- États d'Afrique noire : Qui sont les bantous ?, D'où viennent-ils ?

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Bantou (Bantu) définition : Ensemble de peuples parlant quelques quatre cents langues apparentées dites bantus, présents en Afrique, du Gabon aux Comores d’ouest en est et de la République Centrafricaine à l’Afrique du Sud du nord au sud.

Les Bantous : Langues, peuples, civilisations 

 

 

Le 21/03/2017

 

 

 

Combien de fois n’a-t-on pas entendu : les bantus sont comme ceci, les bantus sont comme cela ? Pour beaucoup, ce terme évoque grosso modo les populations établies dans le sud du continent africain. Ce n’est pas totalement inexact, sauf que le vocable bantu ne désigne pas des peuples ou des ethnies – mot, hélas ! qu’on continue à utiliser quand il s’agit de l’Afrique -, mais un groupe de langues négro-africaines parlées dans le centre et le sud du continent à partir d’une ligne allant de Douala, au Cameroun, à Mombasa, au Kenya. 
Le terme a été inventé en 1862 par le philologue allemand Wilhem Bleek pour caractériser les langues dans lesquelles « hommes » se dit bantu (préfixe pluriel ba, radical ntu), le singulier étant muntu. L’homogénéité de ces langues a été démontrée en 1907 par un autre linguiste allemand, Carl Meinhof. Exemple, le mot « enfant » se dit omwana en mpongwe (Gabon) ; mwana en mbochi (Congo) ; mwana en bobangi (Centrafrique) ; umwana en kinyarwanda (Rwanda) ; mwana en bemba (Zambie) ; mwana en tchokwe (Angola).
Selon la classification établie en 1963 par l’Américain Joseph Greenberg, les langues bantoues forment une subdivision de la famille nigéro-kordofanienne, dans laquelle on trouve la plupart des langues de l’Afrique noire, à l’exception notable des langues nilotiques (dinka, masaï, nuer…) et des langues khoisanes (dites aussi à clics) parlées par les Bochimans et les Hottentots d’Afrique australe.
On situe le foyer originel des peuples « bantouphones » dans la région du lac Tchad, au nord du Cameroun actuel, d’où ils auraient essaimé à travers l’Afrique centrale à la veille de l’ère chrétienne. Longeant la lisière nord de la grande forêt équatoriale, ils l’auraient contournée par les plateaux des Grands Lacs pour poursuivre leur extension vers le sud. Les groupes les plus méridionaux, les Xhosas et les Zoulous à l’Est, les Hereros à l’Ouest, n’ont atteint leur zone d’habitat actuel qu’aux XVe et XVIe siècles. 
Le nombre des langues bantus est de 350 à 400 suivant que l’on considère certains parlers comme des langues ou des dialectes. Pour les linguistes, par exemple, le kirundi et le kinyarwanda, les langues nationales respectives du Burundi et du Rwanda, ne sont rien d’autre que des dialectes d’une même langue. De même qu’au Gabon le mpongwe, le galwa, l’enenga, le nkomi et l’ajumba appartiennent à une même langue, le myéné. 
L’intercompréhension prévaut entre ces langues lorsque leurs locuteurs sont géographiquement voisins. Mais des habitants du Kongo central et des Sud-Africains ne peuvent pas se comprendre. 
Le terme bantou a connu un tel succès qu’il en est venu à désigner tout ce qui se rapporte aux locuteurs des langues bantoues. Une évolution renforcée par la création, en 1983, du Centre international des civilisations bantu (Ciciba), à Libreville.

On nomme Bantous (ce qui signifie les « Humains » dans la langue kongo) un ensemble de peuples parlant quelques quatre cents langues apparentées dites bantous. En Afrique, Ils sont présents d’ouest en est du Gabon aux Comores et du nord au sud du Soudan à la Namibie. Ces ethnies très variées couvrent toute la partie australe de l’Afrique, où seuls les Bochimans et les Hottentots ont des langues d’origines différentes.

Les Bantous viennent probablement du Cameroun et du sud-est du Nigeria. Vers – 2 000, ils commencent à étendre leur territoire dans la forêt équatoriale d’Afrique centrale. Plus tard, vers l’an 1000, eut lieu une deuxième phase d’expansion plus rapide vers l’Est. Les Bantous se mêlèrent alors aux groupes autochtones et constituèrent de nouvelles sociétés.

