LA PECHE MARITIME, FLUVIALE ET LACUSTRE EN RDC


La pêche n’est rien d’autre qu’une activité consistant à capturer les poissons et autres ressources halieutiques de leur milieu naturel (mer, fleuve, rivière ou lac) ou artificiel (aquaculture, pisciculture).
Non seulement l’industrie de pêche contribue largement au PIB d’un Etat au vu de la création des emplois directs ou indirects, elle permet en plus aux populations de s’auto-suffire en consommant la production locale tout en limitant drastiquement les importations. L’exportation des poissons est même envisageable si l’industrie de pêche est bien organisée…
- Catégorisation de la pêche :
Avant de faire l’état des lieux de l’industrie de pêche en RDC et de proposer des pistes de solutions pouvant guider les décideurs dans la prise des décisions, il est impératif de noter qu’en parlant de pêche, on distingue généralement 3 grandes catégories :
a) La pêche artisanale est celle pratiquée en utilisant des moyens modestes comme une petite embarcation dotée ou non d’un moteur hors-bord et avec un filet qu’on jette dans l’eau. Les pécheurs sont obligés de sortir leurs embarcations le matin et de rentrer le soir car ils ne disposent d’aucun moyen pour garder longtemps les poissons péchés.
Technique de pêche durable Fleuve Congo
La pêche artisanale utilise aussi des petits bateaux de moins de 24m. Elle est diversifiée et est largement pratiquée car ne demandant pas des gros moyens. Dans cette même catégorie, il convient d’inclure aussi la pêche fluviale traditionnelle consistant à piéger les poissons et dont les techniques se transmettent de génération à génération.
b) La pêche semi-industrielle utilise des moyens un peu plus costauds. Ce ne sont plus des petites embarcations qui sont utilisées mais des bateaux spécialisés de pêche comme des chalutiers. Les pécheurs ne sont plus des gens qui ont appris sur le tas au fil des générations mais des vrais professionnels qui ont appris les différentes méthodes de pêche dans une académie de pêche. Les bateaux de pêche (chalutiers) varient en taille (de 30 a 50 m) et restent longtemps en dehors du port (au-delà de 10 jours) et peuvent avoir des équipages allant jusqu’à 20 personnes…
Ces bateaux sont équipés de chambres froides pouvant conserver longtemps les poissons. Les prises sont abondantes car les équipages sont bien formes aux techniques et aux méthodes modernes de pêche.
c) La pêche industrielle : pour cette forme de pêche, la pêche est simplement industrialisée dans le sens que plusieurs bateaux spécialisés de pêche font une pêche collective et déchargent leurs produits de pêche sur un navire-usine stationné en pleine mer. Le navire-usine s’occupe de tout : il fait le tri des poissons, les emballe en cartons en fonctions de leurs catégories (c’est le cas des maquereaux ou THOMSON vendus aux RD Congolais), les garde dans ses chambres froides en entendant livraison auprès d’un navire frigorifique qui les transportera vers un pays d’importation (comme la RDC). C’est simplement l’industrialisation de la pêche qui est FORTEMENT lucrative mais qui malheureusement demande des gros moyens.
Les navires utilises sont des grands navires de pêche pouvant atteindre 110m de long et font des campagnes de plusieurs mois en mer. Les équipages sont au delà de 60 personnes.
Il y a lieu de noter qu’aussi bien pour la pêche artisanale qu’industrielle, on peut distinguer la pêche côtière, pratiquée le long des cotes, de la pêche hauturière pratiquée en haute mer.
- La pêche en RDC :
La pêche en RDC est à 99% artisanale et la faible production est loin de couvrir les besoins de la population.
2.1 La pêche maritime
La pêche maritime actuellement pratiquée sur notre littoral a Moanda est une pêche artisanale et aussi semi-industrielle. Elle est pratiquée par des privés.
Dans le temps, pratiquement jusqu’au début des années 80, une véritable pêche industrielle était pratiquée en RD Congo par des entreprises comme la PEMARZA (Pêcherie Maritime du Zaire) et PIM (Pêcheries Industrielles de Moanda). Aujourd’hui, suite aux difficultés de tout genre comme entre autres la « zairianisation » de triste mémoire, ces entreprises ne fonctionnent plus. Leurs structures sont encore visibles aussi bien à Moanda qu’à Boma.
