Enfants sorciers du Congo

Dans le reportage, Les enfants Sorciers Du Congo, La Face Cachée Du Tiers Monde, le journaliste se rend au sein d’une église évangélique, à Mbujimayi (Congo, RDC).
Se déroulent des séances de délivrances succinctes. Assis sur une natte à même le sol, on peut apercevoir un jeune homme récitant de manière frénétique et saccadée des mots ou des phrases à peine compréhensibles. Un homme dont on ne connaît ni le statut, ni la fonction au sein de cette assemblée, écrit les dires de ce jeune homme en transe et prétend y déchiffrer la recette d’une potion permettant sa délivrance. Non loin de là, un fidèle nous assure que « Dieu est à l’oeuvre ». La scène semble surréaliste, mais pas pour les protagonistes, qui n’y trouvent aucun inconvénient.
« La réussite d’une délivrance repose sur la volonté de la personne possédée », nous témoigne un fidèle. Si elle est consentante, elle sera effective sinon « il ira au marché », cela signifie « quitter le monde normal ».
D’où viennent ces pratiques? Puisque nulle part, il est écrit dans le Nouveau Testament, de concocter des potions magiques, pour délivrer les démoniaques. Au contraire, « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons; […] » [Marc 16 v. 17].
Qu’est-ce qu’un enfant sorcier ? À cette question, un pasteur un peu gêné répond en ces termes, à un journaliste, « C’est un enfant à qui on a transmis un esprit, on sait qu’il est sorcier parce qu’il est têtu, vole, ou fait des choses qui sortent de l’ordinaire ».Par définition, la sorcellerie est tout ce qui relève de « l’extraordinaire, l’inexplicable ».Jusque-là ces propos semblent fondés. Néanmoins, nous avons tous été confrontés à des enfants un peu têtus voire insolents. Sont-ils tous possédés pour autant? La psychologie, est aujourd’hui en capacité de nous éclairer quant aux comportements de nos bambins. Sans pour autant crier « Au diable ! » à chaque opposition de leur part. Mais encore une fois, tout est à prendre avec des pincettes. En tant qu’être spirituel nous ne pouvons tout rationaliser. Il serait donc avantageux d’observer et de demander au Saint-Esprit de nous dévoiler les choses cachées car lui seul sonde le coeur et les reins. Et sait parfaitement ce qui anime chaque enfant de Dieu.
Au cours de notre enquête, différents témoignages ont corroboré nos suspicions. Dans divers cas, la sorcellerie s’avère être un bouc-émissaire. Des parents abandonnent leurs enfants parce qu’ils ont des difficultés à s’en occuper. La pauvreté, les familles recomposées où le beau parent refuse de prendre en charge l’enfant de son conjoint par exemple, ou le handicap d’un enfant… Tant de prétextes qui peuvent pousser un parent à rejeter sa progéniture. Ces enfants, sont donc livrés à eux-mêmes, se retrouvent dans la rue, marginalisés, exclus de la population. Les filles se livrent à la prostitution et les garçons au banditisme. Vivant de passes et de larcins, chacun tente de survivre dans un monde qui ne leur fait pas de cadeaux. Leur avenir est incertain. Toutefois des structures d’accueil existent. Mais elles sont peu nombreuses, compte tenu du nombre de rejetons à sauver !
En définitive, bon nombre d’enfants disent être sorciers. Non parce qu’ils le sont vraiment, mais parce qu’ils sont manipulés, ou battus pour avouer leurs méfaits. Abattus, et pris au piège ils n’ont pas d’autres choix que d’accepter cette nouvelle identité et les conséquences qui en découlent.
Ces faits ne contredisent en rien à quel point le nom de Jésus-Christ est puissant, car tout un continent connaît son existence. Des milliers d’âmes sortent des ténèbres à travers Lui. Mais nous constatons également, qu’en son nom, beaucoup sont victimes d’amalgames et d’hérésies. C’est donc à nous, Eglise, que revient la responsabilité de s’interroger sur notre amour; notre compassion pour ces enfants dont l’avenir est condamné. Ou presque, car nous croyons en un Dieu, capable de tout.
Sonder les Ecritures puis avoir le discernement, sont capitaux dans notre marche avec le Seigneur. Car, tout au long de notre investigation, nous avons été fortement marqués par cette grande capacité à démasquer et dénoncer les sorciers. À contrario, peu d’élan dans nos églises pour soutenir ces âmes perdues. Leur démontrer un amour fort et tangible ! En effet, rien ne peut surpasser cela, même pas la plus grande sorcellerie.
Il existe bien quelques actions de soutien, qui restent timides, et peu adaptées à la situation. Quelle ironie, quand nous voyons des ONG catholiques, se montrant plus avisées, et empreintes à montrer de la compassion vis-à-vis de ce public.
Et si la sorcellerie s’était en fait infiltrée dans nos églises, se nourrissant de notre ignorance et de notre manque de perspicacité ?