On entend souvent dire que les Chinois sont de grands amateurs de viande de chien… Inimaginable pour nos sociétés où l’animal est considéré comme le « meilleur ami de l’Homme » ! Et pourtant, il ne s’agit pas d’une erreur : les Chinois mangent bien du chien. Et d’ailleurs, il ne seraient pas les seuls puisque d’autres populations seraient également concernées par ce phénomène. D’où vient cette coutume? Pourquoi? DocteurBonneBouffe vous révèle tous les secrets de ce qu’on appelle la « cynophagie ».
CYNOPHAGIE: DÉFINITION ET ORIGINES
La cynophagie est une pratique alimentaire qui consiste à se nourrir de viande de chien.
Cette pratique fait partie de la culture culinaire de nombreux pays et notamment des pays asiatiques (Viêt Nam, Corée, Chine, chrétiens d’Indonésie).
LES ORIGINES DE LA CONSOMMATION DE CHIEN
Souvent perçue avec « dégoût » par les Occidentaux, saviez-vous pourtant qu’au XXème siècle, on trouvait des boucheries canines en France?! Et oui, car la consommation de chiens était une pratique acceptable autrefois: déjà dans l’antiquité romaine ou encore dans la civilisation aztèque, celle-ci était très répandue.
Les principales causes ayant amené à ce phénomène étaient la famine ou encore les grandes guerres, qui poussaient les populations à se tourner vers des viandes de qualité perçue comme inférieures. La viande de chien (ou même de chat) en fait partie.
En France, la cynophagie a été particulièrement importante pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Durant cette période, les boucheries de viande de chien furent nombreuses à Paris : un des principaux marchés au chien se tenait d’ailleurs rue Saint-Honoré!
POURQUOI CERTAINS PEUPLES MANGENT-ILS DU CHIEN?
LES CHINOIS: PRINCIPAUX ACCUSÉS
Mais alors qu’en Europe, la pratique a eu tendance à disparaître à la fin du XXème siècle, dans certains pays d’Asie la pratique persiste toujours.
En Chine, Corée, Vietnam, Philippines, Laos ou Myanmar, la viande de chiens est considérée comme un élément important de l’alimentation car elle est réputée pour être riche en protéines et, apparemment, posséderait de nombreux bienfaits pour les reins. Enfin, elle aurait des vertus excitantes proches du café.
Géographie de la cynophagie
Actuellement, l'élevage de chiens destinés à être mangés se fait principalement dans deux grandes zones du monde :
- Afrique (sud-Sahara, forêt équatoriale et tropicale, et certaines zones de savane de l'Ouest et du bassin du Congo)
- Asie (Chine, Corée jusqu'à l'est sibérien, sud-est et sud-ouest asiatiques, dont en Assam et hors du continent « jusqu'aux îles Hawaï »)
En Afrique

Au Congo-Kinshasa à Mwene-Ditu au sud du Kasaï-Oriental, la viande de chien est très prisée depuis des temps immémoriaux par les ressortissants de cette province, et que sa consommation , comme beaucoup peuvent faussement le préjuger, ne procède nullement d’un phénomène lié à une quelconque crise économique.
Les populations montagnardes des Monts Mandara consomment régulièrement de la viande canine disponible sur les marchés. La consommation de chiens domestiques est lié à certains rites importants.
Au Burkina Faso, il existe aussi des communautés ou individus consommateurs de viande canine.
Dans les Amériques
Les Aztèques cuisinaient également une race de chien qu'ils engraissaient spécialement.
Aujourd'hui, au Mexique, on consomme parfois de la viande de chien dans le pozole.
En Asie