Pour la redynamisation de la pêche maritime en RDC, nous recommandons :
- L’incitation au redémarrage des activités de la PEMARZA et de PIM. Ces entreprises ont déjà fermé mais le gouvernement peut adopter une politique incitative pouvant attirer les anciens propriétaires à redémarrer soit sous les mêmes noms, soit sous d’autres noms. Dans tous les cas, leurs terrains, équipements (très vieux présentement), leurs quais, etc…devront leur être restitués dans le cadre de la politique incitative.
- Faire venir les privés (spécialement les Sud-Coréens) afin d’effectuer une pêche industrielle et semi-industrielle dans nos eaux territoriales après immatriculation de leurs chalutiers au registre RD Congolais. Ils pourront en même temps former nos pécheurs aux techniques modernes de pêche.
- Création des ports de pêche a Matadi, Boma et Moanda. Un port de pêche est un port spécialisé pour les navires de pêche. Généralement aux alentours des ports de pêche se développe une grande zone d’industrie de pêche (marché local des poissons frais, chambres froides, véhicules de transport réfrigéré, usines de fabrication de bloc-glace, vente de glacières, vente des équipements de pêche comme lignes, hameçons, filets, etc…).
2.2 Pêche fluviale et Lacustre
La pêche fluviale et lacustre en RDC est restée au stade artisanal et ce, 54 ans après l’indépendance.
Les vielles méthodes de pêche avec des moyens rudimentaires se sont transmises de génération en génération sans aucune amélioration.
Nous recommandons pour la pêche fluviale et lacustre :
- Réorganiser le secteur par la création des coopératives des pécheurs. Faire doter chaque coopérative d’une chambre froide et un point de vente des poissons péchés.
Les coopératives pourront vendre à la population les poissons des pécheurs membres et le produit de vente redistribué aux membres-pécheurs en fonction des règles de la coopérative. Chaque coopérative devra pourvoir à l’équipement de pêche pour ses membres. Faire inciter par après une concurrence mutuelle des coopératives.
- Inciter les chantiers navals au Congo à construire des bateaux de pêche.
- Formation des pécheurs afin de les familiariser aux méthodes modernes de pêche.
2.3 Aquaculture et pisciculture
Ensemencement des alevins
L’élevage des poissons sous forme d’aquaculture et pisciculture est fortement recommandé en RDC.
Il faudra impérativement initier les populations aussi bien rurales qu’urbaines aux techniques de la pisciculture afin d’augmenter la production locale. Ainsi l’élevage domestique des poissons comme « le tilapia » pourrait faire le bonheur des ménages RD Congolais…
Capt Gabriel MUKUNDA SIMBWA
Expert Maritime et Consultant
LES PÊCHEURS WAGENIA


Ou Pêcheries Wagenia. Les Wagenia sont un peuple de pêcheurs qui vivent le long du Lualaba, entre Kisangani et Ubundu. Ceux-ci sont réputés pour leur légendaire habilité à la pêche au moyen d'une technique halieutique ancestrale et unique au monde : la pêche Enya. Celle-ci consiste à élaborer des échafaudages en bois assemblés par des lianes au-dessus des rapides présents à cet endroit du fleuve. Ingénieux dispositif que les Wagenia parcourent avec une incroyable agilité pour poser et relever leurs nasses, ainsi que pour effectuer des réparations, agrandissements ou déplacements si nécessaire.
Les Wagenia sont aussi connus pour être d'excellents piroguiers. Lors de fêtes, des régates sont organisées et il est possible d'admirer l'habileté des pagayeurs manoeuvrant des embarcations montées par une quarantaine d'entre eux, debout, scandant leurs mouvements au son du tam-tam et avec des battements de pieds caractéristiques. Les danses des jeunes femmes wagenia, parées de ceintures, colliers et bracelets de perles sont également exécutées à l'occasion des grandes festivités.
En outre, le site des chutes Wagenia où se pratique la pêche, à 5 km du centre-ville de Kisangani, vaut également la peine, avec possibilité de se restaurer grâce au butin fraîchement pêché et préparé sur place. On constate cependant de plus en plus d'abus vu l'attractivité touristique unique du site, en l'absence d'un organe de gestion officiel qui gèrerait l'accueil des visiteurs... De nombreuses pièces d'artisanat disponibles un peu partout, représentent les pêcheries qui ont toujours été de tout temps le symbole de la ville et du fleuve tumulteux qui la traverse.