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Économie : La bière va devenir rare et chère à cause du réchauffement climatique

Par Le jeudi, 28 mars 2019 0

Dans Accueil

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Plus rare, plus chère : une étude met en garde sur les conséquences du réchauffement climatique sur la production de bière dans les années à venir.
 

Pourquoi la bière pourrait devenir un produit de luxe avec le réchauffement climatique

 

 

 

Le 28/03/2019

 

 

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Si vous êtes un fervent amateur de bière et que le changement climatique ne vous fait ni chaud ni froid, vous allez vite changer d'avis. Votre breuvage préféré est en effet sérieusement menacé par le réchauffement, et les effets négatifs ont déjà commencé à se faire sentir.

"Même si ce n'est pas l'impact le plus inquiétant du changement climatique futur, les événements climatiques extrêmes pourraient menacer la disponibilité et l'accessibilité économique de la bière", préviennent Wei Xie, de l'école des sciences agricoles avancées de l'université de Pékin et ses collègues dans une étude qui vient de paraître dans la revue "Nature

 

Menaces sur l'orge

L'orge, la céréale la plus utilisée pour la fabrication de la bière, risque en effet de voir ses récoltes diminuer avec l'augmentation des températures et les sécheresses qui y sont associées.

Ces événements climatiques extrêmes vont toucher de plein fouet la culture de l'orge. "On s'attend à ce que les récoltes d'orge décroissent de manière substantielle au fur et à mesure que les sécheresses sévères et les chaleurs extrêmes deviennent plus fréquentes à cause du changement climatique", expliquent ces chercheurs. On le sait, de tels épisodes jadis peu fréquents vont devenir monnaie courante dans les années à venir.

L'orge est en effet "particulièrement sensible aux événements météorologiques extrêmes", ce qui va affecter directement les stocks de bière.

Wei Xie et ses collègues ont modélisé les conséquences du climat futur sur l'orge et sur la bière, et leurs résultats ne sont pas encourageants. Selon eux, les pertes moyennes des récoltes d'orge vont aller de 3% à 17% en fonction de la sévérité des épisodes qui les toucheront. Et si nous ne réduisons pas nos émissions de gaz à effet de serre, il faut s'attendre au pire scénario : "Même un réchauffement modeste amènera une augmentation des sécheresses et chaleurs excessives dans les régions où l'on cultive l'orge", avertit Nathan Mueller, co-auteur de l'étude.

Les pertes en orge seront davantage ressenties dans la production de bière. Seulement 17% de cette céréale sont aujourd'hui utilisés par les brasseurs, le reste sert principalement à nourrir les animaux et ces derniers seront probablement favorisés.  "Le déclin des récoltes d'orge va provoquer des déclins proportionnellement plus importants de l'orge disponible pour la production de bière, car la priorité sera donnée à des marchandises plus essentielles", affirment les chercheurs.

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L'orge va souffrir des fortes sécheresses et canicules amenées par le changement climatique. (CC0 Creative Commons)

 

Un luxe inabordable ?

Le résultat prévisible, c'est la diminution des stocks de bière. "Nos résultats montrent que lors des événements climatiques les plus sévères, l'approvisionnement en bière pourrait diminuer de 16% les années où les sécheresses et canicules vont frapper", précise Steven Davis, de l'université de Californie à Irvine, autre co-auteur de l'étude. "C'est comparable à l'ensemble de la consommation annuelle de bière aux Etats-Unis." Les régions les plus frappées seraient des pays comme la Belgique, la République tchèque et l'Allemagne, où l'orge disponible pour la bière pourrait chuter de 27 à 38%.

Bière plus rare, bière plus chère, la consommation devrait donc diminuer de façon sensible, et même devenir un luxe inabordable dans les pays les plus pauvres. "Le climat futur et les conditions tarifaires pourrait mettre la bière hors de portée pour des centaines de millions de personnes dans le monde", ajoute Steven Davis.

Pour donner un exemple, l'Irlande, pays emblématique pour la bière, pourrait voir le prix de la pinte augmenter dans une fourchette allant de 43% à 338% d'ici 2099, en fonction de la sévérité des effets du changement climatique. Au Royaume-Uni, les prix du breuvage pourraient doubler, avec ou sans Brexit... Autre exemple, en Argentine, la consommation de bière pourrait diminuer de 32%.

L'amidon aussi menacé

Les pertes en orge ne sont pas les seules menaces sur la bière. Une étude de 2013 avait déjà mis en garde contre une moins bonne qualité de l'amidon présent dans les grains d'orge, qui provoquerait une baisse de qualité de la bière.

Selon Peter Gous, de l'université du Queensland (Australie) et auteur principal de cette étude, des périodes de plus grosses chaleurs modifieraient la quantité d'eau dans l'orge, qui produirait une forme différente d'amidon, plus résistant aux processus utilisés dans la fabrication de la bière. Cela pourrait alors faire grimper les coûts du breuvage. Peter Gous et ses collègues ont cependant une solution à ce problème précis : cultiver de nouvelles variétés d'orge qui ne changeraient pas d'amidon en période de sécheresse.

 

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Le houblon pourrait aussi souffrir du réchauffement. (LuckyStarr / Wikimedia Commons)

L'augmentation des températures est également nocive pour certaines brasseries. En Belgique, c'est la brasserie Cantillon, célèbre pour sa Lambic, qui a dû arrêter sa production pendant plusieurs jours en novembre 2015 : il faisait trop chaud pour que le processus de fermentation naturel à l'air libre puisse se produire normalement.

En République tchèque, c'est le houblon qui donne des soucis. Utilisé dans la fabrication de diverses bières, cette espèce de houblon local est vulnérable aux conditions météo, et tout particulièrement au changement climatique, comme le précise une étude parue dans Agricultural and Forest Meteorology. Un impact "sur la production et la qualité" du houblon est donc à prévoir, et a même déjà commencé.

"Même avec le réchauffement modeste que nous avons connu jusqu'ici, les récoltes de houblon en République tchèque ont stagné et leur qualité a décliné", expliquait alors Martin Mozny, climatologue auteur de cette étude. Ce qui ne présage rien de bon pour la bière qui utilise ce houblon.

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Malt d'orge (HomeBeer.by / Wikimedia Commons)

La bière est la boisson alcoolisée la plus consommée dans de nombreuses régions du monde (dont l'Europe et les Amériques). L'élément indispensable à sa fabrication, c'est le malt (que l'on retrouve aussi dans certains whiskies). Le malt est fabriqué à partir de céréales que l'on fait germer avant de les sécher. Ce processus permet l'obtention d'enzymes qui vont produire des sucres à partir de l'amidon des graines, et ces sucres vont ensuite pouvoir fermenter et produire l'alcool contenu dans la boisson.

C'est l'orge qui est très majoritairement utilisée pour fabriquer le malt de nos boissons alcoolisées, bien que certaines bières soient fabriquées à partir de malt de blé, de riz, de sorgho ou de sarrasin, entre autres.

Et le houblon, alors ? C'est un ingrédient qui va donner du goût et aider à conserver la bière. Lui aussi est utilisé dans la plus grande partie des bières actuelles, mais on pourrait s'en passer beaucoup plus facilement que du malt.

 

 Jean-Paul Fritz

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