ils espèrent atteindre la savane.
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Pendant ce temps, le major Mahele avec la 1ère compagnie et la section de commandement, soit 200 hommes sur les 500 que compte le 311e bataillon de paras, quitte Lubumbashi pour parcourir 150 kilomètres dans une zone hostile. Il marque une pause au pont de Luabala, tenu par une compagnie du 133e B.I. qui l’a précédé. Après les marais de Kazembe, le détachement tombe dans une embuscade soigneusement étudiée par les Katangais, précise, meurtrière. Les paras sautent des camions. Un flottement est perceptible. Debout, seul au milieu de la route, le major ouvre le feu ; les parachutistes, galvanisés, contre-attaquent. Surpris par cette vigoureuse riposte, la première depuis le début de leur offensive, les rebelles s’enfuient et disparaissent dans les hautes herbes. Quatre soldats sont tués, une dizaine de blessés. La progression reprend ; l’accueil est violent à un kilomètre de l’aérodrome et les hommes hésitent ; une nouvelle fois, le major doit donner l’exemple et les parachutistes se lancent à l’assaut. Au cours de ce raid, les parachutistes zaïrois ont tué une centaine de Katangais.
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A 14 heures 15, l’aérodrome de Kolwezi est entre les mains des parachutistes du major Mahele.
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L’ambassadeur reçoit un Français de Lubumbashi, qui a eu des conversations téléphoniques avec des compatriotes de Kolwezi et qui confirme les propos de M. Thauvin, consul de France. Les exécutions se multiplient et les Français vivent dans la terreur.
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De son côté, le colonel Gras multiplie les contacts avec l’Elysée, - le colonel Gérin-Roze, représentant de l’armée de terre à l’état-major du président de la République, puis le général Vanbremeersch, chef d’état-major – et avec l’E.M.A. – général du Payrat, chef de la division emploi, colonel Chabert des Troupes de Marine, général Loisillon, sous-chef opérationnel.
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Le colonel Gras a du mal à garder son calme : l’E.M.A. attend les Belges !
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A 15 heures 15, l’ambassadeur Francis Huré est reçu par le ministre belge des Affaires étrangères, Henri Simonet qui lui dit : ‘’Nous allons faire quelque chose. L’évacuation des ressortissants étrangers peut devenir nécessaire. Elle réclamera peut-être une couverture militaire. Pouvons-nous envisager quelque chose ensemble ?’’.
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A 18 heures, le 311e bataillon de parachutistes zaïrois repousse une contre-attaque des Katangais. Mais la 2e compagnie a disparu.
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Les dirigeants de Kinshasa qui espéraient venir seuls à bout de la rébellion, désillusionnés, se rangent aux exhortations de l’ambassadeur de France André Ross et des colonels Larzul et Gras.
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Quelques heures après avoir reçu le message, le Président Giscard a une longue conversation téléphonique avec le Président Mobutu qui semble moins serein, moins optimiste et qui lui demande, formellement cette fois, d’intervenir.
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Le président Giscard d’Estaing appelle son ministre de la Défense, Yvon Bourges. Par ailleurs, prévenu par l’état-major particulier du chef de l’Etat, le général Guy Méry, C.E.M.A., demande à ses officiers de faire l’inventaire des moyens disponibles.
Mercredi 17 mai, à 7 heures du matin, heure de Paris, l’ambassadeur Ross téléphone à l’Elysée pour signaler que la situation est très grave. ‘’Il y a des exécutions sommaires ordonnées par des tribunaux populaires à partir de listes de suspects. Il préfère dicter le message qu’il va transmettre car il faut trois heures pour que ses dépêches atteignent Paris avec les problèmes du cryptage.
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Avant de se rendre à l’Elysée, le ministre de la Défense demande au général Guy Méry de faire passer la 11e D.P. d’alerte normale à alerte à douze heures : toutes les troupes sont consignées dans leurs quartiers, les permissions supprimées, les permissionnaires rappelés.
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Exploitant le succès de ses parachutistes qui ont repris l’aéroport de Kolwezi, le Président Mobutu ordonne la mobilisation générale de toutes les sections du M.P.E., le Mouvement Populaire de la Révolution, parti unique dont il est le fondateur.
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A Paris, à 10 heures, le Conseil des ministres se réunit à l’Elysée. A la fin du Conseil, le Président évoque la situation au Shaba. Après la réunion, le Président garde les trois ministres directement impliqués. En attendant que Louis de Guiringaud touche Henri Simonet, le Président décide de mettre en marche la machine militaire. Yvon Bourges rappelle le C.E.M.A. : mettre toutes les unités de la 11e D.P. en alerte renforcée.
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A Bruxelles, le comité de crise est réuni. Il siègera pratiquement sans désemparer pendant les trois jours et les trois nuits qui vont suivre, témoignant ainsi des angoisses et des incertitudes d’un gouvernement profondément divisé sur la conduite à tenir au regard des informations.
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Se résignant à envisager une évacuation par la force, les Belges ne veulent rien faire sans la ‘’couverture’’ de Washington. Pour des raisons logistiques d’abord, mais politiques aussi.
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Le premier ministre belge annonce à la radio et à la télévision une opération sur Kolwezi. Le motif invoqué pour se justifier c’est que, de toute façon, cette information a déjà été donnée par la radio sud-africaine.
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Dans la matinée, l’état-major de la 11e D.P. à Toulouse, active le système d’alerte Guépard ; le général Liron, patron de la 2e brigade parachutiste, prévient le colonel Erulin, que son régiment, stationné à Calvi, est susceptible d’intervenir au Zaïre, et qu’en conséquence il passe en alerte ‘’six heures’’. Le colonel Erulin n’a pas besoin de consulter son tableau d’effectifs pour savoir que son régiment est éparpillé ; des compagnies en manœuvre, des individuels en stage à Montlouis, à Montpellier, des pelotons à Castelnaudary et des passagers à Aubagne. Au total près de 70 légionnaires à rapatrier du continent sur Calvi. Son adjoint, le lieutenant-colonel Lhopitallier est au Tchad.
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A 10 heures, l’alerte est lancée au 2e R.E.P. Dans le bureau du chef de corps, le lieutenant-colonel Bénézit, qui fait fonction d’adjoint, le lieutenant-colonel Lajudie, patron de la base, et le commandant Govys mobilisent tous les moyens pour regrouper l’ensemble du personnel. Même les gendarmes sont sollicités. Par tous les moyens, y compris avions privés, les unités et les légionnaires regagnent leur base. Dès leur arrivée, confection des paquetages alpha et bravo, perception des matériels, vérification des livrets sanitaires et des passeports administratifs, puis contrôle des effectifs. En temps prévu, le colonel Erulin rend compte que son régiment est entré dans la phase d’alerte ordonnée. Le camp Raffalli à Calvi a retrouvé son calme. Les légionnaires vaquent à leurs occupations ou vérifient leurs matériels, en prévision de ce qui les attend. Le capitaine Coevoet, officier opérations, ne quitte plus son bureau et prépare l’engagement : c’est à lui qu’incombe la lourde tâche de répartir les chargements et les hommes selon les moyens aériens alloués.
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A midi, le C.O.A. transmet au colonel Gras l’ordre de mise en alerte du 2e R.E.P.
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A Bruxelles, l’ambassadeur Francis Huré est reçu par Alfred Cahen. Il apprend que l’état-major belge prépare un plan d’évacuation des étrangers résidant à Kolwezi.
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De Bruxelles, le F.N.L.C. annonce que l’opération lancée par les parachutistes zaïrois sur l’aéroport de Kolwezi a échoué et que ‘’300 parachutistes français ont été tués’’. Ce qui est immédiatement démenti par l’Elysée. De plus, le F.N.L.C. dément de la façon la plus catégorique que ‘’ses combattants se soient livrés à des actes de vandalisme dans la ville de Kolwezi’’. Les porte-parole des rebelles ont appris de leurs parrains communistes la valeur d’une propagande dont l’énormité n’est qu’un gage supplémentaire d’audience.
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A Kolwezi, en fin de matinée, le Transall personnel du Président Mobutu se pose sur l’aérodrome de la Plaine et le commandant suprême des forces zaïroises en descend ; il est venu féliciter le major Mahele et ses parachutistes. Ce coup d’audace est suivi par de nombreux journalistes : radios et télévision vont diffuser et rediffuser cette scène historique.
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Mais les parachutistes zaïroises ne contrôlent que la piste d’envol.
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De plus, le colonel Gras pense que les Katangais vont mettre en place un dispositif défensif en direction d’une attaque probable de forces d’intervention qui seront débarquées sur cette piste.
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Le brain-trust du colonel Gras se chôme pas ; devant la lenteur, sinon le refus des Belges à s’engager, il n’envisage qu’une coopération franco-zaïroise ; il reçoit de l’état-major des F.A.Z. l’implantation des P.C. rebelles qu’il reporte sur le plan directeur au 1/10 000e de Kolwezi.
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A 15 heures 30, le C.O.A. autorise les conseillers militaires français à se rendre à Lubumbashi pour assurer l’appui logistique du groupement d’intervention envoyé au pont de Lualaba.
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A Bruxelles, dans l’après-midi, le ministre Henri Simonet affirme aux députés belges ‘’qu’il n’y a pas de Cubains dans la région du Shaba ni sur la frontière angolo-zaïroise !’’ et il annonce qu’à Kolwezi, ‘’c’est la chasse aux Français’’. Ce qui fait froncer les sourcils à Paris.
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A Kinshasa, l’ambassadeur Ross lit un message du consul général de Belgique à Lubumbashi adressé au gouvernement belge et capté par les écoutes de l’ambassade : ‘’Il est de plus en plus urgent, si l’on veut éviter des massacres à Kolwezi d’intervenir. Il ne faut pas attendre 24 heures. Je vous supplie d’intervenir au plus vite. Toute heure perdue représente des massacres supplémentaires. Il n’a plus une heure à perdre’’.
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Sans perdre un instant, l’ambassadeur Ross prévient le Président Giscard.
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A 18 heures, l’ambassadeur Ross envoie un télégramme avec la mention ‘’Immédiat’’ au Quai d’Orsay et au C.O.A. Dès que le Président a connaissance du télex, il convoque Yvon Bourges.
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A 20 heures 15, Yvon Bourges escalade le perron de l’Elysée. L’entretien avec le Président est très court. Le Président a pris sa décision. ‘’Il faut préparer quelque chose sur Kolwezi, avec ou sans les Belges’’. Il téléphone au général Paul Vanbremeersch. Le Président lui demande de faire mettre un régiment en ‘’alerte immédiate’’, prêt à décoller. Vanbremeersch téléphone au C.E.M.A. pendant que le Président et Yvon Bourges se rendent au Théâtre Français pour assister au spectacle donné en l’honneur du Président du Sénégal, Léopold Senghor.
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C’est dans ce contexte que, lassé des atermoiements du gouvernement belge qui hésite à s’engager directement et qui cherche une solution moins directe en invoquant les risques d’un massacre des Européens par les rebelles en cas d’intervention militaire, le Président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, prend la décision d’une intervention militaire au Zaïre.
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Le général Guy Méry téléphone à Toulouse au commandant de la 11e D.P., le général Jeannou Lacaze, ancien chef de corps du 2e R.E.P.
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A 20 heures 20, à Bruxelles, la décision d’organiser une évacuation militaire n’est toujours pas prise mais le gouvernement fait mettre les troupes en alerte. Bruxelles attend toujours le feu vert de Washington. Le comité des chefs d’état-major doit préparer d’urgence un plan d’opérations dans le délai de trois jours.
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Le commandement belge mobilise les 1er, 2e et 3e bataillons de paras commandos La force d’intervention belge est composée de conscrits et de réservistes que les gendarmes militaires vont réveiller chez eux dans la nuit pour leur porter leur feuille de rappel.
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A 23 heures, les bérets rouges du lieutenant-colonel Gilbert Ballade, chef des 38 instructeurs détachés de la 11eD.P. pour encadrer la brigade des parachutistes zaïrois, reçoivent enfin la permission de se rapprocher du 311ebataillon de la brigade, engagé sur l’aéroport de Kolwezi.
Jeudi 18 mai, à 0 heure, l’ambassadeur Ross reçoit un appel téléphonique de l’Elysée : ‘’Le chef du gouvernement vous prie d’avertir immédiatement le chef de l’Etat zaïrois qu’une opération aéroportée va être entreprise par les Français à Kolwezi’’.
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Le colonel Gras reçoit un appel de l’E.M.A. Il prend le commandement de l’opération.
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A 0 heure 45, à Calvi, le 2e R.E.P. reçoit l’ordre de passer en alerte aéroportée à trois heures.. Le message laconique est envoyé également à l’ambassade de France à Kinshasa : ‘’Primo. 2e R.E.P. sera acheminé de Solenzara sur Kinshasa à bord de cinq appareils ‘’long-courrier’’ quittant successivement Solenzara courant journée 18.05.78….Quarto. A son arrivée à Kinshasa, le commandant du 2e R.E.P. se mettra aux ordres du colonel Gras, conseiller militaire du président zaïrois’’. Le dernier paragraphe annonce l’envoi de deux équipes du 13e Dragons parachutistes qui seront chargés des liaisons radio longue distance entre Kolwezi et Kinshasa, soit huit spécialistes de ce régiment très spécial.
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A 0 heure 55, à Bruxelles, le colonel Le Guyader informe le commandement belge de la décision française d’intervenir à Kolwezi.
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A 2 heures 15, à Bruxelles, l’attaché militaire américain communique l’accord du Président Carter. Le général Alexander Haig, chef suprême de l’O.T.A.N. et commandant des troupes américaines stationnées en Allemagne, reçoit l’ordre de voir quels moyens de transport il peut mettre à la disposition des gouvernements européens qui en feraient la demande.
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Bruxelles a le feu vert de Washington.
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A 2 heures 20, à Calvi, l’adjudant de Vivi, officier de permanence, met en route la sirène. La récupération des cadres du régiment est lancée avec la mise en place des unités Au service général, l’adjudant Hessler, adjudant de semaine, expédie une jeep avec le clairon pour aller sonner le rassemblement à la cité-cadres, à l’entrée de Calvi.
