Devoir de mémoire : La vie tragique du pygmée congolais Ota Benga, gardé dans dans un musée, puis, exposé dans un zoo à New York

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Ota Benga, né vers 1883 dans le Royaume Kongo (actuelle République démocratique du Congo) et mort le  à Lynchburg (Virginie, États-Unis), est un Pygmée congolais du peuple des Mbuti qui a été notamment exposé au zoo du Bronx de New York en 1906.

 

 

La vie tragique du pygmée congolais Ota Benga exposé dans un zoo humain du Bronx à New York.

 

 

Le 26/06/2018

 

 

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En 1904, l’Exposition universelle de Saint-Louis (États-Unis) présentait un groupe de Pygmées venus tout droit de l’État indépendant du Congo (actuelle RDC). Parmi eux se trouvait Ota Benga, un jeune homme au destin unique... et tragique !


Même si aucun registre ne l’officialise vraiment, la naissance d’Ota Benga est estimée durant l’année 1883. Originaire de la tribu des Mbuti, un groupe ethnique congolais de chasseurs-cueilleurs, il partit un jour seul à la chasse à l’éléphant. À son retour au village, il découvre l’horreur !

La Force Publique (une force armée belge de l’état congolais) avait attaqué son village, tuant notamment sa femme et ses deux enfants. Seul survivant puisqu’il était absent lors de l’attaque, il devient prisonnier de la Force Publique avant que cette dernière ne l’abandonne dans un village habité par les Bashilele, une autre tribu congolaise.

Origines

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Ota Benga, né vers 1883, est un Pygmée originaire de la tribu des Mbuti, un groupe ethnique congolais vivant principalement de la chasse et de la cueillette. Alors qu'il part un jour à la chasse à l'éléphant, la Force publique (FP)a attaque son village, tuant notamment sa femme et ses deux enfants. Seul survivant puisqu'il était absent au moment de l'attaque, il se retrouve, en rentrant à son campement, prisonnier des soldats de cette force armée. Quelques jours plus tard, ces derniers le laissent dans un village habité par des Bashileleb, ce qui va permettre à Samuel Phillips Verner de le rencontrer ; c'est un homme d'affaires et missionnaire américain chargé de ramener du continent africain des autochtones afin de les présenter à l'Exposition universelle de 1904 (Louisiana Purchase Exposition), prévue l'année suivante dans son pays.

 

 

Exposition universelle de 1904

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Benga est ainsi arrivé aux États-Unis aux côtés de Samuel Phillips Verner. Celui-ci parvient en effet à faire l'acquisition du jeune Pygmée auprès de marchands d'esclaves en échange de morceaux de tissu et de sel.

Ota Benga arrive à Saint-Louis avec quatre autres Pygmées au mois de juin 1904, soit quelque temps après l'ouverture de l'événement ; Verner, étant tombé malade, les a laissés à La Nouvelle-Orléans. Leur arrivée au sein de l'Exposition provoque un vif intérêt de la part des visiteurs, ce qui peut s'expliquer, par exemple, par les dents pointues que possède Ota Benga, lesquelles sont sciemment aiguisées.

 

Au cours de l'Exposition, Ota Benga a l'occasion de se produire devant les visiteurs, jouant entre autres d'un instrument de musique traditionnel appelé le « molimo ». Par ailleurs, ces visiteurs lui donnent des pièces de monnaie pour qu'il montre ses dents jugées particulières.

Tandis que l'Exposition universelle s'achève en décembre 1904, le Pygmée se prépare à partir aux côtés de Verner pour plusieurs déplacements le long du pays : l'homme qui l'a amené jusqu'ici l'utilise effectivement au cours de ce voyage pour appuyer les conférences scientifiques qu'il tient. Benga se rend notamment dans la capitale américaine où il découvre la neige. Là-bas, il est reçu par l'ambassade de Belgique. Il a également été dans plusieurs autres grandes villes des États-Unis, telles que Baltimore (Maryland). C'est dans cette ville qu'il rencontre le cardinal américain James Gibbons, à qui il évoque les actes de violence perpétrés dans son pays.

À l'issue de ce voyage, Ota Benga se rend une nouvelle fois à La Nouvelle-Orléans dans le but de rentrer au Congo, comme le missionnaire l'a prévu. Benga assiste juste avant leur départ au carnaval de la ville, durant lequel il danse et profite de la fête louisianaise.