 

La classification des langues bantous

 

 

Zone A (Nigeria, Cameroun, Guinée équatoriale, Gabon): environ 50 à 70 langues, dont le fanf, l'éwondo et le douala; 
Zone B (Gabon, Cameroun) :  environ 50 langues, dont le téké et le nzébi;  
Zone C (République centrafricaine, Cameroun) : environ 70-80 langues, dont le tététa, le lingala et le mongo-nkundo; 
Zone D (Congo-Kinshasa, Burundi, Rwanda) : environ 30-40 langues, dont le lega et le bembé; 
Zone E (Ouganda, Kenya) : moins de 20 langues, dont le kikouyou et le kamba; 
Zone F (Tanzanie) : environ 10 langues, dont le sukuma et le nyamwezi; 
Zone G (Tanzanie) : environ 20-30 langues, dont le swahili, le gogo et le comorien; 
Zone H (Angola, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa, Gabon) : environ 10 langues, dont le kikongo; 
Zone J (Ouganda) : environ 60 langues, dont le kinyarwanda, le kirundi, le luhiya et le nkore-kiga; 
Zone K (Angola, Congo-Kinshasa, Zambie) : moins de 30 langues, dont le ciokwé et le lozi; 
Zone L (Congo-Kinshasa, Zambie) : environ 20 langues, dont le luba;  
Zone M (Zambie, Congo-Kinshasa) : environ 30 langues, dont le bemba et le tonga;
Zone N (Malawi) : environ 10-20 langues, dont le nyanja (chichewa); 
Zone P (Tanzanie, Mozambique) : environ 10-20 langues, dont le makhuwa (makoua);
Zone R (Angola, Namibie) : moins de 10 langues, dont le mbundu, le wambo, le herero; 
Zone S (Zimbabwe, Botswana, Afrique du Sud, Mozambioque, Lesotho, Swaziland): environ 20-30 langues, dont le zoulou, le xhosa, le shona et le tswana.

En fait, il est aussi généralement admis de tenir compte de deux grands sous-groupes bantous:

1) le groupe bénué-congolais occidental ;
2) le groupe bénué-congolais oriental. 

 

 

 

 

 

 

1. Qui sont les premiers occupants de l'Afrique centrale, particulièrement du Congo ?

D'après les historiens africanistes, les premiers occupants de l'Afrique centrale, plus particulièrement du Congo, sont les Pygmées.

 

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Le territoire de Bikoro (Province de l'Équateur en République démocratique du Congo) est composé de trois grandes tribus bantus dans lesquelles sont parsemés les pygmées, on peut les citer  comme suit : Le Ntomba (45%), Les Ekonda (30%), Les Ngele –a-ntando (15%), Les pygmées (10%)

 

Clique ici gif 24Le peuplement de l'Afrique Centrale : contribution de l'anthropologie But1

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2. D'où viennent les Bantous?

 

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Il y a 4000 à 5000 ans, l’émergence de l’agriculture a marqué un tournant décisif dans l’histoire africaine : maîtrisant cette nouvelle technologie qui leur permettait d’investir de nouveaux territoires, les peuples de langues bantoues, jusqu’alors chasseurs-cueilleurs vivant dans une région située entre le Cameroun et le Nigeria, ont progressivement étendu leur zone d’habitat et, suivant un périple de plusieurs millénaires, se sont installés dans toute l’Afrique subsaharienne. 

La question du chemin migratoire emprunté par ces peuples demeurait cependant en suspens : alors qu’une première théorie, dite du « Early split » - séparation précoce - affirmait que les Bantous s’étaient scindés dès le départ, en quittant leur berceau originel, en deux mouvements, vers l’est et le sud, l’hypothèse du « Late split » - séparation tardive – suggérait, elle, que ces peuples avaient d’abord traversé la forêt équatoriale – le Gabon actuel – , avant de se diviser selon deux flux migratoires, l’un vers le sud, et l’autre vers l’Afrique de l’Est.

