Amarante (Biteku-teku), Gombo (Dongo-dongo), Oseille (Ngaï-ngaï)…

« J’ai toujours été attachée au bien-être humain », rappelle-t-elle. « Pour valider ma troisième année d’étude universitaire au Congo, je suis partie 24 mois en Angola, alors même que la guerre y faisait rage. Ma mission consistait à travailler, en lien avec des religieuses, dans un camp de réfugiés, avec des enfants malades. Pour qu’ils survivent, il fallait bien les nourrir. C’est alors que je me suis lancée dans la culture des légumes et des fruits, une pratique que j’avais acquise dans mon enfance. Non seulement, certains apprenaient eux-mêmes un métier mais, en plus, nous en profitions pour que les femmes gagnent en autonomie. »
Anasthasie se rend compte que les plantes apportent beaucoup de bienfaits. Au début des années 2000, elle part pour la France, d’abord à Toulouse pour s’occuper de personnes âgées. En 2003, elle s’installe à Besançon avec son époux doubien. Avec, toujours en tête, son projet de maraîchage. Récemment, l’idée lui est venue d’essayer ses cultures congolaises dans notre région.
Pour cela, elle s’est procuré des graines par l’intermédiaire de sa sœur, qui travaille dans une grande exploitation agricole à Kinshasa. Son choix s’est porté sur l’amarante, pour ses feuilles comestibles qui ressemblent à des épinards. Elle a aussi importé du combo (fruit), de l’oseille et de l’épinard d’Afrique, amer et recommandé pour les diabétiques.
« J’ai procédé à des tentatives dans les jardinières de mon balcon. Cela n’a pas été du tout concluant », confie-t-elle dans un éclat de rire. « Comme je suis la cousine du père Baudoin, j’ai pu renouveler l’opération en pleine nature dans le jardin de la cure d’Aïssey et dans un lopin de terre prêté par une amie à Glamondans. Là, le résultat a dépassé mes espérances. Les plantes ont très bien poussé. »
Tester les plantes à plus grande échelle
Pour l’instant, elle teste. Elle donne sa production à son entourage proche, qui en raffole. D’ailleurs, de plus en plus de personnes lui en réclament lorsqu’elle leur fait goûter la cuisine congolaise. « J’ai vraiment envie de me lancer. Aussi, j’aimerais bien trouver un agriculteur tenté par les cultures exotiques pour que nous les testions ensemble à une plus grande échelle. Si c’est concluant, nous pourrions les produire et les commercialiser dans la région d’ici quelques années. Je saurai alors si l’objectif est réalisable. Celles que j’aie, en tout cas, ont beaucoup de succès. »
Paul-Henri PIOTROWSKY