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Les véhicules de la P.M. font le tour des bars, des hôtels et des logements en ville.
L’opération Léopard commence. A noter que pour l’E.M.A. c’est l’opération Bonite.
30 ans après, l’ancien Président Valery Giscard d’Estaing précise dans un discours à Calvi qu’il avait, au moment de sa prise de décision, conscience des difficultés de l’opération alors que les Belges n’arrivaient pas à se décider :
1. Pas de moyens de récupérer les paras si la situation tournait mal. Pas d’avions pour évacuer les blessés.
2. Pas d’appui aérien de la Chasse française.
3. Trop peu de renseignements sur l’ennemi.
4. Pas de liaison radio permanente avec une longue phase de silence.
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A quatre heures 30, le 2e R.E.P. fait mouvement vers la BA 126 de Solenzara, sur la côte orientale, soit 175 kilomètres de routes de montagne corse à franchir de nuit, où doivent attendre un D.C.8 du COTAM de l’Armée de l’Air, trois D.C.8 de la compagnie U.T.A. et un Boeing 707 d’Air France, réquisitionnés. Le lieutenant-colonel Bénézit, le capitaine Coevoet et le capitaine Jolivet, officier T.A.P. du régiment, spécialiste du matériel de largage, qui ont établi plusieurs plans d’embarquement sur les cinq D.C.8 prévus, revoient leurs plans. Le décollage est prévu à 9 heures 30.
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A 5 heures du matin, le gouvernement belge décide l’envoi de troupes au Zaïre. Mais le colonel Depoorter, patron des paras commandos, doit encore attendre les instructions d’un gouvernement qui espère encore décommander l’affaire au dernier moment.
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A 7 heures du matin, le colonel Gras envoie au C.O.A. le plan de l’opération. Il demande deux officiers en renfort pour piloter des Mirage. Ils doivent embarquer dans les avions transportant les légionnaires. Le colonel Bouge, ancien chef de la mission air au Zaïre, et son successeur, actuellement en permission, le capitaine Fartek, prendront le commandement des deux patrouilles de chasseurs bombardiers en état de voler : quatre Mirage ! Le leader de chaque patrouille ‘’automatise’’ les réflexes de son coéquipier, le Zaïrois.
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A 8 heures du matin, le général Méry montre le plan à Yvon Bourges qui donne son accord. Il est tout à fait pour le fantastique coup de poker que représente le largage d’un régiment parachutiste directement sur Kolwezi.
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A 9 heures du matin, à Paris, le Président Valery Giscard d’Estaing réunit à l’Elysée ses principaux conseillers avant la convocation du comité restreint. Même Louis Guiringaud, affecté par le récit des tueries, est résolument pour l’intervention.
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A 10 heures du matin, au cours du conseil interministériel, le ministre des affaires étrangères, Louis de Guiringaud, insiste pour que l’opération décidée se fasse avec les Belges. Mais il ne peut contacter son collègue belge Henri Simonet, toujours en comité de crise, qu‘à 17 heures.
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Dans la matinée, l’E.M.A. demande que l’O.A.P. soit effectuée le vendredi 19 et non le 20 comme l’a programmée le colonel Gras. Responsable de l’opération, le colonel rejette cette idée ; mais il téléphone pour avis au conseiller Journiac à l’Elysée. Puis il rencontre l’ambassadeur Ross qui lui montre une dépêche d’agence, timbrée de Bruxelles, évoquant avec précisions certains détails des projets d’intervention belge et française. De retour dans ses bureaux, le colonel Gras demande à son brain-trust d’étudier l’O.A.P. pour le lendemain.
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A 10 heures 30, le capitaine Coevoet annonce aux commandants de compagnie la répartition des unités dans les avions ; la charge offerte de chaque avion est différente. Toutes les armes seront en soute. La priorité est donnée aux munitions. Les parachutes du 2e R.E.P. restent en Corse car, sur place à Kinshasa, des parachutes américains de l’armée zaïroise sont disponibles. Les capitaines donnent leurs ordres pour la répartition du fret aérien ; les adjudants de compagnie dressent les listes de colisage.
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A 11 heures 30, le premier des avions arrive à Solenzara, accompagné de l’avion du général Lacaze, patron de la 11e D.P. C’est lui qui donne l’objet de sa mission à son ancien régiment : Kolwezi, où des massacres viennent de se produire. ‘’ le 2e R.E.P. a reçu l’ordre de sauter sur la ville pour délivrer les otages et empêcher de nouveaux massacres. Le président de la République en personne vous confie cette mission’’. ‘’ Au moment où le 2e R.E.P. est désigné pour une mission extérieure difficile, le général Lacaze assure tous les cadres et légionnaires de sa confiance et de ses vœux’’.
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Outre la réticence des Belges, l’intervention française au Zaïre se heurte tout de suite à une très forte résistance dans certains milieux à Paris : députés socialistes et communistes, syndicalistes.
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Mais dans la journée du 18, l’évolution de la situation amène le colonel Gras à changer d’avis. Il apparaît qu’une opération conjointe avec les Belges est impossible. Toutes les radios d’Europe claironnent sur les ondes le départ des Belges pour le Zaïre avec un luxe de détails qui relève de la divulgation du secret militaire. De plus, le monde entier sait que les Belges sont partis pour Kamina et qu’ils seront prêts à intervenir samedi. Radio France International a annoncé le départ de 1 100 paras belges de Bruxelles à bord de douze C130 qui les transportent à Kamina d’où ils participeront à une opération de sauvetage de la population européenne.
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Dans ces conditions, pour ne pas se trouver devant le problème insoluble de nombreux otages entraînés dans la brousse, peut-être en Zambie, il est impératif d’arriver à Kolwezi avant que les Katangais n’évacuent la ville. Le secret de l’opération compromis, la surprise ne peut être obtenue qu’en larguant les légionnaires plus tôt que prévu : le 19 après-midi.
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A 13 heures, une réunion de coordination entre Belges, Britanniques, Allemands, Américains et Français se tient dans la capitale du Bade-Wurtemberg. Le général Alexander Haig attribue dix C141 Starlifter aux rotations avec la France, huit à celles avec la Belgique
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A 13 heures 45, le premier D.C.8, aussitôt chargé, décolle avec à son bord le colonel Erulin, son P.C. Harpon et la 3e compagnie.
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En début d’après-midi, les C-130 de la Force aérienne belge décollent de l’aéroport militaire de Melsbroek (Bruxelles) à destination de l’ancienne base belge de Kamina.
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A 17 heures locales, 18 heures à Paris, le général Ba Bia organise une réunion avec le colonel Gras, le lieutenant-colonel Vagner et le commandant Capelli, tous deux détachés en permanence à l’E.M.G. des F.A.Z., le commandant Raguez, adjoint du lieutenant-colonel Ballade. Invités par le général Ba Bia, le colonel Bleus, chef de la mission militaire belge et le colonel Geraci, chef de la mission militaire américaine sont également présents.
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A 18 heures locales, le général Ba Bia en personne, rappelle le colonel Gras et lui demande de venir dans son bureau. Les services de renseignement zaïrois viennent de capter et décrypter un message venant d’Angola du lieutenant-général des rebelles, Nathanaël M’Bumba destiné au major Mufu, patron des Katangais de Kolwezi : ‘’Ordre est donné de se préparer à évacuer Kolwezi après avoir exécuté tous les prisonniers et saboté les installations de la Gécamines’’. Le colonel Gras obtient la mise à sa disposition de tous les avions disponibles de la Force aérienne.
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A 19 heures, le colonel Gras, avec les dernières informations, convoque son brain-trust.
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A 20 heures, l’O.P.A. est étudiée à Kinshasa pour le 19 mai : le problème est délicat car il faut s’emparer de la ville sans laisser à l’adversaire le temps d’exercer des représailles contre les Européens, dont un certain nombre sont rassemblés dans des bâtiments publics où ils forment des groupes d’otages particulièrement vulnérables. Très étalée, l’agglomération de Kolwezi s’étend sur environ 40 km² et comporte plusieurs secteurs distincts. Ces cités-dortoirs l’entourent dans un rayon de 10 à 15 kilomètres. La ville est située sur les axes routier et ferroviaire, parallèlement à la frontière zambienne, qui relient Lubumbashi à Dilolo. Des troupes zaïroises sont prêtes à ‘intervenir’’ depuis Lubumbashi, le 133e B.I. tient le pont de Lualaba et le bataillon para 311 tient la piste d’envol de Kolwezi. Le plan de l’opération est simple : surpris par un lâcher massif de parachutistes en plein centre de l’agglomération, les Katangais ne réagiront, au pire, qu’en se défendant sur place, là où ils se trouveront mais sans manœuvre défensive cohérente. Il paraît même beaucoup plus probable qu’ils se retireront rapidement en laissant derrière eux des éléments retardataires.
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Le colonel Thépin, responsable des moyens aériens, en particulier les Mirage, a un haut-le-corps : il est rigoureusement impossible de fournir un appui aérien pour le 19 mai.
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Le colonel Gras informe le général du Payrat de sa décision et l’informe de l’absence d’appui aérien. Le général lui souhaite bonne chance.
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L’idée de manœuvre du colonel Gras qui a monté l’O.P.A. est la suivante :
1. Largage d’une première vague, sur le terrain de l’ancien aéro-club, aux lisières nord de la ville, en bordure des quartiers résidentiels où habitent les Européens, comprenant le P.C., deux compagnies de combat et les appuis, en retenant l’hypothèse que les Katangais attendent les parachutistes à l’aéroport, 7 kilomètres au sud de la ville.
2. Ces unités s’emparent des objectifs tenus par les rebelles : la poste, le lycée Jean XXIII, l’hôtel Impala, l’hôpital de Gécamines et l’immeuble qui abrite de P.C. des F.A.Z.
3. Une deuxième vague, comprenant le reste des moyens du régiment, est larguée dès que possible, pour renforcer le dispositif initial.
4. Après avoir nettoyé la ville, effectuer la jonction avec les paras zaïrois qui doivent, en principe, tenir l’aérodrome de la plaine au sud de la ville.
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Naturellement, ce genre d’opération ne peut être confié qu’à une troupe d’élite dont les hommes maîtrisent toutes les formes du combat. Pour les officiers en poste à Kinshasa, apprenant par le message du 18 l’arrivée du 2e R.E.P., le succès est assuré car ils ont désormais les moyens de la manœuvre envisagée avec une garantie contre les aléas que comporte inévitablement une telle action de guerre.
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A 21 heures 30, le dernier avion s’envole de Solenzara avec la 2e compagnie. Quant à l’échelon lourd, il ne quitte la Corse, à bord d’avions gros porteurs américains, que le 20 mai. Du terrain d’aviation de Solenzara en Corse jusqu’à l’objectif, les distances sont énormes : huit heures de vol en quadriréacteur pour joindre Kinshasa, plus quatre heures ensuite en avions largueurs de la capitale zaïroise à Kolwezi. Les légionnaires ont embarqué avec eux les deux pilotes demandés en renfort et les huit Dragons Parachutistes.
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A 22 heures, à Kinshasa, une nouvelle réunion d’état-major est organisée dans le bureau du général Ba Bia. Le général Kikuna, commandant la force aérienne zaïroise est présent. Il s’agit de mettre au point l’emploi des appareils zaïrois.
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L’ambassadeur belge Rittverger de Moor alerte Bruxelles ; dans un télex adressé au ministre Henri Simonet, il lui demande d’intervenir auprès du gouvernement français pour qu’il soit sursis à cette opération : ‘’le petit nombre de soldats français rend l’affaire difficile’’.
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Ce télex va déclencher des consultations fiévreuses entre Bruxelles et Paris.
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A 23 heures 15, à Kinshasa, sur l’aéroport de N’Djili, atterrit le premier des longs courriers avec le chef de corps. Le dernier des cinq avions atterrit le 19 mai à 8 heures 30. 650 légionnaires sont à Kinshasa. Les légionnaires déchargent le fret des avions, le chargent dans des camions pour passer de l’aérogare civile au centre d’entraînement des troupes aéroportées zaïroises situé de l’autre côté. Dès leur arrivée au centre, les compagnies regroupent leurs impedimenta dans la zone militaire et se préparent pour l’engagement. Le temps presse et les rapports qui parviennent de Kolwezi sont de plus en plus alarmants.
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Dès sa descente d’avion, le colonel Erulin est accueilli par le lieutenant-colonel Ballade, patron de l’équipe des parachutistes français chargés d’instruire les paras zaïrois, qui lui indique le nombre d’avions dans lesquels le 2eR.E.P. embarquera.
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Cinq officiers, sept sous-officiers et quatre hommes du rang, destinés à étoffer l’état-major opérationnel constitué par le colonel Gras sous les ordres du colonel Larzul, arrivent à N’Djili sur les Transall venant d’Abidjan et de N’Djamena et apportant les munitions pour les Mirage. Ils ont été choisis parmi les effectifs des points d’appui français de Dakar, Abidjan et Libreville.
Vendredi 19 mai 1978, le 2e R.E.P. saute sur Kolwezi : opération Bonite pour Paris, Léopard pour Kinshasa.
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Peu après minuit, le colonel Yves Gras retrouve le colonel Philippe Erulin, douze ans après leur première rencontre à Madagascar ; le colonel Gras trouve le colonel Erulin très calme et maître de lui, un peu ému d’avoir été choisi pour une mission qui est le rêve de tout colonel parachutiste. Le colonel Erulin rassure son interlocuteur : son régiment, soumis à un entraînement intensif, est habitué à de telles fatigues et peut supporter encore de longues heures de vol, sauter dans des conditions difficiles, combattre et passer une troisième nuit blanche.
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Dans la salle de briefing, M. Bommier, colonel (C.R.), ancien attaché militaire au Zaïre, présentement conseiller militaire au Corps logistique des Forces armées zaïroises, fait aux officiers du 2e R.E.P. un exposé beaucoup trop long sur la situation générale. Puis le colonel Gras et le lieutenant-colonel Vagner donnent les dernières informations. Les Zaïrois sont sans nouvelles du 311e bataillon du major Mahele : il semblerait qu’un millier d’hommes disposant d’armes lourdes et d’A.M.L. récupérées sur l’armée zaïroise tiennent toujours la ville. Les derniers renseignements sur la ville ancienne positionnent un P.C. rebelle à l’hôtel Impala, un autre à la Poste et un troisième à l’hôpital de la Gécamines.
