Pourquoi en Afrique les Blancs sont-ils appelés « expats » alors que tous les autres en Europe sont des «immigrés»?

Par Le samedi, 25 février 2017 0

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«Les Africains sont des immigrés. Les Arabes sont des immigrés. Les Asiatiques sont des immigrés. Pourtant, les Européens sont des expats parce qu'ils ne peuvent pas être au même niveau que les autres ethnies. Ils sont supérieurs. Immigrés est une façon de dire “races inférieures”.»

 

Pourquoi les blancs sont-ils des «expats» alors que tous les autres sont des «immigrés»?

 

Le 25/2/2017

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Etes-vous plutôt expatrié … ou immigré ?

 

S’il y a un sujet qui ne met pas tout le monde d’accord, c’est la définition du terme expatrié !
Vous pensez plutôt être un expatrié ou un immigré ? La question n’est pas si simple …
Pour aborder ce délicat sujet, on vous propose de lire cet article qu’on aime beaucoup, trouvé sur le blog d’Immigré choisi.

L’apartheid global : suis-je un immigré ou un expatrié ?

Les occidentaux vivant en dehors de leurs pays d’origine ont une façon particulière de se définir : les expatriés. Le mot Expatrié dérive du latin, et est formé de deux particules: « ex » qui signifie « hors de », et « Patria », qui signifie « pays natal ». L’abréviation « expat » est très usité, et il  faut se l’avouer, sonne assez cool.  Il donne ainsi l’impression que la situation est temporaire. Un « expat » n’a pas quitté son pays pour de bon – il ou elle va revenir vivre dans son pays d’origine un jour ou l’autre.

Du moins, ça c’est ce que certains « expatriés » se disent en y pensant. Des « expatriés » français qui vivent en Afrique depuis plus de 15ans, avec des enfants nés en Afrique. Ils ne cessent de se dire qu’ils reviendraient en Europe le moment venu (moment qui semblait toujours très éloigné dans le temps). Pourtant, ils continuent à se désigner eux-mêmes comme des « expats »; comme s’ils pouvaient plier bagages et retourner dans leurs pays d’origines du jour au lendemain.

Qu’est ce qui différencie un expatrié d’un immigré ?

Quelqu’un qui vit en permanence dans un autre pays est un immigrant, non pas un expatrié. Mais sans surprise, vous n’entendrez jamais un américain, un anglais, un français, un canadiens ou australien se définir lui-même comme un immigrant, même s’il s’il est installé dans un autre pays définitivement. J’ai connu des européens vivant aux USA qui voyaient des mexicains vivant aux USA comme des immigrés et se voyaient eux-même comme des Expats. De la même manière, la plupart des anglais ou des Suisses vivant en France désigneraient la femme de ménage arrivée d’ukraine il ya deux mois ou l’ouvrier roumain comme des immigrés  et se désigneraient eux même comme Expatriés.

De l’autre côté, sont plus d’un million polonais et de roumains « immigrés » qui ont déménagé au Royaume-Uni et en Irlande depuis l’adhésion à l’UE en 2004. Ayant pris des emplois pour lesquels ils sont de loin surqualifiés, beaucoup d’entre eux prévoient de retourner dans leurs pays dès qu’ils sont capables de faire vivre décemment de leur profession. Il en est de même des millions d’ »immigrés » en Europe venus d’Afrique subsaharienne et du Maghreb comme  moi. Pourtant, nous sommes mis dans le même panier d’ »immigrés »que ceux qui sont installés définitivement ici. Ne devrions nous pas nous appeler les « Expatriés africains »  ou les « expatriés polonais » ?

L’utilisation de ces mots révèle une certaine double norme. Que vous soyez un expatrié ou un immigrant ne dépend pas de vos projets de résidence, mais de la richesse relative de votre pays natal. Si vous partez d’un pays occidental riche pour un pays plus pauvre, vous êtes un expatrié. Si vous vous déplacez d’un pays relativement pauvre vers pays plus riche, alors vous êtes un immigrant.

 

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Un mot à connotation négative

Les Occidentaux n’aiment pas se considérer eux-mêmes comme des immigrants parce que le mot « immigrant » a des connotations négatives. Il suffit de voir les débats politiques houleux qui ont lieu sur « la question de l’immigration » dans la plupart des pays développés. Un immigré est un voleur d’emplois non désiré, tandis qu’un expatrié est un étranger qui pourrait s’en aller du jour au lendemain. Un immigré est à la recherche désespérée d’une vie meilleure. Un expatrié est un aventurier; un Indiana Jones des temps modernes.

Mais non seulement ces mots chargés de sens cachés, ils sont également insuffisants. Par exemple, je suis prêt à admettre que je suis un immigré en France. Après avoir vécu ici cinq ans, je ne me vois pas dans un proche avenir quitter le mode de vie confortable que je me suis bati ici. L’accès facilité à la culture, aux nouvelles technologie, au Savoir etc. sont des choses que j’ai toujours recherché.

D’un autre côté, je peux faire l’argumentaire d’être réellement un expatrié. Personne ne sait ce que réserve l’avenir, et avec une croissance économique plus rapide des pays en voie de développement, les possibilités professionnelles en Afrique sont beaucoup plus grandes que dans les économies en faillite et en crise de l’Occident. J’aime l’occident, et j’aime vivre ici – mais il y a par ailleurs certaines choses de la maison qui me manquent vraiment (La chaleur humaine, les fêtes populaires, l’absence de contraintes sociales…). Je ne me vois pas rentrer à la maison dans un avenir proche – mais je le ferais si cela signifiait une vie meilleure pour moi et ma famille. Alors qu’est-il finalement ?