C’est grâce à une puissante étude génomique portant sur 2000 individus issus de 57 populations de toute l’Afrique subsaharienne, qu’une équipe de recherche de l’Institut Pasteur et du CNRS1, menée par Etienne Patin et Lluis Quintana-Murci, chercheurs CNRS, en étroite collaboration avec plusieurs institutions africaines2, européennes3 et américaines4 ont tranché la question. Les travaux des scientifiques relèvent en effet que les populations de langues bantoues de l’est et du sud de l’Afrique sont plus semblables génétiquement aux populations du sud qu’à celles du nord de la fôret équatoriale. Ces données plaident ainsi clairement en faveur du « Late split » : les Bantous auraient d’abord traversé la forêt équatoriale, pour ensuite suivre leurs voies migratoires vers l’est et le sud de l’Afrique sub-Saharienne, où ils auraient rencontrés d’autres peuples autochtones de ces régions.

 

Les chercheurs se sont ensuite intéressés au métissage des peuples de langues bantoues avec les populations locales qu’ils ont rencontrées. Les travaux des scientifiques montrent qu’au cours du dernier millénaire, les Bantous se sont en effet mélangés avec des populations pygmées d’Afrique centrale de l’Ouest, des populations Afro-Asiatiques d’Afrique de l’Est et enfin avec des populations San d’Afrique du Sud. Fait surprenant, ces métissages successifs auraient été bénéfiques aux peuples Bantous, en leur permettant d’acquérir des mutations génétiques avantageuses facilitant leur adaptation à leurs nouveaux habitats. Ainsi, de leur métissage avec les Pygmées, les populations Bantoues ont acquis une nouvelle forme du système « HLA », aidant à la mise en place de la réponse immunitaire en cas d’infection. Autre exemple de poids : en arrivant à l’est de l’Afrique subsaharienne, les Bantous héritent des populations locales d’une variabilité associée au gène de la lactase, qui permet de continuer à digérer du lait à l’âge adulte.

Enfin, le dernier volet de cette vaste étude s’est intéressé aux conséquences sur l’histoire génétique des Bantous d’une des périodes les plus douloureuses de l’histoire de l’Afrique : celle des traites d’esclaves transatlantiques. On sait que le génome des Afro-américains d’aujourd’hui, qui vivent sur le continent Nord-américain, est à 75 - 80% africain. Pour retracer plus précisémment l’origine génétique de cette part de leur génome, les scientifiques ont comparé celui de près de 5000 Afroaméricains de tous les Etats-Unis avec celui des populations d’Afrique vivant actuellement dans les anciens grands ports d’esclavage. Ils ont alors pu décortiquer les différentes contributions de ces sites de traite. Ainsi, près de 50% du génome des Afro-américains seraient issus du port historiquement appelé « Golfe du Bénin ». L’autre apport majeur, près de 30%, provient de l’Afrique centrale de l’Ouest (Gabon, Angola), soulignant le lourd tribut qu’ont payé ces populations aux traites négrières. Enfin, 13% viennent de l’ancien port de Sénégambie (bassin des fleuves Sénégal et Gambie) et 7% de la Côte au Vent (Côte d’Ivoire)

Cette vaste cartographie génétique de l’Afrique subsaharienne illustre ainsi l’apport de la génomique à l’histoire de notre espèce. Elle constitue aujourd’hui un puissant outil pour reconstruire, à la lumière des nouvelles technologies pan-génomiques, l’histoire de nos migrations et de nos métissages, et identifier les mécanismes évolutifs qui nous ont permis de nous adapter génétiquement aux pressions de notre environnement, y compris celles exercées par les agents infectieux.

 

Source : Histoire migratoire des peuples Bantous 

Cnrs 

1 Unité de Génétique évolutive humaine, Institut Pasteur/CNRS 2 Université Omar Bongo du Gabon et CERPAGE/IRCB du Bénin 3 Muséum national d’histoire naturelle, Institut de recherche pour le développement, Université Paris-Descartes, Institut national d’études démographiques, Université Paris-Diderot, Université Toulouse III - Paul Sabatier, Université LumièreLyon 2 ; Royaume-Uni : University of Reading ; et Portugal : Universidade do Porto 4 USA : University of Missouri, Pennsylvania State University, Stanford University ; Canada : Université de Montréal 

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Date de dernière mise à jour : samedi, 11 janvier 2020

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