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A 2 heures du matin, quand le montage de la première O.A.P. est prêt, les officiers du 2e R.E.P. apprennent qu’une partie des DC8 a dû faire les pleins ; par le jeu des escales, les cinq quadriréacteurs arrivent en ordre dispersé. Deux ont fait un vol direct ; trois ont un retard important après avoir fait escale ; les compagnies arrivent dans un ordre différent de celui prévu au décollage. Le colonel Erulin et le capitaine Coevoet doivent monter une seconde O.A.P.
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A 2 heures 45, à Bruxelles, le colonel Guyader informe l’état-major belge qu’une opération de parachutage est décidée avec le régiment de Légion arrivé à Kinshasa.
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A 3 heures du matin, le montage de l’opération est terminé et le colonel Erulin approuve le plan de l’opération ; il peut donner ses ordres. La réussite de la mission, c’est l’évidence même, dépend de la rapidité de l’intervention du régiment et de sa détermination. Le chef de corps et son état-major préparent la mise en condition du 2e R.E.P. Mais les problèmes sont nombreux et surviennent au fur et à mesure : incidents sur des moyens aériens, parachutes américains inadaptés au matériel français (mais le système D des légionnaires aidés des moniteurs largueurs de la M.M.F. résout le problème avec des bouts de suspente ou de fil de fer), ordres et contre-ordres de Paris et surtout, absence de renseignements recoupés sur l’objectif et sur l’ennemi.
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A 4 heures du matin, les ordres sont donnés par unité, répercutés sérieusement au niveau des chefs de section et à l’intérieur des sections. Une carte est disponible par commandant d’unité. Les chefs de section n’auront que des photocopies noir et blanc.
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Cinq avions C130 zaïrois et deux avions Transall français arrivés en renfort au cours de la nuit sont prévus pour la première vague qui décollera de N’Djili à partir de 7 heures. La deuxième vague sera acheminée sur Kamina par le DC10 d’Air Zaïre. Les C130 iront l’y chercher aussitôt après le premier largage. Son saut est prévu deux heures après la première vague.
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Le spectacle de ces hommes d’allure sportive, en tenue impeccable, bien rangés par sections, à côté de leurs équipements strictement alignés, ne se déplaçant que par petites colonnes au pas de gymnastique, est impressionnant. Il s’en dégage une sensation d’ordre, de cohésion, de force.
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Les ennuis commencent : le colonel Erulin informe le colonel Gras qu’un Transall est en panne et qu’un C130 ne sera pas prêt avant 9 heures. Ce n’est pas grave. Il chargera trois ou quatre hommes de plus dans les six avions restant.
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A 6 heures 30, le ministre Henri Simonet rappelle l’ambassadeur Francis Huré ; il se montre très préoccupé par l’imminence de l’intervention française.
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L’ambassadeur téléphone au ministre Louis de Guiringaud qui va s’employer auprès du Président Giscard d’obtenir un délai pour tenter de coordonner, une fois encore, l’action des forces françaises et belges.
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De nombreuses conversations téléphoniques se déroulent entre le Président Giscard, les ministres et le général Guy Méry : est-ce que l’opération est faisable ?
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Louis de Guiringaud appelle directement Henri Simonet : ‘’Si vous pouvez avancer votre opération, nous retarderons la nôtre’’. Suivant l’avis exprimé par le Premier ministre Léo Tindemans, ‘’Que les Français tirent les premiers !’’, Henri Simonet pense qu’il vaut mieux que les Français y aillent toute de suite. Bruxelles vient en effet de recevoir des appels au secours de Lubumbashi. La colonie étrangère réclame une intervention d’urgence.
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Pendant que Paris et Bruxelles se consultent, le temps passe et l’opération ne démarre pas.
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A 8 heures 40, alors que les légionnaires lourdement chargés s’installent dans les avions, un message flash de l’E.M.A. ordonne au colonel Gras : ‘’Stoppez opération Léopard’’.
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Pour l’ambassadeur Ross, l’annulation est l’œuvre du gouvernement belge ; son ministre des Affaires Etrangères, M. Simonet, vient de déclarer au Parlement belge que son ambassadeur à Kinshasa lui avait demandé de retarder l’opération. L’ambassadeur contacte M. Journiac à l’Elysée. Après quelques secondes, la réponse est claire : ‘’Le Président maintient l’ordre d’opération’’. Vous allez recevoir par télex le message de confirmation.
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Le colonel Gras fonce à l’ambassade de France, à 25 kilomètres de là, appelle l’E.M.A. Le général Loisillon commence à lui expliquer les raisons de l’annulation quand il entend la voix du général Méry : ‘’Décollez immédiatement ! L’annulation du contre-ordre est déjà partie’’.
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La dernière tentative de Louis de Guiringaud pour associer les Belges à l’O.A.P. a échoué.
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Pendant ce temps, un des C130 est tombé définitivement en panne.
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Le Transall qui doit servir de P.C. volant est chargé de munitions destinées au 311e bataillon de parachutistes zaïrois qui tiennent depuis 48 heures l’aérodrome de Kolwezi et il n’est pas possible de le décharger rapidement.
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Le colonel Erulin décide de répartir ses légionnaires entre les quatre avions entassant plus de 80 parachutistes là où il n’y a de place normalement que pour 64.
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Au dernier moment, le Transall déjà chargé a un pneu à plat. Il faut encore une demi-heure d’efforts pour regonfler le pneu défaillant avec des moyens de fortune.
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Entre 10 heures 40 et 11 heures 05 du matin, la première des deux vagues décolle de Kinshasa à bord de quatre C 130 Hercules zaïrois et un C 160 Transall : direction Kolwezi, soit trois heures et demi de vol pendant lesquelles les hommes restent équipés.
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Le C.O.A. reçoit un flash du colonel Larzul annonçant le démarrage de Léopard.
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Le Président Valery Giscard d’Estaing appelle au téléphone le Premier ministre belge Léo Tindemans. Le colonel Le Guyader donne plus d’informations à l’état-major belge. Le comité de crise pense à annuler l’intervention des paras commandos.
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Le colonel Erulin espère que le colonel Gras ne s’est pas trompé dans son analyse de la situation et de l’adversaire. Le colonel Gras compte sur la solidité des légionnaires et de leur chef.
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A partir de 14 heures, les C-130 belges arrivent sur la base de Kamina. Mais les paras commandos du colonel Depoorter devront encore attendre sept heures et demie pour que le ministre de la Défense Van Den Boyenants transmette aux troupes belges le mot de code déclenchant l’opération Red Bean.
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Après quatre heures de vol dans des conditions éprouvantes de chaleur, d’entassement et de fatigue, suite à des erreurs de navigation du leader zaïrois, les quatre C 130 zaïrois ne sont plus sur l’itinéraire et la formation, disloquée, part à la dérive. Une mauvaise présentation du leader sur la ville oblige toute la formation à faire un passage pour rien avant d’aborder la zone de saut dans l’axe prévu. Le Transall octroyé au colonel Gras comme P.C. volant, piloté par le lieutenant-colonel Bernier, arrive à point pour les récupérer. C’est enfin la lumière verte et les ordres du largueur sont un soulagement pour tout le monde.
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Entre 15 heures 40 et 16 heures, le P.C. et trois compagnies sautent normalement à 250 mètres, sur le terrain de l’ancien aéroclub de Kolwezi alors que les Katangais les attendent à l’aéroport plus au Sud. Mais un avion largue ses parachutistes à 400 mètres.
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Pour le deuxième passage, le premier avion zaïrois est à 250 mètres et il arrive droit dans les sticks des paras largués à 400 mètres, qui se trouvent sur la trajectoire ; in extremis, le pilote donne un magistral coup de manche sur le côté. Puis il se redresse, voyant défiler les coupoles 50 mètres sur sa gauche.
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Par ailleurs, l’adjudant Zingraff, largueur, voit le légionnaire Strata retenu par sa S.O.A. L’adjudant tranche la S.O.A. et le légionnaire, parachutiste civil confirmé, ouvre son ventral.
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En dépit du tour au-dessus de la ville et des conditions acrobatiques dans lesquelles s’effectue le saut, celui-ci surprend les rebelles. Le largage a lieu à moins de 500 mètres des premiers objectifs. Le vent souffle à une vitesse d’au moins 6 mètres/seconde, sans balisage. 50% des hommes tombent dans la zone de saut. Les autres atterrissent dans des arbres, dans l’ancienne ville ou dans la gare.
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La première vague de 381 légionnaires parachutistes va faire face à plus d’un millier de Katangais, sans appui ni soutien santé. Toute la phase initiale de l’opération devient encore plus basée sur l’audace et la rapidité.
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Accueillis par des tirs d’armes automatiques en fin de zone de saut, les parachutistes les neutralisent dès leur arrivée au sol. Un légionnaire portugais, Falero, de la 1ère compagnie, reçoit des impacts de balles dans son pépin.
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Un rapide décompte donne quatre jambes cassées et deux grosses entorses. Plus quinze disparus qui seront retrouvés dans les trois jours. Appliquant strictement la consigne donnée en pareil cas, les légionnaires qui ont été largués trop loin, se cachent sur place.
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Pratiquement, tous les tireurs au L.R.A.C. sont manquants, partis à la recherche de leurs gaines. Leurs engins ont été largués trop tôt ou trop tard et se sont évaporés dans la nature. A la nuit huit d’entre eux manqueront encore. Sept rejoindront dans les 24 heures. Le huitième, le caporal Arnold de la 1ère compagnie, atterrissant loin de son unité, est tué et mutilé dans le jardin d’une villa, sans avoir pu se défaire de son parachute.
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Le légionnaire Lacan, radio de la 3e compagnie, atterrit dans un arbre.
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Les parachutistes rejoignent au plus vite les points de regroupement fixés par compagnie. Les premiers accrochages ont lieu. Les légionnaires se regroupent en un temps record d’à peine quinze minutes, malgré le manque de visibilité dû aux herbes à éléphant et quelques avatars de réception. La 1ère compagnie du capitaine Poulet, la 2e du capitaine Dubos et la 3e du capitaine Gausserès peuvent entamer leur progression vers les objectifs désignés.
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La première phase est une succession d’engagement des trois compagnies de combat, actions violentes de combat de rue dans Kolwezi, menées pour délivrer des civils européens pris en otage ou terrés dans des caves et des greniers. Les compagnies ne se heurtent pas à une résistance organisée ; mais de nombreux accrochages violents opposent les légionnaires à des éléments bien armés des Tigres répartis dans toute la ville. C’est un combat de chefs de section et de chefs de groupes.
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Le capitaine Michel Poulet rassemble ses sections laissant le soin à l’adjudant Hosteins le soin de rassembler la section de commandement. Rapidement la 1ère compagnie fonce vers le lycée Jean XXIII, au sud de la ville, où les rebelles auraient regroupé des Européens. Le lieutenant Rochon, Vert 1, s’engouffre dans l’avenue Lufira ; l’adjudant Pou, Vert 2, avec la section de commandement, remonte l’avenue Gazumby tandis que Vert 3, le lieutenant Puga s’engage dans l’avenue du Collège. En progressant, les légionnaires découvrent un spectacle de carnage et de désolation. La nouvelle se répand dans la rue : hommes, femmes, Européens, Zaïrois mêlés se précipitent sur leurs sauveteurs, les embrassant avec fougue, qui paye largement les légionnaires de toutes leurs fatigues. Les rescapés du massacre ont besoin de parler. Mais les rebelles sont partis et Vert 1 libère une centaine d’Européens parqués dans les caves. Vert 2 anéantit un groupe de rebelles à proximité du lycée. Vert se dirige vers le point Charlie. Les légionnaires sont happés par l’odeur effroyable qui se dégage des cadavres échelonnés, de plus en plus nombreux, le long de l’avenue. Le P.C. rebelle est repéré au point Yankee. Les légionnaires foncent. Quelques rafales, deux ou trois grenades et l’objectif est conquis. Au bilan, deux mitrailleuses MG42, deux postes radio, un drapeau, plus une brassée de documents aussitôt envoyés vers le P.C. régimentaire pour être étudiés par le capitaine Lucien Thomas, O.R.
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La 1ère compagnie trouve un autre groupe d’Européens à Notre-Dame-des-Lumières ; ils sont une quarantaine rassemblés dans l’Eglise autour de leur évêque, un Belge. Le capitaine Poulet leur propose de rejoindre les autres rescapés au lycée Jean XXIII ; ils ont trop peur et refusent de bouger car la fin de la journée approche et que la nuit arrive sans crier gare.
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Larguée en queue de la 1ère vague, la 2e compagnie (Rouge) du capitaine Renaud Dubos est tombée à l’extrême ouest de la zone de saut, dans un endroit boisé. Sa mission est la partie ouest de la vieille ville. Elle doit investir l’hôpital de la Gécamines et la partie ouest du couvent Notre-Dame-de-Lumière. En outre, le capitaine doit s’organiser de façon à interdire le repli des unités rebelles vers l’ouest, en contrôlant solidement la zone des garages de la Gécamines, où il devra récupérer les véhicules indispensables à la motorisation du régiment.
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Sitôt au sol, la 2e compagnie a la surprise de découvrir un bivouac rebelle hâtivement abandonné. Le capitaine lance ses sections sur leurs axes : le lieutenant Raymond (Rouge 2), les sergents-chefs Aoustet (Rouge 3) et Milesie (Rouge 1) s’élancent et manœuvrent comme à l’exercice. L’adjudant Schyns, chef de la section de commandement, se trouve pris sur l’avenue Kasavubu sous un feu violent d’une mitrailleuse lourde ; ses jeunes légionnaires se déplacent comme des kangourous, droit vers le groupe ennemi. Surpris, les Katangais n’insistent pas en dépit de leur supériorité matérielle. Ils décrochent. La route est libre.
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Les légionnaires de la 2e compagnie sont alors tiraillés entre le besoin de réconforter les gens traumatisés qui se jettent au cou et le maintien des règles du combat de rue face aux tirs sporadiques qui viennent de toutes les directions.