 

Captivité à New York

Muséum américain d'histoire naturelle

 

Par un commun accord entre Verner et H. C. Bumpus, directeur du Muséum américain d'histoire naturelle de l'époque, il est décidé qu'Ota Benga soit gardé dans ce musée. Dans l'enceinte de celui-ci, une pièce faisant office de chambre lui est proposée et il a le droit de se rendre dans toutes les salles à condition de ne pas sortir du muséum. En dépit de cette interdiction, et parce que la captivité est devenue pour Benga difficile à supporter, il lui est arrivé d'essayer de quitter le bâtiment en se faufilant parmi la foule de visiteurs. Aussi, Benga pouvait à certains moments faire preuve d'un comportement problématique voire dangereux vis-à-vis de ceux-ci. En raison de cela, le directeur du muséum décide seulement quelques mois après son arrivée de le transférer vers un autre endroit de la ville.

 

Zoo du Bronx

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Le , Ota Benga est ainsi transporté jusqu'au zoo du Bronx, à quelques kilomètres au nord du musée. Dans un premier temps, il est laissé libre dans tout l'espace du zoo. Il lui arrive par conséquent de se rendre auprès des gardiens du parc zoologique afin de les aider à s'occuper des animaux en cage, principalement de les nourrir. Cette liberté initiale lui permet aussi d'aller au sein même des locaux du zoo, et notamment dans le bureau du directeur, William Hornaday, afin d'y recevoir d'éventuelles nouvelles de l'homme d'affaires l'ayant amené aux États-Unis, par le biais de lettres écrites par ce dernier.

Le 8 septembre de la même année, Benga perd sa « liberté » en étant cette fois-ci placé dans un enclos de la zone Monkey House du zoo — c'est-à-dire la division du parc consacrée aux singes. Dans le cadre d'une exposition destinée à promouvoir les concepts de l'évolution humaine et le racisme scientifique, il est désormais encouragé à interagir avec les clients, de manière à les distraire, en compagnie d'un perroquet et d'un orang-outan. Le jour suivant, le directeur du jardin zoologique y installe une pancarte, affichant.

 

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Mort

 

Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, Ota Benga réalise que son retour au Congo est impossible, d'autant plus que l'argent qu'il possède ne suffirait pas à couvrir le coût du transport ; il devient dépressif. Le , il se suicide d'une balle dans la poitrine avec un revolver qu'il a volé. Il est enterré deux jours plus tard au cimetière public de Lynchburg, mais sa tombe, anonyme, fait que son emplacement reste toujours incertain.

 

 

Source : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Phillips Verner Bradford et Harvey Blume (trad. Bernard Ferry), Ota Benga : un Pygmée au zoo [« Ota Benga: the pygmy in the zoo »], Paris, Éditions Belfond, , 308 p. (ISBN 2-7144-3103-8)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Rachel Adams, Sideshow U.S.A.: Freaks and the American Cultural Imagination, Chicago, University of Chicago Press, , 289 p.(ISBN 9780226005393).
  • (en) Nancy J. Parezo et Don D. Fowler, Anthropology goes to the fair: the 1904 Louisiana Purchase Exposition, Lincoln, University of Nebraska Press, coll. « Critical studies in the history of anthropology », , 552 p. (ISBN 0803237596).
  • (en) Jonathan Spiro, Defending the Master Race: Conservation, Eugenics, and the Legacy of Madison Grant, UPNE, , 508 p. (ISBN 9781584658108)p. 43–51. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Ngimbi Kalumvueziko, Le Pygmée congolais exposé dans un zoo américain. Sur les traces d'Ota Benga, Paris, Éditions L'Harmattan, , 136 p.(ISBN 9782296131897)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Carrie Allen McCray (en collaboration avec Kevin Simmonds), Ota Benga under My Mother's Roof, University of South Carolina Press, , 88 p.(ISBN 9781611171969).
  • (en) Pamela Newkirk, Spectacle: The Astonishing Life of Ota Benga, 2015, Amistad, , 297 p. (ISBN 978-0-06-220100-3).

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Ota Benga, a Pygmy in America, court-métrage documentaire de Alfeu França, États-Unis, 2002, 16 min.

 

 

 

Date de dernière mise à jour : samedi, 17 avril 2021

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