La troisième appellation…

Récemment, j’ai réalisé que j’appartient à troisième groupe – celui auquel une majorité d’ »immigrés » et d’ »expatriés » appartiennent aussi, même s’ils ne l’admettent pas ou en ont  peu conscience.

La plupart des personnes qui vivent dans des pays étrangers le font pour des raisons économiques. Il y a d’autres motifs au départ comme le gout pour l’aventure, l’éducation ou l’exil politique, mais la majorité des étrangers sont à là  pour l’argent. Ce ne sont ni des expatriés, ni des immigrés, car le choix de rester ou partir dépend de la réalité économique. Ce qu’ils sont – ce que nous sommes – c’est des migrants économiques. Et si ce terme peu évoquer  l’image d’étrangers en situation irrégulière, la réalité est que du directeur commercial australien qui est ici dans une filiale européenne de sa boite, à l’importateur américain, en passant par l’enseignant l’anglais ou le restaurateur libanais – tous vivent loin de chez eux pour des raisons économiques.

C’est quelque chose qu’ont en commun les « expatriés » et les « immigrés », même s’ils refusent de l’admettre. Mais il n’y a rien de honteux. Qu’ils soient riches ou pauvres, les migrants économiques bénéficient à l’économie mondiale. Les Portugais « immigrés » en France ont contribué à maintenir le marché de ce pays flexible et efficace, tandis que le Français « expatrié » en Roumanie apporte une expertise aux entreprises locale en croissance rapide. Quand les travailleurs peuvent migrer vers là où la main d’oeuvre est nécessaire, l’économie mondiale fonctionne plus efficacement.

Alors peu m’importe comment on me désigne. De toute façon j’ai acquis des compétences que je n’aurais jamais eu si j’étais resté à la maison, et j’ai contribué au développement de la France à mon modeste niveau. C’est une situation gagnant-gagnant.

 

 

 

 

Pourquoi le teme "expat" s’applique t-il exclusivement aux Blancs ? Pourquoi les Noirs qui travaillent et vivent en dehors de leur pays restent toujours des "immigrés" ? Pour Mawuna Remarque Koutonin militant en faveur du concept de "renaissance africaine" qui pose la question dans une tribune retentissante publiée sur son blog Silicon Africa, puis par The Guardian vendredi 13 mars, l’utilisation de ces termes est révélatrice d’une "hiérarchie des mots créée dans le but de placer les Blancs au-dessus des autres".

Pourtant, les choses sont claires. Un "expatrié", mot qui vient du latin "ex" ("hors de") et "patria" ("pays, patrie"), qualifie une personne résidant temporairement ou définitivement dans un pays autre que celui dont elle a la nationalité.

Les Africains sont des immigrés. Les Asiatiques sont des immigrés. Pourtant, les Européens sont des expats (…) Immigrés est une façon de dire ‘races inférieures’, dit Mawuna Remarque Koutonin.

Selon cette définition, il faudrait s’attendre à ce que toute personne travaillant à l’extérieur de son pays soit appelée "expatrié", quelle que soit sa patrie d’origine ou sa couleur de peau. Mais ce n’est pas le cas, note Mawuna Remarque Koutonin. "Expatrié est un terme réservé exclusivement aux Blancs occidentaux allant travailler à l’étranger."

 

"Travailleurs qualifiés" vs "expats"

"Les travailleurs africains qualifiés qui vont travailler en Europe ne sont pas considérés comme des expatriés. Ce sont des immigrants. Point barre, s’insurge-t-il. Il cite l’un d’entre eux : "Je travaille pour des organisations multinationales à la fois dans le secteur privé et dans le public. Et être noir ou ‘de couleur’ ne me donne pas le droit d’être qualifié d’"expat". Je suis un immigrant hautement qualifié, comme ils disent pour être politiquement correct."

"Les Africains sont des immigrés. Les Asiatiques sont des immigrés. Pourtant, les Européens sont des expats (…) Immigrés est une façon de dire ‘races inférieures’", ajoute Mawuna Remarque Koutonin. "Si vous voyez des Blancs dans votre pays, appelez-les immigrés (…)", conclut Koutonin non sans ironie. "La déconstruction politique de cette vision du monde dépassée doit se poursuivre.

 

Page Wikipédia modifiée

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Comme l’avait noté le site slate.fr après la publication de la tribune de Koutonin, une distinction révélatrice était d’ailleurs opérée sur la fiche Wikipédia (en français) du terme "expatrié" : "En France, on le préfère au mot ‘émigré’ lorsqu’il s’agit de qualifier des Français établis hors des frontières nationales françaises pour des raisons professionnelles."

Mais depuis la publication de l’article de Slate, cette phrase a été supprimée. Un utilisateur de l’encyclopédie collaborative l’a remplacée par celle-ci : "Contrairement à l’émigré, l’expatrié n’a typiquement pas l’intention de s’installer à long terme dans le pays de résidence (mais peut toutefois en obtenir la citoyenneté) et provient d’un pays ayant un niveau de développement économique égal ou supérieur à celui du pays de résidence." Et si la première partie de la définition est acceptable, la seconde l’est quant à elle beaucoup moins…

http://blog.expatunited.com

 

 

 

 

 

 

 

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