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La 3e compagnie du capitaine Rémy Gausserès a pour objectifs l’hôtel Impala, la gare et la Poste au centre de la ville ; la 1ère section du lieutenant Bourgain a reçu la mission de s’emparer de l’hôtel Impala, l’un des P.C. rebelles. Elle fonce et investit l’intérieur de l’hôtel, vide ; le lieutenant a pour mission de retrouver les six coopérants français : aucune trace ; mais les légionnaires sont assaillis par une épouvantable odeur de cadavres en décomposition ; une vingtaine de cadavres d’Africains sont entassées dans des caves. A la recherche des six coopérants français, les légionnaires fouillent en vain l’hôtel. Des culottes de femmes et des soutiens-gorge, manifestement arrachés, traînent sur le sol, ensanglantées. Toutes les portes ont été déchiquetées à la mitraillette, forcées. La 2e section du lieutenant Wilhelm s’est emparé d’un pont Alpha qui franchit la voie ferrée et domine l’entrée de la Nouvelle ville, commandant les vastes boulevards qui mènent à l’est. Ses tireurs L.R.A.C. sont toujours à la recherche de leurs gaines. Le capitaine donne l’ordre à l’adjudant Ivanov de céder les L.R.A.C. de sa 3e section à la 2e qui contrôle le pont.
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Le capitaine Gausserès, avec la 3e section de l’adjudant Ivanov, avance vers la gare. Un accrochage important se fait entendre, du côté de l’entrée de la Ville nouvelle.
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Plus tard, les légionnaires découvrent dans la cave une vingtaine de clients de l’hôtel Impala. Ils y ont été enfermés dès le premier jour et ont entendu les orgies qui se livraient au-dessus de leurs têtes. ‘’Ils nous faisaient danser nues, dans la salle à manger’’ racontera une rescapée belge, interrogée par la chaine de télévision américaine C.B.S. Les tribus de l’est de Zaïre pratiquent le viol collectif qui fait partie de leurs coutumes guerrières.
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A 15 heures 55, une colonne motorisée katangaise avec deux A.M.L. suivies de plusieurs camions remplis de Tigresvenant de l’Est fonce en direction du pont Alpha.
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Les deux automitrailleuses prennent à partie les légionnaires de Noir 2 installés au carrefour et tirent à la mitrailleuse et au canon sur les légionnaires qui se mettent à l’abri dans les remblais. Par chance, la section Wilhelm vient de récupérer son L.R.A.C. et le tireur détruit la première A.M.L. Le second véhicule arrose le pont Alpha de balles ; le légionnaire Sola Terrenzo, excellent tireur au F.M., expédie des rafales courtes et sèches tandis que le caporal Laroche, debout au milieu de la chaussée, pointe son fusil lance-grenades. La seconde A.M.L. s’immobilise à son tour et ses occupants bondissent dans les rues adjacentes. Le reste de la colonne se disperse puis fait demi-tour.
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Une troisième A.M.L. continue de manœuvrer et de tirer puis disparaît.
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Un camion survient dans le boulevard Mobutu. Les F.M. ne le laissent pas s’approcher.
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L’adjudant Ivanov, Noir 3, poursuit sa progression vers le point coté 1476. Il est pris à partie par des rebelles qui tirent en enfilade par les avenues autour de l’Eglise Notre-Dame de la Paix. Le capitaine Gausserès, qui le suit avec son petit commando de commandement, est obligé lui aussi de se jeter dans un fossé et de faire riposter ses radios.
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Le lieutenant Bourgain, Vert 1, quitte l’hôtel Impala et poursuit sa progression plein sud par l’avenue Madula. Il est pris à partie par les rebelles, repérés par le caporal-chef Lombard et le légionnaire Golic. Ces deux tireurs d’élite abattent trois rebelles et récupèrent quatre armes.
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La progression de Noir 1 peut se poursuivre vers le pont Bravo qui commande l’entrée du village indigène Manika. Un feu très nourri, venant d’armes russes, des fusils Kalachnikov, les accueillent. Le lieutenant Bourgain lance l’attaque avec ses trois groupes : le sergent Sablek s’occupe du pont, le sergent Touhami fait face au bâtiment sud qui domine Manika et le sergent Moreau en soutien. Après une volée de grenades à fusil sur les positions ennemies, les rebelles tiennent encore solidement les bâtiments. Bourgain ordonne à Moreau de les déborder par la gauche : Moreau s’enfonce dans le terrain marécageux, franchit la rivière et ouvre le feu sur les éléments rebelles qui tentent de l’empêcher de prendre pied sur les pentes qui mènent à Manika. Bourgain fonce directement sur le pont Bravo avec son groupe de commandement et le groupe Sablek. Désorientés par cet assaut les rebelles ne peuvent pas arrêter Bourgain. Pendant ce temps, les tireurs d’élite du groupe sud du sergent Touhami ont abattu dix rebelles ; le groupe nord récupère sept armes. Mais les Katangais ne s’avouent pas vaincus. S’ils décrochent de l’Ecole technique, ils tiennent solidement la gendarmerie, à proximité du carrefour Victor.
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Le lieutenant Bourgain confie au sergent Moreau la mission de conquérir la gendarmerie. Le caporal Callers parvient à mettre son F.M. en batterie et à prendre en enfilade l’avenue Okito. L’efficacité de ses tirs interdit tout franchissement. Par trois fois, les rebelles tentent de forcer le passage. Trois fois, ils refluent, laissant six cadavres sur le trottoir. Au P.M. et à la grenade, se sergent Sableg entraîne ses hommes qui se battent presque à bout portant. Le légionnaire Jansen, trés bon tireur au P .M. abat plusieurs Katangais. Au total neuf Katangais sont tués et neuf armes récupérées, des fusils automatiques soviétiques. Le groupe sud du sergent Touhami traverse la rivière pour prêter main forte ; un rebelle surgit derrière le sergent et pointe son arme. Plus rapide, le légionnaire Tavari abat le rebelle d’une seule balle de son pistolet, à 15 mètres. La gendarmerie est toute proche ; le groupe de commandement prend pied dans la gendarmerie ; les légionnaires entendent des voix ; il y a des otages. Mais les rebelles acharnés se défendent ; le sergent Moncheaux, adjoint, en abat deux au P.M. tandis que des tireurs d’élite en tuent deux autres. Avec son radio, le caporal Arthur Maigret, et le caporal-chef Lombart, le lieutenant fonce à l’intérieur du bâtiment ; ils voient deux hommes en tirer un troisième avant de l’abattre ; le caporal-chef Lombart abat un rebelle ; l’autre Katangais dégoupille une grenade et s’apprête à la lancer dans la pièce où sont renfermés les otages ; le lieutenant Bourgain l’abat d’une rafale ; la grenade roule au sol et fuse ; elle explose dans la cour. Les otages sortent dans la cour : des hommes, des femmes et des enfants dans un état lamentable, les vêtements déchirés, le visage ravagé ; quelqu’un entonne la Marseillaise que tous reprennent en chœur ; vingt-six Blancs de toutes nationalités et neuf Noirs.
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Mais de nombreux otages, hommes, femmes et enfants, ont été massacrés à la grenade. Les Noirs sont des militaires zaïrois et l’homme abattu était leur capitaine.
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De violents combats de rue se déroulent dans toute la ville, permettant de délivrer un premier contingent d’Européens retenus en otage ou qui ont pu se cacher. Les rebelles jouent la mobilité et tentent de s’infiltrer entre les positions tenues par les légionnaires qui occupent méthodiquement les objectifs étudiés sur la carte à N’Djili. Les Tigres viennent buter sur les mailles du filet rapidement tendu autour du vieux quartier européen.
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Au prix de petits combats délocalisés très vifs et d’une progression avec des tirs à courte distance à travers les jardins clôturés, sous le harcèlement sporadique des Katangais dispersés, les légionnaires nettoient et occupent l’ancienne ville. Trop occupés à essayer de se regrouper et à contre-attaquer, les rebelles ne touchent plus aux otages. Le 2e R.E.P. a arrêté les massacres.
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De l’autre côté du pont Charlie qui enjambe le lac, les légionnaires découvrent deux corps hachés par des rafales. Ils seront identifiés comme Libanais. Ainsi que les dix cadavres flottant sur les eaux du lac.
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C’est un voyage au bout de l’horreur qui commence pour les légionnaires. Ils découvrent partout des cadavres en putréfaction, des bungalows incendiés ou pillés. Partout, ce ne sont que des rues désertes parcourues par des meutes de chiens errants qui s’acharnent sur les innombrables cadavres abandonnés à même le sol. L’odeur âcre de la mort prend à la gorge. Des essaims de mouches tourbillonnent et s’acharnent sur les corps mutilés, gonflés, hideux. Dans le regard des légionnaires, c’est un sentiment de profond dégoût devant une telle sauvagerie.
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En début de soirée, vers 18 heures, les compagnies coiffent tous leurs objectifs et plusieurs dizaines d’otages séquestrés par des rebelles fanatisés sont libérés ; mais les compagnies découvrent aussi des charniers ; des centaines d’Européens voient la fin de leur cauchemar. Les survivants, terrés depuis des jours, laissent éclater leur joie.
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Ici, c’est le capitaine de Richoufftz, adjoint du commandant de la 1ère compagnie, et les éléments de tête de la 1èrecompagnie qui sont accueillis par des familles d’Européens qui, au mépris du danger, se faufilent auprès des légionnaires en pleine action, avec du café.
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La section du lieutenant Raymond intercepte un groupe katangais ; deux rebelles armés tués.
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Vers 18 heures, section par section, la 2e compagnie investit l’hôpital, où tout a été saccagé et détruit. Les légionnaires découvrent à quelques centaines de mètres de là neuf médecins européens terrés dans la cave de la clinique des cadres de la Gécamines : parmi eux, le docteur Himmer, le chirurgien-chef belge, et son collègue français, Delauney, qui ont fait preuve de beaucoup de sang-froid en continuant à opérer tous les blessés qui étaient amenés, rebelles, zaïrois ou européens.
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La 2e compagnie prend alors ses dispositions pour assurer le bouclage face à l’ouest, en couverture du régiment, face à la direction de fuite des rebelles. Pendant toute la nuit, des patrouilles de Rouge et des embuscades prennent à partie des éléments rebelles qui tentent de regrouper ou de s’exfiltrer. Les actions autour de l’hôpital se caractérisent par des combats décentralisés jusqu’au niveau section voire au niveau groupe.
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Un légionnaire de la 2e compagnie est touché par une balle qui lui traverse la poitrine ; son Evasan vers le P.C. n’est pas possible de nuit ; l’infirmier de la compagnie, le caporal-chef Grimberger lui procure les premiers soins et le veille toute la nuit.
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Le médecin-commandant Ferret, médecin-chef du 2e R.E.P., prodigue les premiers soins aux blessés dans le patio car l’hôpital de Gécamines, ravagé, est inutilisable.
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Si la vieille ville a été conquise rapidement, il n’en est pas de même pour la ville nouvelle et la cité Manika qui doivent être nettoyées pâté de maison par pâté de maison. Les capitaines Gausserès, Poulet et Dubos poussent leurs hommes. La progression dans la ville devient de plus en plus difficile. Les Tigres y patrouillent encore en véhicules, alors que les légionnaires sont à pied. Des rebelles tentent de contre-attaquer en s’infiltrant dans le tissu urbain de nuit mais sont stoppés par des embuscades de la Légion. De brefs accrochages mettent en valeur la qualité et le sang-froid des tireurs du 2e R.E.P.
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Le départ de la deuxième vague – 233 hommes – a été retardé à Kamina par des difficultés de transbordement. Lorsqu’elle se présente à 18 heures 45 sur Kolwezi, la nuit est déjà noire.
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La nuit tombe en effet rapidement en Afrique ; aussi le colonel décide-t-il de reporter au lendemain le largage de la 4e compagnie, de la S.E.R. et de la section des mortiers lourds.
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La S.E.R. comporte six sous-officiers et une vingtaine de légionnaires, qui, tous, possèdent le brevet de ‘’Chuteurs opérationnels’’.
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Avec les légionnaires devaient sauter les instructeurs français du 311e bataillon parachutiste zaïrois, fiers de leurs exploits et impatients d’aller les rejoindre, le colonel Larzul, le commandant Capelli et l’adjudant Leclere ; il y a aussi quatre convoyeuses de l’Air aux ordres du commandant Solange Roy.
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A 19 heures 30, les avions se posent à Lubumbashi avec des légionnaires frustrés.
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En fin d’après-midi, le premier C141 américain se pose à Solenzara où des spécialistes de l’U.S. Air Force déplient une antenne mobile pour relier directement la Corse au Q.G. du M.A.C., Military Airtransport Command aux Etats-Unis. Le commandant Govys, chef des services techniques du 2e R.E.P. accueille les aviateurs américains qui vont assurer le transport au Zaïre des moyens logistiques du régiment. En plus de ses camions et de ses Jeeps, des 80 chauffeurs et mécaniciens, le colonel Erulin réclame d’urgence l’envoi d’une citerne d’essence de 8 m3, d’une citerne à eau de 3m3 et du lot ‘’sept’’, les deux camions de réparation de l’unité.
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Ce matériel est trop volumineux pour les C141 ; un coup de fils au M.A.C. et un Galaxy arrive le samedi en Corse. L’efficacité américaine !
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Kamina étant trop encombré par les réfugiés, les Américains choisissent Lubumbashi pour l’arrivée du pont aérien. Ils y déploient une antenne mobile qui permet au colonel Benett de l’U.S. Air Force, auprès de qui est détaché un colonel de l’U.S. Army, d’affiner les possibilités de répondre immédiatement aux demandes logistiques des Français. La piste étant un peu trop courte pour permettre aux C141 Starlifters de se poser à pleine charge à Lubumbashi, les Américains organisent une escale à Dakar où ils déploient une troisième antenne mobile.
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Les gros porteurs décollent de Solenzara avec trois camions, en déposent un à Dakar et deux à Lubumbashi ce qui les amène à faire une rotation supplémentaire entre Lubumbashi et Dakar tous les deux voyages. L’exercice se déroule à la satisfaction commune des légionnaires français et des aviateurs américains.
