Chine : des scientifiques réussissent à créer des chimères cochons-singes
Le 10/12/2019
Des scientifiques chinois ont pour la première fois réussi à mener à terme la grossesse d'une truie dont deux porcelets étaient partiellement constitués de cellules de singe. Une chimère porc-singe qui devrait à terme permettre de développer des organes humains dans des animaux.
Les centaures, mi-hommes, mi-chevaux ou encore le fameux Minotaure, issu de l’union gamétique entre une grecque et un taureau, sont les exemples types des organismes vivants que l’on appelle des chimères. A l’origine, la chimère était un animal mythologique dont la moitié du corps tenait du lion et l’autre de la chèvre, avec une que de serpent. En 2017, l'équipe de Juan Carlos Izpisua Belmonte au Salk Institute en Californie était parvenue à créer des chimères porc-homme, et depuis la parution d’une étude dans la revue Protein and cell le 27 novembre 2019, une nouvelle forme de chimère peut être ajoutée à cette liste : les porcelets-singes.
Entre 0,0001% et 10% des cellules des porcelets étaient de cellules de singe
Le professeur Tang Hai et son équipe de l’Institut de zoologie de l’académie chinoise des sciences ont implanté dans des truies 4.000 embryons chimériques qui contenaient des cellules de macaques crabiers, desquels sont nés seulement dix porcelets, aucun n’ayant survécu plus d’une semaine. De ces dix porcelets, seulement deux présentaient des traces de cellules de primates dans leur organisme. Le taux de réussite s’élève donc à 0,0005%, des résultats qui ne demandent qu’à être améliorés mais qui attestent déjà d’un succès pionnier dans la manipulation de cellules souches : "Ceci est le premier rapport de grossesses chimériques porc-singe menées à terme", déclare Tang Hai au New Scientist, qui a publié un tweet pour annoncer la nouvelle.
Pour suivre l’évolution des cellules de singe, les scientifiques ont modifié des cellules souches de macaques crabiers de telle façon à pouvoir leur injecter une protéine appelée GFP, ou Green Fluorescent Protein (protéine fluorescente verte). Cette protéine brille lorsqu’elle est exposée a une source de lumière fluorescente, ce qui permet de la localiser durant tout le développement embryonnaire et donc d’identifier la position des cellules qui en contiennent.
Sciences et Avenir