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François Hollande rend visite à Théo, qui lance un appel au calme

Par Le mercredi, 08 février 2017 0

Théo, visiblement très affaibli mais aussi ému, a remercié François Hollande de sa visite, qui n’était pas annoncée à l’agenda officiel, et a tenu à faire passer une message d’apaisement.

Hollande s'est rendu au chevet de Théo, gravement blessé par la police à Aulnay-sous-Bois

 

 

Le 08/02/2017

FAIT DU JOUR. L'affaire d'Aulnay, suivie d'échauffourées, a pris une tournure politique mardi. Elle révèle plus largement le profond malaise entre une partie de la police et les jeunes.

«J'ai un message à faire passer à ma ville : stop à la guerre.» Visage encore tuméfié, voix fatiguée par la morphine, Théo délivre un message puissant depuis son lit d'hôpital, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), mardi. A ses côtés, François Hollande, debout, n'en perd pas une miette. A 17 heures, le président de la République est entré dans la chambre. Il est venu dire son soutien au jeune d'Aulnay, victime jeudi d'un contrôle de police qui a mal tourné dans le quartier de la Rose-des-Vents.

Quatre policiers ont depuis été mis en examen, dont l'un pour «viol», tandis que les trois autres agents sont poursuivis pour «violences volontaires avec armes». Depuis, la cité de la Rose-des-Vents s'embrase : véhicules et poubelles incendiés, affrontements nocturnes entre jeunes et policiers, jets de cocktails Molotov... Dans la nuit de lundi à mardi, 26 personnes ont été interpellées, pour la plupart des jeunes de la commune.

 

«La justice sera faite»

 

Devant le président, Théo interpelle ses «gars» : «Ma ville, vous savez que je vous aime beaucoup. J'aimerais bien la retrouver comme je l'ai laissée, s'il vous plaît les gars. Donc les gars, stop à la guerre. Soyons unis», implore le gaillard d'1,93 m, visiblement engourdi par les médicaments antidouleur, une perfusion dans le bras. «J'ai confiance en la justice, la justice sera faite. Stop à la guerre. Priez pour moi et que je revienne parmi vous, pour qu'on soit tous ensemble», poursuit Théo, qui porte, même dans son lit d'hôpital, le maillot de l'Inter Milan, l'un des clubs du footballeur italien Antonio Cassano, son joueur fétiche.

 

 

A ses côtés, François Hollande salue un «jeune qui a toujours été connu pour un comportement exemplaire», issu d'une «famille qui veut vivre en paix, en rapports de confiance avec la police». Sous le regard de la maman de Théo, digne, les yeux embués, une poignée de mains entre Théo et Hollande conclut ce bref entretien — qui n'était pas à l'agenda officiel du président et auquel nous avons assisté alors que nous nous trouvions sur les lieux. François Hollande a ensuite quitté l'hôpital Robert-Ballanger — non sans faire quelques photos avec des infirmières — en catimini, comme il est arrivé.

 

Un peu plus tôt, ce sont Aurélie et Eléonore, deux sœurs de Théo, qui exhortaient les jeunes de la Rose-des-Vents — surnommée la cité des 3 000, en référence au nombre de logements — à ne plus affronter les CRS, déployés en masse chaque soir, depuis quatre jours. «On ne veut pas d'incidents. On veut que les choses se passent dans le plus grand calme possible», lance Aurélie, 28 ans, presque aussi grande que son petit frère. «On espère vraiment que les gens vont comprendre que la justice est là pour faire son travail, et qu'elle le fera... Parce que face à des actes comme ça, il n'y a pas le choix, il faut agir», demande encore celle qui est joueuse professionnelle de handball. Et de comprendre la colère de certains habitants de la cité des 3 000, qui pointent l'attitude de «cow-boys» de certains policiers.

 

«C'est normal, c'est un sentiment qu'énormément de personnes ressentent [...], il y a une incompréhension. Par contre, ce qui se passe depuis trois jours, ce n'est pas ce qu'on demande, ce n'est pas ce qu'on recherche. Ce qu'on veut, c'est que la justice nous donne des réponses. On demande à tous ceux qui créent ces incidents d'être patients, d'attendre avec nous dans le calme, d'avoir confiance en la justice».

 

Du côté de la municipalité d'Aulnay, dirigée par l'ex-syndicaliste policier Bruno Beschizza (LR), on espère que la prise de parole de Théo et de ses sœurs, une famille respectée à la Rose-des-Vents, calmera les esprits. Car malgré le déploiement de quatre-vingts «grands frères» sur plusieurs quartiers, certains craignent que les nuits prochaines soient sous haute tension.

 

QUESTION DU JOUR. Affaire Théo à Aulnay : faut-il sanctionner sévèrement les policiers ?

 

  Le Parisien

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