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Dans la soirée, pour empêcher un éventuel retour des Tigres à la faveur de l’obscurité, sur les ordres du colonel Erulin, les unités se placent en embuscade sur les artères principales et effectuent des patrouilles qui interdisent les tentatives d’infiltration.
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A 20 heures 30, le colonel Erulin installe son P.C. au lycée Jean XXIII, au centre de son dispositif. Déjà de nombreux Européens s’y présente, en dépit des consignes données de rester calfeutrés dans les maisons. Le lieutenant-colonel Bénézit et le capitaine Legrand les accueillent. Ils écoutent les récits de cette semaine infernale, pleins de compassion pour tout ce qu’ont enduré ces hommes et ces femmes, épuisés, hagard, à bout de nerfs.
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A la fin de la journée, le bilan du 2e R.E.P. est éclatant ; l’effet de choc caractéristique des troupes d’assaut a été déterminant et a bousculé l’ennemi : une centaine de rebelles tués, deux A.M.L. détruites, de nombreuses armes lourdes ou individuelles récupérées. Côté R.E.P., pour l’instant, trois ou quatre blessés et cinq tireurs au L.R.A.C. encore absents.
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A la 3e compagnie du capitaine Gausserès, les sections sont en position. L’adjudant Ivanov, Noir 3, s’est éclairé au-delà de point Roméo. Il trouve deux villas qui ne sont pas vides ; deux familles s’y terrent depuis le 13 mai : une belge et une française. Le colonel Erulin signale au capitaine qu’il y aurait un charnier d’une quarantaine de Blancs dans la région de Sierra ; le capitaine part avec quelques légionnaires du groupe du sergent José Madeiras et l’adjudant Ivanov. Le reste de Noir 4 reste en arrière. Les légionnaires trouvent de nombreux cadavres, en état de décomposition, Noirs et Blancs, des hommes, des femmes et même des fillettes, abattus sur le seuil de leur maison. Une vision de cauchemar.
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Soleil donne l’ordre à Noir de rejoindre le carrefour Roméo de la zone contrôlée. Les déplacements sont stoppés ; les positions atteintes par les sections doivent être tenues jusqu’au largage de la deuxième vague. C’est la troisième nuit sans sommeil pour les légionnaires.
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Une auto est alors signalée ; la Volkswagen tourne le coin de l’avenue et file vers le pont Alpha tenu par la section du lieutenant Wilhem. Une fusillade et la voiture est détruite par Noir 2. Un Katangais est tué, un P.M. trouvé, les autres rebelles s’enfuient sous les rafales de F.M. L’adjudant-chef Hessler les recherche avec Noir 4, sans succès. Soudain Hessler voit un groupe de six hommes se dirigeant vers Noir 3. Le capitaine Gausserès et l’adjudant Ivanov monte une embuscade ; à quinze mètres, l’adjudant donne le signal, toutes les armes crachent à la fois. l’adjudant donne le signal, toutes les armes crachent à la fois. Puis Ivanov commande ‘’Grenades’’. Deux grenades défensives nettoient le terrain. De nouveau le silence. Le caporal Malger, aplati sur le trottoir le long d’un mur, a le visage criblé d’éclats de béton. Quatre hommes gisent au sol. Deux rebelles sont blessés et peuvent tirer. Un bruissement. L’adjudant fonce en lâchant de courtes rafales avec son P.M. Les jeunes légionnaires de l’équipe choc le suivent dans son assaut. La patrouille adverse est annihilée. Le groupe récupère cinq armes (deux Kalachnikov, un fusil FAL, deux M16) et un porte-documents.
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A 21 heures 30, les paras commandos reçoivent le feu vert. Mais la piste est dans le noir depuis plus de trois heures, invisible. L’électricité a été coupée par les rebelles depuis le 13 mai. Malgré le sursaut tardif du comité de crise, les paras commandos doivent attendre l’aube du jour suivant, le samedi, comme initialement prévu, pour intervenir.
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A Kolwezi, les quatre cents légionnaires français vont rester seuls pendant douze heures face à un millier de rebelles katangais, beaucoup plus lourdement armés, qui vont contre-attaquer de façon désordonnée mais vigoureuse. Les succès initiaux dès le premier jour et la première nuit de combat sont le reflet de la rigueur à l’entraînement imposée pendant quatre ans au 2e R.E.P. par le chef de bataillon Erulin, chef du B.O.I. puis par le colonel, chef de corps.
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Les légionnaires ont accompli leur mission en allant, en professionnels, mettant en pratique les leçons tirées d’années d’entraînement rigoureux et exigeant, où le drill et l’amour du travail bien fait guident tous les éléments d’une même unité.
Samedi 20 mai : après les escarmouches de la nuit qui ont à peu près nettoyé la ville ancienne, le colonel Erulin demande à ses officiers de quadriller leurs quartiers en sous-secteurs et de désigner parmi les expatriés un responsable, bombardé chef de district. Il est chargé de réunir les renseignements concernant leur situation. Ces informations sont centralisées au P.C. du colonel.
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A l’autre bout de la ville, aux lisières ouest de Kolwezi, la 2e compagnie du capitaine Dubos ne reste pas inactive. Dès la tombée du jour, le lieutenant Raymond avec Rouge 2 intercepte un petit groupe de Katangais ; deux tués et deux armes récupérées. Toute la nuit, le lieutenant va de poste en poste, patrouillant avec son radio, le caporal Bareda.
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Dès 5 heures du matin, le colonel Erulin relance l’action de ses compagnies de combat qui progressent dans leurs secteurs en combattant pour élargir le périmètre sécurisé. Les adjudants de compagnie ont une mission à part : récupérer le maximum de véhicules pour acquérir une plus grande mobilité tactique. L’adjudant Schyns trouve d’énormes camions de chantier Magirus, neufs, en état de marche, d’une magnifique couleur orange qui n’est pas inaperçue !
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A 5 heures 30, des rafales claquent : les légionnaires de Rouge 2 sont visés ; Bareda est touché au bras. Une balle traverse le casque de Raymond, lui ouvrant l’arcade sourcilière. Aveuglé par le sang, Raymond est évacué vers l’infirmerie volante où officie le Père brancardier Lallemand.
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A l’aube, vers 6 heures 30, pendant que la deuxième vague du régiment saute à son tour et achève le bouclage de la ville nouvelle : la 4e compagnie du capitaine Bernard Grail, les hommes de la Section d’éclairage et de reconnaissance du capitaine Jean-Claude Halbert et les appuis avec la section de mortiers du lieutenant Tristan Verna sautent sur une zone située à l’est de la ville nouvelle et viennent à la rescousse.
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La mission de la 4e compagnie est de mener une action à revers en direction du carrefour Sierra et du carrefour Tango en fouillant la partie est de la Nouvelle Ville, pour contribuer à la réduction des derniers éléments katangais qui y résistent encore.
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Les sections s’ébranlent par l’avenue Gungu. L’une à droite investit l’ancien P.C. des F.A.Z. L’autre, les bureaux de la société Baron-Levêque. La section du lieutenant Dary découvre un charnier de plus de quarante cadavres, hommes, femmes et enfants, entassés, déchiquetés par les balles et les éclats de grenades. Les légionnaires sont atterrés. Le spectacle est insoutenable, révoltant. Sous les cadavres, l’infirmier trouve une femme qui respire encore.
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La mission de Vert est de foncer au sud de Kolwezi sur la route de Kapata.
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Mais quand le jour se lève, Vert 2 de l’adjudant Pou patrouille toujours l’ouest de Manika en maintenant la liaison avec Noir 1 du lieutenant Bourgain. La ville africaine est déserte, apparemment abandonnée sauf par de petits groupes de rebelles qui ferraillent de temps en temps. Vert 2 s’empare d’une habitation qui se révèle un P.C. En plus d’un poste radio, Vert 2 découvre un drapeau, emblème du F.N.L.C. Par une série d’actions rapides et une succession de petites manœuvres très efficaces, la 1ère compagnie du capitaine Poulet parvient à accrocher de nombreux groupes de fuyards, en abattre quelques-uns et à récupérer une importante quantité d’armes. D’autant plus curieux apparaissent aux légionnaires dix Noirs qui marchent d’un pas allègre, sac au dos. L’adjudant Pou les intercepte et fait fouiller les bagages. Ils contiennent des armes que ces rebelles déguisés y ont cachées après avoir revêtu des hardes civiles.
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La 2e compagnie du capitaine Dubos, à l’ouest de l’Ancienne Ville, reprend sa progression.
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La S.E.R. du capitaine Halbert part vers le Nord, fouille l’ancien camp de la gendarmerie et pénètre dans la cité Forrest.
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La 3e compagnie réussit à prendre pied dans le quartier indigène de Manika ; sa mission est de s’emparer de la totalité de Manika pour ne pas laisser le temps aux rebelles de massacrer les otages. Noir doit nettoyer le quartier maison par maison.
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Le lieutenant Bourgain, avec Noir 1, se dirige vers le carrefour Whisky, quand il est sous le feu de tireurs isolés ; il fait manœuvrer ses groupes, en échelons successifs, mais son avance est très ralentie par la densité et la précision des tirs, pratiquement incessants.
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Le capitaine Gausserès a, lui aussi, des problèmes avec d’autres snipers. Du nord et de l’est de Manika, des tireurs tentent de stopper sa progression ; les balles sifflent aux oreilles des légionnaires qui avancent, bond par bond. Le caporal-chef Hoffmann, un ancien d’Algérie, est en tête de la section de commandement. Brutalement les balles claquent au-dessus des casques. Il réplique au P.M. sur le tireur isolé et l’élimine. Le capitaine s’apprête à occuper l’Eglise protestante, observatoire intéressant.
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Après 7 heures, les parachutistes belges font un atterrissage d’assaut sur l’aéroport de Kolwezi, que le 311ebataillon de parachutistes zaïrois a repris le 17 au soir, en une première vague de 600 hommes venant de Kamina, sous les ordres du colonel Depoorter. Ils commencent à pénétrer dans la zone d’action du 2e R.E.P. Des fonctionnaires de la prévôté militaire accompagnent les paras-commandos pour recenser les rescapés et surtout les morts.
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A 7 heures 38, l’avion du colonel Gras se pose sur l’aéroport et le colonel Gras a une entrevue cordiale avec le colonel Depoorter : les missions sont claires. Celle du 2e R.E.P. est de rétablir la sécurité à Kolwezi ; celle des paras commandos est de récupérer au plus vite leurs ressortissants qui veulent quitter la ville. Les Belges refusent de discuter ; ils appliquent strictement leurs ordres. Pour le colonel Gras, ‘’Evacuer Kolwezi est une monstruosité !’’.
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Après 8 heures, la 3e compagnie a le contact avec les paras commandos, en tenue sombre, coiffés du béret amarante. C’est la compagnie du capitaine de Wulf ; Gausserès a fait le stage capitaine para à l’E.T.A.P. de Pau-Astra, avec lui, l’an passé. Les deux officiers tombent dans les bras l’un de l’autre ; la fraternité d’arme est la plus forte. De Wulf a pour tâche de rassembler tous les Européens qui restent au centre de Kolwezi puis, par la route, de les évacuer sur l’aéroport dans les délais les plus brefs. Il a pour consigne de ne s’occuper ni de Manika ni des rebelles. Les deux compagnies se séparent rapidement.
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A la même heure, le lieutenant-colonel Malherbes, adjoint du colonel Depoorter, vient rendre visite au colonel Erulin. Ils entérinent surla carte la répartition organisée par le colonel Gras à l’aéroport. Les Français demandent aux Belges d’occuper la ville nouvelle où les Katangais tiennent encore la partie nord. Ce qui leur permettra de ramener tous les légionnaires sur la ville ancienne où une offensive de l’ennemi, qui paraît s’être regroupés au nord de l’hippodrome, est crainte. Mais les Belges ne respectent pas ce gentleman’s agreement. En effet, les soldats belges ont parmi leurs objectifs prioritaires de s’assurer l’hôpital de la Gécamines.
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Le capitaine Gausserès, son adjoint le lieutenant Banal et l’adjudant-chef Hessler avec la section de commandement foncent sur l’Eglise ; les légionnaires investissent le jardin qui entoure l’Eglise et se postent en protection. L’adjudant-chef grimpe sur une échelle prêtée par le pasteur et mise en place par le caporal Vittone, l’ordonnance du capitaine.
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A ce moment, des rafales claquent ; les légionnaires se font allumer par les paras commandos, bien qu’ils soient les seuls à porter un casque. L’adjudant-chef donne de la voix et tout se calme.
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La progression reprend ; les légionnaires avancent en zigzags, par bonds.
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A 9 heures, ils arrivent à réaliser la liaison avec la section du lieutenant Bourgain : un joli record. Deux heures pour parcourir neuf cents mètres. Cela tire encore au point Whisky ; les corps des rebelles abattus par les tireurs d’élite de Noir 1, qui font mouche à trois cents mètres avec leur fusil à lunette. Ces tireurs sont un des facteurs essentiels du succès. A cette distance, les rebelles ne peuvent pas se mesurer aux légionnaires.
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Sur une piste, un groupe de paras commandos belges se hâte vers la ville, sans un regard pour les légionnaires de l’adjudant Armand Schyns de la 2e compagnie qui ratissent, en pointe, essuyant des coups de feu venus des bosquets à l’ouest de l’hôpital.
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La nouvelle de l’évacuation s’est propagée dans la ville à la vitesse d’un incendie. Le mot ‘’évacuation’’ et sa puissance évocatrice ont achevé de semer la panique dans la population. Les gens arrivent à présent en rangs serrés aux portes du Lycée. Le point de regroupement des Européens retenu par les Belges et le lycée Jean XXIII, P.C. du colonel Erulin. Celui-ci charge le capitaine Legrand d’accueillir les gens et de procéder à un premier tri des nationalités, recenser les noms, le nombre de personnes composant les familles. Mais il faut trouver au plus vite des vivres, des médicaments et de l’eau. De l’eau surtout.
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A onze heures, le Président Mobutu, en tenue camouflée et casquette de général, se pose impromptu sur la base de Kamina. Il serre les mains des aviateurs français et zaïrois alignés sur la piste sous les ordres du lieutenant-colonel Kumpani et s’enquiert des conditions dans lesquelles se font les évacuations. Il parle avec certains rescapés.
