Une maladie peut-être liée au coronavirus touche des enfants
Le 01/05/2020
En Italie, Royaume-Uni, Belgique mais aussi en France. Des médecins alertent sur des cas de syndromes inflammatoires observés chez de jeunes enfants (entre 10 et 15 ans) ces dernières semaines avec des symptômes proches de la maladie de Kawasaki. Le lien est envisagé avec le Covid-19. Faut-il s'inquiéter à l'approche du déconfinement et du retour progressif annoncé à l'école à partir du 11 mai ? Que disent les scientifiques ? Qu'est-ce que cette maladie ?«L'ensemble des pédiatres et des réanimateurs européens travaillent ensemble pour voir s'il y a lieu ou non de faire un lien avec le Covid-19, ce que je ne sais pas encore au moment où je vous parle», a déclaré le ministre français de la Santé, Olivier Véran, mercredi à l'Assemblée nationale. «C'est quelque chose qui nous préoccupe», avait assuré la veille son homologue britannique, Matt Hancock, à la radio LBC. Une préoccupation d'autant plus vive que toutes les études ont jusqu'à présent montré que les formes graves du Covid-19 étaient rarissimes chez les plus jeunes.
Premier cas il y a trois semaines
L'alerte est partie ce week end d'Angleterre, avec un signalement du service public de santé, NHS England. Dans la foulée, un petit nombre de cas similaires a été mentionné en France, aux Etats-Unis, en Espagne ou en Belgique.
Sur l'ensemble des hôpitaux parisiens, cela représente «à peu près une vingtaine d'enfants», indique à l'AFP Damien Bonnet, chef de service de cardiologie pédiatrique à l'hôpital Necker enfants malades. «Selon mes collègues français, il y en a d'autres ailleurs», ajoute-t-il, en soulignant toutefois que leur nombre dans l'absolu «reste limité». Le premier cas a été admis dans son hôpital «il y a trois semaines» et «ça s'est accéléré depuis environ 8 jours».
Un constat partagé de l'autre côté de l'Atlantique. «J'ai vu de tels patients hier et aujourd'hui, et mes collègues en voient depuis deux ou trois semaines», dit à l'AFP Sunil Sood, spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital pour enfants Cohen's children de New York.
Aucun décès jusqu'à présent
Selon le Pr Bonnet, ces jeunes patients ont «de 2 à 18 ans». Le Dr Sood, lui, mentionne plutôt «des adolescents, dont le plus jeune a 13 ans».
«Ces enfants viennent avec des symptômes digestifs, respiratoires ou infectieux» accompagnés «d'une atteinte cardiaque», précise le Pr Bonnet, selon qui «la plupart ont besoin d'être aidés avec des médicaments pour soutenir le fonctionnement du coeur». «Les enfants évoluent quasiment tous de façon favorable, même s'ils sont dans une situation réanimatoire initialement», insiste-t-il. De même, tous les jeunes patients dont le Dr Sood a eu connaissance ont vu leur état s'améliorer, même s'ils ne sont pas encore tous sortis de l'hôpital, et aucun n'est décédé.
Certains symptômes font penser à un syndrome du choc toxique ou à la maladie de Kawasaki. Cette maladie qui touche les enfants entraîne une inflammation des vaisseaux sanguins (éruptions cutanées, ganglions, conjonctivite, problèmes cardiaques dans les formes graves...). «Chaque vaisseau sanguin du corps est en feu», résume le Dr Sood.
Mais même s'il y a «des chevauchements de symptômes» avec les cas actuellement observés, il y a aussi des différences, note le Pr Bonnet. La première d'entre elles est l'âge des patients: «La maladie de Kawasaki, c'est d'abord une maladie du petit enfant, plutôt moins de 2 ans, même s'il y en a jusqu'à 4 ou 5 ans. Là, on voit tous les âges». Tout cela «va se préciser avec le temps, pour savoir si c'est une maladie particulière», ajoute le médecin français.
Des tests Covid-19 positifs et négatifs
Dans tous les pays où ces cas ont été rapportés, certains jeunes patients ont été testés positifs au Covid-19 et d'autres négatifs. Le lien de cause à effet entre le coronavirus et ces symptômes inflammatoires n'est donc pas établi avec certitude.
Pour autant, la conjonction des deux interpelle. «On est dans le temps de l'épidémie de Covid-19, on voit une maladie pas fréquente devenir plus fréquente. Ça nous interroge», explique le Pr Bonnet.
ATS