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La RDC, 1er producteur mondial de cobalt, veut multiplier par cinq sa taxe sur ce minerai rare, d'après son nouveau code minier

Par Le samedi, 10 février 2018 0

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La République démocratique du Congo, qui regorge de matières premières, a entrepris une révision de son code minier car elle jugeait que le code de 2002 était trop favorable aux capitaux étrangers.

Cobalt : la RDC veut multiplier par cinq sa taxe, les miniers inquiets

 

 

Le 10/02/2018

 

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La République démocratique du Congo, premier producteur mondial de cobalt, veut multiplier par cinq sa taxe sur ce minerai rare très prisé dans les nouvelles technologies, d'après son nouveau code minier dont l'AFP a eu copie vendredi.

La loi, qui prévoit aussi de "taxer les super-profits" des géants du secteur en RDC, est en attente de promulgation par le président congolais Joseph Kabila.
 

Le taux de la redevance sur les "métaux stratégiques" est porté à 10% dans la dernière version adoptée en commission mixte paritaire Assemblée-Sénat le 27 janvier.

Ce taux était à 5% dans le projet de loi initial examiné en décembre à l'Assemblée, puis en janvier au Sénat.

Un décret du Premier ministre déterminera quels sont ces métaux stratégiques, ont indiqué à l'AFP des opérateurs miniers.

Très demandé par les fabricants de smartphones et de voitures électriques, le cobalt en fera partie, disent-ils en citant "des experts du gouvernement".

"Le taux actuel de la redevance sur les métaux non ferreux (cuivre et cobalt) est actuellement de 2% de la valeur des ventes réalisées, diminuée de certains frais", précisent-ils.

La notion de "métaux stratégiques" n'existe pas dans l'actuel code minier de 2002.

Des actionnaires des grandes entreprises minières présentes en RDC (Molybdenum, Glencore, Rangold...) ont fait part de leurs inquiétudes dans une lettre au chef de l'État, indiquent les opérateurs miniers. Ils espèrent que la version actuelle du texte ne sera pas promulguée.

Le boom mondial des batteries de smartphones et de voitures électriques a provoqué une flambée des prix du cobalt de +127% en un an.

À la Bourse des métaux de Londres, son prix est passé de 75.000 à 81.250 dollars la tonne depuis mi-janvier et les premières informations sur une hausse de la redevance minière congolaise.

La République démocratique du Congo, qui regorge de matières premières, a entrepris une révision de son code minier car elle jugeait que le code de 2002 était trop favorable aux capitaux étrangers.

Le nouveau code prévoit aussi de "taxer les super-profits". Le taux de cette taxe pourrait être de 50%, d'après l'agence Bloomberg.

Le nouveau code considère que "60% des recettes à l'exportation doivent être rapatriés tant que les remboursements des prêts liés à l'investissement sont en cours (40% dans le Code de 2002)", d'après les professionnels du secteur.

Il prévoit également une "augmentation de la participation de l'Etat dans des sociétés d'exploitation de 5 à 10% du capital social".

"Les journalistes me demandent si le président a promulgué le code. Je ne répondrai pas à cette question ici. Le code se trouve chez le président", a déclaré le ministre des mines Martin Kwabelulu cette semaine lors de la conférence minière d'Indaba au Cap, dans des propos rapportés sur le site de la chaîne sud-africaine Sabcnews.

En décembre, les multinationales avaient estimé que ce nouveau code minier allait "affaiblir significativement la confiance des investisseurs", dans une lettre aux présidents de l'Assemblée et du Sénat.

"Je vous dis: personne ne partira! Pour le cobalt, on est quand même à 75.000 dollars la tonne. On a fait suffisamment de concessions", a déclaré à l'AFP un officiel congolais sous le couvert de l'anonymat.


(©AFP 

Le marché mondial du cobalt entre les mains de la RDC et la Chine

 

La conférence Mining Indaba en Afrique du Sud se clôt sur un constat : la concentration de la production de cobalt entre la RDC et la Chine fait peser un risque sur l'approvisionnement mondial.

 

 

L'abandon annoncé par la France et la Grande-Bretagne des véhicules à essence et diesel d'ici à 2040 et le virage de l'industrie automobile mondiale vers les véhicules électriques ont placé le cobalt au centre d'un débat complexe. 

En effet, ce métal entre, avec le lithium, dans la composition des batteries lithium-ion des voitures électriques comme dans celles des smartphones.

Les projections de Transparency Market Research estiment ainsi que le marché mondial des batteries au lithium-ion devrait passer d'une valeur de 24 milliards d'euros en 2015 à 61 milliards à l'horizon 2024.  

Cette progression s'expliquant essentiellement par la demande de l'industrie automobile. 

Le cabinet de conseil Morgan Stanley estime ainsi que les véhicules électriques  devraient représenter la moitié des ventes mondiales à l'horizon 2050.

66% de la production mondiale

Mais cette dépendance aux batteries au lithium-ion repose sur une faiblesse préoccupante. 

Les géants de l'industrie mondiale tels qu’Apple, Samsung, Volkswagen ou Tesla sont dépendants des livraisons d'un pays africain plongé dans un profond marasme politique : la République démocratique du Congo (RDC), qui assure à elle seule les deux tiers de la production mondiale de cobalt, estimée à 148.000 tonnes en 2015 par la British Geological Survey.

L'autre particularité du cobalt est que les pays de production diffèrent souvent de ceux où ce métal est raffiné. 

De ce point de vue, la Chine arrive largement en tête puisqu'avec plus de 48.000 tonnes par an, elle raffine à elle seule près de la moitié du cobalt disponible sur le marché mondial.

D’ailleurs la Chine est largement présente en RDC puisqu’elle raffine la plus grande partie du cobalt extrait dans ce pays.

 

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Dès lors, il y a un véritable danger pour l'industrie automobile, ou celle des téléphones portables, à dépendre ainsi de la RDC.

Dans un article publié par le site de vulgarisation scientifique The Conversation, Ben McLellan, chercheur à l'université de Kyoto au Japon, estime que l'industrie automobile "devrait se soucier du fait que l'approvisionnement d'un de ses minéraux essentiels (...) pourrait être trop centralisé dans un seul pays."

Si la Chine demeure par ailleurs un Etat plus fiable du point de vue économique, la crise d'approvisionnement en terres rares, entre 2009 et 2012, a montré que Pékin pouvait avoir une utilisation politique de ses ressources minérales.

 

 

 

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