RDC : la Belgique prête à discuter
Le 09/02/2018

La Belgique, tout en étant « particulièrement inquiète » à propos de la situation en République démocratique du Congo (RDC), est toujours disposée à discuter d’une remise à plat des relations entre Bruxelles et Kinshasa, a affirmé le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, en pleine crise diplomatique entre les deux pays.
« J’ai eu mon collègue Léonard She Okitundu (le chef de la diplomatie congolaise, ndlr) au téléphone, vendredi dernier, pour lui confirmer que nous étions disponibles pour un dialogue sur les relations bilatérales, que ce soit à Bruxelles ou à Kinshasa – sa préférence étant Kinshasa. Nous l’avons confirmé par note verbale en indiquant qu’une délégation qui pourrait être composée de représentants du Premier ministre, des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Défense était disponible pour reprendre des discussions sur nos relations bilatérales », a-t-il affirmé en commission des relations extérieures de la Chambre, mercredi.
Selon M. Reynders, la situation du peuple congolais « est de plus en plus préoccupante » et les besoins humanitaires vont croissants. Il a expliqué le sens de la décision prise le 10 janvier en concertation avec son collègue de la Coopération au développement, Alexander De Croo.
Aide réorientée vers les ONG
À la suite de la répression des manifestations du 31 décembre dernier en RDC, les deux ministres avaient décidé de réorienter 25 millions d’euros d’aide vers les ONG locales pour accomplir certaines tâches dans le domaine humanitaire, plutôt que de passer par le canal de la coopération gouvernementale avec Kinshasa – qui continue toutefois à bénéficier d’autres programmes à hauteur de 70 millions d’euros cette année.
Une décision très mal accueillie par les autorités congolaises qui ont pris une série de mesures de rétorsion, comme la demande de « cessation immédiate » des activités de la nouvelle agence belge de développement (Enabel) en RDC et de « démantèlement du dispositif consulaire » dit Maison Schengen à Kinshasa, suivie par la fermeture du consulat général de Lubumbashi (sud-est) et la réduction de sept à quatre par semaine du nombre de fréquences accordées à la compagnie Brussels Airlines entre Bruxelles et Kinshasa.
« Notre pays déplore cette situation. Ces annonces risquent hélas de toucher à nouveau en premier lieu la population congolaise », a souligné M. Reynders. Selon lui, elles visent, dans le chef du régime du président Joseph Kabila, surtout à « détourner l’attention des problèmes de politique intérieure ».
Des doutes sur les élections de 2018
Le climat politique est très tendu en RDC, où le second mandat de M. Kabila a pris fin le 19 décembre 2016, alors qu’une interprétation controversée de la Constitution lui permet de rester au pouvoir jusqu’à l’investiture de son successeur élu. Des élections prévues en 2016, puis en décembre 2017, ont finalement été reportées au 23 décembre 2018. Mais des manifestations pacifiques à l’appel d’un Comité laïc de coordination (CLC, proche de l’Eglise catholique) ont été marqués fin décembre et le 21 janvier par une violente répression. « Les forces de l’ordre congolaises ont fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs à balles réelles dans les églises et ont violemment empêché les manifestations. Une dizaine de personnes y ont perdu la vie », a déploré M. Reynders.
Il a toutefois souligné que l’un des objectifs de la communauté internationale doit rester d’aider la RDC à « organiser des élections crédibles en 2018 ». « C’est le message que nous devons continuer à faire passer dans notre dialogue avec les autorités congolaises, en indiquant que nous sommes prêts à y contribuer si les conditions sont réunies. Force est cependant de constater que des doutes subsistent quant à la volonté d’organiser ces élections dans un climat apaisé », a dit le ministre.
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