Social : Où en est-on avec le 750 millions de dollars reçu par le gouvernement pour la relance des activités agricoles et des industries connexes?

750 millions USD pour la relance de l’agriculture 

Le 30/10/2017

Le Premier ministre Bruno Tshibala a annoncé, le jeudi 1 er juin dernier,  devant la plénière de l’Assemblée nationale, que la RDC a obtenu d’AFREXIM Bank 750 millions de dollars américains pour la relance des activités agricoles et des industries connexes. Avec ce montant, a-t-il laissé entendre, son gouvernement veut initier un petit plan Marshall pour relever entre autre le défi de l’insécurité alimentaire que connaît une importante partie de la population, surtout dans les milieux ruraux. Le chef du gouvernement affiche là un ambitieux programme mais très risqué car ce n’est pas la première fois que les Congolais entendent ce genre de discours volontariste.

Il y a quelques années, le gouvernement congolais avait disponibilisé un fonds de 20 millions de dollars américains pour la campagne agricole dont l’objectif était le même que celui projeté aujourd’hui par Bruno Tshibala. Mais en fin de compte, aucun résultat palpable n’a été atteint. Le ministre de l’Agriculture de l’époque n’avait pas eu le courage de présenter à l’opinion un quelconque bilan de cette activité fortement médiatisée. Il était tout simplement conscient du fiasco que cette campagne avait récolté.

Outre la campagne agricole 2014-2015 dont l’échec a été patent, le gouvernement a aussi  mis sur pied un Programme national d’investissement agricole (PNIA) pour un montant très important en devise américaine. Trois ou quatre ans aujourd’hui après le lancement de ce programme, aucun impact visible n’est perceptible dans le secteur agricole en RDC.

Si nous jetons un regard rétrospectif un peu plus loin dans l’histoire de notre pays, nous retiendrons que l’ex Zaïre avait également mis en place plusieurs programmes agricoles pour le même objectif de moderniser le secteur agricole et maximiser la production agricole. Le plus célèbre de ces programmes a été le Programme agricole minimum (PAM) qui avait fait couler tant d’encre et de salive. Cette fois-là aussi les résultats escomptés n’avaient pas été atteints. Il en est de même des tracteurs agricoles qui ont été attribués à certains opérateurs économiques et même politiques pour moderniser leurs activités agricoles. De ce côté-là aussi cette opération n’a rien apporté aux Congolais. Et le point culminant de tous ces échecs a été la disparition de la Banque de crédit agricole (BCA). Autant d’exemples peuvent être cités pour montrer que seuls les fonds ne suffisent pas pour réussir un plan concocté.

Pourquoi tant d’échecs ?

Toutes ces contreperformances montrent à suffisance qu’il existe un problème sérieux de gouvernance dans le pays. La question centrale que nous devons nous poser est celle de savoir à qui sont confiés ces fonds pour la mise en œuvre de tous ces programmes ou plans conçus par les différents gouvernements rd congolais ? Il n’est pas étonnant que dans un pays dont la corruption s’est institutionnalisée, nous puissions connaître pareils fiascos. Pour preuve, en dépit de tous ces échecs, aucun opérateur bénéficiaire du crédit gouvernemental n’a été traduit en justice pour justifier l’utilisation des fonds reçus.

C’est pourquoi, conscient de la corruption généralisée dans le pays, Bruno Tshibala annonce une lutte implacable contre les auteurs de détournements des deniers publics et les personnes impliquées dans la fraude douanière et fiscale. A ce propos, il a indiqué que l’accent sera mis sur la lutte contre la corruption, la fraude fiscale et douanière, l’élargissement de l’assiette fiscale, les sanctions exemplaires contre les fraudeurs et les dirigeants incompétents, l’amélioration du climat des affaires, la relance de l’agriculture .. « . Reste à savoir si le  » frêle  » Premier ministre a des reins solides pour affronter les réseaux maffieux solidement constitués avec l’aide et le soutien de certaines autorités du pays ?

Rombaut  Ot  lobservateur