République démocratique du Congo : Projet Pro-Routes
Le 27/12/2016

À ce jour, le projet Pro-routes a financé la remise en état de plus de 1 674 kilomètres d’axes prioritaires, ce qui a largement amélioré les conditions de transport, notamment dans l’est et le nord du pays, et permis de desservir à nouveau des villes et des communautés isolées depuis plus de 20 ans. Les travaux financés à ce titre ont considérablement réduit le temps de trajet pour les usagers. Ainsi, se rendre de Kalemie à Bendera en moto ou en minibus ne prend plus que 3 heures, contre 5 jours auparavant. Les coûts ont également considérablement baissé, passant de 50 dollars à environ 10 dollars sur l’axe Kalemia-Uvira. Ces performances ont donné un coup de fouet à l’économie en favorisant l’essor de nouvelles activités avec l’ouverture récente de boutiques et de petits marchés dans les villages, bien achalandés en produits manufacturés. Grâce à la réouverture de routes désormais bien entretenues, les agriculteurs ont repris le chemin des champs avec la certitude de pouvoir écouler leurs produits.
« Grâce au projet Pro-routes, maintenant je peux arriver à Kisangani à 14h si j’ai quitté Buta à 7h. Pour tous ceux qui ont connu la situation d’avant, c’est miraculeux. La rénovation du bac de Banalia simplifie aussi le transport routier et améliore le quotidien des habitants. La création de cette route s’imposait, et je m’en réjouis au premier chef. » - L’évêque Bangabane du diocèse de Buta
La contribution du Groupe de la Banque mondiale
Le portefeuille de la Banque mondiale en RDC privilégie désormais les projets de développement durable au lieu des interventions d’urgence (prioritaires ces 5-10 dernières années). Il recouvre actuellement 25 projets (dons inclus mais hors projets régionaux) et 57 fonds fiduciaires, sachant que plus de 42 % des engagements (sur un total de 2,51 milliards de dollars) ont été décaissés. Sa composition est assez diversifiée, avec près de 63 % des engagements en faveur des infrastructures (transport, énergie, développement urbain et eau), 15 % pour le secteur privé et l’agriculture, 16 % pour les secteurs sociaux et 6 % pour la gouvernance et les industries extractives.
Si le secteur des transports absorbe (tous modes confondus) 29 % (725 millions de dollars) du portefeuille global, les autres secteurs (agriculture et développement urbain par exemple) contribuent également à son renforcement dans leurs projets respectifs, faisant de ce secteur l’un des axes majeurs du soutien de la Banque mondiale en RDC.
« Imaginez une route désaffectée depuis pratiquement 30 ans. Sa réouverture a eu des effets immédiats et tangibles : la circulation a repris, des marchés ont fait leur apparition et le temps et le coût des trajets ont fortement diminué. Avant, vous mettiez jusqu’à 15 jours à vélo pour rallier Kisangani par exemple, les usagers étant obligés de mettre pied à terre pour franchir les tronçons les plus abîmés. » - Augustin Kabamba, responsable du suivi et de l’évaluation.

