La bataille de Mbwila, 29 octobre 1665
Le 23/11/2018
Le Royaume Kongo
Le Royaume du Kongo était un empire de l'Afrique central, situé dans des territoires du Nord de l'Angola, de Cabinda, de la république du Congo, de l'extrémité occidentale de la république démocratique du Congo et d'une partie du Gabon. À son apogée, il s'étendait de l'océan Atlantique jusqu'à l'ouest de la rivière Kwango à l'est, et du fleuve Congo jusqu'au fleuve Loge au sud.
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L’arrivée des Portuguais au Royaume Kongo
Lorsque les Portugais atteignent l'embouchure du fleuve Congo (découverte par Diego Cão en 1482), le royaume du Kongo est déjà puissamment établi. Il résulte du regroupement de multiples unités politiques en un État relativement centralisé, soumis à un souverain résidant dans une capitale. Ses frontières, toutefois, sont fluctuantes, six « provinces » principales composent son noyau stable : le Mpemba (province royale), le Soyo, le Mbamba, le Nsundi, le Mpangu et le Mbata
Au XVè siècle, l’arrivée au pouvoir, à la suite d’un coup d’Etat, de Nzinga Nkuvu coïncida avec l’arrivée du place de l’explorateur portuguais Diego Caos.
Ce contact survenu en 1482 vit l’entame d’une relation qui, dans un premier temps, semblait profitable aux deux nations.
Nzinga Nkuvu envoya des membres de sa famille recevoir une éducation au Portugal. De même, l’arrivée de Caos au Kongo marqua le début de la christianisation de ce pays. Baptisé, Nzinga Nkuvu prit le nom de Jean Ier.
Jean Ier mena une politique relativement trouble et fut considéré par les Portuguais comme un opportuniste qui s’était converti dans le seul but de consolider son pouvoir sur l’empire en bénéficiant dorénavant de la puissance de l’armement portugais, à savoir les arquebuses et les pièces d’artillerie.
Le fils de Jean Ier, Nzinga Mvemba, connut sous le nom d’Alfonso Ier le Grand, usurpa le pouvoir, qui revenait de droit à son cousin Nzinga Mpanzu, grâce au soutien des Portuguais.
Sous son règne, on assista à une évangélisation accélérée du territoire mais aussi aux premiers massacres des réfractaires à la religion du Christ dans certaines régions conservatrices telles que le Lemba, le Kimpasi et la Kinkimba.
Ce fut également sous le règne d’Alfonso Ier que débuta la traite des Noirs, largement tolérée par le roi qui voyait là le moyen de se débarrasser de certains adversaires politiques.
Les premiers heurts
Au XVIIè siècle, le Kongo devint davantage la proie convoitée des grandes nations européennes dont le Portugal, l’Espagne et les Pays-Bas.
En 1641, le roi Nkanga ya Lukeni Ya Nzenye ya N’Tumba, alias Gracia II, prit le pouvoir au détriment de son frère Nimi ya Lukeni ya Ntumba (Alvaro V), assassiné dans des circonstances obscures.
Afin de se dégager de l’étreinte portugaise, le nouveau roi signa une alliance avec les Hollandais qui débarquèrent à Luanda, ville alors considérée comme un port d’importance stratégique.
Mais, le roi refusa ensuite de se convertir au protestantisme et refusa l’arrivée de missionnaire calvinistes. Il accepta cependant de payer une rançon en esclaves, provenant du sud Kongo sécessionniste, aux Hollandais qui lui avait fourni un support militaire.
Le refus du roi d’accepter le protestantisme lui aliéna le pouvoir hollandais qui, bientôt, décida de lui retirer son soutien.
En 1656, les Portugais revinrent au Kongo en force. Nkanga ya Lukeni fut contraint de céder aux Portugais la gestion de l’important fleuve Demba, une voie d’exportation majeure pour les produits en provenance des mines de fer et de cuivre de Mbuila. De même, le roi fut contraint d’exempter les Portugais de toute taxe portant sur le commerce effectué dans le pays.
Le déclenchement des hostilités
Lorsque le roi Nvita Nkanga, dit Antonio Ier, accéda au pouvoir après la mort de son père, il renia les traités signés par celui-ci avec le Portugal et qui ruinaient l’économie du Kongo.
