La maladie de chikungunya a été déclarée en RDC jeudi 14 février par l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) lors d’une conférence scientifique. Le directeur général de l’INRB, Jean-Jacques Muyembe, affirme que l’épicentre se trouve dans la commune de Mont Ngafula à Kinshasa et à Kasangulu dans le Kongo-Central.
Qu’appelle-t-on le Chikungunya ?
Le chikungunya est une maladie due à un virus (arbovirus) transmis par les moustiques. Le nom de cette zoonose (maladie animale transmissible à l’homme) signifie en Makondé « marcher courbé », décrivant l’attitude des personnes atteintes par le virus. Les primates constituent le principal réservoir habituel du virus. La maladie a été décrite principalement en Afrique, en Asie du sud-est, en Inde, en Indonésie et au Pakistan. Elle se manifeste surtout pendant la saison des pluies quand la concentration de moustiques est la plus forte.
Comment se transmet la maladie ?
La maladie se transmet à l’homme par l’intermédiaire de moustiques du genre Aedes notamment. A la Réunion, le moustique suspecté d’être le vecteur est Aedes albopictus alors qu’à Mayotte, c’est Aedes aegypti et Aedes albopictus qui semblent être en cause. Ces moustiques sont diurnes avec un pic d’activité en début et en fin de journée. Le moustique prélève le virus en piquant une personne atteinte de la maladie pendant la phase de virémie et se contamine à son tour. Lors d’une autre piqûre, il peut transmettre le virus à une personne saine
Existe-t-il une transmission du virus d’homme à homme ?
Non, la transmission s’effectue uniquement par le biais d’un moustique vecteur. Les personnes atteintes du chikungunya ne sont donc contagieuses ni par contact, ni par le biais des postillons. Néanmoins, la transmission artificielle par la transfusion sanguine et la greffe est possible, d’où les mesures de précaution prises pour écarter notamment du don de sang les personnes atteintes de la maladie.
Des cas de transmission de la mère à son nouveau-né ont été constatés chez un petit nombre de personnes à la Réunion. Une telle transmission n’avait jusqu’ici jamais été rapportée dans la littérature.
Quels sont les symptômes de la maladie ?
La maladie peut passer inaperçue ou se manifeste en moyenne 4 à 7 jours après la piqûre infectante, par l’apparition soudaine d’une fièvre élevée (supérieure à 38.5°C) associée à des maux de tête ainsi qu’à d’importantes douleurs musculaires et articulaires touchant les extrémités des membres (poignets, chevilles, phalanges). Ces douleurs peuvent persister plusieurs semaines voire plusieurs mois. Une éruption cutanée peut également apparaître. Des hémorragies bénignes à type de gingivorragies (saignements des gencives) et d’épistaxis
(saignements de nez) sont également possibles, surtout chez l’enfant.
La maladie, d’évolution spontanée le plus souvent favorable, peut, dans certains cas, entraîner une fatigue prolongée et des douleurs articulaires récidivantes parfois invalidantes. Quelques cas de formes graves, dont des formes neurologiques, des atteintes cardiaques ou hépatiques ont été signalés.
Peut-on être infecté plusieurs fois par le virus du Chikungunya ?
Non, toute personne qui a été infectée une fois acquiert naturellement une immunité durable (plusieurs années). En revanche, certaines douleurs aux articulations (arthralgies) peuvent persister ou réapparaître sur des périodes de temps variables. Il s’agit d’une réaction articulaire indépendante d’une réinfection par le virus.
Existe-il des tests de diagnostic du Chikungunya ?
La confirmation biologique d’une infection à virus chikungunya s’effectue par PCR et analyse sérologique (recherche dans le sang d’anticorps spécifiques au virus). Cet examen ne s’impose pas en période épidémique, mais peut être utile pour faire un diagnostic différentiel. En dehors de tout contexte épidémique, le diagnostic biologique est nécessaire pour confirmer les cas suspects.
Existe-t-il un traitement spécifique du Chikungunya ?
Il n’existe à ce jour pas de thérapeutique spécifique contre le chikungunya. Le traitement est avant tout symptomatique (traitement de chacun des symptômes) et repose notamment sur la prise d’antalgiques (comme le paracétamol), d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et le repos. De plus, les médicaments de type salicylés (aspirine) sont à éviter. Il est important de consulter un médecin en cas de signes évocateurs, d’une part pour éviter d’ignorer un autre diagnostic, d’autre part pour adapter le traitement, notamment en cas de pathologies associées et dans tous les cas pour les enfants.
Existe-t-il un vaccin contre le virus ?
Il n’existe pas de vaccin actuellement commercialisé contre le Chikungunya ni de traitement préventif de la maladie.
Les thérapeutiques à base de plantes ou d’autres produits sont-elles efficaces ?
1°) Il n’existe, à ce jour, aucune substance (qu’il s’agisse d’un médicament, d’un extrait naturel de plantes ou de tout autre produit), qui ait fait la preuve d’une activité spécifique contre le virus Chikungunya. Il n’existe que des traitements symptomatiques.
2°) Non seulement les substances à base de plantes ou d’autres produits, dont il a pu être question, n’ont aucune efficacité démontrée sur la maladie, mais leur utilisation peut entraîner des complications sévères, voire mortelles, en particulier chez des personnes fragilisées.
Quelles sont les recommandations pour les nouveau-nés et les nourrissons ?
Outre les cas transmis par la mère au cours de la grossesse, les nourrissons sont susceptibles de faire une infection aiguë liée au virus chikungunya qui pourrait entraîner des troubles de l’alimentation, comme cela a été décrit à La Réunion pour une dizaine d’enfants de moins de 3 mois. Il faut donc protéger le jeune enfant des piqûres par les moustiques : chez l’enfant jusqu’à l’âge de trois mois, les produits répulsifs ne peuvent être utilisés. La prévention, outre le port de vêtements couvrant également les membres, repose essentiellement sur l’utilisation de moustiquaire de berceau.
Dois-je me protéger aussi contre la piqûre des moustiques lorsque je suis atteint du Chikungunya ?
Oui, il est indispensable de se protéger contre les piqûres lorsqu’on présente les symptômes du chikungunya. En effet, pendant les 5 premiers jours de la maladie, la personne malade est porteuse du virus dans son sang. Chaque moustique qui piquera une personne malade durant cette période se contaminera en prélevant le sang et donc le virus. Se protéger pendant cette période, c’est éviter de transmettre l’infection à son entourage.