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A midi, le premier officier de paras commandos se présente au P.C. du lycée : un major. Il est seul. La population lui réserve un accueil glacial. Sa mission est d‘évacuer tout le monde.
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Depuis le matin, des combats sporadiques se déroulent dans et autour de la ville conquise. Des centaines d’armes, des dizaines de mines ont été trouvées près des rebelles abattus.
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Le colonel Erulin a finalement déménagé du Lycée XXIII, envahi de réfugiés, pour le transporter à l’hôtel Impala, sous une tente faite d’un parachute.
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Au cours d’un briefing, le capitaine Lucien Thomas précise que ce sont onze bataillons de 300 hommes qui ont été engagés dans cette seconde guerre du Shaba ; les Katangais disposaient de nombreuses armes lourdes, notamment des mortiers chinois de 82, des mortiers français de 81 et des mortiers commandos de 60. Le commandant de l’opération était le major Mufu. Cette opération Colombe avait trois objectifs : 1. s’emparer de Kolwezi. 2. Lever une milice sur place. 3. Attendre les renforts d’Angola pour poursuivre l’offensive vers l’est, par Likasi et Lubumbashi. Il restait dans la ville de Kolwezi plus d’un millier d’hommes armés, formés partie en bataillons réguliers katangais de 300 hommes et partie en milices populaires levées sur place dans la tribu des Lundas. L’ennemi était équipé d’armes légères d’infanterie (Kalachnikov et M16), de mitrailleuses lourdes et de mortiers (Brandt 81, chinois de 82 et commandos de 60).
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A midi, le colonel Depoorter vient à son tour voir le colonel Erulin. Le chef de corps du 2e R.E.P., ‘’grand seigneur’’, lui remet la responsabilité des deux villes européennes, l’ancienne et la nouvelle. Il rameute ses légionnaires sur la périphérie de Kolwezi pour parer à toute éventualité.
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Les premiers Européens sont évacués à partir du terrain d’aviation de Kolwezi.
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Dans l’après-midi, la 4e compagnie mène une reconnaissance offensive à destination du nord-ouest, avec la voie ferrée comme main courante. C’est la troisième section du sergent-chef Cas (Gris 3) qui ouvre la marche. Elle arrive à proximité de la gare, puis l’occupe sans coup férir. La section Gris 2, commandée par le lieutenant Dary, se porte en tête. Du poste d’observation, le sergent-chef Cas repère avec ses jumelles une centaine d’hommes en uniforme, rassemblés sur la route. Les rebelles essaient d’encercler Gris 3 et la fusillade se déclenche ; de sa position élevée, Gris 2 peut appuyer Gris 3. Le légionnaire Susser, tireur d’élite de la 4ecompagnie, allume le tireur d’une mitrailleuse rebelle avec son F.R.F.1, fusil de haute précision à lunette. Le mitrailleur disparaît. Quelques minutes plus tard, l’arme se met à tirer. Posément, Susser vise à nouveau et tue le second mitrailleur. Il recommence une troisième fois sur le Katangais qui cherche à récupérer la mitrailleuse. Il n’y aura pas de quatrième tentative.
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En abordant l’usine de Métal Shaba, à cinq kilomètres au nord de la ville nouvelle, les gris se heurtent à une forte résistance bien organisée : un ennemi de la valeur de deux compagnies renforcées par des mortiers, soit 300 hommes environ. Les rebelles réagissent aux actions de Gris. Des mitrailleuses arrosent les positions tenues par les légionnaires. Le sergent-chef Daniel, jeune sous-officier aux qualités exceptionnelles, est atteint. Il meurt presque aussitôt. Le caporal Prudence est grièvement blessé. Le capitaine Grail rend compte à Soleil.
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Depuis son P.C. à l’Impala, le colonel Erulin constitue un sous-groupement dont il confie le commandement au capitaine Coevoet, qui installe son P.C. roulant dans une camionnette 404 débâchée conduite par un Européen de Kolwezi, qui n’a pas envie de se laisser évacuer, le caporal Cury occupant la place de passager : la 2e, qui vient d’achever le nettoyage de la périphérie ouest, la S.E.R. du capitaine Halbert, la section de mortiers de 81 du lieutenant Verna, et la 4e dont les deux sections de tête sont fixées devant l’usine de Métal Shaba. Un appui aérien est demandé. La motorisation des unités avec des véhicules récupérés est rapide. La 2e compagnie gagne le lieu des combats avec son convoi : une camionnette qui sert de véhicule de liaison au capitaine Dubos, hérissée d’antennes, quatre énormes Magirus, orange, récupérés au garage de la Gécamines, transportant des légionnaires armés jusqu’aux dents, sans oublier un camion-citerne récupéré par l’adjudant de compagnie Schyns.
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En tête du convoi de la 2e compagnie, un civil tient le volant. Un colosse d’environ 45 ans, Hollandais au teint de brique, à la placidité de marbre. Les légionnaires l’ont découvert à l’hôpital. Mécanicien à la Gécamines, il s’est offert à remettre les camions en marche. Il a voulu accompagner la 2e compagnie. Son seul défaut, il ne parle pas un mot de français. Comme il lâche de sonores Got verdommt ! les légionnaires l’ont baptisé Godverdomme. C’est lui qui, le pied sur l’accélérateur, met un point d’honneur à accomplir la mission que lui ont confiée les capitaines Coevoet et Dubos : les guider au plus court vers Métal-Shaba. En moins d’une demi-heure, il les amène à destination et au plus près de l’accrochage.
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La S.E.R. et la section de mortiers se portent sur la crête qui domine le village tandis que la 2e compagnie se prépare à donner l’assaut aux positions rebelles. La S.E.R. du capitaine Halbert escalade en souplesse la crête tenue par les Katangais, regroupés autour d’une mitrailleuse ; les chuteurs OPS balaient en courant les Katangais qui s’y trouvent et récupèrent la mitrailleuse. Les rebelles sont bousculés et doivent se replier précipitamment. En dessous, protégés par la contre-pente, le lieutenant Verna installe ses mortiers et les légionnaires règlent leurs tubes. Sur les positions rebelles en lisière du village. Quatre coups de réglage et les coups au but sont spectaculaires. Le capitaine Dubos a fait avancer ses sections en limite de sécurité. La progression à pied en direction de la base d’assaut se fait à partir d’un oued qui permet de s’infiltrer en sûreté. Les berges de cet oued ressemblent à des escaliers, avec des banquettes de près de deux mètres de haut. Ce qui pose problème aux légionnaires de petite taille.
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La fin du tir des mortiers de 81 marque le déclenchement de l’assaut de la 2e, appuyée par la 4e et la S.E.R. ; quelques obus tombent encore derrière la 2e ; au grand soulagement du lieutenant Verna, il ne s’agit pas des siens, mais de ceux tirés par des pièces katangaises, qu’il tente alors de neutraliser. Les légionnaires de sections du lieutenant Raymond et des sergents chefs Milesie et Aoustet s’élancent et franchissent en quelques secondes les cinquante mètres qui les séparent des positions ennemies. Ils font feu de toutes leurs armes à la fois. L’assaut ne s’arrête que dans le village et oblige l’ennemi à décrocher : les Tigres sont bousculés.
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De la crête nord, les tireurs d’élite de la S.E.R., opèrent sans arrêt. Ils neutralisent une mitrailleuse 12,7 en arrière des positions ennemies puis, sans désemparer, fauchent les rebelles qui s’enfuient vers le nord.
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Les Tigres s’enfuient dans une quinzaine de camions qui les attendaient plus loin sur la route de Mutshtsha, laissant 60 à 80 des leurs sur le terrain et la plus grande partie de leur armement ; notamment les mortiers, canons sans recul et mitrailleuses.
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Le capitaine Coevoet demande au commandant de l’Armée de l’Air Amice et au capitaine Thomas de diriger un Mirage V pour intercepter lui aussi les fuyards. Guidé par le capitaine Thomas dans une Alouette III zaïroise, le Mirage, piloté par un officier français,fait une passe sur la rame des véhicules ennemis repérés en arrière de l’usine de Métal Shaba. Mais dès la première rafale, ses canons s’enrayent. Le 2e R.E.P. est encore seul.
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Trois véhicules venant du Nord, de la direction de l’usine Métal Kat, se dirigent vers la S.E.R. Le capitaine Halbert les laisse s’approcher puis ouvre le feu. Les Katangais abandonnent leurs voitures en flammes et se dispersent dans les hautes herbes. Les légionnaires de la S.E.R. les pourchassent au F.M. tandis que la section des mortiers règle en toute hâte un tir de mortier.
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A 18 heures, la section du sergent-chef Aoustet aperçoit une voiture, tous feux éteints ; une grenade anti-char détruit la voiture et des rafales de l’A.A.52 alignent les rebelles cherchant à s’enfuir. Quatre Tigres sont abattus. Quatre fusils sont récupérés ainsi que deux L.R.A.C.
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La deuxième vague de parachutistes belges arrive sur l’aéroport de Kolwezi avec le charroi militaire, des véhicules pour aller chercher les Européens isolés en brousse.
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Le 1er Bataillon belge occupe la vieille ville, le 3e occupe la nouvelle ; le 2e R.E.P. occupe le quartier de Manika et de la gare.
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Pour la première fois, depuis une longue semaine, le calme règne sur Kolwezi. La population peut sortir au grand jour, échanger des nouvelles, commencer à dresser un bilan. Celui-ci est lourd. Sans arrêt, les légionnaires découvrent de cadavres, isolés ou groupés en charniers, martyrisés, brûlés ou découpés, témoins d’une sauvagerie aveugle.
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Même si son régiment a réussi à reprendre en quelques heures, le contrôle de la ville, le colonel Erulin sait qu’il n’en a pas fini avec la rébellion. Il lance des reconnaissances offensives en direction des cités périphériques.
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Dans la brousse qui entoure la ville, les légionnaires découvrent une hallucinante troupe de femmes et d’enfants. Des Belges. Elles sont à moitié nues, complètement hagardes. Il y a des jours et des nuits qu’elles se cachent dans les herbes à éléphant, terrorisées, sentant le folie monter en elles, avec la faim, la soif, serrées les unes contre les autres, essayant d’organiser l’invraisemblable, ne pouvant rien faire pour les enfants. Si ce n’est de les empêcher de pleurer, de faire de bruit pour ne pas âtre découverts. Et être tuées elles aussi, pire encore, avant de mourir comme leurs maris, qui ont tous été assassinés.
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Dans la soirée, l’ambassadeur André Ross parle au téléphone au Président Valery Giscard d’Estaing. Toute la journée, le général Claude Vanbremeersch s’est tenu en contact téléphonique avec le Premier ministre belge Léo Tindemans. Français et Belges s’informent étroitement du déroulement des opérations qui, pour n’être pas combinées, n’en sont pas moins coordonnées.
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Dans la nuit du 20 au 21, des mouvements d’infiltration sont décelés autour de la gare. La section du lieutenant Wilhem, Noir 2, contrôle cette zone.
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Vers 1 heure du matin, un groupe de miliciens ouvre le feu à partir d’un hangar et de wagons stationnés à proximité des positions françaises. Le sergent chef Fanshaw prend l’adversaire des wagons à revers. Le groupe du sergent Sezures entame un débordement des tireurs camouflés dans le hangar et entreprend de l’investir. L’assaut est donné et, compte-tenu des grandes dimensions du hangar, le sergent et les caporaux Duprez et Okan pénètrent dans le hangar en lançant trois grenades offensives. Les miliciens repérés par les tirs sont tués, trois armes récupérées, mais les légionnaires, entrés en tête dans le hangar qui a fait caisse de résonance, sont sonnés par les détonations. Commotionnés, ils passent le reste de la nuit sous la protection de leurs camarades en ayant de forts troubles auditifs et des saignements d’oreilles.
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Dimanche 21 mai : les combats se déplacent dans la cité de Manika et au sud de la Vieille Ville.
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Les miliciens mènent des actions désordonnées à l’aide de petits éléments, agissant sans liens apparents les uns avec les autres.
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Le 2e R.E.P. regroupe les 2 200 Européens libérés vers l’aérodrome en même temps que les rescapés sauvés par les Belges. Les paras commandos ont l’ordre d’évacuer tous les Européens. En se répandant dans la ville avec des haut-parleurs pour rassembler la population, leur action provoque une véritable psychose de fuite. Les rescapés sont transportés par des C-130 vers l’aéroport de Kamina d’où ils sont amenés à Bruxelles par huit Boeing de la Sabena.
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Traumatisés, les Européens ne font pas de difficulté pour quitter leur ville par avion sur l’injonction des paras commandos belges qui évacuent tous les médecins, toutes les infirmières, tous les prêtres et toutes les bonnes sœurs.
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La logistique lourde, la logistique sanitaire et les véhicules du 2e R.E.P. commencent à arriver par le pont aérien d’appareils américains Solenzara – Dakar – Lubumbashi – Kolwezi.
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L’ambassadeur André Ross et son épouse Thérèse, accompagnés de M. Colombani, consul de France à Lubumbashi, débarquent à Kolwezi. Ils sont accueillis par les colonels Gras et Erulin. Ils sont accompagnés sur les lieux des massacres. L’ambassadeur de France se tait, impressionné par l’ampleur de la tragédie. M. Colombani essaie, en vain, d’identifier les corps.
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Un peu plus tard, le Président Mobutu vient à son tour et se rend à l’hôtel Impala, tenant à féliciter personnellement tous les officiers français pour leur opération ‘’si intelligemment montée et si brillamment exécutée’’.
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Mais il reste à Kolwezi de nombreux blessés regroupés à l’hôpital local que les pillages ont vidé de ses équipements. Le médecin-commandant Ferret n’a que deux médecins noirs généralistes pour le seconder ; il demande l’autorisation de faire venir son adjoint de Calvi. Le médecin-capitaine Morcillo bondit dans le premier avion.
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Au soir, la ville s’est vidée de toute sa population européenne. Par ailleurs, le 2e R.E.P. a terminé le nettoyage de la cité Manika.