Mangée au Cambodge, en Chine (République populaire de Chine et République de Chine), Corée, Laos,Myanmar, Philippines et Vietnam, cette viande y est considérée comme un élément important de l'alimentation car elle est riche en protéines.
Si ce n'est pas l'habitude au Cambodge de manger des chiens, les habitants du Cambodge originaires des pays voisins en mangent et l'on peut donc en trouver sur les marchés.
En Chine, la pratique est de plus en plus controversée et remise en question par les Chinois citadins. La minorité zhuang tient un festival annuel à Yulin, où l'on mange de la viande de chien, des litchis et l'on boit de l'alcool. Ce festival a provoqué des réactions de mécontentement de la part des associations de protection des animaux chinoises et de certains organisme soucieux de l'image de la Chine à l'étranger. Les animaux seraient issus des zones urbaines et non d'élevage .
La minorité buyei, consomme également de la viande de chien dont la fondue de chien de Huajiang, bourg du Xian autonome buyei et miao de Guanling.
Certains types de chiens, consommés en fondue en Chine, sont considérés comme bons pour les reins, mais sont plutôt consommés par les hommes. Ils ont des vertus excitantes proches du café.
La fondue au chien est un plat traditionnel coréen. En Corée du Sud notamment, la période de canicule (du latin canicula, petite chienne, période la plus chaude de l'année), est appelé « Jours du chien » (삼복/三伏/Sambok/trois saisons chaude) ou (복날/伏날/Bognal). Les 3 saisons sont : 초복(初伏/cobog, littéralement, début de saison), 중복(中伏/jungbog, littéralement, milieu de saison), 말복(末伏/malbog, littéralement, fin de saison). La vente de viande de chien y a été officiellement interdite en 1988, lors des jeux olympiques, mais elle y est toujours tolérée. Une campagne d'inspection de l'hygiène des restaurants servant de la viande de chien y est lancée en 2008. Le ragoût de chien appelé bosintang (보신탕) y est toujours apprécié. Une autre spécialité est le Gaegogi (개고기), fondue au chien. Il est également possible de consommer ces spécialités dans certains restaurants coréens du Nord-Est de la Chine (Pékin, Shandong, Dongbeinotamment), où vit la minorité coréenne chinoise (un des 56 groupes ethniques officiels) ou originaire de la péninsule coréenne.
Le Japon semble faire exception en Extrême-Orient pour la consommation de viande de chien. Il s'agit encore une fois d'une réprobation culturelle. Dans la culture de ce pays, le chien est très respecté. On peut, par exemple, citer Hachikō.
En Europe

Panneau annonçant l'ouverture prochaine d'une boucherie canine à Paris, au début du xxe siècle
FRANCE
Il semblerait que les Gaulois consommaient du chien, mais de manière très anecdotique (1 % de leur alimentation), sans doute en période de disette.
On trouvait en France quelques boucheries canines jusqu'à la première moitié duxxe siècle. La viande de chien est également consommée dans la France d'outre-mer.
Pendant la Première Guerre mondiale, on renverra au témoignage de Guillaume Apollinaire, dans La maison des morts (dans Alcools) :
« Quelques-uns nous quittèrent
Devant une boucherie canine
Pour y acheter leur repas du soir »
De nombreux écrits du xixe siècle (Victor Hugo, Gustave Flaubert…) décrivent des repas comportant du chien.
En 2014, aucune loi n'interdit la consommation de chien (et de chat) en France. Néanmoins des régimes juridiques différents (en termes de contrôles sanitaire et de traçabilité) s'appliquent à l'élevage d'animaux de compagnie et à l'élevage d'animaux destinés à la consommation. De plus, si l'animal est importé, la plupart des espèce sauvages sont interdites à la consommation sous le terme générique viande de brousse.
En Allemagne, la dernière boucherie canine a fermé dans les années 1940. La viande de chien fut consommée dans ce pays jusque pendant la Seconde Guerre mondiale, comme en témoigne l'établissement, par les autorités du Troisième Reich, d'un contrôle sanitaire sur cette marchandise en 1943.
En Suisse, il est interdit de commercialiser de la viande de chien, en revanche, aucune loi n'interdit la consommation de viande de chien (et de chat) à titre d'usage privé.