Variation morphologique : Pourquoi les Pygmées sont-ils plus petits que nous ?
Le 25/02/2017

La taille des Pygmées intrigue les Occidentaux depuis 1865, date de leur première rencontre. Ce peuple, divisé en deux grands ensembles géographiques, se serait séparé il y a environ 10 000 ans. Le premier groupe vit à l’ouest de l’Afrique centrale (au Congo, Cameroun, Gabon, République centrafricaine et au sud de la République démocratique du Congo) et le second se situe à l’Est (au Nord-est de la RDC et au Rwanda).
En raison d’une particularité génétique, les Pygmées ont un processus de croissance différent des autres hommes. Pendant huit ans, les chercheurs du CNRS, de l’Institut de recherche sur le développement (IRD) et de l’université Pierre et Marie Curie (UPMC) ont étudié 500 membres de l’ethnie Baka au Cameroun, et ont dressé pour la première fois leurs courbes de croissance. « La petite taille des Pygmées leur a permis de s’adapter à leur habitat naturel, la forêt équatoriale d’Afrique centrale », explique Ramirez Rozzi (CNRS) responsable de cette étude.
Deux courbes de croissance pour un même peuple
Première révélation de l’étude : les deux groupes de Pygmées n’ont pas les mêmes mécanismes de croissance. La recherche a montré que les Baka viennent au monde avec des mensurations standard, mais que leur croissance est fortement ralentie jusqu’à l’âge de 3 ans. Ils reprennent ensuite une croissance normale, sans toutefois rattraper leur retard. Or, des études précédentes avaient révélé un mécanisme totalement différent pour les Pygmées de l’Est. Ces derniers poursuivent une croissance conforme aux standards mondiaux mais naissent avec une taille plus petite. » Malgré deux mécanismes de croissance différents, les Pygmées des deux groupes ont tous la même petite taille à l’âge adulte, analyse Ramirez Rozzi. Elle serait donc déterminée par l’environnement dans lequel ils vivent. «

L’établissement des courbes de croissance requiert des études longitudinales sur plusieurs années. © Fernando Victor Ramirez Rozzi
En outre, l’étude met en évidence la plasticité de la croissance, c’est-à-dire, sa capacité à se modifier très rapidement. » Cette capacité biologique pourrait expliquer comment Homo sapiens a peuplé la Terre en quelques milliers d’années seulement, un temps très court sur l’échelle évolutive. Nous pouvons donc supposer que la croissance est un facteur d’adaptabilité de l’espèce humaine. »
Par Sidonie Hadoux
nationalgeographic