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Le 2e R.E.P. se retrouve seul au milieu d’une ville déserte où il n’y a plus ni eau, ni électricité, ni hôpital, ni ravitaillement, mais où près de 900 cadavres pourrissent au soleil, attendant une sépulture, où une population de 100 000 Africains, très éprouvée, réclame aide et secours.
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La 3e compagnie est regroupée au cercle hippique Le Bridon. Dans le silence qui plane sur Kolwezi déserte, couchés sur les pelouses, les légionnaires récupèrent, en regardant caracoler une soixantaine de chevaux, magnifiques, sauvés par l’adjudant-chef Collette.
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Le capitaine Thomas fait le point de la situation ; il souligne qu’il reste des rebelles autour de Kolwezi. Les prisonniers interrogés et les civils zaïrois expliquent qu’il y a des groupes relativement importants dans un rayon de 10 kilomètres. Dans la nuit, le colonel Erulin, entouré du lieutenant-colonel Bénézit et du capitaine Coevoet prépare ses ordres sur la cité de Kapata.
A partir de la nuit du 21 au 22 mai, les opérations du 2e R.E.P. se décentralisent vers les différentes cités minières.
Lundi 22 mai : dans Kolwezi, les légionnaires peuvent quitter leurs casques et porter le béret vert.
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Une opération est montée sur le village de Kapata, distant d’une dizaine de kilomètres dans le sud-ouest de Kolwezi. La plupart des compagnies sont motorisées avec le parc automobile de la Gécamines. La 3e compagnie doit assurer le bouclage des lisières sud ; la 1ère compagnie effectue un mouvement pour assurer le bouclage au nord ; la 4ecompagnie ferme la marche : elle fouillera le village de Kapata.
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Le lieutenant Bourgain roule en tête de sa section, dans une Mercédès bleue. Brusquement deux impacts étoilent le pare-brise. Devant la Mercédès, en plein milieu de la piste, deux rebelles ont ouvert le feu. ‘’Accélère’’ crie Bourgain au chauffeur. Les deux ennemis sont tués net.
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D’autres coups de feu se font entendre sur les pistes autour du village et la poursuite s’engage, hors de la piste, à travers les hautes herbes. La S.E.R. du capitaine Halbert intervient et engage l’ennemi à la mitrailleuse. Une demi-douzaine de Katangais sont tués et leurs armes automatiques sont récupérées Les autres Tigres mettent le feu à la savane et s’enfuient.
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Le caporal Breton est atteint au bras ; le légionnaire Krüger a le casque traversé par une balle.
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A midi, les légionnaires découvrent dix camions de la Gécamines, chargés d’armes, embourbés, que les rebelles tentaient d’exfiltrer vars l’Angola. Bloqués, ils les ont sabotés. Le bilan du régiment s’enrichit : deux canons, deux mortiers, huit postes de radio américains tout neufs, dix mitrailleuses et soixante armes individuelles, plus des caisses de munitions.
Mardi 23 mai : une nouvelle opération est montée ; il s’agit de fouiller le village de Luilu que des renseignements disent être occupé par une vingtaine de rebelles. Selon d’autres renseignements, un regroupement de 150 Katangais est signalé dans cette région, dans les usines et au Sud de la cité.
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A l’aube, trois compagnies, la 1ère, la 2e et la 3e, avec la S.M.L. prennent la piste. Arrivées sur l’objectif, deux d‘entre elles se postent en embuscade sur les axes possibles de fuite tandis que la dernière fouille les cases africaines. Après la mise en place du bouclage, les unités sont harcelées par des tireurs isolés en début d’après-midi. La population interrogée fournit des renseignements qui s’avèrent erronés. Un guetteur katangais en observation est tué. Des traces d’hommes et de véhicules sont repérées. Le terrain couvert d’herbes hautes est compartimenté.
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A 16 heures 30, les commandants de compagnie passent un compte-rendu négatif.
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A 17 heures, le capitaine Coevoet remanie le dispositif.
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O.K. Restez sur place pendant la nuit et tendez des embuscades tout autour de Luilu.
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La mise en place terminée, des coups de feu très nourris éclatent dans le secteur tenu par la 1ère compagnie. Vert 3 du lieutenant Puga se fait sérieusement allumer par un groupe important. Les Katangais, qui se faufilaient à l’abri des herbes à éléphant ont été surpris quand ils sont venus buter contre la 3e section qui s’installait en bouclage. Très vite, c’est un combat au corps à corps qui s’engage au milieu des hautes herbes. Les rebelles en exfiltration se dissimulent entre les termitières et les broussailles élevées qui les dérobent à la vue.
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Le légionnaire Clément pense avoir touché un adversaire. Il fonce pour récupérer son arme. Il est abattu par un second ennemi qu’il n’avait pas vu.
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Le combat va durer toute la nuit. Le caporal Harte est grièvement blessé. Il mourra le lendemain des suites de ses blessures dans l’avion qui l’évacue vers Kinshasa. Le dernier mot reste pourtant aux légionnaires du groupe du sergent-chef Varesano qui met un point final à l’affaire en bloquant la fuite des derniers rebelles qui laissent six des leurs sur le terrain.Le total des pertes des Katangais s’élève à 20 tués.
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L’E.M.A. étudie l’éventualité d’une intervention du 2e R.E.P. sur les colonnes katangaises qui se replient vers l’Angola et pourraient détenir des otages. La 4e compagnie devient élément de réserve et prend l’alerte.
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Du 23 mai au début de juin, le colonel Erulin lance l’opération psychologique pour apporter à la population du Shaba le réconfort d’une présence militaire et de montrer que le danger est écarté. Il envoie en tournée d’apaisement la fameuse section d’éclairage et de reconnaissance avec ses chuteurs opérationnels et son capitaine Jean-Claude Halbert, sous les ordres du capitaine Bernard Legrand, commandant la C.E.A. du 2e R.E.P. avec leurs jeeps-mitrailleuses. Le détachement quitte Kolwezi avec prudence et circonspection vers Kambove et Likasi. Dès Likasi, sur la route de Lubumbashi, leur reconnaissance devient une tournée triomphale. Sur le bord de la route, la population est là, exubérante et chaleureuse. Avec l’accord du colonel Gras, la Légion pousse jusqu’à Lubumbashi. La capitale du cuivre se surpasse, s’enflammant avec autant d’excès qu’elle avait été la veille, prête de céder à la panique. La seule vue de ces quelque trente bérets verts, des hommes solides et sûrs d’eux, délivre Européens et Zaïrois de toute crainte. Le détachement poursuit sa route jusqu’à Kipushi puis revient à Lubumbashi.
Mercredi 24 mai : le colonel apprend que l’E.M.A. juge une opération héliportée trop risquée. Il y a un problème d’hélicoptères lourds disponibles. Les élongations sont telles que l’opération est décommandée. Une force d’intervention africaine doit prendre la relève du régiment.
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Le capitaine Thomas annonce que plusieurs sources font état de pose de mines par les Tigres sur les pistes menant à Kapata.
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Le capitaine Padovani, qui a parcouru d’une traite les 400 kilomètres non sécurisés de Lubumbashi à Kolwezi à la tête de son convoi régimentaire des G.M.C. aérotransportés par les C141 américains, fournit l’essence aux unités à partir des soutes de la Gécamines.
Jeudi 25 mai : le régiment effectue sa deuxième opération sur la cité minière de Kapata. La mise en place se fait de nuit, mouvements en véhicules tous feux éteints. Le débarquement des compagnies a lieu à bonne distance de l’objectif, sans aucun bruit. L’approche à pied se fait sur un terrain difficile. Chaque compagnie a son secteur de bouclage.
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La fouille du village commence au lever du jour, maison par maison ; Un homme en civil qui s’enfuit avec un sac est arrêté ; la fouille de son sac de farine permet de récupérer sa carte des F.N.L.C. et une carte zaïroise en règle ; il est emmené au P.C. vers le capitaine Thomas.
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Des éléments légers ouvrent le feu à 30 mètres sur le groupe du sergent Madeiras de Noir 3 puis tentent de prendre la fuite à travers les marais. Le légionnaire Bloch, tireur d’élite, abat un Tigre à 100 mètres ; un M16 est récupéré. Un second rebelle, dont seule la tête est visible dans le marais, reçoit une grenade et disparaît. Les légionnaires réduisent les dernières résistances localisées et apportent leur concours à la population africaine traumatisée.
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Après un assaut sans aucune perte, les légionnaires dénombrent six Katangais sur le terrain ; avant de s’enfuir, les rebelles ont immergé leurs armes et les légionnaires repêchent deux canons sans recul, deux mortiers et soixante armes automatiques. Ils font deux prisonniers, pour la première fois. ‘’Jusqu’à présent, constate le colonel Erulin, ils se battaient jusqu’au bout’’.
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Le train de la Croix-Rouge parti de Lubumbashi il y a 2 jours, arrive à Kolwezi ; la voie ferrée a été sabotée par les rebelles et il a fallu la réparer au fur et à mesure. Il amène les fossoyeurs et il transporte des vivres et des médicaments. Le convoi, protégé par des soldats zaïrois, arbore un immense drapeau blanc frappé d’une croix rouge. Les hommes de la Croix-Rouge, en blouses blanches et masques prophylactiques, vont ramasser les cadavres au bulldozer pour les enterrer en vrac, Africains et Européens mélangés. Aucun espoir de les identifier.
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Vendredi 26 mai : le régiment effectue sa deuxième opération sur la cité minière de Liulu avec une mise en place de nuit par unité. Chaque compagnie connaît les pistes et les obstacles du terrain sur lequel elle a été engagée. Les embuscades sont en place au lever du jour. Le bouclage de la zone ne permet pas le contact. Cependant les légionnaires ont appris à utiliser le concours de la population. Le caporal Duprez, chef d’équipe feu de Noir 2, assure la protection arrière de sa section. Il interpelle trois villageois à bicyclette ; après discussion, ne pouvant pas quitter sa position, il garde sur place la femme qui accompagne les villageois ainsi que leurs sacs puis les villageois reviennent avec 5 fusils Mauser, un M16 avec 3 chargeurs de 7.62 dans un sac de toile. Mission accomplie !
Jusqu’au 27 mai, utilisant des véhicules récupérés à la Gécamines ou ses véhicules propres amenés par air, le régiment élargit ses reconnaissances. Le colonel Erulin lance une série de coups de main sur les cités de Luilu, Kamoto et Kapata afin d’élargir le périmètre de sécurité de l’agglomération vidée de tout Européen. La résistance se dilue. L’adversaire a éclaté et rejoint la frontière angolaise. Les légionnaires réduisent de nombreuses résistances localisées, délivrent encore quelques isolés et apportent leur concours à la population africaine traumatisée.
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Le 2e R.E.P. recueille des soldats zaïrois des F.A.Z. et même des fermiers belges qui ont fui à l’arrivée des Tigres et se terrent depuis dans la brousse.
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Les Tigres ont repassé la frontière ; le régiment a rempli sa mission. Le bilan : 250 rebelles tués, deux A.M.L.détruites, un millier d’armes de guerre récupérées, dont 4 canons S.R., 15 mortiers, 21 L.R.A.C., 10 mitrailleuses et 38 F.M.
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Le 2e R.E.P. déplore 5 tués (caporal-chef Allioui, caporal Arnold, légionnaire Clément, sergent-chef Norbert Daniel, caporal Paul Harte) et 20 blessés (de la 1ère compagnie : légionnaire Marco, légionnaire Soral, caporal Pain ; de la 2e compagnie : caporal Bareda, sergent Cabrol, caporal Dallet, caporal Ovacick, lieutenant Raymond, légionnaire Seeger, caporal-chef Senekovic ; de la 3e compagnie : caporal Courson, légionnaire Forestier, légionnaire Rodriguez, légionnaire Svoboda ; de la 4e compagnie : légionnaire Jakovic, caporal Prudence ; de la C.A.E. : légionnaire Becker, légionnaire Demont, caporal Munoz ; de la C.C.S. : légionnaire Gilbert).
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Un para-commando belge a été tué ; un para-commando marocain sera tué.
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Quelque 700 civils africains et 170 Européens ont trouvé la mort lors de cette tentative des rebelles katangais de déstabiliser le régime du Président Mobutu, sans compter les pertes des parachutistes zaïrois morts dans l’opération aéroportée avant l’arrivée des légionnaires.
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Les Européens étaient entre 2 500 et 3 000 répartis entre l’ancienne et la nouvelle ville. Personne n’est capable de donner un chiffre exact. Finalement 2 200 Européens seront évacués après la reprise de la ville. Ajoutés aux morts et aux disparus, cela fait près de 2 400 Européens auxquels il convient d’ajouter les 300 qui se sont repliés sur Lubumbashi après avoir refusé de quitter le Zaïre.
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Sur les 87 Européens enterrés, 25 resteront anonymes. 521 cadavres de Zaïrois, assassinés par leurs ‘’frères’’ katangais, ont été dénombrés. Mais le chiffre des disparus reste l’objet de spéculations. Pour le docteur Rupol, chef de la mission médicale belge à Kinshasa, 112 Européens ont été tués ou sont portés manquants alors que le représentant du Comité international de la Croix Rouge à Lusaka, Steineman, donne le chiffre de 136 morts et disparus.
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Au total, 1 180 paras-commandos belges ont été amenés par huit C-130, suivis par trois C-130 avec du charroi et des subsistances, 36 Jeeps, dont la moitié blindées, et 26 transporteurs affectés aux sauvetages de civils en brousse, plus une antenne médicale.
Samedi 27 mai : le combat terminé, le colonel Erulin fait concélébrer une messe par l’aumônier du régiment, le père Lallemand, et le curé de Kolwezi à l’intention de toutes les victimes du drame, Européens et Africains, au milieu de la ville qu’il vient de libérer.
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La 2e compagnie du capitaine Dubos mène un raid de 40 kilomètres au sud-ouest de Kolwezi jusqu’à une ferme pour rechercher un couple d’ingénieurs agronomes, qui sera retrouvé après 10 jours d’errance, par une autre unité.
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La 2e compagnie apporte son concours à la population africaine traumatisée.
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Les autres compagnies sont regroupées dans le centre de la ville. Les légionnaires reçoivent les ordres du capitaine Padovani, officier logistique, du lieutenant Jambu et de l’adjudant-chef Achenbrenner, officier mécanicien, pour charger les matériels régimentaires dans les camions gros porteurs qui formeront un convoi pour Lubumbashi.