Les Portugais conspirèrent alors en soutenant divers mouvements sécessionnistes. Ainsi, le gouverneur de Luanda, Andre Vidal de Negreiros, poussa à la révolte deux dirigeants locaux : Nsoyo Dom Antonio Alfonso Ne Wandu et Dona Isabel Ne mbwula… Pour soutenir la révolte, le gouverneur Negreiros engagea une armée composée de 200 Portugais et plusieurs milliers de soldats locaux placés sous les ordres du commandant Luis Lopes de Sequira. Peu après, Sequira reçut le renfort d’une centaine de mousquetaires portugais et de quelques milliers de combattants africains provenant des tribus sécessionnistes Imbangala.
Sequira fit route vers Mbuila en octobre 1665.
Le roi Nvita Nkanga avait, dès juillet 1665, entreprit la réunion d’une vaste armée forte de 900 000 hommes. Le roi put également s’adjoindre les services de 300 mousquetaires, dont 29 Portugais, dirigés par l’officier métis Pedro Dias Cabral.
Finalement, ce fut à la tête d’une armée estimée entre 22 000 et 29 000 hommes que le roi du Kongo fit route vers Mbuila (Ambuila), prêt à affronter l’armée de 14 500 soldats (et deux pièces d’artillerie) mise en place par les Portugais et leurs alliés sécessionnistes. Le roi emporta avec lui le trésor et les archives de l’Empire, par peur de leur prise par un rival durant son absence.
La rencontre eut lieu à environ 80 lieues de la capitale de Nvita Nkanga, sur le territoire de l’actuel Angola.
Ce fut l’avant-garde africaine qui engagea la bataille vers neuf heures du matin le 29 octobre 1665 en attaquant les Portugais organisés en carrés entre une hauteur d’une part et une zone boisée d’autre part. Après plusieurs heures de combat infructueux, l’avant-garde du Kongo, estimée à 4 000 combattants, prit la fuite après avoir perdu plusieurs centaines de tués et de blessés.
La seconde phase de la bataille vit le roi Nvita Nkanga engager l’essentiel de ses forces au moment où les Portugais et leurs alliés tentaient de reformer leurs rangs et de se ravitailler en munitions.
L’organisation portugaise rendit très difficile la progression des troupes du Kongo mais, forts de leur avantage numérique, les Africains purent se rapprocher de la ligne portugaise et même commencer une manoeuvre d’encerclement de leur ennemi. Petit à petit, la position portugaise sembla se disloquer, moment que le roi de Kongo choisit pour se lancer personnellement dans la lutte.
La bataille se poursuivit en un corps-à-corps confus, certaines unités du Kongo prenant soudainement le parti des Portugais. Ce fut peut être dans ces circonstances que le roi Nvita Nkanga perdit la vie, atteint par une balle portugaise selon une version, frappé à la tête par un membre de sa famille passé au service des Portugais selon une autre version…
Quoi qu’il en soit, le roi finit décapité et sa tête fut exhibée au bout d’une lance ce qui lança un mouvement de panique au sein de l’armée du Kongo.
La bataille se poursuivit finalement pour ne s’éteindre qu’au bout de six heures. Si les perte des Portugais et leurs alliés ne sont pas connues, les estimations les plus faibles des pertes du Kongo font état de 5 000 tués ou prisonniers incluant le roi, ses deux fils, ses deux neveux, quatre gouverneurs locaux et près de 500 membres de la noblesse.
Parmi la masse considérable de butin emportée par les Portugais figurait une grand carrosse avec des valises pleines de tissus et de deux boites remplies de bijoux précieux et de pièces d’or. Y figurait également la couronne impériale d’argent doré offert au roi Garcia II, le père du roi Nvita Nkanga, par le pape Innocent X en 1648.
Conséquences
A la suite de la bataille d’Ambulia, le Kongo tomba dans une période de chaos sans précédent et se vit éclaté entre deux autorités opposées, celle de Lemba et celle de Kibangu, et ce à la plus grande satisfaction des Portugais.
Le Kongo ne retrouva jamais sa puissance passée. En 1666, la capitale de Mbanza Kongo fut mise à sac et incendiée par les Portugais qui interdirent aussi sa reconstruction.
Le grand empire millénaire se morcela en royaumes indépendantistes et protectorats portugais, hollandais, anglais ou autres.
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