Nouvelle route Kisangani-Buta-Bunduki.
Les partenaires
Le Groupe de la Banque mondiale intervient en concertation avec d’autres bailleurs de fonds de la RDC, qui ont mis en place un « Groupe de coordination des donateurs », dans le but de renforcer le dialogue avec les autorités pour parvenir à des engagements de coopération mutuels et améliorer la cohérence au sein de la communauté des partenaires de développement. La Banque mondiale continue de renforcer sa collaboration avec ses partenaires dans le cadre de ce groupe ou de relations bilatérales. Sa collaboration avec les Nations Unies a par exemple été particulièrement capitale pour la réalisation d’importantes avancées dans le domaine de la démobilisation, de l’éducation et de la santé. Jusqu’à récemment, le département britannique du Développement international (DfID) a cofinancé le projet Pro-routes, ce qui a permis de renforcer son impact. Démarré en 2008, le projet doté d’une enveloppe de 122,6 millions de dollars a pris la forme d’un fonds fiduciaire multibailleurs entre le DfID (72,6 millions de dollars) et l’IDA (avec un montant équivalant à 50 millions d’équivalents dollars), administré par la Banque mondiale. Il s’agissait de rétablir durablement les axes routiers entre les chefs lieux de province, les districts et les territoires concernés tout en préservant l’environnement. Deux financements additionnels ont été approuvés depuis (environ 23 millions de dollars apportés par le DfID et 63,3 millions par l’IDA dans le premier cas et 125 millions de dollars de l’IDA dans le second, ce qui porte l’engagement total de l’IDA à 238,3 millions de dollars), y compris pour aménager un couloir de transport vers l’Ouganda afin de faciliter les échanges commerciaux régionaux. La Banque mondiale est en train de réactiver l’organisme de coordination des partenaires de développement dans le secteur des transports, pour s’assurer que tous les projets sont bien alignés sur la prochaine version du Plan directeur national des transports de la Banque africaine de développement (BAD).
Les perspectives
Le Groupe de la Banque mondiale a conclu son premier cycle de consultations avec les différentes parties prenantes afin d’établir un diagnostic systématique de la situation économique et sociale du pays, qui servira de base à son prochain cadre de partenariat avec la RDC. Il prépare un deuxième cycle de consultations avec les principaux acteurs gouvernementaux auxquels il soumettra les conclusions de son analyse sur la lutte contre la pauvreté et les défis à relever. Il continuera d’insister sur la nécessité pour le pays de maintenir sa dynamique de croissance et de profiter de la bonne tenue de l’économie pour accélérer la lutte contre la pauvreté. Cela passe par une croissance plus solidaire, notamment en faveur des 40 % les plus pauvres de la population. Le secteur des transports restera l’un des axes majeurs des interventions du Groupe en RDC pour atteindre les objectifs fixés, à travers une hausse des financements de l’IDA mais également de l’assistance technique et analytique.

Nouvelle route Kalemie-Uvira.
Les bénéficiaires
Sur l’avenue qui mène au marché central de Buta, chef-lieu de la province du Bas-Uélé à environ 324 kilomètres de Kisangani, Christine Monga fait partie des nombreux commerçants qui vendent différentes pièces de vêtements d’occasion aux voyageurs : robes, jupes, chemises, pantalons ou vestes. Rien qu’à la voir sourire, on se dit que les affaires marchent bien. Quand on lui demande ce que la réouverture de la route entre Kisangani et Buta lui a apporté, elle nous montre fièrement un petit immeuble, derrière elle : « grâce à la route, j’ai pu construire ma propre maison », nous explique-t-elle. Le bâtiment de deux étages attire l’attention de nombreux passants, qui veulent savoir qui en est le propriétaire et en quoi il est construit.
Christine nous raconte son histoire, qui commence en 1997 avec une contribution de 10 dollars environ. Avec quelques amis, elle a décidé de monter une association de lutte contre la pauvreté. Vingt d’entre eux conviennent de verser tous les mois 10 dollars à l’association pour constituer une cagnotte d’environ 200 dollars afin que chacun puisse emprunter de l’argent et ensuite rembourser la collectivité, avec intérêts.
« Ce n’était pas évident de respecter ses engagements, quoi qu’il arrive », se souvient-elle. Comme bon nombre de membres de l’association, elle décide de se lancer dans la vente de fripes. Pour cela, il faut aller acheter la marchandise à Butembo (Nord Kivu), distant de Kisangani d’environ 800 kilomètres. Étant donné l’état de la route et les kilomètres à parcourir, il n’y a pas d’autre solution que la moto. Le voyage peut prendre jusqu’à 15 jours et il n’est pas de tout repos. Un certain nombre de membres de l’association ont eu des accidents de la route qui les ont laissé handicapés. Depuis, heureusement, la situation s’est nettement améliorée. La route a été remise en état et il ne faut plus que 4 à 5 jours pour couvrir la distance. « L’amélioration des conditions de trajet nous permet d’économiser beaucoup de temps et d’argent » souligne Christine. Désormais, elle peut se permettre de faire le voyage deux à trois fois par mois.