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La Légion laisse un détachement pour garder le pont de Lualaba entre Kolwezi et Lubumbashi.
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Au briefing du colonel, le capitaine Gausserès reçoit la mission de ‘’maintenir l’ordre dans Kolwezi et les abords immédiats avec les F.A.Z. Il s’agit de l’ordre donné directement par Le Président Valéry Giscard d’Estaing. La 3ecompagnie, renforcée par la S.M.L. du lieutenant Verna à deux groupes, d’une station transmissions en QAP avec le sergent Siotek, et le caporal-chef Lepers, et d’un sous-officier infirmier le sergent Cerrone, prendra en compte le point d’appui (P.A.) de l’Impala le 28 mai à 5 heures, après le départ du dernier véhicule du P.C. Noir en assurera la garde du P.A. qui hébergera en plus les équipes du 1er R.P.I.Ma.
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Les officiers de Noir doivent escorter et assurer la protection des équipes du 1er R.P.I.Ma. lors des recherches d’Européens en brousse.
Dimanche 28 mai : à 3 heures du matin, le capitaine Padovani démarre en tête du convoi lourd régimentaire vers Lubumbashi. Le lieutenant Jambu le suit. Le chef de corps démarre ensuite avec le capitaine Dubos et la 2e compagnie.
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A 4 heures 45, l’Impala est vide et la 3e compagnie peut s’installer. Les sections sortent les pelles U.S. et creusent des emplacements de combat. L’adjudant-chef Hessler récupère une centaine de sacs de sable à la Gécamines. Trois mitrailleuses 12,7 défendent le P.A. : la première sur le toit de l’immeuble contrôle un large secteur à l’entrée du dispositif ; les deux autres sont montées sur les circulaires des G.M.C. postés aux points clés.
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Le sergent Cerrone nettoie une chambre et la baptise infirmerie. Il y dépose sa caissette cachets de Nivaquine.
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Les légionnaires de Noir se retrouvent au milieu d’une ville dévastée où il n’y a plus ni eau, ni électricité. Une population de 100 000 Africains enterre les 900 cadavres. Il n’y a pas de ravitaillement. Les enfants nettoient les rues et les magasins.
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Les consignes du chef de corps sont de rendre à la division Kamanyola les armes perdues lors des combats contre les Tigres et récupérées par le 2e R.E.P.
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Dans l’après-midi, un canon 106 SR et deux canons de 75 sont rendus à l’armée zaïroise, ainsi qu’une grande quantité de M 16 et de P.M. Uzi.
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Des patrouilles motorisées en ville permettent de rassurer la population et de garder le contact avec les autorités civiles locales et religieuses.
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Du 28 mai au 8 juin, le colonel Erulin redéploye son effectif entre Kolwezi et Lubumbashi, capitale provinciale dont la population réclame une assurance de sécurité.
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Le dispositif du régiment s’étend jusqu’à Lubumbashi qui devient alors sa base.
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L’hôpital manque de sang pour soigner les nombreux blessés qui y ont été amenés. Par tradition ou superstition, les militaires zaïrois refusent de donner le leur. Le médecin-capitaine Morcillo raconte l’histoire à la popote. La réaction est immédiate : ‘’Le 2e R.E.P. est volontaire. Au complet’’. Il faut deux jours au médecin-capitaine Morcillo et à son collègue civil, le docteur Boucheix, pour mener l’opération à son terme.
Lundi 29 mai : le capitaine Gausserès se présente au général Dikuta au P.C. des F.A.Z. pour arrêter ensemble les modalités de cohabitation et de contrôle de la zone. Il est convenu que la 3e compagnie continuera à faire des patrouilles motorisées dans l’ancienne ville et la nouvelle ville.
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Les légionnaires laissent la cité de Manika sous la protection de la division Kamanyola.
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Un polygone ‘’génie’’ est reconnu à l’extérieur de la ville avec le capitaine Kasendue du T3, bureau organisation de la division, car Noir 1 doit détruire 400 kg d’explosifs et de munitions.
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Vers 11 heures, un hélicoptère blanc Alouette III se pose devant l’Impala. M. Claude Renard, directeur de la Gécamines à Kolwezi, fait part au capitaine de sa décision de remettre en marche certains secteurs de ses usines à Kolwezi, Kamoto et Liulu.
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Vers 15 heures 30, une escorte sous les ordres du lieutenant Banal est fournie à M. Claude Renard pour aller jusqu’à l’aéroport où un avion de la Gécamines doit l’emmener à Kinshasa.
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Mardi 30 mai : à 9 heures, un message de Soleil arrive à la 3e : ‘’Effectuer patrouilles à pied effectif minimum une section dans agglomération et abords immédiats. Mettre en place la nuit quelques embuscades accès ancienne ville et cité Manika. Effectuer fortes patrouilles motorisées avec appui jusqu’à Kamoto et Liulu’’.
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Le capitaine Gausserès monte une opération sur Kamoto et Kapata avec la S.M.L. du lieutenant Verna et la section du lieutenant Bourgain. Des ingénieurs de la Gécamines les accompagnent.
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La patrouille motorisée approche Kapata en sûreté par les pistes nord-est. La cité est calme. La population accueille les légionnaires avec de grandes démonstrations de joie. Les enfants sont très nombreux. Les instituteurs font chanter les enfants en français.
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A 11 heures, une évacuation sanitaire de blessés graves africains est organisée avec le P.C. de Lubumbashi ; un C 160 français se pose à Kolwezi. Noir 3 de l’adjudant Ivanov prend contact avec le docteur Bizimana à l’hôpital et charge dans ses G.M.C. 47 adultes et 8 enfants grièvement blessés par balles et parfois atteints de gangrène.
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Vers 17 heures, l’Evasan est terminée et le C 160 décolle vers Lubumbashi.
Mercredi 31 mai : à 9 heures, le général Liron, commandant la 2e brigade parachutiste, accompagné des colonels Erulin et Gras, arrive au P.C. de l’Impala dans l’hélicoptère du Président Mobutu, un Super Frelon. La section du lieutenant Bourgain rend les honneurs.
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Le programme est le suivant : exposé sur l’O.A.P. depuis le toit de l’hôtel, visite à pied du P.A. ; visite de la ville en Jeeps, entretien avec le général Dikuta, puis chez le Commissaire de la Région, le colonel Inkasha. Les Zaïrois posent des questions sur la présence de la France.
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Le chef de bataillon Manificat, spécialiste du renseignement, fait un exposé sur Colombe.
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A midi, un repas de corps réunit bérets rouges et bérets verts autour du général Liron. L’adjudant-chef Hessler s’est surpassé grâce au sergent Canova qui assure la garde du Toyota frigorifique du restaurateur M. Rossi en échange du chargement de viande et farine et du contenu d’une petite cave de l’Impala.
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L’après-midi est consacrée à la visite en Jeeps des emplacements de la S.E.R. au pont de Lualaba. Le retour s’effectue dans l’Alouette III de la Gécamines.
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Vers 16 heures 30, le général Liron et les deux colonels quittent l’aéroport de Kolwezi avec le Super Frelon vers Lubumbashi.
Début juin, des détachements militaires de diverses armées africaines de la Force Interafricaine débarquent au Shaba des C130 et des Galaxy de l’U.S. Air Force ; la mission s’achève pour le 2e R.E.P. qui peut se préparer rejoindre Calvi à bord de gros porteurs américains.
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Les parachutistes belges équipés de matériel de transport sont installés dans la ville de Kamina, alors que les légionnaires du 2e R.E.P. sont installés à Lubumbashi, sauf une compagnie restée à Kolwezi, jusqu’à leur relève par une force africaine composée de troupes marocaines, sénégalaises, togolaises et gabonaises.
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Jeudi 1er juin : les sections effectuent des patrouilles motorisées vers Mutoshi et Liulu, sans résultat. En fin de matinée, Noir 3 est témoin d’un pillage sur la population de Liulu par six artilleurs zaïrois. L’adjudant Ivanov sanctionne pour racket les pillards.
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Cet incident cause quelques difficultés au capitaine Gausserès de la part du général Dikuta.
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L’affaire se calme ; au P.C. des F.A.Z. les soldats ingurgitent bière sur bière et fêtent la victoire en conformité avec leurs traditions guerrières.
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Les patrouilles de nuit se déroulent dans une ville vide de soldats zaïrois.
Vendredi 2 juin : deux sections et la S.M.L. patrouillent dans les cités de Kamoto et Kapata et y interrogent la population. Un suspect sans papier est arrêté. Conduit chez le capitaine Gouachon, il se révèle être un rebelle, agent de liaison, qui livre de nouveaux renseignements.
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Des officiers marocains débarquent à l’aéroport et commencent à prendre des consignes. Une partie de leur contingent à venir est déjà intervenu à Kolwezi lors des évènements de 1977.
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Un de leurs sous-officiers tombe d’un camion entre l’aéroport et la ville. Inanimé, perdant du sang, le sergent Cerrone le conditionne pour une Evasan.
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Le capitaine Bernard Legrand arrivé de Lubumbashi fait une visite au P.C. des F.A.Z. et rejoint le P.A. de l’Impala.
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Le sergent Saraiva de Noir 3, qui contrôle le pont Bravo et les accès à Manika, arrête un véhicule suspect avec trois passagers. La fouille permet de découvrir des grenades cachées sous le siège arrière. L’un des suspects tente de s’enfuir. Le sergent l’abat d’une rafale de P.M. Les deux prisonniers, conduits au P.C., sont interrogés par le capitaine Gouachon ; ils se révèlent des rebelles infiltrés qui livrent des enseignements exploitables.
Samedi 3 juin : le colonel Erulin rejoint Kolwezi en C160 avec une trentaine de journalistes du monde entier. Le capitaine Chatillon du SIRPA-Paris les accompagne. Le problème pour les légionnaires est de les convoyer. Le problème pour l’adjudant de compagnies est de nourrir à midi à l’Impala 250 personnes, civils, aviateurs et légionnaires. La visite se termine dans l’après-midi.
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Le capitaine Legrand prépare la relève sur le P.A. de l’Impala par la 1ère compagnie. Il conserve sur place un groupe de la S.M.L. et deux patrouilles de la S.E.R.
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Les Marocains reconnaissent les environs de la ville en liaison avec les gendarmes zaïrois.
Dimanche 4 juin : vers 5 heures 30, les embuscades sont levées et les sections rejoignent l’Impala ; les légionnaires chargent le matériel dans les G.M.C.
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A 8 heures, les véhicules de la 3e compagnie quittent le P.A. et ceux de la 1ère compagnie rentrent dans l’Impala.
Lundi 5 juin : les compagnies du 2e R.E.P. en bivouac à Lubumbashi conditionnent le fret.
Mardi 6 juin : une prise d’armes est organisée à Lubumbashi par les autorités zaïroises en l’honneur du Président Mobutu et du 2e R.E.P. que le Président aurait bien aimé garder au Zaïre.
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Rangés en carrés de compagnies, les légionnaires sont figés, impassibles, sous le soleil vertical. Ils se sont composés des visages de marbre, conscients des milliers de regards qui les fixent.
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Une parade africaine est donnée en leur honneur par la garde personnelle du Président. C’est un hommage personnel du Président qui a mobilisé, à leur intention, l’apparat de son escorte.
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Le général Eluki Monga Aundu, secrétaire d’Etat à la Défense et à la Sécurité du Territoire, prononce le premier discours destiné à ses frères d’armes, les légionnaires du 2e R.E.P.
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Puis c’est la cérémonie de remise de décorations ; trois officiers supérieurs, cinq officiers subalternes, quatre sous-officiers sont décorés symboliquement pour tous leurs camarades du 2e R.E.P., qui reçoivent la croix de la bravoure militaire avec palme de bronze.
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Enfin le pas lent des légionnaires, impressionnant et grave, résonne aux oreilles des Africains habitués aux rythmes vifs et aux manifestations bruyantes.
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André Ross vient de vivre l’une des heures les plus émouvantes de sa carrière de diplomate français : le discours à la gloire de la France, la citation de ses soldats, le défilé de la Légion, dernier cadeau des bérets verts. D’un geste furtif, Thérèse Ross essuye une larme…
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Mercredi 7 juin : les avions américains rapatrient le 2e R.E.P. à Calvi. Légionnaires français et aviateurs américains échangent photos dédicacées et couvre-chefs à la fin de l’opération.
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Le 2e R.E.P. laisse au Shaba ses 45 G.M.C. et ses Jeeps pour le contingent marocain qui prend la relève. Les soldats du roi Hassan font la moue devant la vétusté du matériel qu’ils refusent d’utiliser !
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15 juin : les légionnaires de Vert quittent le Shaba, 27 jours après leur saut sur Kolwezi. Pendant 10 jours, ils ont continué à assurer la sécurité de Kolwezi et rassurer les Européens pour les maintenir dans cette ville et à la Gécamines, où ils sont indispensables au fonctionnement des usines.
16 juin : l’élément poste-curseur quitte à son tour le sol zaïrois.
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Ce succès vaut au 2e R.E.P. un hommage international unanime et sa 7e citation à l’ordre de l’Armée. ‘’Son action courageuse et efficace s’inscrit dans la tradition des troupes aéroportées et de la Légion Etrangère, combinant une mission humanitaire sans précédent avec une mission militaire exemplaire.
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L’opération a permis d’assurer l’évacuation de quelques deux mille Européens et d’affirmer la détermination de la France à protéger ses ressortissants. Les pertes du 2e R.E.P. sont faibles mais son bilan est éloquent.
Les Forces armées françaises ont réussi parfaitement une opération extérieure aéroportée exécutée dans des conditions difficiles. Le succès a été conditionné par la rapidité et la discrétion dans l’exécution, facteurs qui sont contenus dans les capacités des troupes aéroportées.
legionetrangere.fr
Opération Léopard Kolwezi 1978
Mobutu et la guerre de 80 jours
2ème Guerre du Shaba (Katanga) 1978 Mobutu recevant un débriefing du major Mahele lors de la guerre de Shaba (Katanga)
Date de dernière mise à jour : samedi, 01 mai 2021
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